INTÉRIEUR.
6' ANNÉE. N° 536.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 25 JUIN 1846.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
salvat®»
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cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, franco
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Le Progrès paraît le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 24 Juin.
Le Nouvelliste de Bruges entretient souvent
le public des progrès effrayants que fait le pau
périsme dans nos Flandres, et appelle des me
sures propres l'arrêter. C'est surtout, semble-
t-il, de l'arrivée future de dos amis au pouvoir,
que le dévot journal attend le salut de nos
malheureux frères mourant de faimfaute de
travail dernièrement encore parmi plusieurs
boutades l'adresse des libérâtresil s'en trou
vait une où le Nouvelliste émettait ce vœu.
Ne serions-nous pas en droit de lui demander
pourquoi son parti qui, depuis quinze ans, dirige
les destinées de la Belgique, n'a rien fait jus
qu'ici, pour conjurer efficacement le mal, mieux
que cela, pourquoi il ne l'a point tari dans la
source, car il est de notoriété publique que c'est
l'imprévoyance, l'incurie, l'obséquiosité
(qu'on nous passe le mol) de nos gouvernants,
que nous le devons.
Nos six-Malou sont donc impuissants
apporter quelque remède aux calamités que
signale le Nouvelliste, car ce journal, jetant le
manche après la cognéefait appel notre
opinion, et nous demande de nettoyer l'étable
d'Augias?
Quoiqu'il en soit nous avons trop bonne
opinion de la philanthropie de nos confrères du
Nouvelliste, pour ne pas croire qu'ils s'empres
seront de goûter tous les avis tendant remé
dier un état de choses qu'ils déplorent avec
raison, et nous allons leur en ouvrir un.
11 y a quelques jours, le Journal des Baziles
d'Ypres nous a informés que la société pour la
propagation de la foi a en main des capitaux
assez considérables, fruits de dons recueillis en
Belgique Ne serait-il pas convenable que
celte société ajournât des temps meilleurs
l'envoi de missionnaires en Chine, ou aux Mon
tagnes Rocheuses et employât les sommes im
menses qui sont en sa possession, au soulagement
des maux corporels de pauvres gens qui man
quent de travail, pour nourrir leur famille.
On pourrait même accroître les moyens dont
on disposerait, en y ajoutant les excédants que
l'Université de Louvain a aujourd'hui en caisse,
et pour lesquels elle a demandé jadis la main
morte. Nous sommes persuadés que les do
nataires verraient avec plaisir le clergé faire un
si noble usage de leurs aumônes.
Les chaleurs excessives qui se font sentir
depuis un mois, commencentà inspirer de vives
inquiétudes nos cultivateurs, qui craignent
que leur prolongation ne compromette partiel
lement la récolte. La surface du sol est séchée
en plusieurs endroitsquelques pouces de
profondeur, ce qui empêche les végétaux d'y
trouver leur nourriture. Il semble que c'est
surtout pour nos jardins légumiers que l'eau est
devenue nécessaire, quelques fruits y étant déjà,
dit-on, entièrement perdus.
En présence de circonstances aussi graves
ne serait-il pas convenable que le clergé, au
lieu de célébrer des messes pour le maintien de
la paix en Belgique, demandât au ciel quelques
bonnes averses, pour rendre la vie et la fertilité
nos champs et indemniser nos compatriotes
des maux que le manque de la dernière récolte
leur a fait souffrir.
Nous aimons la paix et nous formons, avec
tous les bons citoyens, des vœux ardents, pour
que celle dont nous avons le bonheur de jouir,
soit durable, mais, comme nous n'apercevons
rien encore qui puisse la compromettre, pas
même les semblants de crainte qu'affectent
quelques brouillons hypocrites nous songeons
au plus pressé, et nous demandons qu'on veuille
bien nous procurer de Veau.
II est questionparaît-il de provoquer une
réunion générale des membres de I'Union libé
rale de l arrondissement d'Ypres, pour entendre
le rapport des délégués qui ont assisté au Con
grès libéral et la lecture du compte-rendu delà
séance de celle assemblée. Tous les électeurs
libéraux qui désirent adhérer aux statuts de
1 association, n'ont qu'à s'adresser personnelle
ment ou par écrit M Ernest Merghelynck
secrétaire de 1 Union libérale de l'arrondissement
d'Ypres.
Séance publique du Mardi, a3 Juin 1846.
Présents MM. Vanderstichele de Maubus pré
sident, Alphonse Vanden Peereboom et Iweins-
Hynderick, échevins Gérard Vandermeersch,
Louis Annoot, Théodore Vanden Bogaerde
Martin Smaelen, Boedl-Lucien, Ernest Merghe
lynck, Henri hveins-Fonteyne, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du procès-ver-
bal de la séance précédeute. La rédaction en
est approuvée.
Quelques pièces sont communiquées au con
seil. On fait lecture d'une lettre de M. le Mi
nistre d'état Gouverneur, qui prie le collège de
faire circuler des listes de souscription pour l'ex
position des tableaux qui aura lieu Bruges,
l'occasion de l'inauguration de la statue de Si
mon Stévin.
Une demande a été adressée par des maîtres
briqueliers au conseil provincial, pour le prier
de modifier le règlement du 19 décembre 18.22,
qui fixe la distance de l'extraction des terres
pour la confection des briques, vingt mètres des
roules, dix mètres des chemins vicinaux et
75 mètres des endiguements et berges des ca
naux. Les signataires demandent une diminution
de dislance. Cette pétition est envoyée l'avis du
conseil communal, qui éuaet l'opinion que l'ar
rêté tel qu'il existe, doit être maintenu.
Le collège des bourgmestre et échevins de
mande l'approbation par urgence, de l'adju
dication ferme des terrains situés le long du
bassin et affectés au dépôt des marchandises. Le
loyer qui sera payé pour six mois, s'élève la
somme de 480 francs.
On passe l'ordre du jour. M. le secrétaire
donne lecture d'une lettre du bureau de bien
faisance qui demande pouvoir poursuivre le
recouvrement des revenus arriérés, par les voies
de rigueur. Après avoir pris connaissance du
nom des débiteurs et du montant des sommes
dues, le conseil est d'avis de prier le bureau de
bienfaisance de faire toutes les démarches né
cessaires pourparvenir faire rentrer les revenus
arriérés.
Il est donné communication du procès-verbal
de location de quelques biens ruraux appar
tenants l'administration des hospices. Celle
nouvelle adjudication donne pour résultat une
augmentation de revenu de 843 francs 24 cen
times. Le conseil émet un avis favorable et décide
que les pièces seront envoyées la députatioa
permanente afin d'approbation.
On procède l'ouverture des boites destinées
recevoir les soumissions pour le rembourse
ment pa r moindre inscription de la dette différée.
Quatre propositions sont faites. Les héritiers
de M. Iweins au prix de 99 1/2 pour cent, M.
François DeCodt, 99 pour cent, M. Louis Yan
den l'eereboom, au même taux, et la caisse d'a
mortissement celui de 99 3/4 pour cent. Elles
sont admisesà l'unanimité, mais comme le total
des sommes rembourser par moindre inscrip-
Feuillctoii.
Au nombre des excursions que je fis aux environs de Naples avec
mon compagnon de voyage Jadiu j'aime surtout me rappeler
notre séjour de quelques heures au village de Sanl'Agata, dit Goti.
Un accident survenu notre voilure nous obligea brusquement
nous arrêter dans ce site pittoresque l'essieu s'était brisé et nous
étions dans une mare. Pendant que nous cherchions quelqu'un qui
pût nous indiquer une auberge pour faire sécher les habits de Jadin,
plus maltraité que moi daus notre chute, je vis une espèce de petit
azzarone de douze treize ans, crépu, hâlé, doré de reflets chan
geants, fièrement drapé dans des haillons qui auraient fait envie
Murillo.
Sur ma demande, le petit sauvage que certaines plaisanteries de
Jadin sur son costume déguenillé avait mis de mauvaise humeur,
nous indiqua comme un excellent endroit l'auberge de Sainte-
Agathe, affreux coupe-gorge qui surpasse en saleté toutes les locarida
italiennes que j'ai décrites jusqu'ici.
Jadin fit faire un grand feu et se mit en mesure de sécher ses
habits. Je pris part le paysan et lui demandai s'il ne pourrait pas
nous trouver, pour le peintre mon ami et pour moi, un gîte meil
leur que cette infâmelocande. En apprenant que Jadiuélait peiutre,
et moi aussi sans doute un artiste, le jeune lazzaronne s'écria qu'il
aurait pu nous faire la connaissance de sou grand-père peintre
aussi, lui, et surtout de ses trois tableaux, trois merveilles, si toute
fois il consentait nous les montrer, car le vieillard craignait tou
jours ou qu'il leur arrivât malheur, ou qu'on voulut les lui acheter.
Puis, réfléchissant, il ajouta qu'il valait mieux nous passer de mou
ami, parce qu'il aimait rireet que son grand-père n'était pas
endurant. Il me fil signe de le suivre.
Après un quart d'heure de marche, nous arrivâmes près d'une
maison blanche et coquette là il tne prit lestement la main pour
me faire monter l'atelier de son grand-père. Je suivis mon guide
avec toute la docilité que commaudaient les oirconslances. Nous
traversâmes deux petites chambres, dont tout l'ameublement con
sistait en quatre monceaux d épis de maïs entassés dans les coins,
et dont la tapisserie formée tout bonnement de bottes d'ails et d'o-
gnous, se faisait sentir une demi-lieue la ronde-, puis une cuisine
dont le plafond pliait sous les quartiers de lard et les festons de sa-
lami, et enfin, un petit corridor assez mal éclairé, au bout duquel
nous trouvâmes un escalier de bois plus raide et plus iucommode
qu'une échelle. Mon guide le gravit en deux bonds et s'arrêta sur un
petit palier carrelé de rouge et de noir, qui n'était pas assez large
pour nous contenir tous les deux. Arrivé là, il colla l'oreille la
porte, mit l'œil la serrure et frappa trois petits coups, après m'avoir
fait signe de la main d'écouter et de me taire.
J'entendis d'abord le vieillard grogner sourdement, comme un
dogue dont le sommeil est toul-à-coup interrompu par une visite
importune. Le gamin me regarda en souriant comme pour me don
ner du courage, hocha légèrement la tète en homme habitué une
semblable réception, et sachant parfaitement que si la colère du
vieillard était facile allumer, quelques mots suffisaient pour l'é
teindre. En effetses grognements s'apaisèrent bieutôt et furent
suivis par un bruit de chaises qu'on dérangeait, et par le craquement
d'une porte intérieure qu'on fermait double tour. Puis les pas se
rapprochèrent lentementet une voix claire et ferme où perçait
cependant un reste de courroux demanda Qui va là
C'est moi, mou grand-père, ouvrez.
La voix se radoucit et le vieillard mit la main sur la clé.
Es-lu seul demanda-t-il, après un moment de réflexion. Je
suis avec un mousieur qui demande visiter votre atelier. -• Va-
t'en au diable, méchant coureur, s'écria le vieux peintre furieux;
c'est encore quelque brocanteur que tu auras ramassé sur la grande
route et qui vient dans l'intention de me marchander mes chefs-
d'œuvre. Mais je vous jure que nou mou grand-père. Alors
c'est quelque rustre de Sainte-Agalhe, qui veut par ses sottises et
par ses âneries me faire renier le bon Dieu. Encore moins, mon
grand-père croyez-vous que votre petit Salvalor soit capable de
vous causer du chagrin Hum! hum I fit le vieillard ébranlé dans
sa résolution, et qui est donc ce monsieur que lu m'amènes C'est
un aitiste étranger qui n'a pas le sou pour acheter vos tableaux, mais,
eu revanche, qui a assez de temps pour écouter votre histoire. Ah I
ab c'est on confrère, s'écria gaimenl le bonhomme en passant ra
pidement de la colère la bonne humeur-, et il fit tourner la clé dans
la serrure.
Je voulus protester par un reste de scrupule mais l'enfant me fit
signe de melenir tranquille en mettant sou index eu croix sur ses
lèvres. La porte s'ouvritet je me trouvai eu face d'une des plus
belles télés de vieillard que j'aie jamais vue. Une forêt de cheveux