6# ANNÉE. - N* 604. EXTÉRIEUR. JEUDI, 18 FÉVRIER 1817 JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. On «'abonne Tfres, Marché «u Beurre, 1et chez tous les per cepteur* des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestr*. Pour Y près5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-35 Le Tout ce qui coneerne la rédac tion doit être adressé, francs, k l'éditeur du journal, A Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIR1T EUNDO. ÏPKES, le 17 Février. Le parti rétrograde, accoutumé rencontrer chez les libéraux une bonhomie qui souvent a nui leurs succès, est déconcerté de ne plus trouver chez eux cette magnanimité des pre miers temps de la révolution, où l'unionce traité des dupes, empêchait l'opinion libérale aveuglée de se faire une idée nette de l'alliance qu'elle avait contractée et de ses nouveaux alliés. Au début, comme les libéraux étaient hommes d'action, un grand nombre d'entre eux fut appelé occuper des postes élevés. Mais insensiblement, àmesureque la révolution se raffermissait et que le nouvel étal de choses se consolidait, ils furent débusqués petit bruit, par un travail persévérant et souterrain. Vers 1840, toutes les fonctions quelque peu impor tantes se trouvèrent cumulées enlre les mains de ceux qui avaient pour garantie de leur dévouement un billet de confession de leur curé. Aujourd'hui les choses sont changées, l'opi nion libérale se montre fermement décidé fendre les rôles joués par les Nolhomb les Mercier, désorngùs impossibles. Elle aussi de mande des garanties et pèse la confiance qu'un candidat une place quelconque peut inspirer. Le parti libéral a souvent assez mal placé sa confiance pour être plus circonspect l'avenir. Seulement l'esprit de circonspection ne doit pas se convertir en esprit d'exclusion. La devise de nos adversaires est que celui qui n'est pas avec eux. est contre eux. Soyons moins intolé rants et moins absolus et disons que celui qui n'est pas contre nousest avec nous. Ces réflexions nous sont inspirées par les stupides reproches adressées l'opinion libé rale par l'organe de l'évêque de Tournay l'occasion de l'élimination de M. Heughebaert, du conseil d'administration des hospices civils de celle ville. La majorité libérale du conseil a jugé sainement, qu'après avoir joué le rôle de libéral modéré au bénéfice du chef diocésain de Tournay, M. Heughebaert s'est mis en opposi tion directe et flagrante avec l'opinion libérale et comme tel, les conseillers libéraux ne pou vaient plus lui donner leur confiance. M. Heu ghebaert paraît s'être posé en victime et s'est empressé de donner sa démission de membre de la commission du Musée et de celle de membre de la commission de surveillance de l'Athénée. Ce qui nous élonne, c'est que M. Heughe baert ail attendu aussi longtemps avant de se dépouiller de ces fonctions gratuites. Il aurait dû le faire au moment où il s'était décidé jouer le sot rôle qu'il a assumé dans les derniè res élections de Tournay. Il est permis tout le monde de n'être pas libérald'être le plat valet du clergé, mais il est irrationnel de dési rer ou de demander des fonctions des adver saires, dont on combat l'influence, quand on en trouve l'occasion. D'un autre côté, si le libéra lisme devaitsuivre l'exemple du parti clérical, il serait bien plus rigide, car jamais un poste quelque minime qu'il ait pu être, n'a été con féré un libéral, qui n'annonçait pas l'intention de renier ses principes. Dans le camp des hon nêtes genson ne vous demande pas êtes-vous capable? mais êtes-vous bien dévoué et très- obéissant. Une garantie affirmative la dernière demande suffit, la capacité n'est rien. Mais diront peut-êlve des personnes qui n'ont pas deviné la tactique des adversaires du parti libéralj: il y a des fonctions qui n'ont rien de commun avec la politique? Nous serions tout disposé admettre ce principe, si le parti du recul ne mettait de la politique partout, dans les foins, et jusque.? dans l'aumône même. N'avons-nous pas vu, en 1841, s'ouvrir un débat politique quand il s'agissait de questions d'inté rêt matériel qui, en réalité, pouvait le moins servir de prétexte une lutte de partis. Alors tout était juste, convenable, pour traquer un ministère libéral, même l'inconstitulionnalité. [es Avec l'égoisme et l'esprit d'intolérance qui ca ractérise le parti clérical on doit s'attendre tout et se garder surtout de lui donner par trop de bonhomie ou de magnanimité, des armes qu'il peut tourner contre vous. Ce qu'il y aurait de plus étonnant, si on n'avait déjà dépisté la tactique des organes du clergéc'est que le parti libéral dans les feuilles cléricales, se trouve accusé d'intolérance et de cupidité. Ceci ne ressemble pas mal au filou qui, pris sur le fait, pour donner le change, se met lui même crier: au voleur! M. Vande Casleelece publicisle courageux qui a osé dévoiler les véritables causes de la misère des Flandres, vient d'adresser une nou velle lettre M. De Theux, sur la cruelle iner tie du ministère catholique l'égard des mal heureuses populations de la Flandre centrale. Cet honorable négociantau fait de la fabrica tion linièreest d'accord avec nouspour imputer au parti cléricalles calamités qui affligent les Flandres. C'est son égoisme, son impéritie et sa profonde ignorance des besoins du commerce et de l'industrie, que M. Vande Casleele croit devoir attribuer la série de me sures inefficaces et de négociations avortées, l'aide desquelles on a tenté de galvaniser l'an cienne industrie linière. Dans cette lettre publiée par Y Observateur, il accuse M. De Theux et le ministère de n'être pas la hauteur des circonstances critiques qui pèsent sur nos provinces et publie sans détours, que le haut clergé n'a avoué la misère extrême qui désolait les Flandres, qu'à la der nière extrémité. Ce n'est que quand le clergé a vu l'empire qu'il possède sur les populations flamandes la veille de s'éclipser, qu'il s'est remué et qu'il a taché d'appliquer le seul re mède que ses connaissances en économie poli tique lui indiquent, l'aumônemais l'aumône récollée sur une large échelle. M. Vande Casteele a fait toucher du doigt le rôle pitoyable et impuissant que jouent la ure, les députés catholiques des Flan- leur servilité égale leur nullité. Sous ministères dévoués au parti-prêtre qui se sont succédé depuis quinze ans, ces bons hommescomme les qualifie M. Vande Casleele, ont assisté avec une impassibilité niaise aux lents progrès du fléau dans les étreintes duquel se débattent les Flandresnaguère si riches et si prospères. (I dres Feuilleton. UM ROMAN ©AMI IE ©il®?. VI. - [Suite.) Cependant, au dehors, les panthères rugissaienl san3 relâche; elles bondissaient furieuses contre le bloc de rocher qui fermait l'entrée du repaire. Debout derrière ce bloc, fixes, puissamment arc-boutés nous ics maintenions en place de nos bras raidis non toutefois sans de grands efforts, obligés souvent de reculer tant les secousses étaient violentes. Nous regardions travers l'ouverture supérieure large environ d'un pied, nos terribles ennemies. Cette lutte cette tension continues, nous fatiguaient affreuse ment. Cependant la panthère mâle, dont une patte avait été cassée d'une balle de fusilfaiblissait le sable était inondé de sou sang. Elle rugissait et venait bien encore donner contre le bloc de pierre, mais elle retombait aussitôt et se traînait exténuée. Son attaque ne paraissait plus tant craindre. La panthère femelle au contraire semblait trouver des forces dans la résistance que nous lui oppo sions, et sa rage s'exaspérait d'une effrayante façon; ses bonds fuiieux ébranlaient chaque fois le bloc de pierre. Néanmoins un moment arriva où découragée la farouche bête parut se recueillir. Elle s'a platit sur le sable comme un chat au guet et nous considéra ses yeux ardents fixés nos visages, haletante et la langue pendante. Mais elle bondit tout coup, rapide comme l'éclair. La panthère dans ce bond terriblement bien caloulé pénétra par l'ouverture au travers de laquelle nous la regardions... Elle passa son affreuse tete... Le rocher ébraulé céda... Elle avançait.. Trop grosse pour cette ouverture, elle faisait de ses pattes deseflorts inouïs. Elle avançait... Sa pbitrine passait. Nous poussions le rocher couibés étouffés, la sueur au front. i Courage, mes amis s'écria le capitaine d'une voix tonnante. Elle passe, elle passe nous sommes perdus La panthère rugissait. Elle allongeait ses terribles patles deux pouces de nos le.es. Nous sentions nos visages son souille embrasé. Et Rous n'ayion t j as d'armes, pas un sabre, pas un yatagan Fabre Fabre meoriai-je. A nous! un sabre uii poignard Fabre!... Mais la panthère avançait sur nous; les chevaux et Gilbraille couraient éperdus dans la cavcrue en poussant d'horribles cris et Fabre n'entendait pas. Le capitaine, Gilbrac, Eveîin, appelèrent Yousef; Yousef ne ré pondit pas. Cependant la panthère avançait toujours. Sa poitrine était passée; elle ouvrait son affreuse gueule et rugissait de triomphe. L'instant était suprême deux secondes encore et elle bondissait dans la grotte; nous étions perdus Mais Gilbrac, dans une inspi ration subite, désespérée bizarre, ôta tout coup son chapeau il en coiffa la panthère et de son énorme poing battant coups redoublés, il repoussa l'animal terrible. La panthère aveuglée muselée étouffée empêtrée dans la coiffe du chapeau recula Gilbrac redoubla ses coups... La panthère fit entendre de sourds rugissements. Je ramassai vivement une pierre et frappai ses pattes crispées sur le bloc de rocher. Elle lâcha prise et retomba en dehors. Bagasse s'écria Gilbrac la tigresse emporte mon chapeau! llolà hé mon chapeau mon chapeau La panthère avait la tête enfoncée jusqu'au cou dans le chapeau. Toutefois retombée suc le sable, elle l'arracha violemment de ses patles de devant et le mit en pièces. Puis raidissant ses jarrets l'œil sanglant, les lèvres relevées, la poitrine haletante, elle bondit de nouveau. Fabre ne nous apportait pas nos fusils, nous étions sans armes, nous succombions... Cependant, un coup de feu retentit soudain. La panthère retomba la tête brisée. Elle rugit se roula sur le sable... et ses membres se raidirent dans les convulsions de l'agonie. Akber était entré^par une issue éloignée et souterraine du repaire que nous n'avions pas découverte au milieu des ténèbres, il s'était approché derrière nous silencieusement. C'était lui qui yenait de tuer la panthère. Ouf 1 délivrés délivrés cria Gilbrac. O suave lumière O douce liberté Donc nous boirons encore du bon Chypre... Tonnerre Nous mangerons encore des perdrix en pâté. O douce liberté O suave lumière Oui, oui nous retournerons Sydy-Heymah et de Sydy- iley- mahen France, dit le capitaine. Nous laisserons le bekr-el-nuahhascfi vivre en paix dans l'oasis de la rivière d'or don G il. G est assez d'aventures comme cela, quant présent.... Nous reviendrons, mai* alors non plus avec Jenny. Oh l ex-tuleur, Minerve parle par ta bouche et volontiers. J'émigre De cette Afrique où l'homme est la souris du tigre! dit Gilbrac. Seulemeut je demande que l'on creuse uu tombeau mon chapeau; son trépas fut gjorieux. Je le regretterai,., jusqu ce que je rencontre un chapelier. Mais la voix sombre et dure d'Akber se fit entendre dans l obs curité. Les Francs ne reconnaissent pas la vérité son langage dit l'Abyssin, et la nuit couvre leurs yeux. Akber a dit au chef des Francs Le serpent aime la gazelle. Le chef des Francs a re poussé Akber il a cru le serpent. Maintenant Akber dit: Le serpent enlevé la gazelle qu'il aime chef des Francs Yousef a eulevé ta fille Jenny Jenny cria le capitaine d'une voix suffoquée. Mais Jenny ne répondit pas. Pendant que nous luttions contre les assauts de la panthère au milieu des cris et de la confusion horrible de la caverne Yousef avait effectivement enlevé Jenny par cette autre issue du repaire qu'il connaissait aussi bien qu'Akkerelle misérable avait aussi pris noire poudre afin de nous laisser sans défense. Akber a promis de se dévouer toi, répondit 1 Abyssin d'une voix profonde. Akber ne manque pas sa parole; suis-moi. Et fut-il aussi subtil que le vetiin de ses levres chef des Francs nous at teindrons Yousef. Le désert est vaste Allah est juste Akber s'est dévoué toi La foudre éclatant tout coup sous nos pieds ne nous eut pas frappés d'une stupeur plus grande... Ce rapt était quelque chose de tellement inouï, mo. slrucux, difforme [La suitau prochain r£.)

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