INTÉRIEUR.
6* ANNÉE. - N° 617.
DIMANCHE, 4 AVRIL 1817.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ÏPBES, le 3 Avril.
Il faut en convenir, le traitement qu'on fait
subir M. Vande Casteele pour avoir osé com
menter les paroles que .M. Rodenbach a pro
noncées la tribune, est inqualifiable. Aujour-
d hui le ministère ose tout, les prescriptions les
plus formelles de la Constitution, les garanties
les plus sacrées qui entourent le prévenu sont
foulées aux pieds par les séides d'un parti qui
a renoncé toutg pudeur. Dominer, tout
prix, tel est son but, intimider ses ennemis et
terrifier ses adversaires n'importe comment,
voilà ses moyens. Mais il en arrivera de nos
rétrogrades pur-sang, comme il en est arrivé
avec d'autres ministres qui se croyaient bien
solides et qui ont entraîné un trône avec eux.
L'incarcération préventive de M. Vande Cas
teele, sous prétexte d'un crime inconnu, a été
le premier fait posé par le cabinet des six-Malou,
dans la voie de persécution contre le libéra
lisme el la presse qu on essayera en désespoir
de cause. La loi sur la presse a suivi de près ce
premier acte de despotisme et comme d'habitude
une majorité décrépite a suivi le ministère
dans ses leutalives réactionnaires.
Bien longtemps les feuilles racrp/inA;...
insinué qu'il ne Tallaît paé ir-op s'occuper de
l'affaire de M. Vande Casteele, qu'il y aurait
eu du ridicule foison, pour ceux qui pren
draient sa défense. Ces journaux stipendiés
ont baissé le ton aujourd'hui. L'Organe des
Flandres soulève même tant soit peu le voile
qui couvrait les crimes de M. Vande Casteele;
on l'accuse de complicité morale dans les trou
bles qui ont eu lieu Bruges, on lui reproche
d'avoir tenu des propos qui devaient faire
supposer qu'il savait que des tentatives d'émeute
auraient lieu. Voilà les charges, qu'après une la
borieuse instruction et un emprisonnement pré
ventif d'environ un mois, on a pu découvrir sa
charge. Aujourd hui nous voyons dans les jour
naux de Bruges, que M. le procureur du roi
Maerlens vient de donner un avis de non-lieu
dans celte affaire, de sorte que selon toutes les
probabilités, M. Vande Casteele sera rendu de
main la liberté.
Que dire de la conduite des agents du mi
nistère dans le triste épisode de cette campagne
organisée contre la presse. Car on aura beau dire,
c'est pour sa lettre M. De Theux, que M. Van
de Casteele a subi toutes ces avanies, l'invention
de la complicité morale n'a été nécessaire que
pour l'incarcérer préventivement, ce qui n'est
pas permis pour délit de presse. Nous sommes
donc arrivés, après avoir fait une révolution au
nom de la liberté en tout et pour tous, voir
revenir au projet du système théocratiqueles
plus mauvais jours des régimes absolus, ceux
enfin pendant lesquels on ne respectait rien,
pas même la liberté individuelle des citoyens.
iTlIllHfcii
C est avec plaisir que nous avons vu notre
seualeur M. Malou-Vergauwen témoigner par
une motion d ordre, combien il s'intéresse au
bien-être de l'arrondissement d'Ypres. Le pays
de Poperinghe et ses alentours souffrent de la
dépréciation qui est venue frapper le houblon,
principale richesse de celte partie du district.
Il a prié le ministère de prendre en sérieuse
considération la situation peu favorable de celte
branche de la production agricole et d'exami
ner s il ny aurait pas lieu d introduire dans
notre régime douanier, des mesures protectrices
en faveur de cet article. M. Malou, cette fois-ci
comme toujours, saisit toutes les occasions
pour se rendre utile ses commettants et dé
fend leurs intérêts avec un zèle, que nous vou
drions rencontrer chez nos autres représen
tants. h
Le corps professoral du collège communal
de la ville d'Ypres, vient de faire une perle qui
quoique n'ayant aucune influence sur les classes
supérieures, ne laissera pas que d'être sensible.
M. Denis Fauquel, professeurde la classe élémen
taire française, vient d'être nommé sous-prin-
cipalà l'Athenée de Tournay. Nous croyons que
sous tous les rapports cette institution aura fait
une excellente acquisition. M. Fauquet, pen
dant le temps qu'il a été professeur au collège d'
Ypres, avait su acquérir l'amitié de ses collègues
et l'estime de l'autorité supérieure. Il y a donc
une place vacante de professeur de la classe
élémentaire française notre établissement com
munal.
*Tî»oon
Dans notre dernier numéro, il s'est glissé, la
deuxième colonne, une faute typographique
qui rend la phrase inintelligible; au lieu de
consommationlisez conformation.
Voici comment le Journal de Liège rend
compte de la séance du Congrès libéral.
Le premier Congrès libéral avait eu quelque
chose d'imposant et de majestueux, de grandes
questions s'y étaient agitées, des voix éloquentes
s'y étaient faites entendre, des résolutions im
portantes y avaient été prises l'unanimité.
Nous_regrettons de devoir le dire le second
Congrès n'a pas été digne de son aîné. Petites
questions, petites querelles, petits débats. Par
tage peu près égal de voix sur plusieurs
points, conciliation en apparence; au fond lutte.
Il fallait s'attendre ce résultat. La double
faute que l'Alliance avait commise, en convo
quant le Congrès sans le secours de l'Association
libérale de Bruxelles et sans objets importants
mettre en délibérationne devait-elle pas porter
ses fruits? La conduite imprudente de l'Alliance
a eu pour conséquence d'amoindrir le Congrès,
le privant de la présence d'un grand nombre
de libéraux sincères tous disposés s'y rendre
si on leur eût donné en temps, des gages d'im
partialité et de modération et s'il se fût agi de
travailler une œuvre sérieuse.
L'assemblée aurait dû raison d'un délégué
par 10,000 âmes se composer de432 membres,
208 délégués seulement ont pris part au vote.
L'Alliance a pu se convaincre par là que l'on
ne gagne rien en Belgique employer un lan
gage d'intimidation. Elle avait dans l'arrêté de
convocation déclaré responsables, traître» en
«L^rs içur^aysuetleur parti,
mesure. Eh bien! plus de la moitié des libéraux
ont refusé de se rendre son appel.
Et comment encore est-elle parvenue réu
nir ces 208 délégués. En donnant quelques
sociétés une représentation factice, dépassant
de beaucoup leur importance réelle.
C'est ainsi que l'Union de Liège qui n'aurait
eu que onze délégués, si notre Association avait
jugé propos de se rendre au Congrès, en a eu
22. Est-ce que par hasard l'abstention de l'Asso
ciation libérale aurait doublé tout-à-coup le
nombre et l'influence de l'Union
On peut avoir par ce fait, une idée des
moyens que MM. de l'Alliance emploient pour
accroître leur ascendant et pour faire triom
pher l'opinion qu'ils représentent.
Un arrêté royal accorde un subside de 7,000
fr., imputable sur les fonds alloués au budget
du département de la justice, exercice 1846,
chapitre IX, art. 2, et mis par décision de S. M.
en date du 3L décembre dernier, iUoniteur
n^ 5), la disposition du ministre de la justice
la commission administrative des hospices
LIS ©IOT IKMMUIIOTI.
i.
au point bu jour.
Le temps élait froid et pluvieux, la nuit sombre et avancée.
Quelques voitures roulaient encore, cependant, suc le pavé de la
grande ville, et des voix enrouées, s'élevant de loin en loin, enton
naient des refrains grivois au fond des rues désertes. Des groupes de
masques débraillés vaguaient le long des boulevards et bourdon
naient autour des ifs, chargés de lampions, dont les clartés fumeu
ses annonçaient que le bal de l'Opéra durait encore j l'on eût dit
une phalange de papillons nocturnes, aux ailes ternes et déchique
tées s'abattant autour d'une lampe de cabaret et se heurtant aux
>arois brûlantes du tube d'où jaillit la flamme. Là les joies oarnava-
esques sautillaient dans le ruisseau; plus loin, elles tourbillonnaient
dans linferual galop dont l'archet de Musard donne le signal; plus
loin encore sous les lambris dorés dans l'atmosphère douce et
parfumée dessalons de la Chaussée-d'Antin, elles prolongeaient les
dernières contredanses et faisaient bisser la polka.
Deux jeunes gens venaient de descendre de voiture la porte
d'une des plus belles maisons du boulevard des Italiens et étaient
montés l'entresoldans un délicieux appartement de garçon
meublé en pur style Louis XV et embelli de toutes les chinoiseries
imagiuables. La chambre coucher exhalait comme un parfum de
femuie frivole et coquette; c'étaient partout des colifichets des re
u
cherches de luxe et d'élégance des choses jolies et unitilesenfin
tous les jouets des grands enfants disposés avec un goût adroit et
•oigneux. Des tentures aux reflets roses égayaient les lambris et
donuaient un air printannier ce joli réduitdont le maître était
un grand beau jeune homme de vingt-cinq ans, frais, épanoui, frisé,
souriantet d'une élégance supEêine. L'ami qui l'accompagnait en
ce moment était aussi un homme jeune et de belle tournure; il avait
les traits d'une régularité sévère U teint brun les mains blanches
et un certain air de froideur rêveuse qui lui allait assez bien.
Une heure déjà dit le maître du logis en regardant la pendule;
mon cher Raoul ce n'est pas la peine de nous mettre au lit nous
allons nous installer ici au coin du feu et causer tranquillement
jusqu'au jour ensuite.,.
Pas de programme pour notre journée, mon bon Philippe in
terrompit en souriant Raoulles projets me portent malheur et je
trouve qu'il n'y a riend insipide comme un plaisir prévu arrangé,
attendu...
Soitdit Philippe avec bonhomie aujourd'hui, faisons tout au
hasard.
Et que lg ciel me donne bonne chance s'écria Raoul d'un air
tout la fois léger et pensif. Puis changeant brusquement de
propos, il ajouta; Décidément, je ne veux plus aller au bal.
Que dites-vous là! interrompit Philippe et le motif de cette
grande résolution
C'est que je m'y ennuie, je m'y ennuie beaucoup.
Est-ce croyable? est-ce possible? dit Philippe d'un air incrédule.
Eh oui par malheur, j'en ai fait l'expérience cette nuit même;
j'étais si horriblement ennuyé de ce brillant tumulte que, pour m'y
soustraire, jusqu'à un certain point, je me suis réfugié au fond de la
galerie dans l'embrasure d'une fenêtre devant laquelle retombait
un rideau, et là, Dieu me pardonne, je me suis endormi; voilà pour
quoi, mon cher vous m'avez retrouvé la sortie du bal.
C'est honteux s'écria Philippe dormir au soa de la musique
qui fait danser une foule de femmes charmantes Mais vous n'avez
donc rieD vu
J'ai vu des diamants et des fleursdes toilettes ravissantes
quelques visages assez jolis et beaucoup de figures qui paraîtraient
laides et communes hors du cadre brillant qui les entoure et les fait
valoir. Toutes ces somptuosités n'ont plus guère de prestige pour
quiconque y est habitué et le bal m'a paru, comme l'ordinaire
magnifiquement ennuyeux.
Mais les femmes ces femmes l'élite de la société parisienne l
ces fées, les reines du inonde élégant
Elles m'ont semblé comme tuujours éblouissantes et insipides
répondit Raoul avec un soupir. Allez c'ee est fait de touUs mes
illusions je n'essaie même plu» de les retrouver, et, vous le voyez,
je m'endors littéralement dans mon ennui et mon indifférence.
C'est fâcheux dit Philippe avec conviction. Tenez Raoul
quand je vous entends parler ainsi je suis tout content de n'être
qu'un pauvre provincial arrivé hie» Paris, et pour lequel les
plaisirs du monde ont encore toute leur saveur. Tout me plaît et
m'enchante; je m'amuse au bal; j'y danse avec un emportement de