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quelques pauvres honteux, qui n'osent solliciter
aucun secours.
Il a été déciilé que ce secours extraordinaire
serait destiné procurer aux personnes néces
siteuses delà ville, la possibilité d'acheter prix
réduit de la viande de bœuf.
Déjà une première vente a été faite hier et
il résulte des calculs établis la suite de cette
première opération, qu'une quantité de 3",700 k.
de viande de 2e qualité pourra être vendue au
prix de 60 c. le k. et que la somme versée par
la Société des Chœurs suffira pour combler le
déficit résultant de la vente de celte quantité
prix réduit.
Grâces soient donc rendues aux amateurs et
aux artistes qui, en offrant nos dilettanli un
concert charmant, ont procuré 1800 familles
indigentes une nourriture laquelle elles
n'étaient plus habituées depuis bien longtemps.
Communiqué
La musique du 10e régiment de ligne jouera
demain, 20 c1. de 6 7 1/2 heures du soir, au
l'arc, en ville.
Des troubles ont eu lieu Gand, mais il pa
raît que les bruits qu'on a fait circuler hier en
ville étaient très-exagérés. Les journaux de
Gand de ce matin, sans atténuer la gravité des
faits qui ont eu lieu, réduisent cependant sin
gulièrement les proportions qu'on donnait aux
troubles dont la ville de Gand a été le théâtre.
of n iiii
Gand, 18 Mai.
Depuis hier malin de petits attroupements se
Formaient dans quelques rues de notre ville et on
disait ouvertement que l'on pillerait le soir les
boulangers. Déjà dans l'après-midi tous les bouti
quiers du centre de la ville fermaient leurs portes
et fenêtres.
Vers 5 heures d» relevée, les attroupements de
venaient plus compacts, et bientôt des carreaux de
vitre furent cassés chez le sieur De Smet, boulanger,
demeurant au coin de la rue de l'Étoile et du marché
aux Grains. La police intervint et les deux gamins
qui s'étaient rendus coupables de cette violence,
lurent arrêtés et conduits avec la plus grande peine
la prison. La populace voulut les délivrer, mais
grâce l'énergie de M. le commissaire de police
Verhulat, force resta la loi.
Bientôt et avec une rapidité que nous ne pouvons
nous expliquer, diverses boulangeries situées dans
différents quartiers de la ville furent attaquées et
pillées. La boulangerie dite de Valke, marché au
Vendredi, côté de la balle aux toiles, fut littérale
ment saccagée, et les vitres du haut et du bas de la
maison brisées. Un autre boulanger, marché au
Vendredi, fut également en butte une agression
violente. Puis la foule se porta rue S'-Georges, ou
elle brisa les volets du boulanger Bernaert, et pilla
le pain et le dessert dont elle put se rendre maî
tresse. Un autre boulanger, même rue, distribua du
pain la foule et parvint l'écarter. Un troisième,
demeurant au-delà du pont S'-Georges, eut égale
ment subir les agressions de la foule.
En même temps de semblables violences eurent
lien au Vieux-Bourg rue des Champs, rue des
Rémouleurs,et un peu plus tard rue Haute, rue
digue de Brabant, rue de Courlrai, rue longue de la
Vigne, etc. D'antres maisons eurent également
souffrir des excès de la foule composée en grande
partie de gamins excités par d'autres individus.
Non, mère personne, répondit-elle d'une voix faible.
Tu hs marché trop vite, tu t'es essoufflée, tu n'eu peux plus, con
tinua la vieille femme. Allons! quitte tes sabots et repose-loi.
Par un mouvement irréfléchi, une habitude de savoir vivre qui
fit sourire la mère Moinaud, Raoul s'était levé pour offrir son
tabouret la jeune fille; c'était, sans compter la chaise boiteuse de
M** Moinaud,! uniquesiégequ'il y eut dans la mansarde. Maguette
n'eut garde d accepter, et tirant le coffre rangé dans un coin, elle
•'assit sur le couvercle bombé et avança ses mains au-dessus du
fourneau avec un geste frileux. Raoul avait adoré et baisé dans sa
vie bien des mains blanches et mignonnes, mais il n'en avait jamais
vu d'une forme si pure et si parfaite il n'avait jamais rien vu de si
beau que ces mains longues, étroites et fines étendues sur les flancs
Vernissés de l'ignoble marmite de terre brune, posée sur le fourneau.
Absorbé dans ses impressions, il répondait peu près au hasard aux
discours de la mère Moinaud qui lui ta ou tait avec une reconiiais-
san - expansive tous les bienfaits du docteur.
Maquette avait ce jonr-iè ur sa tête un horrible fichu vert-gai,
«huit la M;ance criarde blêmissait les tous suaves de sa peau, et far-
sai ressortir ie uob brillant des deux meehes de cheveux roulées
autour du lobe délicat de ses oreilles.
()uVs'-ce que tu as donc fait? dit tout coup Mm* Moinaud
en la considérant, voilà ce que c'est que de s'habiller s-ms lumière,
i*% tout ce qui v »us tombe sous la ruaiu! Tu t'es coiffée avec le ri
deau de la fenêtre 1
Pas p<>-• blc fit la jeune fille en se tournant vers un débris de
Tel est le résumé des actes de violence qui ont
été commis. Pendant que leur perpétration avait
lieu M. le bourgmestre avait mis sur pied un
détachement du corps des sapeurs-pompiers ce
corps était consigné, en vue des désordres, depuis
neuf heures du matin; et nous ne pouvons nous
expliquer comment, avec l'appréhension qu'il avait
de désordres probables, le collège des bourgmestre
et échevins ne s'est pas adressé, dès le mat in aussi,
l'autorité militaire pour qu'une semblable mesure
fût prise l'égard de la troupe. Quel que soit le
motif de cette imprévoyance, toujours est-il que
le réquisitoire de l'autorité civile n'a été remis au
bureau du commandant de la place qu'à sept heures
et demie du soir. L'autorité militaire s'est mise im
médiatement en devoir d'y obtempérer; elle a
prompteinent réuni les militaires dispersés et une
heure après, les cuirassiers et l'infanterie débou
chaient sur la place de l'hôtel-de-ville.
11 est vrai de dire que, depuis six heures et demie,
sept gendarmes cheval, commandés par M. le major
Somers et M. le capitaine Lebeau, se trouvaient sur
le marché aux Grains où les rassemblements étaient
les plus tumultueux. Avec une fermeté qui n'ex
cluait pas la prudence, la gendarmerie a maintenu
sur ce point pendant plus de deux heures l'ordre et
a empêché toute atteinte aux propriétés. Plus d'une
fois, cependant, des pierres ont été lancées; plu
sieurs ont atteint le major Somers et ses hommes.
Heureusement aucun d'eux n'a été blessé.
De fortes patrouilles de cuirassiers et d'infanterie
ont été de suite envoyées dans les différentes direc
tions; malheureusement, presque partout où elles
arrivaient, le mal était fait, et les perturbateurs
s'étaient retirés. Dans la rue de Savon, un capitaine
des cuirassiers a arrêté un individu qui sonnait
toutes les portes en exigeant de l'argent. On nous
a dit que cet individu est celui qui a été condamné
pour avoir maltraité un prêtre espagnol.
Nous devons des éloges la conduite des troupes
énergie et prudence l'a caractérisée; elles ont rendu
de grands services l'ordre public.
Plusieurs soldats tant cuirassiers que delà troupe
de ligne et des pompiers ont été blessés par les
pierres qu'on leur a lancées.
Dès que les attroupements prirent un caractère
hostile, les diverses autorités se sont réunies l'Iiô
tel—de—ville. Nous avons remarqué M. le procureur-
général Ganser, M. le procureur du roi De Saegher,
M. l'avocat-général Coiinez, M. le substitut du
procureur du Roi De Wylghe, M. Tiers, juge d'in
struction, M. Desmaisières, gouverneur de la pro
vince, M. le bourgmestre, etc.
Le lieutenant-général Clump, les généraux-
majors Lehoulle et Duroy, le commandant de place
Van de Poele, etc., ont déployé dans ces circon
stances la plus grande activité.
A minuit les soldats étaient encore sur pied;
mais les excès avaient cessé partout. Vers minuit,
lin arrêté a été pris, et ce matin il a été publié.
Mardi.Ce malin de? rassemblements se sont
formés sur plusieurs points; et là les scènes de
désordre d'hier ont recommencé, mais la troupe de
ligne et la gendarmerie ont prompltment dispersé
les perturbateurs.
Des agressions ont été faites plusieurs fabriques,
où les pillards voulaient empêcher la continuation
du travail.
Le conseil communal est convoqué d'urgence
pour ce malin 10 heures.
Hier, midi, en vertu d'un ordre de M. le bourg
mestre les commissaires de police Verhulst et
Verbeke ont changé le service de leurs sections.
De fortes patrouilles de la troupe de ligne et des
cuirassiers circulent partout.
miroir incrusté dans la muraille.
Tu vois, reprit la mère Moinaud j'aurais dû m'en apercevoir
plus tôt mes propres yeux que ce grand jour aveugle.
Un moment après, Maguette se leva et sortit. Raoul comprit que,
par un inslinot de naïve modestie, la pauvre enfant n'osait se re
coiffer devant lui. En effet, elle reparut bientôt le fichu vert la
main et ses longs cheveux roulés autour de sa tête nue. Elle monta,
sans rien dire, sur le coff're, et se hissant ainsi jusqu'à la fenêtre
tabatière, percée dans le toit, elle entreprit d arranger le rideau.
Mais, dans ce mouvement, ses cheveux mal arrangés se dénouèrent,
et iuondant ses épaules, se déroulèrent jusqu'à ses pieds. Jamais
reine ou impératrice ne se couvrit d'un voile plus riche, plus magni
fique, et l'immortelle chevelure que l'Égyptienne Béréuioe coupa sur
l'autel de Vénus n'était certainement ni plus longue, ni plus soyeuse,
ni plus noire, que celle de Maguette Moinaud. Si Raoul eût rencon
tré dans le moude une femme aussi splendidement belle, il n'aurait
certes pas dissimulé son admiration il l'aurait témoignée aveo
enthousiasme. Mais, en présence de ce divin visage, il concentra
son impression et ne se permit pas même un mot, un signe qui pût
faire supposer la mère Moinaud qti il remarquait que Maguette
avait une tête de madone, une taille, un port de reine. Au lieu de
la regarder encore et toujours, il se détourna d'uu air froid, et dit
la vieille femme
Je vous ai promis de faire apprendre, sous vos yeux, un état
cette enfant bientôt dès que vous serez entièrement rétablie, il
faudra commencer vos petits arrangements.
La gendarmerie a arrêté prè3 de la place des
Fabriques deux individus qui s'étaient emparés de
pains dans une boulangerie.
Le nombre des arrestations s'élève dix-huit.
M. le juge d'instruction Fiers a commencé dès ce
matin l'enquête.
La uuit du mardi au mercredi s'est passée tran
quillement et ce matin, 19 Mai, aucune apparence
d'émeute ne se fait remarquer. Tout symptôme de
trouble a disparu.
CHRONIQUE ÉLECTORALE.
C'est la ville de Gand qui doit porter !e grand
coup aux élections prochaines. C'est elle qui
décidera le résultat de la lutte. Si elle parvient
faire adopter les sept candidats libéraux qu'elle
a choisisle parti catholique sera obligé de
quitter le pouvoir. Toutes les villes importan
tes du royaume auront alors accompli leur
révolution électorale, et il faudra bien, bon
gré, malgré, suivre l'impulsion qu'elles auront
imprimée au pays. Le ministère actuel le sait.
Aussi tous ses efforts sont-ils dirigés vers Gand;
mais quand on compare la liste des candidats
libéraux la liste des candidats cléricaux, il est
plus que probable que ses efforts échoueront
devant le patriotisme des libéraux gantois.
Association libérale de sions. Voici le résul
tat du scrutin la presqu'unanimité des suf
frages MM. Dolez (Hubert), député sortant;
Lange (Hyppolyte), idem; Sigart (Joseph),
idem; Rousselle (Charles), président du conseil
provincial.
En présence d'une manifestation aussi una
nime, dit le Modérateur, il n'y a point le moindre
doute élever sur la réussite de ces quatre can
didatures, et nous aimons croire que les
élections du 8 juin confirmeront entièrement
des choix qui satisfont si complètement l'opi
nion libérale, en même temps qu'ils assurent
la défense des intérêts si graves et si nombreux
de notre arrondissement.
M. le général Goblet a adressé la lettre sui
vante aux journaux libéraux de Tournay
Jusqu'à ce jour je n'avais entrevu aucun
motif qui pût m'empêcher d'accepter la candi
dature que les électeurs du district de Tournay
veulent bien m'offrir mais des circonstances
nouvelles me déterminent y renoncer.
Je viens en conséquence vous prier de faire
connaître ma réponse par la voie de votre
journal.
J'ai cœur d'exprimer en même temps com
bien j'ai été sensible au nouveau témoignage
de confiance que mes concitoyens se prépa
raient me donner, et aux marques de sym
pathie dont j'ai été honoré dans cette occasion.
Je vous remercie, M. le rédacteur, de l'appui
que vous avez bien voulu prêter ma candi
dature et vous prie d'agréer l'expression de
mes sentiments les plus distingués.
Bruxelles, le 12 mai 18i7. Comte Goblet.
société de l'alliance.
La société de I Alliance s'est réunie vendredi,
en assemblée générale la moitié de ses mem
bres y assistaient.
A l'ouverture de la séance, M. Bartels a rendu
compte des tentatives faites pour amener la
Ils ne seront pas longs, mon bon monsieur, répondit la mère
Moinaud avec uu soupir; quand la santé sera revenue, je serai
bientôt prêle.
11 faudra aussi me dire l'état que vous voudriez donner voire
fille, reprit Raoul; vous devriez avoir là-dessus quelque idée déjà...
Mou idée serait de lui faire apprendre la reprise perdue, le
raccommodage et le blanchissage des dentelles, répondit la mère
Moinaud; dans ce travail, une ouvrière habile, tant soit peu labo
rieuse, gagne de quatre cinq francs par jour. C'est de quoi se faire
un sort, ensuite, le métier en lui-même convient Maguette pour
trois raisons: la première, c'est qu'elle n'aura point d'avances
faire; avec un écheveau de fil de cinq sous on raccommode une den
telle de cinq oents francs; la seconde raison, c'est qu'elle pourra
travailler seule chez elle, et la troisième, monsieur, c'est qu'elle
n'aura affaire qu'à des femmes.
C'est fort sensé ce que vous dites là. Est-ce que vous avez
exercé vous-même cet état que vous semblez bien connaître
demanda Raoul, toujours préoccupé de lidîe que Mme Moinaud
n'avait pas toute sa vie balayé les pavés de Paris.
Non, monsieur, répondit-elle, mais j'ai fait gagner autrefois
bien de l'argent ma blauch'sscuse de dentelle*.
Cette réponse semblait si comique dans la bouche d'une vieille
femme, vêtue d'un casaquiu d'indienne tout rapetassé et coiffée
d'un mouohoir, oouleur jauuc d'oeuf, que Raoul ne put s'empêcher
de sourire.
Ça touj parait étrange, monsieur, continua la mère Moinaud;