MISE A PRIX.
EXTÉRIEUR. France.
ANNONCES.
3
Variétés.
Pari», le 1" Août.
ATTENTAT DU 29 JUILLET.
Les scellés ont été mis au domicile d'Henry.
Nous avons dit qu'on y avait saisi des papiers.
11 paraîtrait que l'on y a trouvé un cahier de
120 pages environcontenant l'histoire de sa
vie c'est un écrit que le Journal des Débals
lui-même qualifie d insignifiant. Il se termine
par une note écrite le jour même où il a com
mis l'acte qui l'amène devant la Cour des Pairs.
Celte espèce de post-scriptum est incompré
hensible. Henry lui-même ne peut expliquer ce
qu'il a voulu dire. Ses réponses du reste sont
très-confuses sur tous les points. 11 vient da
subir un nouvel interrogatoire.
On assure que l'on n'était pas encore parvenu
aujourd'hui retrouver les halles.
Henry a reçu hier la visite de M. Dufresne,
inspecteur des prisons. Interrogé sur les motifs
de son attentat, il a répondu qu'étant la veille
de déposer son bilan, et n'ayant pas la force de
se tuer lui-même, il avait ouvert le code et
cherché s'il n'y avait pas un fait qui entraînât
la peine capitale sans qu'il fût nécessaire de
tuer quelqu'un. 11 aurait alors conçu le projet,
non de tuer le Roimais de tirer sur luipour
se faire appliquer la peine de mort, conséquence
d'une simple tentative sur la vie du roi.
Constitutionnel
Joseph Henry avait eu soin, avant de
commettre son crime, de placer dans le fond
de son chapeau une carte portant son nom et
son adresse, afin que s'il eût été tué par la foule,
on pût constater son identité.
Cette prévision est assez singulière, mais ce
qui est plus grave, c'est que l'assassin immédia
tement après son arrestation, aurait dit l'agent
qui l'aurait saisi la cravalte Ne m'étranglez
pas, autrement je ne pourrai rien vous dire.
On s'accordait dire la Bourse que Henry
avait 12 15,000 fr. payer pour la fin du
mois.
On lit dans le Journal des Débals:
Nous ne chercherons pas traduire les senti
ments d'indignation et de douleur qu'a mani
festés la population de Paris la nouvelle de
l'incroyable attentat auquel le Roi vient encore
d'échapper. Partout nous avons rencontré l'ex
pression d'une tristesse profonde la sympathie
la plus sincère et la plus dévouée pour le Roi
magnanime que le crime ne cesse pas de pour
suivre, et que Dieu ne se lasse pas de protéger.
Puisse la providence étendre longtemps encore
sur lui son bras tulélaire! Il est nécessaire
notre bonheur, notre salut, notre sécurité
Dieu qui l'a protégé huit fois, ne voudra pas
laisser son œuvre inachevée. Il le laissera com
pléter cette grande œuvre laquelle il était
destiné: la consolation de la paix, de l'ordre et
de la liberté. Chacun des coups sacrilèges diri
gés contre lui, fait naître en nous un redouble
ment de confiance. Nonil n'est pas possible
Hâtez-vous, leur orlait Hector; prenez des torolies et cherchez
de tous côtés. C'est quelque malheureux qui va périr s'il n'est
promplemcnt secouru.
On trouva dans les fossés du château une femme meurtrie en
sanglantée, froide comme un cadavre, et dont les vêlements souillés
n'étaient plus que des haillons. Ses jambes raidies plongeaient dans
l'eau, ses mains crispées s'accrochaient la pierre. Elle fut trans
portée dans le château où l'on se mit en devoir de lui prodiguer
tous les soins que réclamait sa position. Là, quelqu'un ayant écarté
les longs cheveux ruisselants qui étaient collés sur son visage, Hector
poussa un cri de surprise et d'horreur. Il venait de reconnaître
Blanche ce coi ps livide et glacé qu'il avait sous les yeux élaitsa
bien-aimée. Il la croyait morte on le détrompa elle donnait en
core quelques signes de vie. Toutefois pendant plusieurs jours
qu Hector passa son cheveton désespéra de la sauver. Maintes
fois déjà, se, yeux s'étaient ouverts, puis refermés; lorsqu'enfin elle
reoonnut sou amant ce fut pour cacher sa tète dans ses mains et
sangloter amèrement.
Sa maladie fui longue et sa convalescence plus longue encore. Elle
ivait demandé sa mère, et on lui avait répondu qu'elle s'était retirée
en Daup nue dans le château de ses pères. Lorsqu'elle fut hors de
tout danger, Heclpr lui révéla la vérité et lui apprit quel titre il
était seigneur de Hurtevent.
r Mais comme vous êtes l'héritière légitime de ce manoir, je
vais me retirer, et ne reviendrai que le jour où il vous plaira de
m y appeler. r
Une larme brillait dans ses yeux. Blanche lui tendit la main.
- Je ne su.» venue ,c, que pour mourir, lui répondit-elleaprès
avoir ob enu mon pardon. - Ton pardon mai, as-tu encare beL.n
de I implorer r Uh ie sais combien ie <nî« ui
n j jc~ r i UJ®SU1S c°upable mais aussi
quelle destinée fatale que la mienne: faire éternellement souffrit
eaux qu un aime I car je n jamais cessée faimer, Hector, et mon
qu'il tombe jamais sous le bras d'un assassin, ce
Roi qu'un pouvoir supérieur a tant de fois
couvert de son égide. Puisse le soulèvement de
la conscience publique, puissent lesacclamations
de tout un peuple reconnaissant lui donner le
courage dont il a besoin au milieu de pareilles
épreuves Puisse la sympathie profonde de la
France entière, sécher les pleurs et calmer les
alarmes de cette noble famille qui l'environne,
comme nous, de son admiration et de son dé
vouement
Dans sa fabrique d'objets d'acier poli
Henry occupait une vingtaine d'ouvriers. Son
loyer est de 3,000 francs. Il est probable qu'il
est électeur. Il est caporal de la 4e compagnie
du 1er bataillon de la 78 légion de la garde na
tionale de Paris. Il avait demandé et obtenu ce
grade pour se dispenser des factionsqui le
rendaient quelquefois malade. Ce grade lui a
été conféré dans trois élections successives.
Henry est un homme petit et grêle, il a moins
de cinq pieds. Sa figure est sombre, et i! avait
toujours l'air soucieux et préoccupé. Il est vrai
que ses affaires commerciales sont en fort mau
vais état. 11 eût été obligé, dit-on, de déposer
son bilan avant un mois.
Du 30 juin au 1er juillet, il montait la garde
aux Tuileries. lia déclaré, dans l'interrogatoire
qu'il a subi, que ce jour là il avait sur lui ses
deux pistolets, et qu'il s'en était armé avec l'in
tention d'en faire usage contre la personne du
roi. S'il n'a pas réalisé cette intention, a-t-il
ajouté, c'était pournepas déshonorer l'uniforme
qu'il portait. Il remplissait très-exactement ses
devoirs de garde national.
Dans son premier interrogatoire subi aux
Tuileries, l'assassin déclara quil se nommait
Joseph Henry, et qu'il demeurait Paris, quar
tier du Temple, rue de Limoges, 8. Le fait
était vrai. La maison n°8 estdebelle apparence.
Elle se compose de trois ailes de bâtiments ré
unies sur le devant par un grand mur percé
d'une belle porte cochère avec allique.
Tous les hommes cFétat qui ontgouverné
la France ont vu sous leurs ministères des at
tentats contre la personne royale: en 1832 et
en 1835, sous le ministère de M. de Broglie
de M. Guizot et de M. Thiers, l'attentat du Pont-
Royal et ta machine infernale de Fieschi sous
le premier ministère de M. Thiers, l'attentat
d'Alibàud sous le ministère de M. Molél'at
tentat de Meunier; sous le second ministère de
M. Thiers, l'attentat de Darmès; sous le minis
tère du 29 octobre, l'attentat de Quesinet contre
le duc d'Aumale, l'attentat de Lecomte et le
coup de pistolet du 29 juillet! Le ministère du
12 mai est le seul qui n'ait pas inscrire de tels
malheursdans son histoire, toutefois celle même
date du 12 mai appartient l'un des plus grands
crimes de notre temps: ce jour-là les sociétés
secrètes, dirigées par Barbès, ont livré bataille
au gouvernement et ensanglanté les rues de
Paris
âme est resiée pure. Je n'en ai jamais douté; oublions donc le
passé, Blanche... Oublier le passé! s'écria la pauvre femme avec
énergie. Oli non jamais je n'aurai point a.Nsez, de tout le reste de
ma vie pour l'expier. Mon père, pour qui je prie Dieu afin qu'il lui
pardonne aussi, a voulu se servir de ma jeunesee et de mon inno
cence pour s'élever... Mais tu ne connais pas toute cette triste his
toire écoute-la.
Et Blanche commença par lui raconter ce qui s'était passé avant
le départ de Hurtevent c'est-à-dire les soupçons de sa mère et ce
qui avait été tenté pour la soustraire au sort que l'odieux dessein de
son père lui réservait.
Dès mon arrivée Paris dit-elle ensuite je tombai malade
mais je n'eus pas le bouheur de mourir. Ensuite, vinrent les fêtes
les plaisirs, quelques moments d'ivresse -. j'étais si jeune, et en butte
tant de séductions... Le roi me vitet ne voulut bientôt plus me
quitter... mon père en était ravi mon confesseur parla de la volonté
du ciel... enfin que sais-je le roi m'inspira de la pitié il était si
malheureux Puis te croyant mortj'avais renfermé mon amour
dans mon cœur comme dans un tombeau... juge de ma honte de
mon désespoir, lorsque je t'aperçus dans la cour de l'hôtel Saint-
Paul. Le lendemaiu la reine, profitant d'un moment de délire car
je ne savais plus ce que je faisais, me fil vider un flacon qu'elle croy
ait être du poison. Dans sa précipitation et aveuglée par sa haine
elle s'était armée d'une liqueur înoffeusive. Toutefois je ne pus
résister tant de secoussesdes scènes si violentes une maladie
grave se déclara. Le roi ne vint pas ude seule fois me voir, et je sus
que déjà il avait porté ailleurs son affection. Hélas je ne disputais
rien ma rivale mais plus elle faisait de progrès dans la faveur
royale plus la cour devint impertinente et railleuse mon égard.
Enfin un jouril me fallut quitter l'hôtel Saint-Paulavilie mé
prisée et sans appui et je me soutenais peine. Ah I cela m avait
été prédit!.... Je m'arrêtai sur le bord de la Sehie.... mais Hurtevent
Un assassin âgé de 7 5 ans: OnécritdeBriançori.
(Hautes Alpes), 5 juillet: Depuis plusieurs
années, une vive inimitié divisait le sieur Laurent
maire de Ristolas, vieillard âgé de près de 70 ans, et
son voisin Baudon qui en avait 75. Un procès pen
dant devant le juge de paix était venu depuis quel
que temps donner un nouvelalimentauxsentiraents
haineux des deux vieillards, qui dans plusieurs cir
constances, s'étaient réciproquement porté des défila
et fait des menaces.
Telle était la mauvaise disposition d'esprit de
ces deux chefs de famille lorsque mardi dernier
vers dix heures du matin, le cadavre du sieur Lau
rent fut découvert dans une pièce de terre voisine
d'une de ses prairies. La mort avait été déterminée
par la section de l'artère crurale de droite, et avait
dû arriver très-promptement.
Ce meurtre fut aussitôt imputé au seul ennemi
connu du sieur Laurent Baudon qui fut immé
diatement amené devant le juge de paix. Interrogé
parce magistrat, Baudon a peu hésité pour se recon
naître comme auteur de la mort violente de Lau
rent toutefois, il a cherché l'expliquer de la ma
nière la moins défavorable pour lui.
J'avais, dit-il, réclamé la veille des dommages-
intérêts Laurentraison de dégradations par lui
faites sur une de mes propriétés. Voulant examiner
de plus près ces dommages, je m'étais rendu sur les
lieux vers huit heures et demie du matin lorsque
j'aperçus mon adversaire qui arrosait sa prairie. Il
me remarqua de son côté et nous marchâmes aussi
tôt l'un vers l'autre. Nous nous donnâmes des coups
de poing et des coups de pieds; mais bientôt Lau
rent qui était plus fort que moi, me prit la gorge
et me terrassa dans ce moment critique voyant
ma vie menacée je pris mon couteau et en portai
un coup de toute ma force dans la cuisse droite de
mon ennemi. Il me lâcha aussitôt, marcha quelque
temps en perdant son sang puis tomba l'endroit
où il a été trouvé. Lui avez-vous donné quelques
secours, lui dit le juge de paix? Non répond
le vieillard haineux il serait mort mille fois que je
ne l'aurais pas secouru.
MARDI, 11 Août 1846, 4 heures de relevée, au
cabaret Les trois Amis, occupé par Beunen la
ville de Warnêton, le Notaire KOjMjMEXS 9
y résidant, de l'intervention du Juge-de-paix com
pétent procéderala MISE A PRIX d'une très-
belle Maison a deux Étages avec Boulangerie
et Salinebâtie sur 2 ares 55 centiares 18 verges)
de fonds d'héritage, située Warnêton, rued'Ypres,
tenant du nord la maison de M. Rotjer-Laloy.
Cette Maison ayant été solidement bâtie neuf
depuis 10 ans, comprenant deux belles Caves, deux
Pompes et Cour enfermée, offre tous les avantages
pour les établissements ci-dessus mentionnés ou
pour recevoir toute autre destination.
Dernièrement occupée par la veuve et enfatis
Delie pour par l'acquéreur y entrer le lendemain
de l'Adjudication.
Il y aura 1/2 p °/0 pour gain de mise prix.
Qu'on te le dite.
me revint en la mémoire et j'ai eu la force et le courage d'y venir
mourir.
Toutes ces choses simplement racontées, émureut vivement Hec
tor. Il ne put que presser affectueusement les mains de Blanche dans
les siennes, et son ivresse disait assez qu elle n'avait rien perdu ses
yeux de soa prestige mais elle restait grave et triste il était facile
de voir qu'une pensée douloureuse la préoccupait, l.e bonheur n'est
pas toujours facile supporter; l'amour d'Hector, qui la rendait Gère
et heureuse, lui faisait mal.
Le printemps vintet avec lui une apparence de santé. Les deux
jeunes gens faisaient déjà de courtes promenades dans la belle vallée
de Hurtevent. Hector, radieux, se voyait près d'atteindre le but de
ses constants désirs qui pouvait s'opposer désormais sou union
avec Blanche
Un jour cependautBlaiïche se présente devant lui, plus triste et
plus grave qu l'ordinaire. Elle avait dans le regard quelque chose
d'inspiré et sa voix était solennelle.
Le moment est venu de nous séparer pour toujours, lui dit-elle,
car, bien que je semble mieux, je suis blessée au cœur mortellement.
Elle ajouta ensuite en baissant les yeux
- Puis je n'oublie pas le passé, et je t'aime trop pour consentir
jamais, moi souillée et désliouorée, devpuir ton épouse. Adieu
donc, nous nous reverrons dans un monde meilleur.
Les efforts d'Hector pour la retenir furent vains elle avait pris
une résolutiou irrévooable. Dès le lendemain elle eutra dans un cou-
veut, où, deux mois après, on ne trouva plus que son corps sa belle
âme s'était euvolée.
Quant Hector peu de temps de là il périt dans un combat
outrance contre un seigneur quiavail insulté la mémoire de Blanche
de Hurtevent. C'est en prononçant le nom de sou idole qu'il rendit
le dernier soupir. Il n'avait sans doute jamais rôvé une mort plua
belle. jvt.es rovlaiit.