INTÉRIEUR.
6" ANNÉE. - N# 595.
DIMANCHE, 17 JANVIER 1847.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
VILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL.
UM ^©ÏMIN mm LÊ ilsniRT»
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cepteurs des postes du royaume.
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 16 Janvier.
La chambre des représentants a repris le
cours de ses travaux. Le budget du départe
ment de la justice est soumis la discussion.
Le ministre Baron D'Anethan, de jésuitique
mémoire, n'a en rien modifié ses allures de
l'an passé. Le protecteur de Relsin continue
s'exposer des reproches tellement graves,
M. Verhaegen a articulé contre sa gestion
des faits tellement précis et si scandaleux, que
si la majorité possédait le moindre soupçon de
sens moral, elle signifierait M. d'Anethan son
congé sans retard.
Mais il n'en est pas ainsi; les accusations de cor
ruption politique n'émeuvent guère les puritains
de la droite; ils savent que c'est ainsi qu'ils sont
envoyés au Palais de la nation. Les débats de
la chambre ofFrent le plus haut intérêt, parce
qu'ils démontrent la décrépitude du parti clé
rical et sa profonde immoralité politique. Tout
est juste, du moment que son intérêt l'exige.
Les actes les plus scandaleux de favoritisme ne
sont que péchés mignons dont on ira se confes
ser, s ils peuvent aider maintenir la prépon
dérance de l'opinion cléricale.
Après l'affaire Betsin, on aurait pu croire
que M. D'Anethan serait devenu plus circon
spect et que les abus scandaleux eussent été
étouffés avec plus de soin. Mais il ftfut qu'il n'en
soit pas ainsi, car M. Verhaegen lui a reproché
des faits dont il lui sera difficile de se discul
per aux yeux, non de la majorité qui ne s'en
soucie guère, mais du pays. Du reste, la droite
ne pouvant empêcher les révélations faites
charge de M. D'Anethan l'engage ne pas
répondre aux accusations qu'on lui porte, et
les feuilles cléricales sont unanimement d'avis,
depuis que M. D'Anethan se trouve sur la sel
lette, qu'il est déplorable de voir la chambre
faire de l'administration.
C'est là une nouvelle tactique, qui consiste,
si on la prenait en considération, empêcher la
chambre et le pays d'être instruits des infamies
dans le genre de l'affaire Betsin, que peuv.'iit
commettre MM. les ministres. Non-seulement le
parti clérical voudrait se mettre au-dessus des
lois et faire plier tout sa volonté, mais son
avis des abus, des infamies, commis secrète
ment son bénéfice, ne sont même plus des
actes reprochables.
Nous apprenons que la liste de souscription
du concert qui sera donné au bénéfice des
indigents, en la salle de S'-Sébaslien, a obtenu
grand succès. Tout le monde s'est prêté
favoriser celle bonne œuvre, qui fera distribuer
des nécessiteux environ trois mille cartes
valables pour un pain.
Vendredi dernier, le bureau de bienfaisance
a fait une distribution Ide combustible aux
pauvres de la ville, pountine somme d'environ
mille francs.
Par suite d un accord avec le gouvernement,
la société du railway de la Flandre occidentale,
s'est engagée emj^giyer, ses travaux de
déblai et de remblai, mille ouvriers par jour.
La province de la Flandre occidentale, vient
d obtenir, sur les réclamations de la députalion
permanente, une somme de trois cent cinquante
mille francsau lieu de deux cent mille francs
primitivement fixés.
Nous espérons que pour celleannée, on n'ou
bliera pas la ville d Ypres, qui l'an dernier, a
lâché de miliger la cherté des vivres pour la
classe indigente, en créant un comité de secours
dans le genre de l'Agence des subsistances
Bruxelles, laide de collectes faites en ville.
Mais actuellement il serait difficile de faire en
core des quêtes productives et d'obtenir de quoi
secourir efficacement la misère produite par le
haut prix de la vie animale et la rigueur de la
saison.
Séance publique fixée au Jeudi, n Janvier i84y,
deux heureet demie de relevée,
ORDRE DU JOUR
i° Examiner et approuver s'il y a lieu
A. Le compte de l'administration des hospices
civils pour l'exercice t845.
B. Le budget de la même administration pour
l'exercice 1847.
20 Délibérer sur une invitation émanée du dépar
tement de l'intérieurtendante remplacer le
droit d'octroi sur le bétail par tête, par un droit
au poids.
3" Voter l'ensemble du projet de règlement sou
mis par l'autorité provinciale, pour la tenue régu
lière des nouveaux registres de population.
4° Emettre un avis
A. Sur le procès-verbal de l'adjudication de la
fourniture du pain l'établissement syphilitique
pendant l'exercice 1B47.
B. Sur le procès-verbal d'adjudication de la per
ception du droit de dépôt au quai, mis eu location
publique, en vertu du règlement approuvé par la
dépulation permanente, le 24 décembre dernier.
G. Sur une délibération du Bureau de Bienfai
sance, tendante accepter les propositions faites par
les héritiers de M.11* L. Beke, pour le rachat d'une
fondation.
D. Sur l'acte passé entre l'administration des
hospices et la commune S'-Jean, pour la vente de
l'église, terrain du cimetière et dépendances de
ladite commune.
E. Sur une délibération de ladite administration
des hospices pour la vente d'une quantité d'arbres
hors de croissance, situés sur les diverses propriétés.
F. Sur la radiation d'une inscription hypothé
caire prise au profit des hospices, pour suites de
capitaux prêtés.
G.iSur le cahier des charges, clauses et conditions
pouFla"tBCation pnblhjtfe de plusieurs biens ruraux
appartenants aux hospices de cette ville.
5" Délibérer sur l'objet d'une demande de sub
side extraordinaire formée parle conseil de fabrique
de l'église S1 Jacques et d'une réclamation contre la
décision du conseil.
G' Examiner le nouveau règlement pour l'orgaT-
nisation de la maison des aliénés.
M. de Muelenaere continue être assez gra
vement indisposé. M. Lehon est également
retenu Tournay par une maladie qui inquiète
sa famille.
On écrit de Roulers, le 12 janvier
La nuit dernière le moulin vent bâti en
briquesappartenant au sieur Jean Baert
Boulers, et situé l'endroit dit Torschemolen
est devenu la proie des flammes. On dit que
beaucoup de grains étaient dans le moulin qui,
avec tout ce qu'il contenait, est entièrement
perdu. Le tout était assuré, paraît-il, par la
Feuilleton.
I. («Suite.)
Cependant nous étions réunis Gilbrac était parvenu non sans
difficultés calmer la tempele de meuglements sauvages que ses
roulades avaient excitée parmi le peuple ruminant du daskerah
Sur le baudet étalant sou vaste abdomen et sa rouge face triom
phante, il s'approcha de Jenny.
-Eh bien! vous vous failes maître de chant! dit la jeune fille
avec un sourire.
Oui ma tutrice repondit Gilbrac, je donnais une leçon. Eh
les vertueuses bêles ne demandent pas mieux que d'apprendre,
caramba Elles goûtent l'opéra-comique seulement elles veulent
être formées. Corps-Dieu elles m'ont fait saigner les oreilles
Orphée se faisait écouter vous vous faites accompagner il y a
progrès, continua la malicieuse enfant.
Orphée, répondit Gilbrac, les attaquait avec les trois cordes de
sa carapace de tortue. Je les attaque, moi, avec les motifs de Scribe
et Auber. Scribe et Auber Orphée les endormait sur pied moi
je les transporte je les enlève je réalise un effet Musard Qu'on
s'étonne après cela des tohu-bohus raouts, vagues foudres, ton
nerres de la salle Vivitnne Avez-vous vu quelle trombe quel
volcan Comme ils dansaientbiches boucs moutons chiens
bœufs El puis, quel éclat étourdissant de cris inouïs c'était beau,
seulement c'était trop.,,
-« Oui, c'était trop je suis de ton avis, Gilbrac, dit le capitaine
mais nous nous mettons en route...
Amisla matinée est belle...
En route, fit Gilbrac, en éperonnant sa monture. En roule mon
vénérable ex-tuteur de la suite j'en suis
Et il se précipitait en ayantmais Breton l'arrêta,
Ça don Gilla tête te tournera donc toujours
Tant que la boule du monde tournera, ob ex-tuteur; ce mou
vement rapide de rotation de la terre sur son axe estje crois le
principe de la folie du genre humain.
Bon bon.
N'est-ce pas vertigineux trois cent soixante-cinq culbutes par
année ,et les bissextiles!
Bon mais tu n'as pas je pense, l'intention de nous suivre sur
cet âne
Balaam vous voudriez que j'abandonnasse Balaam non pas
non pas. Nous nous entendons l'harmonie règne entre nous une
basse-taille superbe! J'obtiendrai quelque chose de sa voix... ne
fut-ce que du son. Je veux lui apprendre chemin faisanttous les
récitatifs du répertoire de l'Opéra-Comique. Il aime l'Opéra-Co
mique comme un Parisien; ce goût prouve son intelligence. Je veux
le mettre hors de page je veux qu'il en soit parlé je l'adopte et
de mon nom Gilbrac, je le nomme Gilbraille!
Ob mais c'est là un nom joli joli dont vous partagerez la
gloire, mon cousin, dit Jenny en souriant malicieusement.
Oui, charmante méchante cousine, entre Balaam et Rossinante,
Gilbraille mérite de chevaucher vers la postérité la plus reculée.
Caramba il serait capable d'entrer l'Académie de musique.
Si vous lui montrez le chemin..,, continua Jenny de sa petite
langue pointue.
Et je le lui montrerai...
Allons, bon, bon, nous savons ce dont tu es capable, interrompit
le capitaine, mais ton cheval?...
Mon cheval il broute.
Cet âne eût porté nos provisions.
Mon cheval les portera.
Evelin et Fabre s'étaient approchés. A la réponse de Gilbrac
Fi dit l'eiiibousiaste Evelin un noble coursier cahoter des
provisions.
Noble, noble, monsieur le poète, comment entender-yous qu'il
soit moins noble de porter une charge de vivres et de livres ce que
la terre produit de plus succulent et la cervelle humaine de plu*
subtil, qu'un fardeau de mon volume
A celte réponse si franchement burlesque Jenny, sur sa petite
selle élevée, éclata de rire; et ce rire, frais, harmonieux, nous gagna
tous. Gilbrac vivant répertoire de stances omnicolorcs pendant
cette explosion, regardait la jeune fille et chantonnait
Ah le rire fidèle
Prouve un cœur sans détours..
Riez ma belle
Riez toujours
Fabre par son caractère froid aussi bien que par ses sentiments
de rivalité amoureuse, se tenait en opposition avec le poétique
Evelin et il laissait rarement échapper l'occasion d'une réplique*
Quand le silence fut rétabli il dit
Gilbrac je suis de ton avis ton noble coursier et il appuyait
sur le mot, ne se trouvera certainement pas déshonoré de porter des
pi o visions.
Soit,se hâta de reprendre le capitaine, et puisque Gilbrac tient
Gilbraille et Gilbraille Gilbrac qu'on charge le cheval. Nous
perdons en pasquinades des moments précieux. Akber, conliuua-t-
il en s'adres^ant l'un des guides, nos provisions sont dans la cabane
de Mohammed-Zaynahj le cheval est lié au palmier, sur le bord du
lac... hâtons-nous i
Akber s'éloigna, Yousef était notre autre guide. Yousefétait
Berber Akber était Arabe abyssin.
Yousef avait le teint olivâtre le nez droitles lèvres minces. Il
était grand mais d'une extrême maigreur et bien que jeune un
peu voûté. L'expression du visage de Yousef était caressante, sa pa
role doucement accentuée, son regard humble; cependant il y avait
dans ce regard des éclairsétranges, et i! se portait souvent sur Jenny.
TJn kaïk de laine blanche attaché sur sa tète descendait sur le*
épaules du Berber et l'env«loppait de ses plis.
Akber, moins grand que Yousef, ayait dans l'altitude plus de