EXTÉRIEUR. 6" ANNÉE. - N° 602. JEUDI, 11 FÉVRIER 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. y in iromn mm lu ehèsurit- On «'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne fa rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Yprès. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine* PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par Jigne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. Y PRES, le 10 Février. II arrive rarement qu'un parti apprécie saine ment sa situation et sa popularité. Depuis l'arrivée de M. De Theux au pouvoir l'opinion cléricale a ayi comme au bon temps du pre mier ministère du chef du parti catholique, alors que le libéralisme n'était pas constitué et ne comptait que des individualités. Même lais ser-aller dans les participations budgétaires, même sans-façon dans les actes de favoritisme l'endroit des adhérents du parti-prêtre, qu'à cette époque où l'épiscopatsous la raison sociale De Theux et Cietrônait en despote en Belgique, sans le moindre soupçon d'opposition. Cependant le temps a marché et les idées de liberté et d'indépendance du pouvoir civil se sont emparées de l'esprit public, et nos adversai res politiques pourront apprendre leurs dépens que, malgré leurs intrigues, leurs alliances et l'influence religieuse qu'ils exploi tent leur profit, il y a des idées dont on ne peut contester la puissance et qui finissent par miner même la suprématie usurpée d'une caste cléricale, la mieux constituée pour exercer un pouvoir tyrannique. Souvent nous avons entendu les adhérents du parti-prêtre se railler des efforts de l'opinion libérale et de la lenteur de sa marche progres sive. Il est arrivé mêmequedes hommes impar tiaux ne pouvaient croire la réalité des con quêtes déjà accomplies par le libéralisme, qu'on s'étailaccoutumé considérer comme incapable de lutter contre le parti catholique-politique, puissant par la discipline hiérarchique que le clergé y a introduite. On doutait que des élé ments peu cohérents et de nuances plus ou moins avancées pussent parvenir combattre efficacement ce qu'on se figurait comme un co losse formidable, difficile ébranler. Cepen dant, de bonne foi on doit avouer que depuis 1841, l'opinion libérale a fait des progrès tels, que le parti clérical a dû se saisir son grand regret du [pouvoir, sinon il lui échappait et pour toujours peut-être. Nos ennemis politiques, et c'est ainsi que nous qualifions le haut clergé et la haute aristocra tie, ont paru prendre en pitié les prétentions de celte classe moyenne, qui s'avisait de vouloir jouer le rôle politique qui lui revient dans les gouvernements constitutionnels. On a cru l'aide des puissantes séductions dont on dis pose, avoir bon marché de ces velléités d'indé pendance, mais le parti clérical s'est fourvoyé. Il a eu beau se dire nous sommes éternels par la hiérarchie sacerdotalela même idée inspirera toujours nos milices cléricales et dans le camp du libéralisme, les projets, les ten dances seront toujours variablestandis que parmi nous la fixité .dans les desseins est de notre essence. Il est vrai que cette organisation rend le parti catholique redoutable, mais sans elle depuis longtemps il eut été réduit l im- possibilité de nuire. On méprise trop la puis sance des aspirations la liberté et l'indépen dance et tous les peuples qui gémissent encore sous le joug des gouvernements absolus finiront par conquérir des garanties contre les abus du pouvoir et une intervention efficace dans le choix du système qui doit les gouverner. Pour nous, qui sommes en possession nomi nale des bienfaits que d'autres peuples doivent pour ainsi dire emporter la pointe de l'épée, nous devons tâcher de posséder la réalité des garanties que notre pacte fondamental nous octroie. Jusqu'ici nous devons le confesser, la fac tion cléricale avec sa devise de liberté en tout et pour tousest parvenue absorber le pou voir pour lui et ses adhérents et compris comme le veulent les catholiques-politiques, le gouver nement constitutionnel est le pire des gouver nements, car c'est la minorité qui exploite la majorité. Nous avons démontré déjà plusieurs fois que ce n'est que par une loi électorale inique, enlevée par surprise, que le parti clérical, mi norité dans le pays légala la majorité la législature. Nouscroyons que le parti clérical, malgré son audace et ses vanteries, commence se rendre compte de sa position inquiétante. Au milieu d'un pays décimé par la misère, fléau qu'on doit imputer la mauvaise direction imprimée par le pouvoir l'activité industrielle et com merciale de la Belgique, la désaffection poul ie parti qui a réussi au bout de quinze ans de pouvoir, réduire un peuple la mendicité, est trop profonde pour qu'il n'ait pas sujet de craindre l'appel au pays. Peut-être compte-t on sur la corruption exercée sur une large échelle et sur l'intimidation, pour imposer for cément la Belgique le ministère le plus odieux qui ait tenu le pouvoir en Belgique. Mais qu'on y songe, la Belgique a fait voir comment elle entend se débarrasser d hommes impopulaires et qui ne sont que les hommes d'affaires de l'épiscopat et non les ministres d'un pays con stitutionnel. Nous avons appris que le concert donné par les sous-officiers des Sapeurs-Pompiers, et les sous-officiérs du 5ine et de l'artillerie, a été on ne peut plus agréable. Le bal qui a suivi a été très- animé et on a dansé jusqu'à 3 heures du malin. Le trophé, arrangé par les soins de quelques sous-officiers, a excité l'admiration par son élé vation et la diversité des objets qui le compo sait. En somme, la fête a été très-jolie et l'on s'y est bien amusé. A peine les portes de notre salle de spectacle, se sont-elles refermées sur la foule joyeuse qui encombrait son enceinte dimanche dernier, que déjà elles vont se rouvrir l'occasion d'une nouvelle solennité. Mais ce ne seront plus les bruits du bal, etc. qui éveilleront ses échos trop rarement troublésmais bien l'art dans son imposante majesté, les inspirations sublimes de nos plus grands maîtres, ayant pour inter prèles des artistes dont le mérite incontestable a été apprécié par les dilellanli de notre ville dès la première fois qu'il leur a été donné de les entendre. On comprendra sans doute, que nous parlons des artistes du 109 régiment de ligne. Nous avons sous les yeux le programme que ces messieurs exécuteront concurremment avec la Société des Chœurs et plusieurs autres amateurs distingués, nous avons assisté une des répétitions, simple canevas, eu égard l'absence de la partie chantante, et nous pou vons assurer dès présent que le concert vocal et instrumental dirigé par M. Zulch, sera un des plus beaux que nous ayons encore entendus Ypres. Espérons que la haute société de notre ville, toujours si bienveillante envers le mérite en couragera par sa présence, le concert qui aura lieu, le 28 de ce mois, et dont nous publierons le programme dans notre numéro prochain. [Suite.) V. ],a grotte dans laquelle nous nous trouvions était vaste, mais com plètement obscuie et semée et là, d'énormes blocs de rochers. Son entree avait la hauteur d'une porte bâtarde large dans le bas seulement, Nos chevaux et le dromadaire de Jenny étaient passés non sans difficultés. -Nous étions arrivés épuisés de fatigue, accablés de chaleur, éblouis de la réverbération ardente du soleil sur les sables l'ombre de celte grotte, son obscurité, l'humide fraîcheur de ses parois, nous avaient doucement péné'rés, et Gilhracs'était de suite pris chanter, car l'écho de la voûte répondait magnifiquement. Cependant le gémissement singulier parti du fond ténébreux de la caverne avait coupé L'inextinguible refrain de Gilbrac. Yous, fêtait seul près de nous. Le capitaine avait envoyé A kher recueillir nos instruments et nos bagages, au lieu où nous nous étions arrêtés le matin. Assis et là sur différents blocs de pierre, Evelin et Fabre aux côtés de Jennyle capitaine Breton près de moi, Yousef A 1 entrée de la grotte, Gilbrac'au milieu dans les ténèbres, chan tant pleine poitrine nos chevaux G il braille et le dromadaire parqués dans un coin nous aspirions en silence depuis cinq mi nutes la fraîcheur suave de ce sombre refuge quand ce gémisse ment sourd,étrange, prolongé, se fit entendre. Yousef se leva avec effroi et s'enfuit Breton surpris se jeta hors de la Caverne en appelant le Berber puis il revint nous. Nous ne sommes pas seuls dans cette grotte dit-il. Voyons donc, il faudrait éclairer ces tèuèbres. Où sont nos armes L'idée que naus étions peut-être tombés dans un piège me vint l'esprit. Menacés de trahison placés entre deux guides qui s'accu saient l'un l'autre, nous n'avions pu ni deviner, ni choisir. Cepen dant Akber, malgré ou peut-être cause de sa brusquerie farouolie, m'inspirait moins de soupçons que Yousef. Le capitaine, porté en faveur de Yousef avait éloigné de préférence l'Abyssin la re cherche de nos bagages. Nous nous trouvions livrés ail seul Berber; celle alerte, cette tuile, me paraissaient.d'un funeste augure. Cependant Evelin, Fabre. Jenny, s'étaient levés ils nous entou raient. Le capitaine, des pages de son garde-notes roulées et tordues, fit une sorte de flambeau qu'il alluma l'aide d'un pistolet... La grotte fut éclairée, mais seulement dans le coin où nous étions réunis. Néanmoins, la clarté vive de la poudre, il s'était instanta nément élevé de toute part sous la voûte de la caverne un bruit indistinct, vague confus; l'air s'était agité... Nous écoutions avec inquiétude et ne respirant plus. Nous regardions la grotte parais sait non moins haute que large les paroisformés d énormes blocs de rocbeis entassés pèle mêle, étaient revêtus de mousses verditrcs. Nos regards se perdaient dans la profondeur des ténèbres. Le oapi- taine s'avança pas pas, son flambeau de papier la main. Toutefois le bruit et l'agitatiou de l'air devenaient plus intenses chacun de ses pas; il éleva le flambeau une légion de chauves-souris tourbil lonnait sur nos têtes; l'une toucha eu passant la vaoillante lumière qui s'éteignit. Gilbrac il était pas avec nous il avait interrompu ses vibrations lyriques. Nous n'eutendious plus le gémissement étrange qui nous avait fait tressaillir. Ce gémissementdit le oapitainc, ne venait certainement pas de ces pacifiques chauves-souris. Pourquoi Yousef nous a-t-il quittés? dis-je... quel peut-être le motif de oct abandon brutal? Mais peiue avais-je dit ces mots qu'un éclat de rire joyeux et sonore, retentit l'extrémité de la grotte. Au secours! au meurtre cria Gilhrao. Ah ah voici que nous sommes daus un singulier payscaramba!... un médecin étrangler un procureur Que dit ce fou Et plus haut Don Giloù es-tu demanda le capitaine. L'obscuiité nous enveloppait nous heurtions chaque pas les parois de la caverne. Oh ex-tuteur, je suis dans l'étonnement, répondit Gilbracec

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