INTÉRIEUR.
6' ANNÉE. - N8 609.
DIMANCHE, 7 MARS 1847.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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che et le Jeudi de chaque semaine,
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YPItES, le 6 Nlara.
Depuis longtemps la presse, les ingénieurs,
les chambres de commerce, enfin tous les hom
mes spéciaux se sont occupés de la nécessité
démontrée d'après eux, de rectifier la ligne du
chemin de fer de Gand Bruxelles. Celte ques
tion est enfin arrivée devant le ministère et
l'examen du ministre des travaux publics.
C'était une décision épineuse prendre car si
d'un côté, on pouvait rendre justice un ar
rondissement ruiné par la direction actuelle du
railway, de l'autre, on compromettait la pros
périté d'une ville qui ne doit sa position bril
lante, qu'au railway national.
Alost possède des députés dévoués au minis
tère. les Desmetles Demeerdc JIJoorsel sont les
produits de cet arrondissement la chambre.
Mais Termonde a pour défenseur de ses inté
rêts M. l)e Decker et Vanden Broucq de Terbecq;
ce dernier doit être classé dans la catégorie de
M. Desmet. Mais il faut tout prix ne pas s'a
liéner M. De Deckerdont le dévoûment est
chancelant.
Dans celle occurence que fait le ministère?
Vite, une commission! Elle décidera et la respon
sabilité retombera sur elle. Le cabinet, de quel
que manière qu'elle se prononce, n'en aura
aucun souci. La commission soi-disant d'en
quête est nommée. Elle est composée de telle
façon, que tous les intérêts ont l'air d'y être
convenablement représentés. Elle s'assemble
et pour comble de malheur, bien que le mi
nistre des travaux publics eût pris tous les
soins possibles pour n'être plus mêlé dans celle
discussion, le résultai du scrutin fait que la
question n'est pas résolue. Elle revient intacte
au ministère qui, malgré qu'il en ail, ne pourra
désormais décliner celte responsabilité. Mais la
conséquence qu'on doit tirer de toutes ces
manigances est que l'intérêt général est sacri
fié aux exigences de la ville de Termonde, qui,
non contente d être traversée par le chemin de
fer de Gand Mal ines. se met en opposition
ce qu'on se rende plus directement de Gand
Bruxelles et prétend que le public fasse un
détour, pour conserver elle, la position avanta
geuse que le chemin de fer lui a créée.
Depuis quelques jours, il était vaguement
question dans les journaux de la mort d'un chef
de corps distingué de l'armée, mais l'annonce
positive du fait n'avait encore été publiée par
aucun journal. L'Indépendance d'hier, assure
que le bruit qui circulait n'était que trop fondé
et que M. Fleury-Duray, colonel du l6r régiment
de chasseurs pied a été tué d'un coup de
bayonnette par un sous-officiçr ou un soldat,
sans entrer dans des détails plus circonstanciés.
M. Fleury-Duray que nous avons connu
Ypres, avant de servir dans les rangs de l'ar
mée, commandait en chef, la légion du 1er ban
de la garde civique des arrondissements d'Ypres
et de Courlrai.
Nous apprenons que dans la semaine pro
chaine, le comité-directeur de VUnion libérale
de l'arrondissement, doit s'assembler et nous
croyons, que, pour le 15 ou le 16 de ce mois,
les membres de l'Association électorale seront
convoqués en assemblée'générale, pour s'occu
per du choix des délégués qui représenteront
l'arrondissement au Congrès libéral, et des élec
tions futures au mois de juin.
Il paraît que la Société des Chœurs se pro
pose de demander la régence de cette ville,
le local des Halles, pour y donner une fête
musicale au bénéfice des pauvres. La musique
du 10e régiment d'Infanterie et celle du corps
des Sapeurs-Pompiers seront invitées vouloir
participera cètte bonne œuvre. Celle exécution
aura lieu aussitôt que la température le per
mettra.
—--.-a- -îT~
On nous assure que deux fermes situées en
tre Rixensart et Nivelles, ont été incendiées par
malveillance. Le fermier de l'une d'elles, aurait
dit qu'il ne battrait pas en grange, moins que
le froment ne s'élève tel taux. Deux jours
après, non-seulement les bâtiments de sa ferme
étaient en feu, mais encore les meules de grains
placées quelque distance du corps de logis
ont été dévorées par les flammes. C'était une
exploitation de quarante chevaux.
Une ferme située non loin de Hooglede, sur
la roule d'Ypres Bruges, a été détruite par un
incendie des plus violents. Le feu paraît avoir
fait de si rapides progrès que c'est peine, si le
fermier a pu se sauver lui et sa famille. Tout
ce que contenait les élables grange, etc., a
été dévoré par les flammes. La ferme apparte
nait M. Spilleboutde Roulers, et on ignore
si elle était assurée.
la proie des flammes. On ignore la cause de ce
sinistre, et la valeur de l'immeuble détruit est
évaluée 2,000 francs et l'assurance s'élève
pareille somme.
Le 1er de Ce mois, vers 3 heures du*matin,
une petite maison, ainsi que le mobilier appar
tenant Charles De Leye, ouvrier en la com
mune de Zonnebeke, ont été consumés par les
flammes. Cet accident doit être attribué la
négligence du propriétaire. La perle n'est que
minime, la maison et ce qu'elle contenait nô
peut être évaluée plus de 150 francs.
Les abonnés du journal Le Progrès recevront
avecleN°de ce jour, le Rapport sur l'adminis
tration et l'état des affaires de la ville d'Ypres.
C'est une revue décennale de tous les actes de
l'administration communale depuis 1836et
bien des faits qui ont été oubliés, sont rappelés
dans ce curieux document.
Pas loin de Westroosebeke au hameau
nommé de Katune maison nouvellement
construite et ce qu'on assure inhabitée, a été
DESORDRES A. BRUGES.
Le bruit était répandu en notre ville que des
désordres avaient eu lieu Bruges nous n'a
vons pas voulu faire mention de ce bruit afin
de ne pas setter l'alarme dans des circonstances
aussi critiques que celles où nous nous trouvons.
Le fait était cependant exactet voici ce que
nous lisons aujourd'hui dans le Journal do
Ëruyes:
Les désordres ont commencé hier mardi
Scheepsdaele, hameau de S' Pierre, quelques
minutes de Brugesvis-à-vis la maison du
nommé Cbi isliaens, marchand de grains et bou
langer.
Vers une heure et demie, un jeune garçon
entre dans la boutique de Chrisliaens et de
mande un biscuit; on le lui donne et il veut
sortir sans le payer; on lui reprend le biscuit
et on le met la porte.; il se débatse met
crier, et aussitôt huit ou neuf autres garçons
qui semblaient n'attendre que ce signal, accou
rent en jetant des cris, cassent la porte et les
vitrines, s'introduisent dans la maison, pillent
la boutique et la cave et distribuent aux spec
tateurs le pain les œufs le beurre le sucre,
tout ce qu'enfin ils trouvent sous leur main.
Ceux qui stationnaient devant la maison, exci
taient les pillards pour qu'ils y missent le feu.
Cependant le bruit de ce pillage s'était ré
pandu Bruges et une foule de monde se por
tait vers Scheepsdaele. Vers quatre heures, la
brigade de gendarmerie s'est rendue sur les
lieux; cinq heures les cuirassiers y arrivaient
feuilleton.
{Suite.)-* X.
J'essaierais vainement de dépeindre la folle joie du retour au
milieu de nous de Gilbrac et de Jenny Jenny la malheureuse
enfantque noiis croyions perdue livrée sans défense l'odieuse
passion du perfide Yousef emporté par le touibillou Gilbrac que
nous n'osions croire mort afin de conserver une espérauoe tous
deux nous étaient rendus tout coup tous deux étaient sauvés
Nous nous trouvions tous réuniscomme au départ de Sydy-IIey-
mab le seul traître You>ef avait succombé.
Nous oubliions nos souffrances, nos inquiétudes, l'horreur même
de notre situation* transportés, ivres, fous rie bonheur...
Le capitaine Breton pressait Jenny sur sa poitrine il la contem
plait en extase, et l'embrassait les yeux voilés de pleurs. Jènny était
pâle accablée, fléchissante étourdie. Elle regardait Breton elle
regardait Evelin comme dans un rêve puis frissonnait et se serrait
avec épouvante contre la poitrine du capitaine... C'étaient des san
glots, des larmes des mots entrecoupés des étreintes convulsives
scènes déchirantes de joie et de douleur...
Evelin en proie au paroxisme d'une exaltation véritablement
effrayante, riait et pleurait la fois, farouche, égaré. 11 s'approchait
de la jeune fille il la considérait avec calme, le regard ffxe; puis il
s'écartait tout coup courait et bondissait dans la plaine eu pous*
«aut des cris de gorge inouïs.
Fabre auprès du capitaine le frout grave et triste retenait
grand effort les pleurs qui s'échappaient lentement de ses yeux.
Gilbrae sur Gilbraille caracolait en chantant tue-tête. Mais sa
voix était brisée, trefablanted'émoiioil. Le bon Gil essuyait d'instant
en instantdu revers de sa main une larme furtive, et reprenant
plus fort sa chanson, il éperonnail Gilbraille.
Akber était étendu au pied de la montagne il ne disait rien*
Frappé la poitrine par la balle de Yousef, le fidèle Abyssin, étouf
fait ses gémissements douloureux; il semblait craindre de troubler
notre joie qui devait cire de si courte durée.
Cependant au milieu des cris, des refrains, des pleurs et des san
glots Evelin dont l'exallatidn allait croissante, tomba fout coup
comme fiappé de la foudre et se roula convulsivement sur le sable.
Je courus lui j'essayaimais vainement de le lelever de terre.
Le malheureux se débattait et poussait des cris affreux. Breton
Fabre et Jenny, vinrent mon aide. Gilbrac, perclus des deux
jambes, ne pouvait descendre de dessus Gilbraille; Akber succom
bait de faiblesse et de douleur.
Jenny appela Evelin. Elle se pencha sur lui, elle toucha son front.
L'infortuné se tordit un moutenl encore; hâve les membres con
tractés, les yeux égaré.1; mais le sang coula soudainement de sa tête
et lougit le sable.., Evelin se calma peu peu. Toutefois la vue de
ce sang nous saisit de surprise et d'inquiétude. Evelin avait été
blessé d'un coiip de sabre par les Arabes bédouins la blessure se
rouvrait. Ou pouvait attribuer en partie cette blessure l'excitation
violente et les accès d'égarement qui transportaient le malheureux
jeune homme. Cet épanebement de sang parut lui causer un grand
soulagement. 11 redevint tranquille il parla il dit se trouver bien.
Le capitaine le pansa le mieux qu'il put.
Toutefois cet accident nous rendit notre situation. Je m'appro*
chai d'Akber.
Akber, dis-je, tu souffres Où est la balle de Yousef ?j
L'Abys-in mes paroles, se releva, appuyé péniblement sur soû
coude.
Non je ne souffre pasdit-il soyez heureux
Où est la balle de Yousef
Là répondit Akber en appuyant une main stir sa poitrine*
Mais je ne souffre pas je respire bien... Akber Vous est dévoué..*
Soyez heureux
Le capitaine s'était approché.
Nous reprendrons au plus tôt notre route, dit-il, et ton détou
rnent Akber je ne l'oublierai pas.
Allah est Dieu Ma récompense je l'ai, répondit l'Abjrssiii
en souriant tristement.
Cependant Gilbrac avaitpoussé vers nous Gilbraille, et s'adresSàiit
au capitaine
Mon extrême joie de revoir nia tutrice tëgérie de te retoir i