Aujourd'hui 2t, devait avoir lieu, six heures
du soir, la distribution solennelle des médailles aux
sociétés dramatiques qui avaient remporté des prix
lors du concours qui a eu lieu l'hiver dernier.
Il avait été décidé que la société de notre ville
irait la rencontre des lauréats et que le cortège,
composé des autorités de la ville, des membres des
sociétés dramatiques, de la musique, de la gendar
merie, etc., conduirait les lauréats au local ordinaire
de la société.
Avant de consentir former ce cortège, les au
torités s'étaient rendues chez le capitaine Parys,
commandant le i" bataillon du 7e régiment de ligne,
qui fait les fonctions ad intérim décommandant de
la place, et lui avaient demandé la permission de
pouvoir entrer en ville, en cortège, tambour battant
et la mnsique en tête.
Ce chef leur a refusé cette permission sur ce
refus les autorités de la ville se sont adressées aux
autorités militaires supérieures Bruges. L'autori
sation nécessaire a été obtenue et communiquée au
capitaine Parys. Nonobstant la permission de M. le
gouverneur militaire de la province, M. Parys a
maintenu l'ordre qu'il avait donné de ne pas per
mettre l'entrée en ville du cortège.
En dépit de cet ordre, le cortège est entré en
ville vers les cinq heures de relevée, par la porte
d'Ostende, se dirigeant vers la Grand' Place. Arrivé
dans la rue du Marché, le cortège a été rencontré
par M. Parys, qui était accompagné de quelques of
ficiers. Le capitaine commandant a défendu aux
tambours de battre la marche. Il a été obéi et la mu
sique a exécuté un air. De là le cortège s'est rendu
la place où la grand'garde était renforcée, et il
paraît même que chaque militaire avait reçu dix
cartouches balles.
M. Parys et les officiers avaient suivi le cortège.
Parys s'est mis a la tête d'un piquet de troupes, et
s'est élancé sur le tambour, qui battait de nouveau
sa marche et est parvenu l'arrêter.
En ce moment, les habitants sont intervenus.
Le lieutenant Sclnvartz a commandé de croiser la
bayonnelte et s'est élancé sur les habitants la tête
de ses troupes. Un combat était infaillible le sang
allait couler en abondance. Le brigadier de gendar
merie cheval, M. Henderick, voyant le danger,
s'est élancé la tête de ses hommes entre les troupes
de ligne et les bourgeois etest parvenu les séparer.
Les habitants étaient exaspérés au dernier point
et voulaient emporter la grand'garde, enlever le
tambour et tuer les troupes. Les gendarmes, d'une
présence d'esprit bien extraordinaire en de pareils
moments, ont mis tout en œuvre pour les appaiser
et sont restés sur la place jusqu'à ce que l'ordre fût
rétabli.
Peu après, sont arrivés sur les lieux M. le juge
de paix et M. De Lecluyse,commissaire de police ad
intérim. Us ont demandé l'assistance de la gendar
merie. Aussitôt ils ont sommé l'officier de la grand'
garde de rendre le tambour de la Philharmonie.
L'officier a fait droit leur requête.
Pendant toute la soirée, les patrouilles ont cir
culé dans toutes les rues de la ville. Le capitaine-
major se trouvait la tête de la patrouille des trou
pes de ligne; l'autorité civile a également prêté
assistance pour le maintien du bon ordre.
A huit heures du soir une rixe a éclaté mal
heureusement l'hôtel VEspérance, entre des sous-
officiers et des bourgeois. Les sous-officiers ont tiré
le sabre, les bourgeois ont riposté. Dix-sept blessés,
dont un très-grièvement, sont restés sur le carreau.
Les militaires se sont retirés en abandonnant des
sabres et des épauletles. La gendarmerie est de nou
veau parvenue rétablir l'ordre.
L'ordre a été donné ensuite de fermer tous les
cabarets. Cet ordre a été exécuté sévèrement. Les
patrouilles, accompagnées du juge de paix et de3
échevins, ont continué de circuler jusqu'à minuit.
A onze heures déjà tout était tranquille.
Lundiun individu quelque peu parent ou
arrière-petit fils du fameux Cartouche Cour-
traisien, dit Mokchede voleuse mémoire, a en
levé le juste au corps, alias pette en l'air, d'un
nommé Vanderhaeghe, grand marchand de la-
pinsetvolailles, achelanttoutes les semaines pour
1,500 2,000 francs d'animaux emplumés.
L'imprudent marchand avait laissé un instant
son habit de peu de valeur, seul, sur le banc
de l'estaminet la Tête d'or, Grand'Place, et il
disparut comme par enchantement. Il est pro
bable que le voleur ne croyait pas voler 2,400
francs, ens'appropriant le misérablepeWeen l'air,
et cependant la poche de gauche renfermait cett
somme en une lettre de change tirée vue sur
une maison de banque l'ordre du dit Van
derhaeghe. Ce jour-là il n'a pasacheté le moindre
petit coq, et il s'est hâté de partir pour Bruges,
afin de mettre opposition entre lesraainsdu tiré
au payement de la lettre de change. Jusqu'à ce
jour aucun porteur 11e s'est présenté. Vander
haeghe estime son habit 2 francs, et il offre
100 francs qui lui rendra son portefeuille avec
la lettre de change. Nouslui conseillons défaire
connaître cet avis Lundi prochain au son de
trompe; peut-être le voleur se ravisera-t-il et
voudra-l-il redevenir honnête homme ce prix.
Chronique de Courtrai.
^■lOOOtgP-u
Le renvoi des sieurs De Ridder et Borguet
devant la chambre des mises en accusation,
porte les chefs de prévention suivants
A charge de M. Borguet i° D'avoir payé M. De
Ridder un tantième de 5 p. sur le montant de la
plupart des entreprises qui lui ont été adjugées pen
dant que ce dernier était directeur du chemin
de fer
a" D'avoir abandonné M. De Ridder tous les
bénéfices résultant de la construction du tunnel,
sauf 11 p °ja qui étaient retenus par M. Borguet et
sou associé sur le montant des mandats.
A charge de M. De Ridder i° D'avoir perçu ou
agréé lesdits tantièmes sur la plus grande partie des
entreprises de M. Borguet, et d'avoir profité des
bénéfices résultant de la construction du tunnel
sauf 11 p. laissé M. Borguet
20 D'avoir perçu un tantième sur les fournitures
faites pour le chemin de fer par feu M. Cockeril;
Et 3° d'avoir perçu de l'entrepreneur Blomme,
de Termonde, une somme de 6,000 francs qu'il
savait n'être pas due et qu'il a fait distribuer litre
de gratification divers employés de l'adminis
tration.
in-iig-i nao—
La cour de cassation vient de casser l'arrêt
de la cour d'assises de la Flandre Orientale, qui
a condamné le nommé Louis Remory, la peine
des parricides pour avoir assassiné sa mère.
L'affaire a été renvoyée devant la cour d'assises
de la Flandre Occidentale.
On lit dans le Libéral de Tournai:
Le conseil communal, dans sou comité secret
de Samedi dernier, a reçu communication d'une
lettre qui lui est adressée par l'évêque au sujet de la
convention relative l'athénée. On dit ce document
fort curieux et tout aussi édifiant que la fameuse
correspondance avec le collège. En résumé, l'évêque
met le conseil eu demeure de prendre une décision.
Cette mise eri demeure a une signification toute
particulière et que nous abandonnons aux médita
tions de nos lecteurs. Le conseil a décidé que la
discussion aurait lieu samedi 27 courant. Nous
comptons bien cette fois que la séance sera publique
et nous engageons vivement nos concitoyens y
assister.
1 11 BtUig—
Il est arrivé depuis trois jours Anvers une
quarantaine de navires chargés de froment et
de seigle.
MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS.
Le ministre des travaux publics,
Vu les rapports de l'inspecleur-général des
ponts et chaussées en date des 12 et 30 juin
courant;
Arrête
Article unique. Les eaux seront baissées et la
navigation sera interrompue
1° Sur la Sambre canalisée, entre la frontière
de France et l'écluse N° 10du 1er août pro
chain au 15 septembre suivant incluset entre
l'écluse N° 10 et la Meuse du 1er août prochain
au 1er septembre suivant;
2° Sur le canal de Mons Condé, du 1er août
prochain au 25 du même mois inclus;
3° Sur le canal de Pommerœil Antoing, du
5 août prochain au 5 septembre suivant inclus;
4° Sur l'Escaut, du 8 août prochain au 8 sep
tembre suivant inclus;
5° Sur la Dendredu 10 au 25 septembre
prochaiù inclus
6° Sur la Lys, pendant une durée de quinze
jours, dont l'époque sera ultérieurement déter
minée
7" Sur le canal de Charleroy Bruxellesdu
Ie' août prochain au 1er septembre suivant;
8° Sur le canal de Bruges Ostende du 15
au 30 septembre prochain inclus
9° Sur le canal de Plasschendaele Nieuport,
du 1er au 30 septembre prochain inclus
10° Sur l'Yser du 1er au 20 septembre pro
chain inclus
11" Sur le bief supérieur dû canal d'Ypres
l'Yser, du 1er au 20 septembre prochain inclus.
Bruxelles, le 22 juin 1846. De Bavay.
M. Ch. Froment, ancien rédacteur du If/es
sayer de Gand et de la Sentinelle des Pays-
Basvient de mourir à.Loozprès de Lille.
NOUVELLES DIVERSES.
Voici quelques détails sur les travaux du
conclave
Le conclave a été fermé et muré le Dimanche 14
au soir, 5i cardinaux étaient réunis pour procéder
l'election du pape. Le 16 au soir, c'est-à-dire au
bout de 40 heures seulement le pape était nommé;
mais ce n'est que le 17 au matin que le conclave a
été ouvert, et que l'un des cardinaux a annoncé
solennellement une immense population réunie
sur la place la décision du conclave et la nomination
de S. le cardinal Maslaï.
Cette nouvelle a été accueillie avec enthousiasme,
par les masses qui ont applaudi en criant force
bravos et force vivat.
L'intronisation a eu lieu le jour même.
Le cardinal Mastaï est né Sinigaglia, dans les
marches d'Ancône et est âgé de 54 ans seulement.
C'est un homme qu'on dit très-remarquable et ami
de la France.
Le 17 Juin, jour de la nomination du pape et de
son intronisation, toute la foule des agents diploma
tiques, des grands dignitaires et toutes les personnes
désireuses de recevoir la bénédiction du nouveau
pape se présentèrent devant les portes de l'apparte
ment où le pape devait paraître sur un fauteuil pour
donner sa première audience.
Au moment où les portes s'ouvrirent, les plus
pressés se firent jour et vinrent se précipiter aux
pieds du Saint-Père pour recevoir sa bénédiction,
mais S. S. lesarx-êta de la main et demanda l'ambas
sadeur de Fi-ance.
Ce ne fut que lorsque S. E. Mgr Rossi eut été
reçu par le pape qu'il fut permis tout le monde
de s'approcher de lui.
Les journaux de Marseille nous apportent
ce matin la nouvelle d'un terrible incendie qui
a mis en péril les nombreux bâtiments mouillés
dans le port de Marseille. Le feu a pris au na
vire le Tambour, trois mâts de 345 tonneaux
il a détruit ce bâtiment, et sans les secours qui
ont été apportés promplenient, tous les autres
vaisseaux pouvaient subir le même sort.
Londres, 22 Juin. Il 11e paraît pas
certain encore que le ministère se trouvera eu
minorité sur la seconde lecture du bill de
protection la chambre des communes. Un
journal prétend même que la seconde lecture
du bill sera adoptée la majorité de cinq ou six
voix. Ce journal dit que la violence des attaques
des chefs du parti protectionniste contre sir
Robert Peel a détaché de ce parti quelques mem
bres indignes du peu de mesure de ces atta
ques, et que d'un autre côté, un certain nombre
de libéraux effrayés de la situation qu'amènerait
la retraite du cabinet voleront pour le projet
ministériel.
Le célèbre banquier israélile de Londres,
sir Isaac-Lyon Goldsmid qui a été dernière
ment élevé par la reine Victoria la dignité de
baronet, vient d'être créé par la reine de Por
tugal baron de Goldsmid de Palmeira.
On construit en ce moment Tremeiricon,
dans le comté de Derby, un vaste collège des
tiné aux jésuites.
Le paquebot français/'.ÉWotos,expédiépar
l'ambassadeur de France près la cour de Rome
le 18 juin au soir, de Civita-Vecchia, est arrivé
le 20 au matin dans le port de Marseille, ayant
bord M. De Lalour-Maubourg, chargé par M.
Rossi de porter au Roi la nouvelle de l'élévation
au trône pontifical du cardinal Maslaï sous le
titre de Pie IX.
Le conclave a été fermé et muré le dimanche