INTÉRIEUR.
6' ANNÉE. N° 535.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
DIMANCHE, 21 JUIN 1846.
YILLE D'YPRES. conseil communal.
feuilleton.
iy. [Suite et Fin.)
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 20 Juin.
Il n'est bruit en ville, depuis quelque temps,
que de troubles qui doivent éclater, d'une coa
lition formée entre la bourgeoisie pour exploiter
le peuple, de projets anarchiques conçus par
les libéraux. Certaines geus propagent ceson-dit
avec une effronterie rare et essayent de semer
l'inquiétude dans les diverses classes de la po
pulation. Nous n'avons pas besoin d'indiquer
la source de ces bruits; on doit pressentir de
quelle part ils viennent. Un ministre du culte
catholique ne s'est—il pas prêté dire une messe
solennelle pour la continuation de la paix en
Belgique? Toute la genl bigote n'afFecle-t-elle
pas des terreurs qui ne sont fondées sur rien?
El si l'on remontait aux motifs qui ont inspiré
cette odieuse lactique, il ne serait pas impossible
de la rattacher la décadence du parti clérical
qui veut conserver tout prix sa prépondérance
en Belgique, quoiqu'il se sente menacé dans sa
convoitise du pouvoir. Peut-être l'opinion ca
tholique-politique, la veille de devenir mino
rité, fera-t-elle un appel aux mauvaises pas
sions. Nous verrons alors ces enragés conserva
teurs de leur position, rallumer les torches du
fanatisme, pour tâcher de reconquérir le terrain
qu'ils ont perdu. Ce qui se passe depuis que le
parti libéral tend se discipliner et par son or
ganisation, menace les modérés de mettre un
terme leurs empiétements sur l'autorité civile,
doit faire supposer qu'ils épuiseront leur arsenal
de calomnies et dinvectives, pour arrêter ce
mouvement de répulsion qui accueille partout
les doctrines cléricales et jésuitiques.
Nous savons bien que toutes ces accusations
lancées contre les libéraux et la bourgeoisie
produisent peu d'efFet, que la messe solennelle
dite pour la continuation de la paix en Belgi
que, a fait peu de sensation. Mais en dévoilant
la conduite de certaines gens, nous voulons bien
faire sentir tout l'odieux de ces menées et si
cela continue, nous ferons voir que ceux qui
exploitent le peuple, ne sont pas des libéraux ni
des francs-maçons, ils n'ont rien demander au
trésor de l'état, mais bien ces doucereux me
neurs du parti-prêtre qui ont une allocation au
budget de plus de six millions, sans compter
ce qu'ils reçoivent des communes et des pro
vinces. El quand un indigent a besoin gratis
de leur ministèreon s'abstient de lui faire
remise d'un centime.
Nous aimons beaucoup la discussion sur les
questions politiquescondition qu'elle soit
loyale et franche, mais nous livrons au mépris
public, ceux qui pour lutter dans l'arène poli
tique, ne peuvent faire usage d'armes courtoises
et ont recours de viles calomnies et des contre-
vérités d'une impudence sans égale.
b r
Les prêtres se plaignent quelquefois de voir
leur influence morale diminuer dejour en jour
la campagne, au village, et de rencontrer par
mi les cultivateursdes raisonneurs, qui leur
tiennent tête sans se gêner. Comment veut-on
qu'il en soit autrement, quant des actes comme
celui-ci, que nous tenonsde bonnesource, vien
nent se passer dans une commune.
A Gheluvelt, les biens de l'égliseet de la bien
faisance ont été présentés en location publique.
M. le curé, voulant ajouter probablement
ses émoluments, les profits du petit cultivateur,
s'est avisé de surenchérir plusieurs parcelles
de terre sa convenance. Entre autres, il a dé
possédé de quatre mesures et demie de terre
labour, bois et prés, le nommé Vanden Hende,
cabarelier demeurant la Maison Communale.
Cette pièce de terre avait été louée par le père
du cabarelier quand personne ne la voulait et
un prix très minime. Quand elle s'est amé
liorée, le prix du fermage a augmenté et depuis
vingt-quatre ans toujours de père en fils, la
même famille l'avait exploitée. M. le curé a cru
faire une bonne affaire, en prenant loyer ces
quatre mesures et demie, pour quatre-vingt-
dix francs et rendre ainsi gênante la position
d'un de ses paroissiens. Car avec les terres du
bureau de bienfaisance et de la fabrique, ce ca
barelier avait outre sa maison de débitune
petite exploitation de presque huit mesures,
qui lui permettait de vivreà son aise. M. le curé,
sans aucune considération a voulu modifier
profondément le sort de ce cabarelier et cela
dans un intérêt que nous ignorons; car veut-il
devenir cultivateur lui-même, rien n'est plus
facile que ce métier pour luipuisque les ris-
queset les pertes serontadoucis, par les aumônes
des fidèles quien bonnes gens, ne voudront
jamais laisser leur pasteur dans la détresse.
On doit en convenir, le fait du curé de Ghe
luvelt est déplorable et tend amoindrir l'au
torité morale qu'un prêtre doit avoir sur ses
paroissiens. D'un autre coté la concurrence
pour le fermage des terres riepeutêtre pratiquée
par unminislredu culte, sans qu'il se dépouille
de la dignité que doit conserver en toute cir
constance, l'homme qui s'exprime au nom de
la Divinité.
Nous venons de recevoir une brochure, très-
bien faite de style et de pensée sous le titre
Humble supplique leurs SS. MM. SS les
archevêques etévêques réunis en congrès Liège,
Van de grâce et de liberté 1846, par un Béotien.
L'auteur a écrit, dans celte époque de lutte, pour
l'indépendance du pouvoir laïc, une œuvre d'a-
propos. Il prie ces saints prélats de prendre en
serieuse considération, tout le mal que fait la
religion la qualification de catholique que le
clergé laisse prendre au parti rétrograde. Voici
un passage de cette brochure remplie de verve
et de bon sens
Parti catholique, y pensez-vous, messieurs f
se peut-il qu'on ait accouplé ces deux mots
moins que pour en faire sentir toute l'incohé
rence. Grande imprudence cependant le parti
qui lutte contre l'essor de nos institutions libé
rales, s'est fait de ce nom l'arme de sa force.
Parti catholique le soufifrirez-vous plus long
temps MM. SS. Parti, c'est-à-dire, l'intérêt
partiel de quelques-uns, opposé d'autres in
térêts partiels ou l'intérêt général, ce qu'il y
a de plus partiel, de partial enfin, si vous vou-.
lez, car c'est là que va tout parti qui triomphe
ou se fanatise, et la langue est éminemment lo
gique ici.Catholique, c'est-à-dire universelle,
c'est-à-dire la puissance, la pensée qui embrasse
l'universalité des mondes quel contresens
messieurs, ces mots jurent ensemble et sont in
conciliables.
Séance publique fixée au mardiaZ Juin 1846,
8 heures et demie du matin.
ORDRE DU JOUR
t" Statuer sur des propositions pour recouvrer des
arriérés dûs au Bureau de Bienfaisance.
2° Aviser sur le procès-verbal de location de quel
ques biens ruraux appartenants l'administration
des Hospices.
3° Procéder l'ouverture des boîtes placées pour
recevoir les soumissions pour le remboursement
de la dette différée et en cas d'insuffisance de sou
missions, au tirage au sort.
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
Dans son audience du 15 juin, la cour d'assises
de la Flandre occidentale a acquitté le nommé
s 41 sa a a a a 3 <D a 2» a> a a a
HISTOIRE DU XVI» SIECLE.
Cependant la mule seule avait rouleau fond du ravin. Le jeune
homme, jeté en arrière par la violence du coup, avait vidé les élriers,
et, pareet instinct de conservation si prompt dans le danger, s'était
accroché avec les dents aux herbes grimpantes qui pendaient autour
de lui comme des fils, enfonçant ses ongles dans la terre mouvante
pour essayer de s'y retenir. Malgré la faiblesse que lui causait sa bles"
sure, il parvint, après mille efforts désespéré?, regagner la route...*
La nuit élait devenue belle et sereine. La Iunejetait sa clarté blanche
sur la pâle figure du jeune homme, qui, épuisé, couvert de sang, ou*
bliait tout, danger, souffrance, mesure qu'il approchait de Tudela.
Les Pyrenéçs élevaient 1 horizon leurs gigantesques barrières de
granit mais Samuelcar c était luine les apercevait point. Une
petite maison entourée d'une haie de troène et d'aloès, qu'il venait
d'apercevoir, lui aurait masqué le monde entier.
Cette maison était celle de l'ex-favorite de Catherine de Médiois»
La belle duchesse avait choisi sa retraite dans la situation la plus
pittoresque, au milieu de cette délicieuse vallée dite la Rose de Tu
dela. Le fleuve des Asturies roulait, quelques pas, ses eaux sablon.
neuses dans son lit de rochers et jelait nonchalamment sa fraîcheur
et son murmure aux petites fleurs de son bord... Samuel s'arrêta.
L émotion le tenait cloué la porte de la duchesse et, malgré les
prétexte de sa blessure, il n'osa point pénétrer chez elle cette heure
de la nuit de peur de l'effrayer, persuadé d'ailleurs que l'Italien,
après le crime qu'il venait de commettre, n'en poursuivrait qu'avec
plus d'ardeur sa basse intrigue. Il espérait le prévenir en avertissant
la duchesse du piège qu'on lui tendait, et, déjà plus tranquille, es
saya de faire disparaître sur ses habits les traces de sang et de pous
sière. Puis, comme le chieu qui veille la porte de son maître pour
le défendre, il attendit avec impatienoe que le jour parût.
La duchesse Diane de Montfort, soit par un pressentiment que
les femmes seules éprouven t quelquefois, soit pour quelque nouvelle
cause de ebagriu, avait abandonné son lit de bonne heure; elle ouvrit
une de ses fenêtres qui donnait sur le jardin et s'appuya sur son bal
con, abandounant négligemment les boucles de sa chevelure blonde
au yentdu matin* Elle était triste, mais belle et imposante de toute
la beauté que donne la pensée un jeune front. Ses yeux erraient
sur le vaste paysage qui se déployait autour d'elle; mais sa tristesse
semblait augmenter chaque fois qu'elle ramenait ses regards sur la
grande route qui se perdait dans le lointain au milieu des petits che
mins verts.
Samuel sentit ses genoux plier; toute la force qui l'avait soutenu
pour accourir vers la duchesse l'abandonna lorsqu'il se vil prêt pa
raître devant elle. Les battements de son cœur s'arrêtèrent mais
une soudaine réflexion l'enhardit. Il s'avança d'un pas, et, s élevant
sur la pointe des pieds, il fit un sigue de la main. Diane 1 aperçut
jeta un cri de surprise et de joie, et, s'enveloppant dans sa mante,
elle vint elle-même recevoir le jeune joaillier.
Votre parure? madame, au nom du ciel s ecria-t-il rassemblant
toutes les forces de son âme.
Ma parure Samuel, je ne l'ai plus hier soir je l'ai rendue, ré
pondit lentement la duchesse.
Samuel poussa un cri et s'évanouit.
Diane appela deux de ses gens et leur ordonna de le transporter
dans une pièce voisine de la sieime. L'intérêt qu'elle portait Samuel
avait augmenté mesure qu'elle It connaissait davantage. Son ap-