3 a disparu subitement. Le bruit courait la bourse aujourd'hui que le comte de Montemolin avait été arrêté 70 kilomètres de Bourges sur la route de Li moges. Il portait un uniforme de soldat de la ligne avec le pantalon garance. On ajoute que la veille de son départle fils de don Carlos avait dîné l'hôtel de la Pré fecture et qu'il s'était exprimé avec une grande énergie au sujet du mariage prochain de la reine d'Espagne. Il avait déclaré qu'il protesterait de toutes ses forces contre ce mariage. Ces paroles avaient excité quelques soupçons dans l'esprit du préfet. On mande du Havre, le 19 septembre Deux étrangersque l'on assure être le comte de Montemolin et le général Cabrera, se sont présentés une auberge de Granviile, lundi dernier; ils ont demandé coucher, mais n'ayant pu exhiber des papiers, il ont été écon- duitsmalgré leurs vives instances. L'ordre de surveillance n'est arrivé que le lendemain au Havre il était trop tard les étrangers avaient disparu. Si ce fait est exact, les deux fugitifs auront très-probablement réussi passer en Angleterre. L'Heraldo, de i3 septembre, fait les réflexions ironiques suivantes sur la pétition publiée par VEco del Comercio: La foule des personnes qui se pressent pour signer la pétition contre le mariage de l'inlanle avec le duc de Monlpensier, est si immense, que les individus jaloux d'écrire leurs noms au bas de ce fameux document, ne pouvant tous trouver place dans les maisons où il est déposé, les promoteurs de cette heureuse idée y ont ajouté celle de sortir, suivis de groupes nombreux, pour recueillir des signatures domicile. Il paraît qu'ils en réunissent une si prodigieuse quantité qu'ils ont dû louer des tombereaux pour porter les innombrables rames de papier griffonné en cette occasion mémorable. Que vont-ils faire maintenant de ce déluge de signatures et de paraphes On écrit de Londres, i4 septembre Les journaux annoncent que la Reine n'a pas l'intention de faire cette année de nouvelles excur sions navales de quelque étendue, ce qui fait sup poser que S. M. a renoncé son projet de faire visite au Roi des Français au château d'Eu. Les journaux anglais se sont trompés en annon çant que la Jeune Irlande allait engager pour la première fois la lutte contre le parti de M. O'Con- nell sur le terrain électoral l'occasion de l'élection d'un membre de la Chambre des Communes pour le bourg irlandais de Cloumel. M. Cecil Lawless, candidat de M. O'Connell, a été élu samedi, sans qu'aucun candidat lui ait été opposé. Birmingham vient d'avoir un festival dans lequel la recette des concerts s'est élevée 290,000 fr. Qu'on dise encore après cela que l'Angleterre n'est pas un pays musical Cette somme a été dis tribuée aux établissements de bienfaisance de Bir mingham. On écrit de Madrid, 13 septembre: L'opinion générale est toujours que le dou ble mariage aura lieu le 10 octobre au plus tard. Peu de jours après son mariage le duc de g. 1—^—MW pérais alors sur le meuble qui renfermait la monnaie, et il venait de céder et de s'ouvrir quand je vis s'avancer le curé une chandelle la main. En toute hâte je remplis ma poche d'écus et me disposais fuir mais mon oncle me saisit au collet et se mit crier. Alors machinalement, je portai la main mon couteau, et donnai au vieil lard une poussée un peu rude, il tomba, le pauvre cher homme, et je battis en retraite sans pouvoir seulement lui expliquer mes inten tions* Si cè n'est pas du malheur dit Rossignol. Voilà l'aventure. Mou oncle n'avait qu'une égralignure et il en revint mais ses cris attirèrent les habitants des maisons voi sines. On m'arrêta au moment où je franchissais les barrières du clos mon affaire fut bientôt bâclée. On me conduisit devant des messieurs aui ne voulurent point reconnaître ce qu'il y avait de pur dans ma manière d'opérer. Si j'avais volé des millions et organisé un coup sur une gronde échelle je serais en honneur du monde mais j'ai voulu reprendre mon petit bien et l'on m'a envoyé au bagne. Du reste, ça n'a pa> manqué: mon oncle est mort, et c'est la servante qui a hérité. La justice m'a fait tort de cela. Essayez encore de venger la morale il y a de quoi s'en dégoûter. Voyons, Zéphyr, passe-moi la fiôle, mon garçon: c'est-là dedans que la vertu méconnue trouve sa récompense. Toisé mon cher. Évanouij le liquide Aussi tu es inconsolable ce soir. Quelles lampées Zéphyr la santé de l'homme, c'est de se tenir les pieds secs et le gosier humecté. Avec ça on passe mille ans, comme les corbeaux. Mais, silence Au tour de Rossignol. Rossignol, gazouille-nous ton histoire. Mes petits amours, écoutez Rossignol. Mon Dieu c'est tout ce qu'il y a de plus simple, dit celui-oi. J'ai le malheur d'avoir un joli talent pour les paraphes voilà ce qui m'a perdu. Une supposition que j'eusse tourné mes facultés vers toute autre chose je restais un citoyen patenté et honoré. J'aurais Montpensier partira avec la duchesse pour Paris mais on pense qu'il reviendra peu de jours après en Espagne. Le président du conseil s'occupe en ce mo ment de la réponse la dernière note de M. Bulwer, celte communication de l'ambassadeur anglais aura été la dernière puisqu'il doit at tendre les instructions de son gouvernement avant de reprendre la plume ces instructions tardent bien arriver. Le projet de loi qui sera soumis demain aux cortès par le ministère se composera d'un article uniquecontenant demande d'autorisa tion l'effet de continuer percevoir les con tributions. Quelques membres de l'opposition combattront peut-être celte demande mais le projet passera une forte majorité. Telle sera, ce qu'il paraîtl'unique mission des corlès dans celle courte session extraordinaire rece voir les communications de la nouvelle des mariages royaux et voter la continuation de la perception de l'impôt. Le décret de dissolution sera publié ensuite par la Gazetteet les nou velles cortès seront convoquées pour le mois de décembre. Madrid, 16 septembre. Le Sénat en corps et au grand complet s'est rendu chez la Reine pour la complimenter sur son mariage et sur celui de sa sœur. L'adresse lue par le président est conçue dans les termes de l'approbation la plus complète. Le projet d'adresse du Congrès est rédigé dans le même esprit. On lit dans une correspondance de la Gazette de Colognedatée de Berlin 14 sep tembre La reconnaissance de la Reine Isa belle dont je vous ai parlé hier est définitivement résolue. L'affaire s'arrangera de la manière sui vante: une ambassade extraordinaire de l'Es pagne apportera aux trois puissances quijusqu'à ce jour, ont défendu le prince de la légitimité, la notification du mariage delà Reine, et alors ces puissances répondront par l'envoi d'une mission extraordinaire qui sera le point de dé part de relations diplomatiques ultérieures. La Prusse en profitera immédiatement pour nom mer un conswl-général Barcelonne. L'enthousiasme delà population des états romains pour le nouveau pape est tellement vif et éclate par des démonstrations tellement significatives, que le Saint-Père va se trouver dans la nécessité de mettre fin, par une ordon nance, aux fêtes que ses sujets ne se lassent pas de célébrer en son honneur; déjà dans les pro vinces des ordres dans ce sens ont été donnés. Quelques villes seulement ont obtenupar ex ception, la permission de se réjouir publique ment pendant quelques jours encore. On écrit de Berlin (Prusse) le 10 sep tembre Dimanche dernier, vers six heures du soir, un petit garçon d'une dixaine d'années sortit rapidement de la porte cochère d'une maison de la rue de Guillaume du faubourg d'Orani- joué, par exemple parfaitement de la clarinette en quoi cela au rait-il pu me nuire Eh bien il n'en est pas de même d'un talent pour les paraphes; la société n'a aucune espèce d'égards pour ce genre d'industrie. Il faut dire que je m'y suis pris jeune au col lège j'exécutais la signature du professeur avec accompagnement d'un certain paraphe flamboyant qui n'a pas peu servi me former la main. C'était compliqué au possible et mélangé de losanges d'une exécution très-délicate. Malgré cela, je l'ai pincé du premier coup j'avais ce talent dans les doigts. Une, deux, trois; pas plus malin que cela. Etait-ce ma faute je vousle demande fallait-il me couper le poignet pouvais-je refuser un don de la nature J'ai passé huit ans de ma vie sans pouvoir mordre au latin et le premier paraphe que j'ai vu crac! enlevé Si ce n'est pas là une vocation décidée c'est qu'il n'y a rien sous le soleil qui mérite ce nom. Adjugé! dit Bouton-de-Itose en interrompant l'orateur. Chacun apporte son guignon eu naissantet la philosophie consiste ne pas bouder contre sou ventre. Tu m'as passé la soutane, je le passe la plume d'oie. Continue, Rossignol, je te couvre de mon estime. Je me livrai donc dès mon plus bas âge, au commerce des pa raphes et mes débuts furent des plus heureux. En général tout homme a besoin de la main de ses semblables il demande uue signature parci, une signature par là. Il lui fautcelle du préfet pour les passeports et les ports d'armes celle du maire pour les papiers de l'état civil, des légalisations et des apostilles sans nombre. Du premier coup, je supprimai tout cela. Vous voyez cette main mes camarades elle suffisait tout elle remplaçait celles du préfet, du maire du notaire des juges une maiu universelle portative et commode. Et dire qu'au lieu de lui donner un brevet d'iuventiou et de la combler de récompenses on a jeté cette main sur la paille humide des caohots. Encore une petitesse s'écria Zéphyr, La société est bien ré trograde embourgde notre capitale, en criant tue tête Au secours on a pendu la petite Louise Plusieurs personnes qui se trouvaient dans la rue et les voisins entrèrent dans la cour de la maison, et l'enfant les conduisit vers la croisée d'un appartement par laquelle ils virent en effet une petite fille âgée d'environ six sept ans suspendue au loquet d'une porte. Elle avait les mains attachées sur l'estomacles pieds liés ensemble la tête penchée en arrière et de sa bouche sortait une écume sanguinolente. Ils entrèrent dans ce logement et virent encore trois autres enfants dans une position déplorable une petite fille de cinq ans, courbée par terre de manière que sa tête se trouvait au moyen d'une forte corde presque réunie ses pieds un petit garçon de trois quatre ans étendu par terre, les mains liées sur le dos; une petite fille de deux ans placée dans un lit entre les matelas, et sur le point d'étouffer. Dans la pièce où se trouvaient ces enfants, était assis un homme d'une quarantaine d'an nées, qui fumait tranquillement sa pipe. Les personnes qui étaient accourues se hâtèrent de délivrer les quatre enfants de leurs liens, puis elles demandèrent l'individu par qui et pour quoi ces enfans avaient été mis ainsi la torture. 11 répondit avec le plus grand sang-froid que les parents des enfants étaient sortis; qu'ils les lui avaient confiés avec l'autorisation de les pu nir s'ils n'étaient pas sages que les enfants avaient été turbulents, et qu'en conséquence il leur avait infligé une punition. Cet individu a été arrêté. Les militaires, en le conduisant la prison ont eu la plus grande peine le protéger contre les passants qui voulaient le massacrer. On lit dans le Journal de Francfort du 17 septembre Une difficulté grave s'est élevée entre le Roi de Danemarck et la chancellerie de Schles- wig-Holslein-Lauenbourg. Le roi avait demandé la chancellerie un avis sur la destitution des fonctionnaireset la suppression des officiers ministériels. La chancellerie a répondu que les fonctionnaires administrateurs pouvaient être destitués par ordre du Roi en conservant le traitement de retraite, mais non les juges et qu il en était autrement l'égard des officiers ministériels. Le Roi a adressé la chancellerie un rescril contenant les principes du droit de destitution, et S. M. a ordonné la chancellerie de préparer et de publier une loi sur cet objet. On voulait en même temps demander un nou veau serment, d'après la lettre patente; mais (a chancellerie a refusé; elle ne veut pas que des juges puissent être destitués sans motif. Il fau dra, dans tous les cas. qu'une pareille loi soit présentée aux Étals. Qualre comètes ont déjà été découvertes, celle année, dans cette petite partie du firmament, que nos lunettes peuvent explorer. La première fut découverte par M. Vico, le janvier. Tactique je travaillaidans le paraphe administratif,ça marcha. 11 ne s'agissait que d'actes sans importance, et le gendarme commis la vérification des passeports est peu lettré. Malheureusement mon goût pour le paraphe me porta vers la finance, et ici commen cent mes malheurs. Il y avait dans la ville de Bourgogne que j'habitais alors, un banquier dont le paraphe était superbe, l igniez vous quelque chose de rond, de plein, de dégagé de librement fait, de hardi même enfin un vrai chef-d'œuvre. Toutes les fois que je voyais ce paraphe il me prenait des euvies de m'y livrer de m'y adonner de le cultiver Que voulez-vous une fantaisie d'artiste un goût décidé pour le beau C'était un si magnifique paraphe! il faut n'avoir jamais connu le culte de l'esthétique pour ne pas me comprendre et m'exenser. Après avoir longtemps lutté un jour je fus vaincu. Je dessinai avec amour les premières arabesques du mer veilleux paraphe et l'enlevai tout cntierd'uue manière triomphante- dans l'ivresse du succès je le multipliai tellement qu'il s'en trouva bientôt pour deux cent mille frauos en circulation. Ce que c'est que la passion de l'art C'est comme le sonfllet que j'ai donné au quartier-maître de l'Océan, dit Zépbyr. Fallait voir comme c'était festonné. Bref, poursuivit Rossignol, mon talent fut méconnu calomnié et proscrit. J'en ai eu pour vingt ans de chiourmc et j'y serais en core si je n'avais pascxécuté leparaphe dncommandant de l'Arsenal pour ine viser un permis de sortie. Maintenant, c'est fini, je me re tire du commerce des paraphes, u Rossiguol en était là quand le capitaine sortant de la cellule de Laure, aperçut le groupe et alla vers lui. Eh bien! mes gars, dit-il, qui vous retient éveillés si lard Faites pas attention, capitaine-, noua nous contons des histoires, répondit Boutou-de-Rose. i Décidément, se dit Pierre en regardant son réduit, c'est le jour des histoires tout le monde s'en mêle. {La suite au prochain n

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 3