nière ce qu'ils puissent juger par eux-mêmes
des candidats qui se mettent sur les rangs.
Ces! notre devoir, nous n'y faillirons pas.
Le bruit répandu depuis quelque temps d une
prochaine dissolution de la législature, gagne
une certaine consistance. Pour nous, nous avons
peine croire que le ministère ait arrêté cette
mesure. Mais aussi nous concevons très-bien
que la tentation de dissoudre le parlement lui
soit venue. La division du libéralisme Brux
elles et Liège l'engagera peut-être s'accro
cher celle seule planche de salut. L'opinion
publique n'est pas favorable au ministère, et par
des élections partielles il est presque indubi
table que l'opposition actuelle ne se fortifie
encore la chambre des représentants. A tout
prix, le cabinet DeTheux veut échapper celle
éventualité, et pour celail songe peut-être
rendre les élections générales, pour tâcher de
réparer les brèches qui seront faites la ma
jorité, l'aide des triomphes qu'il espère rem
porter dans certaines localités. Reste voir si
ses calculs sont justes. L'important pour l'o
pinion libérale est qu'elle ne se laisse pas sur
prendre et que dans tous les districts, on se
mette en mesure de lutter avec succès contre
les efforts incroyables que fera le gouvernement
pour conserver la majorité aux chambres. Il
n'est pas inopportun, dès aujourd'hui, pour les
libéraux quelque nuance qu'ils appartiennent,
de se concerter sur le choix des candidats qu'ils
voudront opposer aux ministériels, dans les lo
calités qui ont été représentées par les députés
de cette couleur.
YILLE D'ÏPRES. conseil communal.
Séance publique du Lundi, 12 Avril 1847.
Présents MM. Vanderstichele de Maubus,
bourgmestre, président, Alphonse Vanden
Peereboom et Iweins-Hynderickéchevins,
Gérard Vandermeersch, Louis Annoot, Boedt,
avocat, Martin Smaelen, Boedt-LucienCharles
Yande BroukeErnest MerghelynckPierre
BekeHeuri Iweius-FonleyneAuguste De
Ghelcke, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du procès-
verbal de la séance du 7 avril 1847qui est
approuvé sans modifications.
LTn seul objet se trouvait l'ordre du jour
public, c'était l'approbation que le conseil est
appelé accorder la radiation d'une inscrip
tion hypothécaire prise au profit de l'adminis
tration des hospices civils, pour sûreté de
capitaux empruntés Comme ils ont été rem
boursésl'assemblée émet un avis favorable et
se constitue en comité secretpour s'occuper
des questions qui doivent être traitées huis
clos.
Dans la partie de la séance du conseil con
sacrée l'examen des objets qui ne peuvent
être discutés publiquement, il a été lu, nous
assure-l-on, une lettre de M. Louis Vermersch,
adressée au conseilpar laquelle il donne sa
démission de membre du bureau de bienfai
sance et d'administrateur des hospices civils.
Dans une des dernières séances du Sénat,
M. Malou-Vergauvven sénateur d'Ypres a si
gnalé l'attention du Gouvernement encore un
exemple du rôle de dupes qu'en maint cas nous
jouons, vis-à-vis de l'étranger, nos propres
dépens. Les houblons belges paient leur en
trée l" en Francepar 100 kilog., de 60 60
fr. 50 c., selon qu'on les importe par navires
français ou étrangers ou par terre; 2° en
Allemagne, fr. 18-75 par 100 kilog., 3° en
Angleterre, fr. 221-47 pour la même quantité.
Ce sont là des droits prohibitifs, et qui cadrent
fort mal avec ceux que le tarif belge prélève sur
les houblons étrangers. Ces droits ne sont,
pour ainsi dire, que nominaux ils s'élèvent
seulement fr. 1-27/20 par 100 kilog., et voici
ce qui en résulte
La culture du houblon, naguère si floris
sante est la veille de diminuer de plus de
moitié, faute de protection et non-seulement
on aura regretter la perte de cette industrie
pour les contrées qui s'en occupent, mais aussi
une diminution considérable dans le travail
déjà si rare en Flandre. La plante de houblon
n'est en état de produire que la troisième année,
et du moment qu'elle pousse jusqu'au moment
où on la cueilleelle occupe sans cesse un
grand nombre de bras dans la dernière pé
riode, elle en occupe par milliers.
La disparition partielle ou totale de cette
culture serait donc une véritable calamité
cause de l'occupation qu'elle procure aux clas
ses ouvrières.
M. le ministre des finances a promis d'exa
miner la question nous désirons qu'il s'en
occupe au plus tôt et qu'il puisse insérer, dans
le projet de loi relatif au tarif douanier soumis
dernièrement la Chambre, une disposition
protectrice de nos houblonnières.
Organe des Flandres.)
Le facétieux père Kerkhove que nous ne
voudrions pas voir supprimer dans un moment
où le peuple a tant besoin de pouvoir s'égayer
de temps en temps, vient de faire dans sa chaire
un appel tout son auditoire, cette fin que
tous viennent faire leur Pâques chez luiqui
pour nous servir de ses mélhaphoresextirpe
les plus grosses molaires de la conscience, sans
aucune douleur, car, ajoute-il, je suis le père
la manche large. (Ikben paterwydemouwe.)
Mais, dira-t-on, vouz aviez parlé d'inquisi
tion, et ceci est tout l'opposé. Attendez, nous
y sommes le père Kerkhove n'est pas jésuite
pour rien: l'espionnage et la délation font partie
de ses moyens de recruter pour son ami le bon
Portier, comme il appelle S1 Pierre. Il promet
en conséquence 6 fr. tout individu qui vien
dra lui dénoncer ceux qui n'ont pas fait leurs
Pâques depuis un an douze francs pour deux
ans, 60 fr. pour 6 ans et ainsi de suite. Avant
de rétracter le mot d inquisition, nous serions
charmés de connaître l'usage qu'on peut faire
d'une pareille liste A la vérité comme nous
sommes impartiaux, nous y voyons un côté
utile. Une somme, par exemple de 120 fr. est
quelque fois une véritable fortune pour un
ouvrier sans travail, et pour la gagner il n'au
rait qu'à se faire accuser du retard convenable
par un ami complaisant qui de son côté tou
cherait la prime de commission. Comme géné
ralement, il y adans notre classe ouvrière,
dix plaisants sur dix individus, les pratiques
ne lui manqueront pas.
On écrit de Courtrai
L'avant-dernière nuit, un vol avec effraction
a été perpétré au Mont-de-Piélé. Deux des
solides barreaux en fer de l'une des croisées de
la salle où l'on reçoit les gages, ont été courbés
et écartés l'une de l'autre d'une manière suffi
sante pour livrer passageet cet obstacle
vaincula fenêtre intérieure n'a plus offert
qu'une faible barrière l'introduction de l'en
treprenant voleur. Un tiroir a été fracturé
grands efforts et entièrement vidé. Il contenait
environ 175 francs.
Le lombard par ce temps de misère géné
rale, contient de nombreux dépôts d'une valeur
plus qu'ordinaire. A défaut d'un garde qui
veille, la nuit, l'intérieur, un factionnaire
n'est nulle part plus nécessaire, car le quartier
est désert et il n'y a guères de passage dans
celte rue.
On lit dans le Messager de Gand
Nous demandons si ce que nous allons ra
conter n'est pas de l'inquisition, telle bien
entendu qu'elle est possible notre époque peu
endurante
M. le général du génie Dulillœilest mort
dimanche au malin, dix heures. Cet officier-
général n'a cessé de souffrir gravement depuis
une chute de cheval qu'il fil lors de la revue
qui eut lieu le jour de la rentrée des Chambres,
au commencement de novembre dernier; mais
rien cependant ne faisait présager une mort
aussi prochaine.
Le corps du génie a éprouvé des perles
cruelles depuis quelques années MM. Corde-
mans, Fallon, Dandelin, etc. M. Dutillœil était
l'un des citoyens les plus dévoués son pays et
un militaire profondément instruit.
Capitaine avant 1830, l'un des premiers, il
se rallia la révolution et en organisant
Anvers d'énergiques moyens de défense contre
la citadelleles forts et la flottecet officier
rendit des services importants et signalé.
M. Dutillœil était décoré de la croix de fer,
de la légion d'honneur et par 1 arrêté royal que
nous avons publiéle Roi venait de le créer
officier de l'ordre de Léopold.
'min o^-n ir~M
On lit dans la Tribune de Liège:
La généralité des bouchers de Liège main
tient toujours le prix de la viande un taux
excessif. Les sages mesures prises par le conseil
communal n'ont pu rompre jusqu'à présent la
coalition qui s'est formée entre eux et le jour
ne nous paraît pas éloigné où il faudra recourir
I emploi de moyens plus efficaces pour donner
enfin aux consommateurs la juste satisfaction
qu'il réclament.
lui, il se trouvait dans une disposition de cœur singulière, celait une
tendresse vague une sorte d'exaltation amoureuse dont il ne se
croyait plus capable depuis longtemps. Son âme allait par uu élan
involontaire, au-devant de cettejeune fille qu'il n avait jamais vue,
et dont Mme de Roquefavières lui avait tant vanté l'esprit, la grâce,
les qualités charmantes; mais chose étrange, il se la figurait, malgré
lui, sous les traits ravissants de celle pauvre enfant qu'il venait de
laisser dans la mansarde de la rue Figale.
Tout coup il se fit uu certain mouvement dans l'assemblée; tous
les yeux se tournèrent vers la mariée qui s'avançait heureuse et
tremblante le rcgarJ baisséle front couvert d'une légère pâleur.
Derrière elle, veuaient deux jeunes persoi%es qui prirent place sur
les chaises restées vides près de M1"* de Iloquefavières. Raoul tres
saillit intéi ieurcment et les regarda indécis elles ne se ressemblaient
nullement et pourtant daus le portrait tracé par lu comtesse ou
pouvait les reconnaître toutes deux. Elles paraissaient presque du
luéaie âge et étaient de même taille. I/uue et l'autre avaient des
traits agréables, de grauds yeux bruns des cheveux noirs ,et cette
délicatesse de teint particulière aux femmes qui ne s'exposent ja
mais aux iutemperies des saisons. C'étaient comme deux plantes
fièleset précieusts écloses a une chaleur factice et dont les faibles
purfums, si doux dans i'atmospliere des salons se seraient évanouis
ail grand air. Ces deux charmantes personnes avaient des toilettes
peu près pareilles et de la plus élégautesiiuplicilé une robe de soie,
uu chapeau rose leudre et sur les épaules un de ces rares et magni*
tiques châles de Cachemire qui nous arrivent par la Russie avec le
thé de Caravane.
Raoul suppoila avec calme l'espèce de perplexité qui naissait de
cette similitude; par une bizarrerie dont il ne se rendait pas compte,
ses dispositions avaient changé subitement l'aspect de ces deux
jeunes visages qui n'avaient rien de frappant que leur parfaite dis
tinction, et i! tes observait la dérobée avec un intérêt fort tranquille.
Mme de Roquefavières s'était retournée avec uii|demi-sourire, comme
pour jouir de son embarras; il profita de ce mouvement pour lui
dire voix basse
De grâce, madame, laquelle
Celle qui va quêter, répondit la comtesse.
Cette incertitude que la bonne dame prolongeait impitoyable
ment, n'était plus qu'une sorte d'amusement d esprit pour Ruou 1
il faisait ses remarquesses conjectures et attendait que le hasard
déridâtpour ainsi dire son choix. Pourtant il sentit au cœur une
légère secousse lorsque le bedeau sa masse d'argent la inain
s'avança escortant avec gravité un garçonnet d'une dizaine d'années,
le f uie de la mariée probablement lequel venait, tout rouge de
cou leu te m eut et d'orgueil, oflrir la main la quêteuse. Soit timidité,
soit par l'effet de quelque émotion dont la cause était un secret
entre elle et Mme de Roquefavières, lajeune fille rougit légèrement
en quittant sa plaoe et le regard furlif qu'elle jeta devant elle s'a
baissa aussitôt.
Raoul la vit alors en face; ses traits étaient un peu longs, son teint
pâle, ses cheveux d'un noir bleuâtre et lustré; elle n'était ni belle ni
jolie mais elle était ravissante de grâce de modestie de virginale
fierté. Sa riche auinônière la main elle fit lentement le tour du
chœur, recueillant les offrandes et remerciant d'un sourire ceux qui
faisaient aux pauvres de si larges dor.s. Quand elle fut près d'ar
river Raoul, elle eut un instant d'hésitation pour la seconde fois,
un nuage rose se répandit sur son frontet sa main sembla fléchir
sous le poids de la collecte mais elle se remit aussitôt et s'avança
le regard baissél'air sérieux et calme. Raoul venait justement de
se souvenir que sa bourse était restée tout entière sur le lit de la
vieille femme. Se voyant ainsi pris au dépourvu il tira son porte
feuille écrivit un mot au crayon déchira le feuillet et dit en le
glissant dans l'aumônière
Ayant oublié ma bourse j'ofTre aux pauvres mon billet.
La quêteuse que ce petit incident avait arrêtée une minute,
inclina sa tête avec un geste de remerciaient et passa outre. L'au
mônière était ouverte et il était aisé de lire le feuillet jeté parmi
les piècesd'or. C'était un bon de cent francs signé Raoul d'Agleville.
La jeune fille lut ce nom d'un coup d'œil puis elle referma dis
crètement l'aumônière,la remitàson petit cavalier et vint reprendre
sa place. Alors la comtesse se retourna vers Raoul et le considéra
sans rien dire, d'un regard oblique; il y avait dans ce regard comme
un point d'interrogation.
Madame lui demanda Raoul en répondant sa pensée me
permettrez-vous de me présenter chez, vous dans une demi-heure
Certainementdit-elle avec la plus gracieuse condescendance.
Raoul venait de prendre décidément son parti et d»- se résoudre
se marier; il ne voyait aucun motif de refuser l'alliance projetée par
la comtesse. La charmante personne laquelle Mmc de Roquefa
vières voulait l'unir ressemblait assez l'idée vague qu il s'était
toujours faite de la femme qu'il devait épouser. C'était uu type
qu'il avait rencontré cent fois daus le monde; toutes les jeunes filles
qu'il apercevait dans les quadrilles du bal ou aux sermons de l'abbé
de Uavignan étaient élégantes,modestes, gracieuses et fières comme
celle-là.
(La suite au -prochain n*.)