NOUVELLES DIVERSES. Le conseil de ville de Bâle ne veut p.is se lancer trop précipitamment dans la voie du progrès. Il a décidé que l'intervention de l'éclai rage au gaz est encore trop récente pour que la ville doive l'employer. 11 a jugé qu'il vaut mieux attendre les perfectionnementsqui ne manqueront pas d'y être apportés, afin de n'adopter ce mode d'éclairage, que quand il ne présentera plus aucune espèce d'inconvénient. On écrit de Francfort, la Gazette de Cologneque tout est prêt sur la roule de Francfort Cologne, pour que le transport de la malle de l lnde, par Triesle etOslende, s'ef fectue avec la plus grande rapidité possible et que cet essai qui est l'essai décisif pour juger de la supériorité de celte voie sur la voie de Marseille, ne soit pas entravé par les obstacles, que le courrier Waghorn a reuconlrés la der nière fois. La population du village de Bolhviller, dit le Courrier de l'Alsace, est livrée comme une proie un fléau horrible. Une fièvre meur trière promène la mort aujourd hui dans celte localité, qui a toujours été réputé pour une des plus salubres de la contrée. Les hommes s'y éteignent comme sous un climat empoisonné par la peste; les maisons y sont remplies de malades; la misère, le désespoir et le deuil ont pris possession de celte commune autrefois si riante; il n'est point de famille qui n'ait fait la mort le funèbre sacrifice auquel toutes sem blent condamnées par l'indifférence coupable des pouvoirs publics. La cause du ma! est con nue et c'est ce qui rend plus odieuse encore l'incurie qui détourne les yeux de ce lamentable spectacle. 11 y a plus de deux ans qu'une commission médicale a déposé son rapport sur les causes de l'infection mortelle qui désole Bollwiller. Les fièvres qui ravagent ce village sont dues aux miasmes délétères que dégagent les eaux crou pissantes qui bordent le chemin de fer. Ces mares pestilentielles se sont formées dans les bas-fonds que les remblais de la voie de fer ont créés l'écoulement des eaux est devenu im possible car la levée du chemin leur oppose une digue infranchissable. Ce village, qui ne compte que 1,400 habitants, a commencé ses terribles épreuves dès 1843, il a compté, celte année-là, 38 fiévreux en 1844, il en a compté 174 en 1843, le nombre s'en est élevé 728... et en 1846 1,103! Il n'est pas de déparlement qui n'ait son lieu terrible, son auberge, plus ou moins vieille, de brigands. Le département de l Aisne n'a pas voulu rester en arrièreet voici le récit qu il nous transmet par l'un de ses journaux La maison où est la poste aux chevaux du nom de Ange-Gardien sur la roule de Laon Soissons, entre Laffaux et Chavignon, n'était autrefois qu'une auberge obscure appelée le Saule, et dont la situation isolée se prêtait fa cilement aux combinaisons du crime, lin 1700, celle auberge fut achetée par un M. Calland, détenteur d'une ferme voisine la ferme de i: '.n i i i rain, soit que, brisé de fatigue, il demandât merci, soit émulation de dilettante prit bientôt la contre-partie. Gilbrac attaqua alors plus vigoureasement ses refrains il s'établissait ainsi, de l'un l'autre, une sympathie touchante, plus vire de moment en moment. Cependant, l'agression des bandits arabes nous avait jetés au loin de toute direction. Dans cette poursuite ardente, opiniâtre, éperdue, nous nous étions enfoncés profondément dans le désert. Nos instru ments, nos munitions de guerre et de bouche, étaient restés près du buisson de gommiers. Nos chevaux, couverts d'écume, fléchissaient épuisés de fatigue. Il était midi. Le soleil au zénith tombait plomb sur nos têtes; l'air embrasé nous suffoquait; la sueur trempait nos membres... Et, dans l'immense étendue que nos yeux embras saient, sur la surface blanche des plaines de sable il n'était pas un ai bre, pas un buisson qui nous offrit un abri. Fabre nous avait rejoint, ramenant Jenny. Le capitaine embrassa et pressa contre sa poitrine la pauvre jeune fille encore pâle d'effroi; Gilbrac lui livra son petit singe aux yeux rouges. Ce petit singe prédestiné avait la grosseur d'un écureuil il s'était attaché des ongles et des dents pendant la course et les exploits de Gilbrac la crinière de Gilbraille et ne l'avait pas quitté. Il s'établit auprès de Jenny, sur le dromadaire et parvint bientôtpar ses mines faire oublier ses frayeurs la rieuse enfant. Vauxram. Il fit raser celle masure et élever les bâtiments qui existent encore aujourd'hui et où fut dès lors installée une poste aux chevaux. Mais lors de la démolition de cette auberge quel ne fut pas l'étonnement du nouveau pro priétaire de trouver, dans les fouilles occasion nées par les constructions, un grand nombre de cadavres enfouis sous le sol de la courde la grange et de la caveet dont quelques-uns même annonçaient une date peu éloignée. Malheureusement, l'auteur de ces assassinats était mort depuis quelques années, et la terre recouvrait le criminel et ses victimes! M. Cal land s'attachait recueillir tous les renseigne ments qui pouvaient l'aider pénétrer dans les mystères de celle horrible histoire. Voici deux faits qu'il a racontés plusieurs de ses amis. C'est lui-même qui parle: Déjà depuis cinq ans j'habitais celle nouvelle de meure lorsqu'un porte-balle, c'est-à-dire un savoyard faisant le commerce de mercerie, comme il s'en trouve encore aujourd'hui, entra pour me demander si l'on vendait dans la mai son du vin comme autrefois; ensuite, il me de manda si l'ancien maître de l'auberge que l'on avait rasée pour y bâtir ce nouveau corps de logis existait toujours. Sur la réponse que je lui fis qu'il était mort deux ans avant mon ac quisition; il me dit: Je ne crains rien mainte nance puis vous raconter ce que j'ai vu ici il y a dix ans, sur l'horrible scène laquelle j'ai assisté. Étant arrivé ici le soir pour y prendre lin gîte, le maître me dit: je n'ai que le grenier foin vous offrir; j'acceptaij'étais trop fa tigué pour aller plus loin. Lorsque je suis monté dans le foinlier j'entends retirer l'échelle qui m'y avait conduit. Cette mesure me parut étrange elle m'inquiéta même tellement que je ne pus fermer les yeux ni même m'endortnir. Vers minuit, j'entends dans la cour des cris plaintifs et étouffés; je soulève les bottes de foin sous lesquelles je m'étais couché je m'approche de la fenêtre mal jointe de mon réduit, et j'aperçois distinctement travers les fissures et la lueur d'une chandelle posée l'entrée de la porte du rez-de-chaussée, le maître de l'auberge et son fils assassinant un voyageur qui leur demandait grâce et leur offrait tout ce qu'il possédait. Bientôt la chandelle disparut et je ne vis plus rien. Les angoisses auxquelles j'étais livré étaient horribles; je m'attendais chaque instant être massacré mon tour. Enfin le jour ar rive; l'échelle était remise sa place, je descends, je paie ce que je devais, je m'éloigne sans mot dire de ce coupe-gorgeet c'est la première fois que depuis celte époque je suis revenu dans celte contrée, et que j'ouvre la bouche sur ce que j'ai vu pendant celte nuit affreuse. Mais, lui dis-je, pourquoi n'avez-vous pas fait votre déclaration, en passant Soissons Oh je n'avais garde car mes jours étaient comptés; je devais être rentré as pays telle époque et une déclaration si j'en avais fait une, m'aurait retenu ici un mois ou deux. A ce fait, M. Calland ajoutait le suivant, dont il racontait ainsi les circonstances: Un jour, une personne d'un village voisin étant venu Evelin était blessé la tête mais d'une légère blessure. Nous éprouvions tous hommes et chevaux, le plus grand besoin de nous reposer. Le soleil nous brûlait sur pied. L'air chargé de sable, âore, sec, lorride devenait de moment en moment plus étouffant. De l'ombre nous demandions tous de l'ombre. Le capitaine questionna tour tour Akber et Yousef. Akber dit Avant d'atteindre l'oasis de la rivière d'Or mon cheval suc comberait trois fois. Yousef considéra le cielle désert; il ramassa dans sa main du sable qu'il parut examiner attentivement puis il dit Devant nous la dislance de trois traits de javelotil est une grotte de rochers qui sert de refuge aux pèlerins. Et nous pourrons nous reposer dans cette grotte Le soleil n'y entre pas. Mais c'est charmant, oui c'est charmant vraiment s'écria Gil brac. Le soleil est cette heure mon ennemi, caramba l'ennemi de mon blanc visage, il me prend pour un nègre ou veut me négriBer f moi n'est-ce pas une exécrable noirceur Oh si c'élait en France qu'il me jouât ce lour Parions, dit le capitaine, voioî que don Gil Caramba menace le soleil ayee sa cuillère pot il va l'assommer ou le faire fuir, et les me trouver, me dit: Savez-vous que celui dont vous avez acheté l'auberge était un scélérat consommé? Vous vous rappelez que le petit jardin qui est derrière la maison était fermé d'une haie vive. Un mendiant de la commune de Lse reposait un jour, en passant, l'ombre de cette baie, dont l'épaisseur lui per mettait de n'être vu ni du père ni du fils qui étaient occupés bêcher le jardin. Ils travail laient sans se parler, quand tout-à-coup le fils rompant assez brusquement le silence dit son père: Vous savez que c'est demain que je pars; je m en vais loin du pays, le plus loin possible. Tu as donc toujours peur des reve nants?Je ne puis continuer plus longtemps ce genre de vie que nous mènons; je n'ai plus le courage de vous aider assassiner de pauvres voyageurs qui vous demandent grâce.Eh bien tu es libre La conversation en resta là. Mais le lendemain matinon apprit que le fils de ce scélérat était mort subitement la nuit. Le père l'avait empoisonné de peur que dans un accès de faiblesse ou de remords il ne vint le trahir. Quant au père, il est mort tranquille ment et sans être inquiété dans son coupe- gorge. C'est pour détruire les tristes souvenirs qui se rattachent cet endroit, que M. Calland lui a donué le nom d'Ange-Gardienau lieu de celui du Saule qu'il portait anciennement, et qu'il avait reçu en 1630 d'un Piémontais quichassé de son pays pour crimes, vint se réfugier dans ce lieu isoléalors couvert de sauleset de broussailles. Ce réfugié s'y fabriqua sur le bord de la route une cabane avec de la terre et des branches, et y commença ce genre de vie qui fut continué par son successeur, jusqu'au moment où celte masure fût rasée et devint une poste aux chevaux. On dit que le propriétaire actuel a trouvé de nouveaux osse ments en construisant le bâtiment ueuf que l'on voit près de la porte-cochère. Le marquis de Gironne a dû proposer la Reine un ministère ainsi composé, suivant le Tiempo: Affaires étrangères et président du conseil, le marquis de Casa-Irujo; grâce et jus tice, Bravo-Murillo intérieur, Seijas; instruc tion publiqueRoca de Togores finances, Sanlillon; guerre, Manso marine, Baldasano. MM. de Casa-Irujo etSantillon, ont cédé aux instances de la Reine; ils doivent prêter serment aujourd'hui. Suivant El Tiempo c'est eux que la Reine a laissé le soin de décider qui, du général Manso, ou du général Pavia, serait mi nistre de la guerre. Les journaux annoncent aujourd hui un nouvel et grave accident arrivé dans une houil lère, quelques lieues de ShefField. Il s'agit encore d'une explosion de gaz qui cette fois a coûté la vie 6 malheureux ouvriers et en a mis plusieurs autres dans un état très-alarmant. L'histoire dramatique de M. Decroso en est enfin son déuoûment. Ce personnage, qui s'est fait une si singulière célébrité, a été re trouvé et arrêté iNimes d'où on l'a conduit sur sa demande, Belley (département de l'Ain). Il est actuellement dans celte dernière ville, retiré dans une maison ecclésiastique. conséquences pour l'Afrique seraient terribles. Partons conduis- nous ce refuge celle grotte cet ombre Yousef. Nous nous reposerons; nous retournerons ensuite Sydy-lleymah. Yousef paraissait décidément mieux cannaître le désert qu'Ak ber; nous nous abandonnâmes lui. Chemin faisantGilbrac dit Akber. O noir Abyssin en France, Paris, près Charenton, il y a un homme, un simple mortel comme moi, presque aussi habile que ton soleilquoique beaucoup moins chaud. Cet homme a inventé un petit instrument; l'aide de ce petit instrument, il a daigné un jour faire mon portraitet je te ressemblais comme deux gouttes... d'enore. Il espère parvenir rendre les originaux ressemblants aux portraits... cet homme, quoique beaucoup moins chaud que Ion soleil. Aussi l'a-t-on surnommé Daguerréotype du nom de son instrument que l'on appelle daguerre. Mais Gilbrac interrompit le cours de ses renseignementsnous arrivions la grotte il s'y élança en chantant. Cependant nous étions entrés dans cette grotte depuis peine cinq minutes, qu'il se fit tout coup sous la profondeur ténébreuse de la voûte, un gémissement sourd qui nous tint muets, immobiles» pétrifiés,, La suite au prochain n°.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 2