INTÉRIEUR.
6e ANNÉE. - N° 589.
DIMANCHE, 27 DÉCEMBRE 1846.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
J
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 26 Décembre.
Bien que le ministère ait eu l'air de se glori
fier de la scission qui s'est accomplie VAl
liance, ses affaires ne laissent pas que d'aller de
mal en pis. Du moment que des dissensions
intérieures amoindrissaient l'action du libéra
lisme le cabinet des six-Malou s'est avisé de
croire et de publier, que l'opinion libérale n'était
que de la mousse et qu' il suffisait de souffler des
sus pour la disperser. Bien lui en a pris de faire
une prédiction de ce genre, car depuis des élec
tions communales ont eu lieu Bruges et
Tournai, et malgré les intrigues du clergé qui,
pour endormir les libéraux du chef-lieu de la
Flandre occidentale, avait fait publier qu'il s'ab
stenait, tandis qu'il a pris part la lutte au der
nier moment, le parti clérical y a été battu, de
manière convaincr e ses adhérents, qu'il ne faut
plus songer lutter, et que les obsessions du
clergé naguères si irrésistibles, ont perdu tout
prestige.
A Tournay, c'était le beau-frère du procu
reur du roi Hubertâme damnée de l'évêque,
qui était opposé au candidat libéral M. le baron
d Espierres. Il s'agissait de savoir, si les élections
ratifieraient ta conduite de la majorité du conseil
communal dans l'affaire de la convention de
l'athénée, ou si l'évêque aurait trouvé force et
appui dans ses prétentions chez la majorité du
corps électoral. L'essai a pleinement réussi, les
tentatives du chefdiocésain ont été condamnées
par les électeurs, qui ont élu le candidat libéral.
Celui du clergé n'a obtenu que la moitié des
suffrages dont a été honoré son adversaire.
Dans le même arrondissement de Tournay,
le décès de M. Savart a laissé un siège vacant
la Chambre, une élection doit avoir lieu le
29 de ce mois. Déjà depuis longtemps le mi
nistère et le clergéavaienl désigné leur candidat,
c'était M. Louis Dumortier, l'échevin de la ville
de Tournay, le défenseur le plus ardent de
la convention épiscopale. D'un autre côté
l'Association libérale avait fait choix de M. le
comte Lehon, l'auteur du rapport au conseil
communal contre les prétentions de l'évêque.
La lutte allait être franche et significative et le
parti clérical aurait pu se figurer par son issue,
ce qu'il avait craindre ou espérer.
Eh! bien, non, le parti clérical, bien qu'au
pouvoir et disposant de l'aristocratie, de la
banque, de toutes les séductions qu'un gou
vernement possède n'a pas osé accepter la
lutte en ces termes. 11 aurait été vaincu par
cette opinion libérale, dont en haut lieu,
on affecte de mépriser la puissance et de tour
ner en ridicule la sympathie qu'elle rencontre
dans le corps électoral. On a donc tourné la
difficulté; la candidature du coryphée des pré
tentions exorbitantes de l'évêque a été aban
donnée. On a cherché dans la famille de M.
Savart-Marlel, un libéral modéréce qu'on dit,
un homme opinions politiques ignorées, qui
veut bien se laisser mettre en avant. Cette lac
tique réussira-t-elle au gré du parti clérical?
Nous en doutons, car déjà plusieurs fois celte
ruse a été pratiquée et nous ne savons, si on a
eu se louer beaucoup du résultat qu'on a
obtenu.
La chambre des représentants, danssa séance
de jeudi dernier, a fini la discussion du budget
de l'intérieur. Après avoir adopté deux autres
projets de loi, elle a pris ses vacances jusqu'au
12 janvier prochain.
M. Yerwilghen, député élu Sl-Nicolas, est
décédé il y a quelques jours. Il appartenait, par
ses opinions, cette nuance foncée du catholi
cisme-politique et avait remplacé la chambre
M. Van Hoobrouck de Fiennes, qui avait voté
contre le ministère Nolhomb, dans les modifi
cations portées la loi communale.
Samedi passé huit jours, cinq ou six individus
ont été pris en contravention la nouvelle loi
sur la chasse, pour avoir transporté et colporté
du gibier, trois jours après que la neige couvrait
le territoire des communes, la chasse étant
alors suspendue, aux termes de l'arrêté du mi
nistre, qui fixe l'époque de l'ouverture et de la
fermeture de la chasse.
L'abondance des matières contenues dans no
tre dernier numéro, uousamisdans l'obligation
de remettre ce jour le compte-rendu de la
fête que MM. les sous-officiers du 10° régiment
de ligne ontdonnée dimanche dernier l'Hôtel-
de-Ville, l'occasion de l'anniversaire de la
naissance de Sa Majesté. Nous nous plaisons
d'autant plus volontiers revenir sur celte so
lennité, qu'en même temps qu'elle témoigne
l'attachement que l'armée porte au chef de
l'Etat, elle dénote aussi la profonde sympathie
qui règne entre la garnison et les habitants de
notre ville. En effettoutes nos principales
sociétés y avaient été conviées, et, hâtons-nous
de le diretoutes ont accepté celte cordiale
invitation. Les autorités civiles et militaires y
étaient représentées. MM. les officiers du corps
des pompiers, MM. les membres de la société
Guillaume Tell, les uns et les autres en grand
uniforme, les Frères d'armes de l'Empire, dé
corés de l'insigne de leur société, tous s'y sont
rendus avec un louable empressement, et leur
présence n'a pas peu contribué rehausser
l'éclat de la fête, Avant de parler du concert et
du bal qui l'a suivi, nous nous permettrons de
faire une rapide description de la salle que la
régence a bien voulu mettre la disposition de
MM. les sous-officiers: en y pénétrant par l'en
trée principale on apercevait d'abord le ma
gnifique portrait du Roi, peint par Bohm et
appartenant la ville; deux sentinelles placées
au pied de ce tableau semblaient indiquer que
là était le héros de la solennité. Comme la cha
rité ne doit jamais être exclue de nos plaisirs,
un plat y avait été déposé pour recevoir les
offrandes destinées aux pauvres. Du même
coup-d'œil, on pouvait remarquer au fond de la
salle un immense trophée d'armes couronné du
drapeau national, et composé de fusils hérissés
de leurs baïonnettes, de sabres, de caisses de
tambours, etc., et par une attention respec
tueuse et délicate envers les vieux vétérans de
l'Empire présents la fête, les couleurs ifnpé-
riales formaient le pendant du drapeau belge.
Les côtés latéraux de la salle étaient ornés de
la fameuse lithographie de Bognie représen
tant le roi Léopold, cadeau fait la société des
sous-officiers, par Mr le colonel Dens; on y voyait
également les portraits des différents colonels
qui ont commandé le 10e régiment depuis sa
formation, tous lilhographiés, excepté celui du
colonel actuel, peint en grandeur naturelle.
Placez maintenant dans ce cadre, imparfaite
ment décrit, une assemblée nombreuse, ani
mée impatientefigurez-vous la variété des
toilettes, l'habit bourgeois confondu avec l'ha
bit militaire, aux places réservées la mise sé
vère de nos magistrats côté du brillant uni
forme de nos arbalétriers, de nos officiers des
pompiers et de la garnisonet vous n'aurez
encore qu'une bien faible idée de la réunion
qui a eu lieu l'Hôlel-de-Ville dans la soirée du
20 décembre dernier.
A 7 1/2 heures le concert a commencé le
choix des morceaux était bien fait pour exci
ter l'impatience de l'auditoire. La musique du
régiment devait faire entendre l'ouverture de
la Reine d'un jour, une fantaisie de la Favorite,
le duo de la Norma et l'ouverture de la part du
Diable, et disons le de suite, Auber, Donizetti
et Bellini ont trouvé des dignes interprèles.
Quelqu'un dont la ville d'Ypres, apprécie
juste litre le talent musical, disait côté de nous:
Une musique militaire médiocre, eût été
détestable dans un endroit aussi peu spacieux,
mais celle-ci a été au-dessus de tout éloge.
Ces paroles et les applaudissements unanimes
dont on a accueilli la fin de chaque morceau,
dépeignent mieux que nous ne pourrions le
fairer La s^Usfaclion de 1 auditoire, et M. Zulcb,
ce jeune et intelligent chef de musique, ainsi
que les solistes Bernard, Wambach, Bunger, etc.,
ont dû être très-Haltes d'avoir été si bien
appréciés. Le galop aux tambours a ouvert le
bal et les danses vives, variées et animées se sont
succédé jusqu'à 3 heures du matin, sans que
l'ordre et la plus franche cordialité y aient été
troublés un instant.
Dans son audience du dr, le tribunal correc
tionnel de Bruxelles,a prononcé l'acquittement des
rédacteurs-fondateurs du Tribun du Peupleles
sieurs Grimbert, Dasoul et Petit, prévenus d'escro
queries, et subsidiairement d'abus de confiance.
Les cinq plaignants qui s'étaient constitués par
ties civiles, sont condamnés aux dépens.
On nous écrit du Luxembourg, le décembre
Décidément, la neige ne cesse de tomber et nous
envahit de plus en plus les routes sont peu près
impraticables, le relard dans l'arrivée Arlon,de la
diligence venant de Namur, qui était journellement
peu près de vingt-quatre heures, menace de so
prolonger de douze heures encore. A la vérité, ou
s'occupe, d'après les ordres de l'administration des
ponts et chaussées, de frayer sur les routes un pas
sage aux voitures, mais le travail du jour est détruit
le même jour, des nouvelles neiges sont incessam
ment ajoutées aux anciennes. Jusqu'à présent on a
parlé de deux personnes trouvées mortes dans les
neiges. Ce fait est-il exact? on ne saurait l'affirmer,
il n'y a rien d'invraisemblable.
IILUL_J
Bruxelles le 24 Décembre*
L'audace de quelques individus quisous le
prétexte de demander l'aumône, extorquent de
l'argent par intimidationdevient vraiment
scandaleuse; elle s'exerce surtout la nuit
tombante, dans les quartiers isolés. Samedi
soir un mendiant venait demander l'aumône
dans une maison de la rue Gérard. Sur le refus
de la servanteil porta celte fille un violent
coup de poing la figure et prit la fuite. Près
de la porte du Rhin un autre individu, sur lp
refus de lui faire l'aumône, fit entendre des
menaces, et ce n'est qu'à l'arrivée du maître de
la maison qu'il changea de ton et s'exquiva
promptement. Avis la police.