17^ 2 NOUVELLES DIVERSES. Dans la soirée de chmanche dernier, un meurtre suivi de vol, a été commis sur une femme dans la commune de Wervicq. La vic time a reçu une blessure au cou et plusieurs contusions graves sur le corps. Hier la justice s'est rendu sur les lieux, avec les médecins légistes pour instruire cette affaire. M. le graveur Wiener termine en ce moment, la dernière des dix médailles, représentant d un côté la façade et de l'autre le vaisseau intérieur des principales églises gothiques du royaume. Cette médaille qui reproduit l'église de Saint- Martin Ypres, est exécutée avec la même cor rection de dessin et autant de finesse que les neuf autres, reproduisant les églises de Saint- Jacques Liège, Sainte-Gudule Bruxelles, Sl-Rombaut Mali lies, Notre-Dame Anvers, Saint-Bavon Gand Noire-Dame Tongres, la cathédrale de Tournay Saint-Aubin Na- mur, Saint-Sauveur Bruges. Encouragé par les suffrages flatteurs que lui a valu jusqu'aujourd hui la publication de celte intéressante collection et par les instances de beaucoup de souscripteurs, M. Wiener entre prendra prochainement la gravure d'une nou velle série de médailles pour les édifices civils. Son iotention est de s'occuper d'abord des hô tels de Bruxelles, Louvain, Gand, Àudenaenle, Leaudes halles d'Ypres et de Bruges; de la Bourse d'Anvers, de la cheminée du Franc de Bruges et de la maison du RoiGrand'Place Bruxelles, etc. n rjn Le vaste et magnifique château que M. le comte Ferdinand Meeus a construit, il y a une douzaine d'années, Argenteuil, prèsde Wa terloo, el qu'il se plaisait améliorer et embellir chaque année, a été celte nuit la proie des flammes. On attribue ce sinistre l'imprudence d'ouvriers ébénistes qui travaillaient depuis quelques jours raffermir des parquets. Le feu -vers" nèrfr&i Yr uemie' d'il soir el les efforts inouïs des nombreux habitants accourus du voisinage avec deux pompes, sont restés inu tiles; un vent violent contribuait aussi donner de l'intensité lincendie, Un riche mobilier et de nombreux objets d'art ornaient cette rési dence princière. La perle s'élève plus d'un demi million l'immeuble seul était assuré; les compagnies intéressées sont celle de Saint-Michel et la so ciété des Assurances Générales, dirigées, l'une par M Mathieu, l'autre par M. lecomle Coghen. On assure que M. Vandresse a adressé au ministère de l'intérieur sa démission de bourg mestre de Verviers. M. Lauwers, curé du Finis-Terrae, a laissé, sauf quelques legs de peu d'importance faits sa famille, tous ses biens aux nécessiteux: moitié aux pauvres de la ville moitié la pa roisse dont il était pasteur. On a saisi chez des boutiquiers de Bruxelles une assez grande quantité de papier expédi tions portant l'entête do l'un de nos départe ments ministériels. L'autorité judiciaire se livre une enquête au sujet de celte découverte. ASSOCIATION LIBÉRALE DE BRUXELLES. L'Association était convoquée le 8 dr en assemblée générale pour procéder au choix définitif du candidat pour la place de sénateur devenue vacante par le décès de M. Engler. A l'ouverture de la séance M. Lebeau a demandé des explications sur la démarche faite par le comité de l'Association auprès de M. Dindal pour lui offrir la candidature. M. Ver- haegen a rendu compte de celte démarche laquelle l'honorable conseiller provincial s'est montré fort sensible. M. Dindal a surtout re mercié l'Association libérale d'avoir pris une initiative dont il se trouve honoré, et il a dé claré qu'il attachait un prix particulier une candidature qui lui était ainsi offerte spon tanément. Après ces explications, le poil a été ouvert. Aux termes du règlementil est resté ouvert pendant une heure, et il continuera aujourd'hui de deux heures huit heures de relevée. Le dépouillement aura lieu huit heures, immé diatement après la fermeture. Le second objet l'ordre du jour était la communication fairepar le comité de l'as semblée générale de la mesure prise par ce comité, conformément l'art. 11 du règlement, et consistant en l'envoi d'une circulaire tou tes les associations libérales du royaume ail nom de l'Association libérale de Bruxelles. M. Verhaegen a expliqué les motifs qui ont déterminé le comité faire cet envoi. 11 élait important, en effet, dans l'intérêt même du libéralisme, que l'Association se mit le plus promptement possible en rapport avec les au tres associations libérales du royaume; qu'elle révélât son existence et qu'elle ne se laissât pas ravir la part d'influence laquelle elle a droit. il :«l f ont™. Jo fijro pr»nnaître ces associations Tes pnn cipes de 1 Association libérale de Bruxelles, et les causes qui ont né cessité une scission avec une autre société. La circulaire n'était pourtant pas destinée la pu blicité de la presse el le comité ne l'avait communiquée aucun journal. M. Verhaegen a donc cru devoir expliquer comment il se fait que les journaux l'aient reproduite. C'est une des associations libérales de province laquelle elle avait été adressée, qui l'a communiquée un journal de la localité, et c'est d'après ce journal que les feuilles de Bruxelles l'ont re produite leur tour. L'honorable président de l'Association a en suite fait connaître qu'on avait agité dans le comité, la question de savoir si, l'exemple de ce qui venait d'être fait par la Société de l'Al liance on devait envoyer aussi celle circulaire tous les membres du Congrès libéral ainsi qu'à tous les électeurs de l'arrondissement de Bruxelles. Mais le comité n'a pas pensé qu'il rentrât dans ses attributions de faire cet envoi. Il a cru, au contraire, que le règlement lui donnait seulement le droit de se mettre en rapport avec les autres associations, et qu'à bride sur le cou du baudetil rappelait une figure de Silène ou mieux, l'illustre écuyer Santho Pança. Toutefois le baudet ne seul- blait pas a.oir la patience magnanime et l'humble insouciance de celui de ses ancêtres, serviteur du.bonSancbo. C'était un fier baudet, découpé comme un xèbre el dont la jambe nerveuse eût pu le dis puter en finesse, la jambe d'un étalon. Il redressait la tcle et pointait ses oreilles. Son pas étsil léger, ardent. Le soleil du tro- iqne avait fouetté son sang, et donné du ressort ses muscles. GB- rnc parcourait la plaine au trot, chantait et gesticulait île l'air d'un patiiarche inspiré. Cependant il roulait avec un si magnifique éclat le refrain du départ, que l'intelligent baudet, qui semblait écouter ce refrain attentivement, diessaut les oreillespiqué d'émulation •ans doute, prit tout coup, de sa voix tonnante, le haut dessin, et menaça d étouffer sous ses accents vainqueurs, la roulade de l'intré pide Gilbrac. Mais Gilbrac n'était pas homme reculer au défi. Montant l'un sur 1 autre dans un épouvantable récitatif, ils conti nuèrent au grand êbabissement des enfants arabes au plus grand effroi des obèvres, des moutons, des chiens et îles boeufs du dciskeruh, fuyant d abord en foule et bientôt s'arrêlant pour se mettre de la partie chacun suivant la portée de sa voix. Cela devint un concert inouï. Gilbrac du haut de son baudet, marquant la mesure, essaya un moment de gouverner ses harmonieux livaux; mais il n'y par vint pas; force lui fut, au milieu de cette étrange tempête qu'il avait iuscilée, de se bouclier les oreilles tout de bonj il était vaincu. Toutefois cette explosion eut pour résultat immédiat d'éveiller «eux dont le soromeii avait résisté au bruit du cor. Akber et ïou- sef, nos guides, accoururent au reudex vouspuis, des différentes avenues, dont la plaine formait le rond-pointsortirent successive ment Emile Fabre, Paul Evelio puis le capitaine Breton, ayant ses cotes Jenny. La butte où j'avais reposé se trouvait au bord de la plaine: je sautai sur mon oheval nous étions an complet. Emile l'abiect Paul Evelin s'avaucèrenl, et firent caracoler leurs montures autour de Jenny. Jenny était de l'expédition. Le capitaine avait pensé que pour traverser les sables l'allure d'un dromadaire conviendrait mieux la jeune fille. Il avait donc abandonné le baudet, dont Gilbrac s'était emparé triomphalement Jenny se trou vait pittoresquemmt assise dos de dromadaire. C'était véritablement une étrange scène de nous voir aveo nos fracs taillés la mode de Paris nos chapeaux de feutre bords larges rabattus sous le soleil de l'équatcur au milieu d'une tribu arabe, dont le costume, les habitudes, le langage, nous étaient peu près ou complètement étraugers, caracoler, tranquilles et joyeux comme I instant d'une partie de chaste an bois de Meudon. Jenny était une gracieuse enfant de dix-huit ans peine la taille fiéle, au doux visage radieux dont le regard limpide péné trait profondement. Les boucles de ses cheveux blond-cendré des. ccndaienl le long de ses joues. Un habit de cheval bleu-d:-cie) marquait dans sa forme étroite la riohe souplesse de son buste admi rablement dessiné. Elle portait un chapeau rond son voile était écarté de son visage; elle souriait. Elle fit chacun de sa petite main blanche un salut de bonne amitié; mais, dans celle distribu tion elle oublia Paul Evelin. Emile Fabre parut contrarié de cet oubli. Evelin élait son rival au coeur de Jenny et il savait qu'une jeune fille oublie de préférence celui qui la préoccupe davantage. l'assemblée générale seule appartenait de déci der s'il y avait lieu d'adresser la circulaire toutes les personnes qui viennent d'être dési gnées. La proposition en a aussitôt été faite par plusieurs membres, et M. Carton secrétaire l'a appuyée avec chaleur. II a démontré la né cessité pour l'association libérale de Bruxelles de ne pas se laisser devancer par aucune autre société. La circulaire adressée aux autres associations libérales étant, a-t-il dit, le mani feste de l'assemblée, le fanal qui doit éclairer sa route, il importe que le libéralisme tout entier, et notamment les électeurs de l'arrondissement formant spécialement le cercle d'action de la société, sachant tout ce qu'elle veut, où elle va, où elle entend s'arrêter. L'assemblée, constituée après ce discours, a décidé l'unanimité que la circulaire serait envoyée tous les membres du congrès libéral et tous les électeurs de l'arrondissement de Bruxelles. L'ordre du jour étant épuisé, la séance a été levée huit heures et demie. Indépendance Séance du 9 janvier. Le scrutin pour le choix du candidat définitif, en remplacement de feu M. le sénateur Engler a été continué hier de deux huit heures du soir. A huit heures, le comité a déclaré le scrutin fermé et a procédé au dépouillement. La boîte contenait 238 bulletins 237 portaient le nom de M. François Dindal, président du conseil provincial du Brabant; un bulletin portait le nom de M. P.-J. Mastraetenconseiller com munal. En conséquence, M. Dindal a été proclamé candidat définitif de l'Association libérale pour la place vacante au Sénat. La séance a été levée neuf heures. ld. Le gouvernement a reçu aujourd'hui la nou- vellenue Mademoiselle de France, sœur du duc de Bordeaux et maintenant duchesse de Luc- ques, est accouchée le jour de l'an, d'une princesse qui a été annoncée la population de Lucques par 21 coups de canon. Une lettre particulière de Madrid annonce que le père de M. Olozaga, âgé de près de 80 ans, est mort dans la nuit du 2 janvier, des suites de l'effet qu'à produit sur lui la nouvelle de l'arrestation de son fils. L'état de l'Irlande devient de jour en jour plus alarmant. La misère s'étend, el il s'organise un système de pillage presque universel dans certains districts, les fermiers sont obligés de rester sur pied toute la nuit pour défendre le peu qui leur reste et veiller la sûreté da leurs champs. Toutes les maisons d'asile sont encombrées. Les administrateurs, pour arrêter le progrès de la famine, distribuent des secours domicile, et encourent ainsi le blâme des commissaires des pauvres, qui, esclaves de la loi, voudraient restreindre ces secours l'inté rieur des maisons d'asile. Il y a eu, près de la maison des pauvres de Kilkenny, une espèce d'émeute qui a obligé les autorités réclamer un détachement de police considérable pour Fabre atteignait vingt-six ans, Paul Evelin vingt-cinq. Evelin était de taille moyenne, brun; son visage était peu régulier, toujours pâle; sur ses lèvres, une petite moustache se relevait, gracieusement découpée. Mais Evelin avait un caractère ardent, enthousiaste, plein de fougue et d'irréflexion. Fabre, plus réservé, plus froid, bien que mieux partagé au physique semblait cependant moins fait pour réussir auprès d'une jeune fille-, et il réussissait effectivement moins auprès de Jenny. élait du reste un excellent ami, au cœur dé voué. Le capitaine ressentait pour Fabre une estime profonde. Le capitaine Breton élait un homme de cinquante-huit ans de taille haute et robuste. Il avait l'attitude grave. Ses cheveux étaient gris sa barbe blanche. Jenny était la fille de son frère -, il 1 avait adoptée, élevée; il aimait celte enfant comme son enfant, et laissait son choix complètement libre Evelin et Fabre étaieut tous deux également dignes de Jenny. Nous les connaissions l'un et l'autre parfaitement déjà, avant qu'ils fussent en àgede connaître quelqu'un. Ils étaient pour ainsi dire de la famille. Quant Gilbrac Breton avait été son tuteur. Gilbrac avait vingt-deux ans; m^ig daus sa large carrure et son maintien imposant il en accusait trente-cinq. La jeunesse de ses folles fantaisies formait un plai-iant contraste ave© l'apparente gravité de son personnage. Tous, ainsi liés de parenté ou de vieille amitié nous nous étions engagés dans cette chasse d'un bekr-el-uuahhasch, dont le capitaine breton avait été chargé. Il n'é tait pas uue ombre de danger quj dût effrayer même Jenny. Tra verser le désert, parcourir l'oasis de la rivière d'or chasser une gazelle... La partie semblait ravissante. (La suite au proehmin n9.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 2