INTÉRIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PROGRAMME
6' ANNÉE. - N° 616.
On s'aboDne Ypres, Marché
au Beurre, 1, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Y prèsfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-35
JEUDI, 1er AVRIL 1817
Tout ce qui concerne fa rédac
tion doit être adressé, franco
l'éditeur du journal, Ypre».
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque scutaiua,
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIR1T EUNDO.
YPKES, le 31 VIîsi-s.
LE CONGRES LIBERAL.
Le second congrès libéral a eu lieu Brux
elles, dimanche 28 mars. Commencé neuf
heures du malin.il a fini trois heures et demie.
Mais si le premier a été utile et fécond dans
ses résultats, le second a été loin de lui ressem
bler, et donne raison ceux qui ont émis l'opi-
uion, que la nécessité d'une pareille réunion
n'était pas démontrée. 208 délégués étaient
présents et les sociétés électorales de Gand
Bruges, Ypres et Dixmude, ainsi que l'Associa
tion libérale de Liège, ne s'y sont pas fait repré
senter. C'est notre avis, un symptôme grave
que l'abstention de ces sociétés, car elle prouve
que la marche suivie par la fraction du libéra
lisme qu'on qualifie de jeune, leur est antipa
thique et que les dissidences qui se sont éle
vées Bruxelles et Liège vont classer les
associations électorales, en celles qui suivront la
bannière de l'Alliance et celles qui arboreront
le drapeau de VAssociation libéralede Bruxelles.
Cette tendance paraît s'être clairement fait
jour dans les discussions du congrès libéral. Le
libéralisme parlementaire ou de l'opposition,
fatigué des incartades de |quelques meneurs
ambitieux qui se disent plus avancés, parce qu'il
leur semble utile de se mettre en lieu et place
de ceux qui y sont, laisse voir de plus en plus
la répugnance qu'il éprouve pour les actes
de ces hommes qui poursuivent un autre but
que celui du triomphe des principes constitu
tionnels. Un fatal germe de désunion s'est glissé
dans le sein du libéralisme, et si la fraction
qu'on est convenu d'appeler le Trou avait voulu
venir en aide au ministère catholique et au
parti clérical, elle u'aurait pu mieux jouer
son jeu.
Du reste, l'avenir dévoilera ce qu'ont espéré
ces hommes qui ont désuni le libéralisme,
avant que la victoire fût remportée sur l'ennemi
commun, le parti jésuitique. Mais ne soyons pas
alarmés par ces difficultés inattendues, luttons
de toutes nos forces, et si nous ne sommes pas
aussi bien organisés que nos adversaires, que
l'activité et le dévouement aux principes libé
raux balancent l'avantage que donne nos
ennemis les hiérarchies cléricale et gouverne
mentale. Nous sommes dans le vrai, nous luttons
pour la liberté et la vérité et il s'en faut que les
Feuilleton.
principes justes et libéraux triomphent sans
lutte et sans combat. M. De Facqzdans un
discours éloquent et aussi conciliant par les
idées que magnifique par les expressions, a
rappelé nos adversaires, que le raffermisse
ment du christianisme même n'a pas eu lieu
sans schisme, ni sans déchirements.
Résultat du concours communal du Mercredi,
31 Mars 1847, pour le bétail le plus parfait
de consommation et de graisse.
Bœuf. Premier prix De Turck frères.
Idem. Second prix De Turck frères.
Vache. Prix unique Wallaerl-Castryck.
Génisse. Prix unique Van Uxem.
Prix décerné au marchand qui a fourni le plus do
bétail au marché d'Ypres, Benoit Gillebaert de
Poperinghe, et son frère, de Boesinghe marchands
de bestiaux.
La commission directrice de la Société des
Chœurs a l'honneur d'informer MM. les mem
bres, qu'elle donnera un Concert Lundi, 5
Avril, 6 1/2 heures précises, en la salle du
spectacle.
l5 partie.
i° Le Trompette de M. le Prince ouverture nou
velle grand orchestre. Bazin.
2° Duo des Puritains pour deux voix de basse.
Bellini.
5" Concertino pour Trornbonne. David.
4° Duo d'Anne de Boulen pour soprano et basse.
Donizelti.
5° Fantaisie pourle Basson, sur les plus jolis motifs
de l'opéra de la Dame Blanche. Ch. Koch.
6° Fragment du chœur fantastique les Enfans de
la nuitet Valse pour voix d hommes sans ac
compagnement. Limnander et L. Deburbure.
2« partie.
7" Ouverture solennelle et marche triomphale
grand orchestre. F. Ries.
8° Duo de l'opéra Ne touchez pas la Reine pour-
soprano et bariton. X. Boisselot.
9° Le sommeil de la muettemélodie pour Clari
nette. Rommel.
io° Trio pour saprano bariton et basse de l'opéra
le Cheval de Bronze. Auber.
11° Fantaisie pour orchestre et chœurssur des
mélodies de différents opéras. Ch. Hanssens.
C'est par erreur, que l'on a mis au bas du pro
gramme inséré Dimanche dernier, que les membres
pouvaient introduire au concert, les personnes ha
bitant avec eux.
L'article i5 du règlement est ainsi conçu
Tous les membres pourront amener aux fêles
données par la société, les dames et les enfants
au-dessus de dix ans de leur famille et habitant
avec eux.
La commission fait connaître en outre au public,
qu'une soirée musicale aura lieu, par souscription,
au parc, le 11 Avril prochain, au bénéfice des indi
gents de cette ville le programme de cette fêle
laquelle concourront les deux musiques du 10*
régiment d'infanterie et des Sapeurs-Pompiers,sera
affiché dans le plus bref délai possible.
Les conditions de la souscription ainsi que le
mode de distribution du produit de cette œuvre
philanthropique, et le montant des diverses col
lectes faites par la Société des Chœurs dans plu
sieurs de ses réunions, s'y trouveront énoncés.
La commission laquelle ont bien voulu se
joindre deux officiers delà garnison, et plusieurs
autres membres de la société se rendra domicile
dans l'espoir d'obtenir le meilleur résultat possible
pour une œuvre dont tous nos habitants compren
dront la parfaite opportunité.
■■■nmu—
Par arrêté royal du 20 de ce mois, le nommé
Vermeersch, instituteur communal de Zillebeke
est agréé en celte qualité par le gouvernement.
On se rappelera le conflit qui a existé entre l'au
torité communale et le curé de ce village, pour
la nominalionde cet instituteur. La loi veut que
le conseil nommemais le clergé tourne la
difficulté et désigne ceux qui doivent être
nommés. Dans celte commune, il n'en a pas été
ainsi, de là lutte entre le curé et l'autorité civile
qui vient enfin d'obtenir gain de cause.
On nous écrit d'Elverdinghe
Le 28 de ce mois, vers le jour, la grange avec
tout ce qu'elle contenait, ainsi que les étables
de la ferme appartenant aux nommés Edouard
et Sophie Vermeulen, demeurant en la susdite
commune, ont été en peu de temps la proie
des flammes, ce qui leur a fait éprouver une
perle de 6,800 francs et malheureusement
rien n'était assuré.
Il paraît que la même nuit, ce fermier avait
donné l'hospitalité un individu d'iseghem
étant couché dans la grange, muni d'une
boite d'allumettes phosphoriquessoit qu'il
eut essayé d'en allumer une, soit enfin que la
boîte eut pris feu par le frottement, pendant
qu'il dormait, la paille était déjà en pleine
combustion lorsqu'il s'éveilla, et il n'a eu que
le temps ce qu'il paraît, d'en sortir au plus tôt.
OKI [&©[RMK] LE DÉSUET.
XII.
Suite el Fin.)
Le soleil devint brûlant. Je rajustai sur la tête de Gilbroc la cra
vate turban que Gilbraiile avait enlevée. Jenuy au bruit du coup de
feu avait tressailli; cependant elle demeurait étendue sur le sable
s..ns mouvement. Rappeler au sentiment la vie la malheureuse
jeune fille, c'eût été la rappeler au plus affreux désespoir. Évanouie
elle ne pouvait pas souffrir une plus cruelle douleur que celle qui
devait la saisir son reveil... Elle était trinquille du moins. Je cou
vris sou visage d'un mouchoir pour le garantir des rayons brûlants
du soleil.
Nous restions immobiles... La cbaleur, sur le milieu du jour, de
vint accablante. Mais dans cette chaleur, dans 1 épuisement même
de ses forces usées par la soull'ranoe de ses jambes gonflées par le
tourment de la soif et de la faim Gilbrac parut peu peu trouver
une sorte de bien-être étrange. Sou regard devint limpide, son vi
sage s'épanouit, il respira plus librement. Un air de fête, et comme
une indicible aspiration de calme extase dilita ses nanties et ses
paupières... Je le considérais avec inquiétude.
Il était étendii sur le dos; sa tête reposait sur le cou de Gilbraiile.
11 regardait le ciel d'azur ébouissant de lumière... Au plus haut des
airs, des hirondelles décrivaient descourbes gracieuses, descendaient
*1 remontaient Ces hirondelles se rapprochèrent insensiblement de
Ivrre.i, Elles planaient sur nos têtes.
Gilbrac suivait attentivement le vol capricieux tantôt saccadé
tantôt balancé dans un mol abandon des rapides hirondelles... Sa
poitrine se soulevait. Il avait interrompu ses refrains depuis la veille.
Il sourit tout coup avec tristesse ses lèvres remuèrent etd'une
voix vibrante et pure, profondément émue le pauvre Gil, dans une
sorte d'inspiration, chanta aux hirondelles les stances de l'immortel
poète
Hirondelles, que l'espérance
Suit jusqu'en ces brûlants climats,
Sans doute vous quittez la France
De mon pays ne me parlez vous pas
Mais il s'interrompit... des sanglots daus sa gorge arrêtaient son
chaut. J'essayai de lui parler de le distraire. Ce souvenir de la
France cette stauco avaientnotre situation une application
poignante qui brisait le cœur. Toutefois assurant sa voix Gilbrac
reprit
L'une de vous peut être née
Au toit où je reçus le jour
Là d'une mère infortunée
Vous avez dû plaindre l'amour
Mourante elle croit toute heure
Entendre le bruit de mes pas...
De son amour ne me pat lez-vous pas
Une larme était venue au bord de la paupière de Gilbrac cette
larme coula Imlcmcut sur sa joue. Immobile, il regardait les hiron
delles qui s'ébattaient sur nos têtesel croisaientet là leur vol
rapide...
Mais essuyant tout coup sa joue du revers de sa mais
Carauiba que je voudrais pouvoir jouer comme elles au chat
coupé 1 s'ccria brusquement le pauvre Gil.
Et il dirigea ses regards vers moi.
Comment te trouves-tu Gilbrac dis-je.
Je me trouve sur le dos et je voudrais me trouver sur le côté
me répondit le malheureux avec un cri de souffrance. Il semble que
j'aie dans les jambes toutes les pointes qui se fabriquent l'acadé
mie, dans une année bissextile...C'est bien douloureux, bagasse
Je l'aidai se tourner. Ses jambes gonflaient toujours ses cuisse»
prenaient uu développement effrayant, et devenaient d'une sensibi
lité cruelle il ne pouvait plus les rem ter. J'usai, pour le mettre sur
le côté de toutes les précautions il fit tout ses efl'orts ses dents
claquaientla sueur coulait de son front son visage altéré se con
tractait convulsivement... Sa jambe gauche au dernier instant de
celte opération pénible, se trouva porter sur la droite il poussa uue
éuergique imprécation de douleur. Il haletait, sa figure était devenue
blême. Cependant, quand il fut tourné, le caluie revint insensible
ment.
Mais Jcnny s'était éveillée au retentissement du cri déchirant du
pauvre Gil. Elle enleva le mouchoir qui couvrait son visage. Elle se
dressa sur son séantpâle les cheveux en désordre, les yeux égarés.
Elle me regarda -, elle regarda Gilbrac. Je tremblais que la malheu
reuse ne fût devenue folle. Cependant elle se leva et vint nous.
Agenouillée sur le sable, elle prit dans sa main la main de Gilbrac...
Et d'un ton doux et affectueux
Tu soullies dit elle.
Il semblait qu'elle s'éveillât d'un bon sommeil, qu'elle eût oublié,
dans sou évanouissement, l horrible événement de la mort de Fabre
et d'Eveliu.
Le vitage de Gilbrac se rasséréna. Gilbrac considéra les traits
altérés de la pauvre jeune filledont les yeux secs et vibrants élia-
oelaient.