6# ANNÉE. N9 548.
INTÉRIEUR.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
On s'abonne Ypre» Marcha
au Beurre, 21et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimeitre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro0-25
le Privés
5BBS-
JEUDI, 6 AOUT 184<>.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, /rancs, t
l'éditeur du journal, A Yprès.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaq ne semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
TIRES ACQUIRIT EUNDO.
ÏPRES, le 5 Août.
LA. TUYNDAG.
Quoique celte année la kermesse commu
nale de la ville d'Ypres ne pût être fort bril
lante, par suite des fêtes de l'inauguration de
la statue de Simon Slévin, qui ont eu lieu huit
jours seulement avant la fête d'Ypres, une foule
d'étrangers sont venusprobablement par ha
bitude, se donner rendez-vous dans nos murs.
Bon nombre de personnes ont voulu, malgré le
peu d'éclat que présentaient les réjouissances
publiques, ne pas oublier la ville d'Ypres et
honorer nos fêtes de leur présence.
Le dimanche, un tirageen forme de Tombola
a eu lieu la société de Guillaume Tell, pour
les arbalétriers des communes environnantes.
11 a été fort brillant, et le mode qu'on avait
adopté, a rendu le jeu très-animé.
Lundi dernier, devait avoir lieu un concert
suivi d'un bal donné par la société des Chœurs.
Un événement fatal qui est arrivé, a douloureu
sement atteint la famille du directeur, et a fait
conlremander celte soirée qui a été remplacée
par une représentation de la troupe de M.
Dunré- C'est la première fois qu'elle a jnné
avec quelque succès, car la représentation de
dimanche il n'y avait pour ainsi dire personne.
Cependant le public est injuste l'égard de ces
artistes, ils jouent très-bien, et rarement nous
avons pu jouir d'un spectacle dont les acteurs
présentaient autant de bons sujetsayant déjà
l'aplomb de la scène, et s'aoquittant aussi bien
de leurs rôleo.
En fait de kermesse un malheur ne vient ja
mais seul. Nous avions eu une fête contre-
mandée, le temps s'est chargé d'en faire man
quer une seconde. Une fêle champêtre devait
avoir lieu au jardin de la sociétéde la Concorde.
Des apprêts magnifiques avaient été faits. M.
Bôhm avait arrangé le jardin de façon l'a
grandir de moitié et les décorations dont il
l'avait orné, étaient du meilleur goût. Un arc
de triomphe se trouvait placé dans le fond et
derrière les musiciensdes verres de couleur
figuraient un château d'eau, et faisaient un effet
admirable. Une illumination giorno don
nait au jardin un aspect féérique. Tout cela a
été abandonné par les aimables danseuse», une
pluie malencontreuse a fait dégénérer une soirée
qui promettait d'être brillante en sauve qui peut
général.
Nous allions oublier de rendre compte d'un
tir la cible qui a eu lieu pour les Pompiers
de Poperinghe et ceux d'Ypres. Les deux mu
siques de ces corps se sont fait entendre et ont
fait grand plaisir. Les exercices feu ont com
mencé, et le premier prix a été remporté par un
musicien du corps des Pompiers d'Ypres, Vla-
mynck, le second par le nommé Terry, de la
musique du corps des Pompiers de Poperinghe
et le troisième, par un pompier de Poperinghe
dont nous ignorons le nom. La fraternité la plus
cordiale entre les membres de ces deux corps
n'a cessé de régner pendant celte lutte d'adresse
et tous ont fait des vœux pour pouvoir la re
prendre une première occasion.
Les amateurs de la sabacarne ont ouvert un
concours qui avait attiré assez de monde. Nous
ignorons les noms des vainqueurs.
Le traité avec la Hollande est signé, et la
chambre des représentants est convoquée pour
le 6 Août, afin d'en prendre connaissance, et
l'adoDler s'il v a lipu- Q>ieîa"çs clauses df» e#>
traité paraissent avoir transpire dans la presse,
mais jusqu'ici rien d'officiel n'a été publié. Nous
sommes les plus intéressés connaître les stipula
tions de cet acle diplomatique, car ce sont nos
provinces qui devront faire les concessions.
Nous attendons donc avec impatience, la com
munication officielle du traité, afin de pouvoir
juger si dans ce pacte, nous avons encore dû
faire toutes les concessions sans aucun avantage.
Cependant si la Neerlande y a mis de la bonne
volonté, elle a pu, conmerçante et coloniale
avant tout, faire notre industrie des faveurs,
dont nous pouvons lui tonner la compensation
sans blesser des intérêt: belges et sans froisser
les producteurs du pays comme cela est arrivé
pour le traité français di 13 décembre.
Le 1er et le 2 août on. eu lieu en France, les
élections générales. La lutte aura été vive et
ardente entre l'opposilon et le ministère. Ce
pendant la victoire parît se décider en faveur
de ce dernier. Dans les olléges dont le résultat
de» élections est connul'opposition paraît
avoir perdu du terrainet si nous devons en
croire les Débatselle serait menacée de perdre
au moins un tiers de ses membres. A Lille
MM. Lestiboudois et Delespaul ont été réélus
pour ainsi dire l'unanimité. Une lutte s'est
établie entre MM. Villeneuve et Mimerel, maire
de Roubaix. Le premier l'a emporté de 21 voix.
A Bailleul, le résultat des élections a été fatal
aux légitimistes. M. Behaghel-Huughe, maire de
Bailleul, n'a pas été réélu. M. Plichon son con
current, a obtenu une majorité de 53 voix. Il
appartient l'opinion conservatrice.
Le 2 de ce moisvers 9 1/4 heures du soir
un incendie s'est déclaré la ferme occupée par
François Caestryck, demeurant Dickebusch, et
en moins d'une heuretous les bâtimens con
sistant en corps de logis, {écurie, grange, han
gars, lesinstrumens aratoires, quantité de fagots,
toute la récolte de grain, foin et lin de l'année
courante et une forte quantité de grain de l'an
née dernière sont devenues la proie des flammes.
La perle du fermier est évaluée 23,375 fr.
etcelle résultant des bâtimens qui appartiennent
M. le comte de Robiano est estimée approxi
mativement 18,000 francs. Rien n'était as
suré.
tJe sinistre est attribué la malveillance et
un ancien domestique de cette ferme qu'on a
désigné comme l'auteur présumé, est arrêté, et
déposé en la maison d'arrêt de celle ville.
Le 1er de ce mois, le cadavre de Brunon Pon-
foort, commissionnaire, âgé de 33 ans, né et
domicilié en celle villea élé retiré des fossés
derrière S1 Pierre-lez-Ypres.
Cet individu manquait chez luidepuis trois
jours.
Le 4 de ce mois, on a retiré des fossés de la
ville, un garçon boulanger, qui s'était bien amusé
pendant la nuit et ne pouvant rentrer chez son
maître la funeste idée lui vînt de nager dans le
fossé de la ville près la porte de Menin. A peine
dans l'eau il se noya.
On écrit de Bruges, 1er août
Beaucoup de rues setant distinguées par le
bon goût et l'élégance de leurs illuminations
la régence, embarrassée de distribuer des ré-
W cuifiletoii.
13 Zs Jk, >0 H E
[Suite et Fin.)
Huit jours après cet événement, les choses avaient bien changé de
face. Voici comment. Depuis longtemps l'épée de connétable ne
suffisait plus l'ambition du comte d'Armagnacet il travaillait
s'emparer de toute l'autorité. Son ascendant sur l'esprit de Charles
VI lui fit obtenir sans peine la révocation de bon nombre d'officiers
et de magistrats dont il donna les charges ses partisans; mais cette
mesure inique exaspéra le duc de Bourgogne son ennemi déclaré.
Si tous les deux avaient été vus ensemble aux fêtes de Viuceunes
ce n'était pas qu'ils songeassent se rapprocher le comte n y allait
que pour surveiller la conduite de la reine, et le duc pour faire al
liance avec elle, dans le but de renverser le connétable, lsabeau avait
accepté l'amitié du duc. Quant au seigneur du Pont marquis de
Hurtevent, son intimité avec le duc le rendait suspect au connétable,
et ses rapports avec celui-ci et le roi portaient également le duo se
méfier de lui.
Le résultat de cette rivalité des deux grands vassaux fut une col
lision sanglante, une lutte acharnée comme toules les luttes de parti,
pendant laquelle les traîtres et les bourreaux firent fortune. Le duo
de Bourgogne vaincu fut forcé de se réfugier dans ses étatset le
connétable abusa de la victoire. Toutefois la reine qui n'avait pris
qu'une faible part tout ceci, était toujours Vinceunes, et elle ne
laissait pas d'inspirer quelque crainte au vainqueur. Celui-ci songea
la mettre aussi dans l'impossibilité de traverser ses desseins. Pour
réusair, il lui suffit de dévoiler au roi la conduite de ion épouse adul
tère, dans un moment où il était a état de la juger. Elle conspirait,
dictait des lois levait partout dxorbitauts impôts pour subvenir
aux plus folles dépense?; elle étaienfin un objet de scandale par ses
mœurs dissolues elle enseignait railler mépriser insulter le
roi. Le tableau était sombre et lileux
Un jour lsabeau qui, raalgrée triomphe de d'Armagnac, son
geait sérieusement devenir régite, traçait un nouveau plan de
révolte dans un moment dérobé ses plaisirs, lorsqu'elle entendit
un grand tumulte. Au même iusntle capitaine de sa garde entra.
Les troupes du roi ont invei le château dit cet officier et le
connétable vient s'emparer de voe personne, On a déjà arrêté mca-
sire de Boisbourdon. Mais c'estne infâmie que me veut-on
Le mot de prison a été prononcé.- Ne peut-on pas résister Tous
nos efforts seraient inutiles, madae. Alors, bâlons-notisde fuir...
La poterne du parcOccupé Le souterrain du donjon?
Gardé également.
La reine laissa tomber ses brasa si^ne de découragement.
Laissez passer la justice du r, criait une voix forte en dehors»
C'est Boisbourdon qu on enuue, dit l'officier.
Eb que m'importe cela, réndit lsabeau, en faisant un geste
d'impatience. Puis elle marmot£nlre ses deuts
La justice du roi il serai>lus convenable de dire la justice
d'un fou.
Le lendemaincomme on je t de Boisbourdon la Seine la
reine partait pour Tours avec u*. escorte de deux cents hommes
on lui avait donné l'abbaye de îrmoulier pour prison. Ce même
jour encore, Hector Guy, mis diberlé par ordre du connétable
reprenait, triste et pensif, lechen de la Bourgogne.
Nous ne dirons point lessouflYces qu'il endurait dans l'humide
et ténébreux cachot où on Pavaiïté» Le dégoût de la vie qui s'é
tait emparé de lui, l'avait rendu insensible aux douleurs physiques
et lui faisait appeler de tousses vœux le jour de sou supplice. Blauche
avait été calomnié par la reine il n on doutait pas et la pensée
qu'elle l'avait aimé jusqu'à son dernier soupir était pour lui une
cousolation, un allégement sa misère. Ce fut le comte d'Armaguao
lui-même qui vint lui faire ouvrir les portes de sa prison.
Dès le jour où je te rencontrai pour la première fois Vincen-
nes lui dit-il, je m'intéressai toi. Prenant en pitié ton âme
bonnele ton jeune âge et ton inexpérience je te donnai de sages
conseils que tu n'as pas suivis. Instruit par le malheur suis plus
raisonnable aujourd'hui. L'air de la cour ne te oonvienU pas re
tourne respirer celui de ton pa^s,
Hector balbutia quelques mots de remercîments des larmes de
reconnaissance coulaient de ses yeux.
Mais elle ajouta-t-il... sa tombe...
Que parles-tu de tombe Éloigne-toite dis-je.
Ce malheureux jeune homme n'a pas toute sa raison pensa le
comte il avait besoin de revoir le soleil.
Mais pour Hector le soleil n'avait plus le même éclat, la nature
entière était décolorée. Pauvre poète! il avait perdu ce qui embellit
toutce qui nous fait paraître les objets comme travers un prisme
enchanteur. Sa voix s'était aussi éteinte. 11 s'en allait demander
l'Hospitalité au duc Jean Saus-Peur sou premier maître. 11 avait
besoin de revoir les lieux témoins de ses premiers pas, de ses premier*
jeux, de son premier et unique amour, llélas l'enfance est la seule
page de la vie que nous relisions toujours avec plaisir; o'est le seul
point de l'horizon de 1 existence que nous apercevions toujours pur
et lumineux lorsque parvenu au terme de notre course il nous ar
rive de regarder derrière nous.
Le duc de Bourgogne dévorait au fond de son palais la honte do