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INTÉRIEUR.
DIMANCHE, 6 SEPTEMBRE 181<î.
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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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W Quinze centime» par ligue.
VIRES ACQUIR1T EUNDO.
6" ANNÉE. - N° 557.
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Y PRES, le 5 Septembre.
L'enquêle parlementaire sur l'éboulement du
tunnel de Cumptich, n'a pas été sans résultat,
quoique le verdict du jury ail été négatif sur
toutes les questions concernant les deux accusés
De Ridder et Borguel. Quand la proposition a été
faite la Chambre par quelques membres de
l'opposition, d'ouvrir une enquête sur les causes
qui ont amené cet accident, majorité et minorité
y ont donné les mains. La majorité paraissait
convaincue que toutes les investigations n'abou
tiraient aucun résultat serieux et que l'événe
ment de Cumptich devait être envisagé comme
uu malheur dont les ingénieurs ne pouvaient
être rendus responsables. On semblait si inti
mement persuadé de la parfaite exécution des
travaux du chemin de fer, que l'enquête a été
ordonnée sansopposilion. La minorité avait in
térêt faire examiner de près, si tous les soins
possibles avaient été donnés la construction
de ce tunnel et si aucune malversation n'avait
été la cause première de cet éboulement, qui
aurait pu causer d'aflFreux malheurs.
Pendant longtemps les résultats de ce vote de
la chambre se sont fait attendre:, mais quand le
rapport de M. Delfosse a été lu et déposé, les faits
qui y sont révélés, les traités illicites qui y ont
été dévoilés, ont fait comprendre tous que le
droit d'enquête était une nécessité du gouver
nement représentatif. Le pays a été fortement
ému d'apprendre que la construction des che
mins de fer a été pour quelques hommes, le
moyen de se créer une fortune considérable et
que pour y parvenir, les moyens les moins dé
licats n'ont pas été répudiés.
Une enquête judiciaire a été la conséquence
des révélations faites par le rapport de M. Del
fosse. Une multitude d'autres faits plus ou moins
frauduleux et toujours très-blâmables ont été
portés la connaissance de la justice, une instruc
tion très-étendue a été entamée la charge de
De Ridderetde Borguet, le premier ingénieur, le
second entrepreneur du tunnel de Cumptich.
Les accusés ont été acquittés par le jury; nous
ne voulons en aucune façon murmurer contre
cet arrêt, d'autant plus qu'il peut y avoir eu des
motifs d'atténuation dans les circonstances qui
ont été révélées la justice et que nous n'avons
pu apprécier. Mais il n'en est pas moins
certain que ce verdict a étonné et qu'en pré
sence des scandaleux tripotages qui ont été
étalés en pleine cour d'assisesla moralité pu
blique a été froissée de voir les auteurs ou les
complices de pareils actes absous des crimes de
concussion et de corruption et nettement relevés
de toute accusation, malgré l'enquête parle
mentaire et les investigations judiciaires.
Ici nous ne sommes que les interprètes du
sentiment public, qui a fait explosion, quand la
nouvelle de l'acquittement des accusés De Ridder
et Borguet a été connue. En outre, après lesdépo-
sitionsde M. Nolhomb, on sedemandait comment
les poursuites judiciaires n'avaient eu lieu qu'en
1846, tandis que la prévention de concussion
existait déjà l'égard de De Ridder en 1838, et
que même pour ce motif, il a été destitué de
ses fonctions d ingénieur des ponts et chaussées.
Si le gouvernement avait alors fait son devoir,
une instr uction judiciaire aurait dû constater la
vérité ou la fausseté des allégations charge
de De Ridder et il est. supposer qu'il eût été
plus facile alors de plonger un regard lucide
dans ce labyrinthe inextricable d'abus et d irré
gularités, pour ne pas appeler les choses par
leur nom.
Mais que dire de la presse ministérielle, qui
avant que le verdict du jury eut été rendu, s'était
pris louer les accusés et attaquer l'hono
rable M. Delfosse, pour son rapport sur le tun
nel de Cumptich. L Emancipation. car c'est de
ce journal méprisable que nous voulons parler,
s'est ouvertement prononcé contre l'accusation
et a tâché par des articles qui portaient les ac
cusés aux nues d'influencer les jurés. Nous ne
savons comment qualifier celle conduite de la
part d'une feuille qui a la prétention de défen
dre le ministère clérical comme le plus béat
et le plus saintdont on puisse doter la Belgi
que. 11 serait utile pour le cabinet DeTheux de
répudier un champion aussi compromettant,
car avec une légère varianteon pourrait se
ressouvenir de l'adage, dis-moi qui le défends
je dirai qui tu es.
Yl. la vie du souterrain,
Le jour suivanl, Pierre eut prendre quelques dispositions nou
velles. Sa bande était diminuée de trois hommes, et il avait formé
Je projet de s'absenter de nouveau en amenant Zéphyr. Dans cet
état d'affaiblissement il était impossible de rien entreprendre j la
prudence conseillait de ne pas s'éloigner du souterrain.
Pierre se borna envoyer quelques éclaireurs dans la foretaûn
de s'assurer que les traces de son passage n'avaieut pas été décou
vertes j on arrangea un abri pour la voitureon pourvut au soin
des chevaux, on surveilla les abords du petit bois de chênes où un
homme fut laissé en sentinelle.
Pierre avait une semaine devant lui j son absence pouvait durer
ce temps là sans éveiller le soupçon. Sans avoir arrêté un plan défi
nitif, il songeait aux moyens de faire sa rentrée dans ce monde im
périal, où uu seul jour de chance pouvait lui tenir lieu de bien des
campagnes.
Le brigandage main armée, au milieu des bois justiciable des
balles des gendarmes des injures de la saison et des colères de la
tempête commençait lui peser cette vie d'émotion et de fatigues
avait perdu l'attrait de la nouveauté et il lui avait suffi de goûter
un seul moment dune grande et fastueuse existence pour voir s'é
veiller eu lui des désirs de luxe, de bien-être, de sensualité.
Des natures fougueuses comme la sienne se plaisent en de tels con
trastes avec la même ardeur, elles se jettent vers le bien ou le mal,
vers l'extrême dénuement ou l'extrême magnificence. Toujours in
quiètes ou remuantes on les voit se lasser de tous les excès, épuiser
tous les geures d aventures. La révolte conlre la société ne leur sourit
que dans la primeur, pour ainsi direj les grands coupables n'aiment
l'échafaud que parce qu'on ne peut pas en recommencer l'expéri
ence si c'était refaireils s'en dégoûteraient.
Notre bandit en était là blasé sur les émotions de la vie nomade,
il aspirait aux honneurs, aux joies, aux succès du moude. Pendant
le petit nombre d'heures qu'il y avait vécu, il avait pu entrevoir que,
pour y réussir, il n'est besoin ni de bien grands efforts ni d'un génie
bien vaste. Depuis qu'il commandait des scélérats et les tenait as
servis ses volontés il avait dépensé plus d'activité, plus de courage,
plus d'esprit d'intrigue, plus d'ascendant personnel qu'il u'en fal
lait pour arriver au plus haut rang et la plus brillante position
sociale.
Pourquoi continuerait-il consumer dans une existence maudile
les dons de la nature et les ressources de l'intelligence
Dans le monde comme ailleurs, la puissance appartient au plus
audacieux et l'exemple de l'homme qui tenait alors le sceptre était
fait pour justifier toutes les prétentionstoutes les tentatives. Ces
princesses impériales, si obéies et si enviées, qu'étaient-elles, sinon
des parvenues?
Ainsi pensait Pierre et sa troupe de bandits commençait ne
lui plus sembler qu'un instrument pour assurer ses desseins.
Comme tous les hommes qui ont pratiqué l'art de détrousser les
voyageurs, Pierre aimait l'argent, l or surtout la vue^des pierreries
éveillait en lui des instincts de pillage. Maisoelte cupidité se liait
dans sa pensée, un noble emploi des biens terrestres. Ce qu'il eût
recherché dans la richesse c'est la faculté de trancher du grand
seigneur, d'entretenir un bel état de maison, d'éblouir les yeux par
un faste insolent, par une prodigalité orientale.
Luxe de table et d'écuries, d'ameublement et de fêtes, de domes
ticité et de toilette, de boudoir et d antichambre, Pierre comprenait
tout cela, avait ce génie et ce goût, ne tenait l'argent que par l'art
difficile de le dépenser, et se promettait, le oas échéant, deu reculer
les limites.
Que de rêves de ce genre il avait faits quand il dormait en plein
M. ledocleu Lecluyse, médecin Poperinglie,
vient d'être nommé membre correspondant
de la société médico-chirurgicale [de Bruges
et de recevoir une médaille en vermeil, pour
avoir présenté le meilleur mémoire sur des
Questions relatives Vart des accouchements,
mises au concours de 1845-46, par la société de
Bruges.
MARIAGE DE LA REINE D'ESPAGNE.
Une question européenne et qui aurait pu
troubler la paix profonde dont nous jouissons,
vient d'être résolue et, nous devons le dire
d'une manière conforme aux intérêts de Es
pagne et sans froisser son indépendance. La
Reine, par un décret publié le 20 août, vient de
faire connaître ses fidèles sujets, qu'elle a
résolu de contracter mariage avec son cousin
don François d'Asis Maria, duc de LCadix
fils de l'infant don François de Paule, et de la
sœur de l'ex-régente Christine duchesse de
Rianzarès.
La reine Isabelle est née Madrid, le 10
octobre 1830. S. M. sera par conséquent âgée
de seize ans.
S. A. R. l'infant don François d'Assise est né
le 13 mai 1822. Il a eu 24 ans le mois de mai
dernier.
Une lettre particulière de Madrid, en date
du 29 août nous annonce que la reine Isabelle
avait été fiancée la nuit précédente l'infant
don François d'Assise.
On lit dans le Journal des Débats
On assure que le mariage de l'infante dona
Louisa sœur de la reine, avec M. le duc de
Montpensier, est décidé.
M. le duc de Montpensier est né Neuilly,
le 31 juillet 1824 et est par conséquent âgé de
vingt-deux ans.
Dona Maria-Louisa-Ferdinanda, infante d'Es
pagne, est née le 30 janvier 1832. S. A. R. est
âgée de quatorze ans et 7 mois.
Le bruit court Gand que la liste civile fe
rait l'acquisition du bel Hôtel de la Poste qui
est vendre et le destinerait au Comte de
Flandre. Nous ne savons jusqu'à quel point ce
bruit est fondé. [Journal des Flandre*.)
bois, sur le rocher la main sur sa carabine Que de fêles imagi
naires il avait données, que d'or il avait répandu en songe que de
rubis et d'émeraudes il avait échangés contre un sourire, contre des
cheveux aux reflets changeants contre un essaim de belles mai-
tresses
L'argent,^ c'était tout aux yeux de Pierre, c'est-à-dire tout ce qui
s'obtient grâce lui: les hommages des hommes, les faveurs des fem
mes, les raffinements de la vie les plaisirs de la vanité. En fait de
désirs et de passions cet homme allait aussi loin que possibleet
son imagination était constamment en quête de nouvelles chimères.
Jamais pourtant Pierre n'avait plus vivement ressenti les appels
de I ambition tout le servaitl'inspiration comme le hasard. La
mort inopinée de oel officier, la captivité de celte jeune fille étaien
autant de circonstances qui pouvaient seconder ses oalcuts. Cepen
dant il fallait prendre un parti.
Pierre avait d'abord songé se défaire de sa prisonnière il la
regardait comme un embarras et n'était pas homme reculer de
vant un crime de plus. Celte mauvaise pensée ne céda qne pour faire
place un plan nouveauetdès la Teille, le chef des bandits avait
commencé le mettre exécution. Il se disait qu'il était toujours
temps de revenir aux moyens décisifs, si la combinaison qu'il avait
imaginée venait échouer.
La pauvre Laure était ainsi, son insu l'objet d'une expérience
où elle apportait sa vie comme un enjeu.
Absorbé par ses réflexions, Pierre ne s'était pas aperçu que Zéphyr
errait autour de lui comme une âme en peine, retenu par la crainte
de déranger son chef, et attiré, néanmoins, par le besoin de lui
parler.
Le-lieu où se trouvait Pierre était éloigné delà grande salle où
se tenaient les bandits Pierres'y retirait souvent, soit pour prendre
du repos soit pour s isoler de ses compaguons. Le rocher formait
sur ce point une sorte de chapelle gothique, dont ta décoration sem
blait avoir été taillée par la main des hommes.