faire voira curiosité, en vous initiant aux scènes plus ou moins comiques, plus ou moins orageuses qui ont précédé sa conclusion. Après trois mois d'exposition, il y avait encore au commencement du quatrième i" octobre) mille onze cents billets placer. Il fallait donc convo quer la commission entière, y compris les Dames patronesses, pour aviser ce qu'on devait faire. Le vice-président, chef de la commune, ayant exposé qu'il fallait absolument atteindre le chiffre de 6,000 francs pour venir au secours du bureau de bienfaisance, un nouvel appel fut essayé, et souleva une violente tempête de la part des Dames patro nesses, qui, après s'être engagées prendre la moi tié de ces billets, prétendaient que les membres de la commission devaient se charger du reste, moins qu'on ne prît le parti d'annuler les billets restants, afin d'augmenter les chances des actionnaires. Le président fit observer que le dernier moyen était impraticable, parce qu'il lésait trop ouvertement l'intérêt des pauvres; mais que, quant au dernier, puisque les Dames patronesses donnaient l'exemple, la commission réussirait sans doute placer les billets restants. Dans tous les cas, ceux-ci pouvaient fort bien revenir la Tombola. Ce parti adopté, on se sépara un peu tumultueusement, d'accord sur le jour du tirage iixé au 19 octobre, mais sans qu'il eût été statué positivement sur l'emploi des tillels qui n'avaient pis été placés. Le fait est que le prési dent se reposant, plus qu'il ne devait peut-être, sur le zèle du vice-président, il arriva que celui-ci, qui déjà s'était fait fort de distribuer 200 billets Bruges, où il ne put en placer qu'un seul, avoua la veille du tirage, que la Tombola et ses actions lui avaient complètement échappé de la mémoire. Qui ne reconnaîl ce trait la force de tête de notre grand Jupiter On procéda donc sans autre réflexion Fopéra- tion qui tenait en suspens la curiosité et l'attente de ceux qui, possesseurs d'un grand nombre d'ac tions, se persuadaient qu'ils avaient droit aux meilleurs lots. Ici il faut l'avouer, sans honte comme sans fai blesse, la charité primitive s'était comme transfor mée en une espèce d'avidité sordide qui n'est malheureusement inexplicable que pour celui qui le cœur de l'homme est inconnu. Les deux premières séances auraient été exemp tes d'incidens, sans les paroles inconvenantes et souverainement déplacées d'un actionnaire étran ger, connu d'ailleurs par sa manie de fourrer par tout son impertinente suffisance; il osa demander que l'on scellât les roues de fortune, dans l'inter valle d'une séance l'autre! Défiance injurieuse la commission entière et particulièrement son président. Vous croyez peut-être que ce brandon de discorde fut lancé par un critique de profession point du tout, I«a malveillante motiou partait d'un membre de la famille, en majorité dans la commis sion Il y a longtemps que le fabuliste par excel lence avait dit: Mieux vaut un sage ennemi, qu'un imprudent ami. C'est la troisième séance que devait éclater l'orage dont une boutade ignoble avait été comme l'avanl-coureur. A la proclamation d'un billet non placé, gagnant un lot qui revenait la Tombola, c'fcst-à-dire au profit des pauvres, une Dame pa- tronesse se permit d'interrompre le tirage pour se plaindre que les conventions 11'élaient point obser vées. Après une altercation peu édifiante pour l'au ditoire, les autres Dames au lieu d'étouffer pru demment le débat, eurent la faiblesse de s'associer la réclamation de celle qui l'avait occasionné, et se retirèrent en masse, protestant qu'elles ne repa raîtraient plus. En effet, les jours suivants, elles ne se montrè rent pas, mais personne ne s'en plaignit et l'opéra tion se continua paisiblement. O11 remarqua seule ment avec surprise que le vice-président qui, en sa qualité de chef de la commune, prolecteur des intérêts des pauvres devait rigoureusement s'y trouver, avait jugé préférable de s'absenter ses adhérents, habitués l'imiter servilement,suivirent sou exemple,l'exception d'un seul, son très-zélé partisan jusque-là, mais qui, djns cette circon stance, se joignit loyalement au bureau de la commission. (1) Il y eut dès lors scission prononcée. On est arrivé le 26, sans encombre, la fin du tirage. Et par un effet du sort, que l'on ne sera pas tenté de taxer d'aveuglement, la Tombola a gagné 5a lots sur les 100 billets en viron restés sans maî tres. Ces 5a lots représentant une valeur de 5 600 francs, formeront un supplément, qui retournera au profit des pauvres ce qui justifie la prévision du président, en laissant sur le parti opposé une tâche d'avidité de gain dont il se justifiera diffici lement. IL est aisé devoir par ce récit impartial que ces derniers incidents étaient aussi faciles éviter que les premières fautes, dans lesquelles on n'est égale ment tombé que par imprévoyance et précipitation. Les réflexions qui ont accompagné dans le temps l'annonce de la composition de la commission et de la distribution incomplète des rôles que chaciin devait y remplir, se trouvent complèlement con firmées par la manière dont s'est terminée une entreprise, qui ne laissera guère que de fâcheux souvenirs au petit nombre de ceux auxquels on devra le résultat définitif de la Tombola. Honneur donc au président qui, sans s'arrêter de petites considérations, a rempli sa lâche gaîinent et avec convenance! Honneur aux commissaires qui lui ont prêté franchement leur concours Qu'ils trou vent ici du inoins des éloges sincères, en compen sation des pitoyables tracasseries que l'on a opposées leur dévouement pour le bien des pauvres. Comptez du reste que je vous tiendrai au courant de ce qui sera lait ultérieurement, si la commission ne publie pas un rapport complet de ses opérations que je croyais trouver aujourd'hui dans son journal officiel, 1" novembre 184''. Tous les journaux catholiques reproduisent la nouvelle du Journal de Bruxellesque l'am bassadeur beljje en soutane près du S'-Siéjje, RI. l'abbé De Haerne, a fait connaître au Saint- Père l'état florissant de la religion, et la pros périté incroyable que la Belgique doit au bien heureux gouvernement fondé par l'épiscopat belge. Mais le Journal de Bruxelles oublie de nous faire connaître, si la Belgique supportera aussi les frais de cette ambassade en partie double. Le gouvernement belge, qui paye si généreuse ment l'ambassadeur en litre, le prince de Chi- may, pour aller respirer le frais, sous le beau ciel de Provence, ne peut manquer de récom penser dignement notre Talleyrand en minia ture, pour le tableau enchanteur qu il a fait d'un pays qui représente eu Europe le gouver nement modèle, que les jésuites avaient fondé sur les bords du Paraguay. Le Journal de Bruxelles ne manquera pas de nous dire, que la haute utilité de l'ambas sade de M. l'abbé De Haerne. compensera lar gement les frais où elle entraînera le pays, et que si la France est assez riche pour payer sa M. C. Hadministrateur des hospices# gloire, la Belgique est assez riche pour payer ses abbes. [Impartial de Bruges.) L'Observateur annonçait hier que M. Duc- péliaux vient de donner sa démission d'inspec- teur-général des prisons, par suite de l'injonction qui lui avait, été faite de"donner sa démission de membre de l'Alliance. Nos renseignements particuliers, dit ce malin l'Indépendance, nous portent croire que l'Obser vateur esl mal informé. O11 assure bien que M. Duc- péliaux et deux autres fonctionnaires appartenant l'un au département des affaires étrangères, l'autre au département des travaux publics, ont manifesté l'intention de ne pas se retirer de la Société politi que dont ils font partie; mais ils paraissent non moins résolus attendre l'effet des mesures ulté rieures du gouvernement. On dit, d'ailleurs, que jusqu'ici aucun d'eux n'a pu obtenir du ministre dont il relève, la formule écrite de l'engagement qu'il s'agit de prendre, formule qu'ils désirent pos séder,afin de pouvoir en apprécier la véritable por tée et eu examiner ou en faire examiner la consti- tutioiinal>té. Nous rectifierons la dernière phrase de VIn dépendance sur un point. Il a été communiqué quelques fonctionnaires la formule écrite de l'enseignement qu'il s'agit de prendre: mais jusqu'à présent le ministère s'est refusé inti mer ses ordres d'une manière authentique. Les autres parties du récit de l'Indépendance sont exactes. 1 1 nui) mm Dans une séance générale tenue l'hôtel-de- ville dans la soirée du 3 novembre, et laquelle ont assisté le président et le secrétaire de la commission centrale de statistique, le jury de récensement de Bruxelles, présidé par M. lechevin Doucet, a terminé la première partie de ses opérations, celle qui concerne la popu lation. Un premier relevé a donné les résultats suivants, qui ne peuvent être considérés que comme provisoires, caries résultats définitifs ne pouri ont être connus qu'après l'achèvement du dépouillement des bullelinsaugouvernement provincial. Les renseignements relatifs la garnison ne sont pas encore complets nous sommes obligés de les omettre dans les chiffres que nous allons donner. Première seolion, 18,295 habitants. Deuxième 19,931 Troisième 24,074 n Quatrième m 9,746 Cinquième 12.721 Sixième n 15,257 Septième 11,837 n Huitième 11,423 La ville entière, 123,204 habitants. La ferme dite Schilders-Hoef. située dan» la commune de Deurne a été, il y a quelque temps, la proie d'un incendie. Quelques jours après, le frère du fermier fut arrêté comme auteur présumé du sinistre. Cet individu, traduit aujourd hui devant les assises de la province d'Anvers, a déclaré se nommer Jean-Baptiste Schilders, être âgé de 44 ans, domestique de cultivateur, né et domi cilié Deurne. Il résulte de l'acte d'accusation que le 15 septembre dernier, vers 7 heures du soir, pâtisseries, des gigots l'ail, du nougat, des croquantes, des perdrix, des lièvres, tout le tra la la la Quand on voit ces biens de la na ture, y compris les brochettes d'ortolans, on devine pourquoi la maoboire a été donnée l'homme. Autrement ce phénomène reste rait sans explication. Il y a donc bien des préparatifs, mon garçon? Toutes voiles dehors, capitaine, voilà comme on marche dans cette auberge. Je vas m'en administrer une, de bosse, l e chef de la bouche m'a dit en passant Camarade, c'est pour huit heures, soyez exact. Digne homme! Un peu que je serai exact. Cuisinier plein d'attention, oui, j'y ferai honneur la cuisine. Je te revau drai Ion bon procédé, fiicoleur! Tu verras si je t'apprécie! Nom d'un petit bon homme, l'odeur me poursuit jusqu'ici. Dites donc, capitaine. Quoi donc, Zéphyr Je crois que c'est décidément mieux qu'au souterrain et cependant au souterrain, c'est moi qui la faisais, la ratatouille. Mais que voulez-vous? chacun sou petit talent J'ai le raieD, le chef de la bouche a le sien. Je l'enfoncerais sur le poivre, c'est possible; niais sur les autres ingrédients, c'est lui qui m'en remontrerait. Il manie ça au superlatif. Dam il a vieilli la-dedans, la gâte-sauce l Il couU'iît toutes les épices de la création, cl quand il veut n'im porte qu'elle noix muscade, elle lui loinlie devant. Il peut tout se permettre, cet homme il a de quoi Voilà son avantage. Zéphyr aurait poussé plus loin ses dissertations culinaires, si Pierre ne l'eut interrompu pour lui donner quelques ordres. La soirée s'avançait; on allait bientôt sortir de table. D'après le pro gramme du comte Gabriel, le concert devait commencer neuf heures et finir minuit. C'était déjà renvoyer assez tard une société qui avait quatre lieues faire pour regagner son gîte. Due fois habillé, Pierre descendit dans le jardin et attendit le moment où il pourrait se présenter devant les princesses. Le hasard le con duisit devant le rez-de-chaussée qu'occupait la grande duchesse de Toscane l'une de ces pièces était éclaiiée, et travers les vitres on pouvait voir l'intérieur de l'appartement. Une femme seule s'y trouvait en grande toilette: les coudes appuyés sur une table et cachait sa figure dans ses mains, elle paraissait absorbée dans une méditation profonde. C'était Lame; Pierre la reconnut cette ebambreélait la sienne elle touchait celle de la princesse. Pierre s'attacha étudier la disposition des lieux, examina les contrevents, les espagnolettes, les saillies du inur enfin les moindres détails et les plus petites circonstances. Malgré le soin qu'il prenait ne pas se trahir, un léger bruit parvint l'oreille de la jeune fille. Elle se releva vivement, courut vers la feoétre et l'ouvrit avec une sorte d'impétuosité. Tout était muet au dehors; elle n'aperçut rien. Pierre avait eu le temps de se cacher derrière le rideau de cyprès. Une deuii-beure après, Pierre faisait son entrée dans la salle du concert et allait saluer les princesses qui lui firent le plus aimable accueil. Elisa se montra charmante elle accabla le voyageur de questions, voulut savoir les détails de sou itinéraire. Laure, assise aux côtés de la princesse, était au mariyre son visage passait d'une pâleur maie au plus vif incarnat; elle crut qu'elle allait mourir. Pierre garda mieux son sang froid; il répondit avec une aisance, une grâce parfaites, fit preuve d'esprit et de manières, sut flatter sans affectation se retirer propos, enfin se conduire en homme du monde. Quelqu affectée que fût Laure, il lui fut impossiblc/ir ne pas remarquer ce changement dans les formes de ce chef de ban dits. Au milieu de celte élite de cavaliers, aucun n'avait plus de distinction, plus de tenue, plus d'usage. La métamorphose était complète. La physionomie racine avait changé de caractère. Ce n'était plus cette beauté âpre et rude que h i donnait l'habitude du commandement; la sérénité et la dignité y régnaient seules, et si le front ne se fui de temps en temps assombri, ou eût pu y surpren dre une expression de bonté et de douceur. Laure n' tait pas la seule que l'entrée de Pierre eût préoccupée; deux autres personnes avaient suivi avec attention les mouvements du jeune li >mme. L'une 6»ait la comtesse de Stolberg, dont l'œil noir avait pris, a son aspect, quelque chose de dur et d'impérieux l'autre était le commandant de l'arsenal, I un des invités des prin cesses, qui demeura de nouveau frappé de celte apparition cl parut interroger ses souvenirs. Pierre évita la rencontre de ces deux sur veillants et prit place derrière les princesses. Laure était deux pas de lui, sous sou regard, dans tout l'éclat de sa jeunesse et de sa beauté. La toilette faisait ressortir chez elle des perfections si grandes, qu'il était impossible de ne pas être émerveillé. Sa phy sionomie exprimait un sentiment oliastc et fier qui semblait le reflet de son âme. Parmi ces femmes que l'âge ou le poids du plaisir* qui f vite. Son succès fut grand, et Insensiblement elle y chercha une diversion ses inquiétudes. (La suite mh prêchai* n

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 2