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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
6' ANNÉE. - N' 610.
On s'abonne 4 Tpres, Marché
au Beurre, l,etcheitous les per-
oepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimotra.
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Pour les autres looalités 6-00
Prix d'un numéro0-2$
JEUDI, H MARS 1817.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, franco
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès paraît le Diman*
elle et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQtîRIT EDNDO.
YPKES, le 10 Mari.
HOUVELLE RÉPARTITION DES REPRESENTANTS
ET DLS SÉNATEURS.
A l'annonce faite par le discours du trône de
la présentation d'un projet de loi, pour intro
duire dans notre système électoral une nouvelle
répartition des représentants et sénateurs, on
s'attendait généralement une mystification
nouvelle, dans le genre de celle» que le pays a
subies l'occasion des modifications volées au
régime communal. Personne ne pouvait s'ima
giner, que le ministère clérical pur-sang eût,
par amour pour les prescriptions de la Consli-
tion, prescriptions que la plupart du temps il
n'applique que pour autant qu'elles sont favo
rables sou parti, présenté une loi juste,
équitable et sans portée politique. On ne pou
vait espérer la vérité un acte impartial de la
part du ministère De Theux et l'on s'attendait
généralement un de ces chefs-d'œuvre d'hy
pocrisie par lesquels tout en conservant les
apparences, le cabinet aurait favorisé la pré
pondérance épiscopale. Jusqu'ici, cependant, il
paraît qu'il n'en est rien, mais on ne doit pas
encore trop compter sur la bonne foi et l'équité
du parti jésuitique. Il est encore possible qu'un
amendement inattendu, vienne prouver que le
projet nouveau n'est qu'une nouvelle œuvre
réactionnaire.
Cependant la répartition élaborée par le
ministère est juste, basée sur un principe nul
lement élastique et dont l'application a été faite
avec la plus stricte équité envers tous les dis
tricts. l'exception de quatre, ceux d'Alost,
Tcrmonde, Verviersel Liège. M. Lebeau, dans
son discours, a relevé ces anomalies du projet
qui ressemblent des erreurs, a-l-il dit. Eu
effet, on attribue l'élection des représentants
Termonde et Verviersel les sénateurs Alost
et Liège, quoique ces derniers arrondissements
présententl'excédantdepopulation le plusélevé.
En appliquant le principe uniformément, les col
lèges électoraux de Liégeel d'Alost auraient dû
choisir chacun un représentant et un sénateur
de plus, tandis que dans le projet, on a divisé
et sous prétexte de compensation. 011 a donné
l'un un sénateur et l'autre le représentant
élire. Ce n'est qu'une irrégularité peu grave et
qui doit être effacée, parce qu'elle blesse le
principe, base de la loimais laquelle on ne
doit pas attacher une importance exagérée.
Un changement aura lieu dans la représenta-
tion de l'arrondissement d Ypres. Nous perdons
l'alternat avec les districts de Dixmude, d'Os-
tepde et de Furnes, pour le membre du sénat,
et nous gagnons un représentant. Notre arron
dissement compte une population de 103,599
âmes, par conséquent deux représentants et
une fraction de 23.599 âmes en sus, ou un sé
nateur et la même fraction. Pour ce nombre de
23,599 habitants, nous obtenons un député de
plus, mais la fraction est trop minime pour pou
voir conserver l'alternat qui existe sous l'empire
de la loi du 3 mars 11131. D'après la nouvelle
loi en discussion la représentation du district
électoral d'Y près la législature, serait composée
de trois représentants et d'un sénateur.
Nous apprenons de source certaine, que M.
Malou-Vkrgauwensénateur élu par l'arrondis
sement d'Ypres se remettra sur les rangs aux
prochaines élections du mois de juin. Nous
pouvons même ajouter, qu'il est très-décidé
ne pas accepter d'autre candidature.
Nous devons rappeler nos concitoyens,
qu'aux comices du mois de juin le collège
électoral de 1 arrondissement sera convoqué
pour procéder au choix d'un sénateur et d'un
troisième représentant, si la nouvelle loi en dis
cussion introduisant dans les élections géné
rales une nouvelle répartition des sénateurs et
des représentants, est adoptée par la législature.
Jusque maintenant le collège électoral de l'ar
rondissement n'avait droit être représenté
que par deux représentants et un sénateur. Il
élisait alternativement un deuxième sénateur
avec les districts réunis d'Ostende, de Dixmude
et de Furnes.
Si aucun changement ne devait êlre introduit
dans la répartition des députés et sénateurs entre
les districts électoraux, un deuxième sénateur,
celui qui avait obtenu son mandat des arrondis
sements réunis d Oslende, Dixmude et Furnes,
aurait dû en solliciter un nouveau des électeurs
du collège électoral d Ypres, pour continuer
siéger au sénat. M. De Ncckere-De Coninck,
commissaire d'arrondissement Ypres, avait
été proposé pour remplacer M. Bonné-Maes
Roulers, lieu de sa naissance; mais par une
espèce de manigance facile apprécier, M. De
Mooreghem fui nommé et M. DeNeckere devint
sénateur d'Ostende, de Dixmude et de Furnes.
Son mandat n'avait qu'une durée de dix-huit
mois; ce laps de temps écoulé, il devait se pré
senter Ypres pour être réélu. La loi nouvelle
sur la répartition des sénateurs et des repré
sentants en vertu du recensement général, a
jeté la perturbation dans celte combinaison in
génieuse. Si la loi est adoptée, l'arrondissement
d Ypres n'aura plus qu'un seul sénateur élire.
Nous croyons que M. Malou n'ayant pen
dant les dix ans qu'il a été sénateur, jamais
démérité de ses commettants, nous avons toute
confiance, que la grande majorité des électeurs
de l'arrondissement d'Ypres lui continueront
leur confianceet que nous conserverons au
sénat le seul mandataire qui, dans toutes les
occasions, s'est empressé de rendre service l'ar
rondissement qu'il a Ihonneur de représenter.
Samedi dernier, la cherté des vivres et la hausse
probable du blé au marché de ce jour, avaient
occasionné une certaine fermentation parmi le
peuple. L'administration communale avait dû
prendre quelques mesures de précaution pour
assurer la liberté des transactions et des com
munications. Malgré celle prévoyance, peu de
grains se sont présentés au marché et la hausse
du prix des froments a été aussi forte que dans
d'autres villes. Le poi ls du pain de trente cen
times est descendu 1130 grammes. Cependant
l'administration communale dans ces graves
circonstances, a pris des mesures énergiques
pour parvenir opérer une diminution sur le
prix du pain. D'un côté les pains livrés par le
comité des subsistances un prix réduit pèse
ront invariablement un kilogramme et de l'au
tre, le froment acheté par l'autorité communale
a été mis la disposition des boulangers. Nous
croyons, du reste, que celle hausse inopinée
et peu motivée du froment est une panique qui
aura bientôt une réaction. Déjà Bergues où
se tient un marché régulateur pour la France,
le blé est diminué de trois francs par hectolitre
et Dixmude au marché de lundi, les prix
avaient une tendance la baisse.
Nous espérons donc que le prix exorbitant
du froment ne se maintiendra pas, mais nous
croyons aussi que la baisse ne sera pas tellement
sensible, que l'alimentation puisse devenir
une charge supportable pour l'ouvrier et la
classe nécessiteuse.
feuilleton.
[Suite») XI.
Akber élait étendu sans mouvement au pied de la montagne.
Debout l'un près de 1 autre, nous le considérions en silence frappés
de stupéfaction nous n'en croyions pas nos yeux. Cette mort du
fidèle Abyssin étaiten eflelle plus grand malheur qui pût nous
atteindre Akbcr nous élait attaché. Le capitaiue Breton avait un
instant hésité entre lui et Yousef. L'odieux guet-apens du perfide
Berbcr avait mis euévideuce le dévouaient de l'Abyssin. Akber
avait toute notre confiance nous latmious nous avious oublié les
fifuxqueries de son caractère indomptable pour ne nous souvenir que
de ses bons services. Il était notre guide; nous étions égarés dans le
désert luiseui pouvait nous conduire nous délivrer lui seul pou
vait conjurer l'affreux avenir de souffrance et d'atroce désespoir qui
nous menaçait inévitablement... Et il était mort
Le vide que cette mort laissait au milieu de nous, nous accablait.
L'infortuné, par un dernier dévoûmeut, avait dissimulé la grayité
de sa blessure: nous demeurions surpris et consternés.
Cependant nous avions traverser les sables, et, pour cette tenta
tive, nous devions rassembler nos forces et notre courage. Nous
étions exténués. L'espérance la triste contemplation du cadavre
d'Akber, nous quittait complètement.
Le capitaine releva le frontet d'un coup d'œil rapide compre
nant l'imtniueiioe du péril, il dit
Mes enfants, nous avons perdu un ami. Akber, n'était plus
seulement notre guide son dévouaient témoignait de son affeotion
pour nous. Il a succombé avant que j'eusse récompensé selon mes
intentions son iutiépide fidélité. Nous passerons par Ais^a nous
paierons sa vieille mère la dette contractée envers lui. Du cou
rage nous avons trois journées de marche pénible mais nous
sommes ensemble. Nous avons retiOu Jenuy et Gilbrac, notre
plus rude labeur est accompli. Il ne nous reste plus qu'a mai cher
devant nous.
Ces paroles secouèreut la stupeur concentrée qui nous brisait.
Avec le capitaine je creusai le sable au pied de la montague
Evelin et Fabre apportèrent le cadavre d'Akber.Quand la dé
pouille du malheureux Abyssin fut ensevelie.je me hâtai de disposer
pour Jenuy la selle du cheval de Yousef puis aidé de Fabre je
transportai sur Gilbraille le pauyre Gilbrac impotent.
Jenny sur le cheval de Yousef, Gilbrac sur le baudet; le capitaine
Breton, Evelin, Fabre, moi pied, nous quittâmes silencieusement
le triste lieu de la mort d'Akber.
Il pouvait être midi. Le soleil tombait plomb sur nos têtes.
Notre marche, silencieuse et réfléchie 11 était plus distraite par les
joyeux refrains de Gilbrac. Nous avancions lentement au pas. Nous
suivions la direction indiquée par Akber son dernier instant
direction vague hasardée, qu'auoun tracé ne marquait. Nous er
rions...
Le capitaine avait élé blessé l'épaule par le coup de feu de
Yousefcependant celte blessure paraissait sans gravité. Evelin
avait la tête euveloppée de linges tachés de sang il avançait péni
blement, il élait triste, sombre. Fabre, pensif, marchait son côté,
Gilbrac et Jenny uous précédaient.
Nous maicliions en silence, exposés aux brûlants rayons du soleil
au zénith, tieiupé» de sueur, suffoqués, élouflés, haletants, au milieu
d'une atmosphère torride et chargée de poussière... Le sable sans
consistance, cédait sous nos pas; tandis que nous portions un pied en
avantl'autre appesantireculait enfonçant le soi mobile marche
brisée, dont personne n'ignore la fatigue accablante 1 Nous avan
cions cependant... Mais avancions-nous dans la direction de Sydy-