3
fusion de la société avec VAssociation libérale;
il a proposé l'ajournement de toute tentative
nouvelle jusqu'après les élections. Celte pro
position a été adoptée la presqu'unanimilé.
M; Jalheau ayant proposé d'ajourner le choix
des candidats pour les élections jusqu'à ce qu'on
se fût mis d'accord avec ['Association, la société
maintenant la déclaration qu'elle venait de
prendre, a passé outre, et a procédé immédia
tement au choix des candidats.
Voici quel a été le résultat du scrutin
Nombre des volants 265.
Candidats de l'Alliance pour la Chambre
des Représentants. MM. le lieutenant-colonel
Eenens et le conseiller ïielemans, qui ont
réuni, le premier 263, le second 262 suffrages.
Candidats pour le Sénat. MM. Dindal
sénateur sortant, 265 suffrages Van Schore,
membre du conseil général des hospices, 265;
Stiellemans, 263; Van Muyssen, ancien séna
teur, 263; et le chevalier Wyns de Raucourt,
bourgmestre, 237.
L'assemblée s'est séparée 10 heures.
On lit dans la Feuille d'Ostende
Le collège électoral du canton d'Ostende est
convoqué l'effet d'élire un conseiller provin
cial en remplacement de M. Prosper Massez,
décédé.
Il parait certain que M. Jean Brasseur, né
gociant et vice-président de la chambre de
commerce Oslendeinvité par un grand
nombre de ses amis se laisser porter candidat,
s'est rendu leurs désirs et accepterait celte
fonction s'il y était nommé.
Nous sommes informés que M. le baron de
Peuthy sénateur nommé par le district de
Louvain, se retire des affaires publiques et re
nonce unenouvelle candidature pour le Sénat.
[Journal de Bruxelles.)
Les avis que nous ont apportés depuis deux
jours les correspondances particulières et les
journaux sur l'état des derniers marchés de
grains, sont plus satisfaisants que ceux de la
semaine dernière et permettent enfin d'espérer
que le maximum des prix a été atteint. Sur la
plupart des marchés, il y a même eu un com
mencement de baisse. A Anvers, Bruxelles,
Alosl, Gand MalinesHasselt, Poperinghe,
Ypres, Audenarde, Mons, Tournay, Thielt et
Verviers les prix ont fléchi, surtout sur le fro
ment. A Louvain, Bruges et Namur, les prix
sont restés fermes, et il n'y a eu de hausse
nouvelle qu'à Sl-Nicolas.
PROHIBITION DE LA VENTE DES GRAINS EN VERT.
Lois des 6 et i'à messidor an III.
Un décret, en date du 6 messidor an m,
prohibe, sous peine de confiscation, la vente
des graius en vert, pendants par racines. Un
autre décret du 23 messidor an m, trace les
limites dans lesquelles ce décret est applicable.
La question a été agitée de savoir si les dis
positions de ces décrets étaient encore obliga
toires et si elles pouvaient être appliquées en
Belgique.
M. le ministre de la justice, consulté sur ce
point par le département de l'intérieur, vient
de prononcer pour l'affirmative. Cette opinion
est basée sur celle de tous les auteurs qui se
sont occupés de l'examen de cette question, et
particulièrement sur celle de Merlin, dont les
arguments paraissent décisifs.
Différents arrêts des cours royales de France,
et notamment des cours de Montpellier et de
Bourges ont été rendus dans ce sens.
11 n'est pas non plus douteux que ces lois
soient applicables la Belgique, et que, par
conséquent, la question se présente chez nous
avec les mêmes éléments qu'en France, puisque
les décrets des 6 et 23 messidor ont été légale
ment publiés dans les neufdéparlements réunis,
par un arrêté du directoire exécutif du 7 plu
viôse an 5.
On écrit de Liège, le 15 mai:
Le valet de pied dé la Beiue qui a subi, il y
a trois jours l'opération du trépan est mort
hier l'hôpital de Bavière. Cet homme s'appe
lait Van Damme et appartenait une ancienne
famille noble aujourd'hui déchue.
t
Nous apprenons avec une vive satisfaction,
qu'un Te Deum solennel sera chanté la ca
thédrale de S'-Bavon, le dimanche de la Pente
côte, l'issue de la messe pontificale, 11
heures, pour remercier le Seigneur de l'heu
reuse conservation de S. M. notre auguste et
bien-aimée Reine, dans la catastrophe d'Ans.
NOUVELLES DIVERSES.
Les troubles ont cessé Lille, grâce aux
mesures énergiques prises par les autorités, et
aux nombreuses patrouilles de la gendarmerie
et de la garde nationale; mais il paraît que les
émeuliers se sont rebattus sur les campagnes
où ils ont commis quelques excès. Il y a eu
quelques troubles Wazemmes, mais ils n'ont
pas eu beaucoup de gravité.
Dans l'audience du 14 mai du tribunal
correctionnel de Gandle nommé Pierre-
Jean Coussens, de Strypen a été condamné
trois mois de prison, 500 francs d'amende et
aux frais du procès, pour avoir fait hausser le
30 avril au moyen de sur-offres les œufs expo
sés en vente au marché de Gand.
L'autorité judiciaire de Bruxelles vient de
donner un exemple qui portera des fruits salu
taires et que nous recommandons aux autorités
des lieux où la tranquillité publique pourrait
être troublée. Grâce l'activité du parquet de
Bruxelles, le tr ibunal correctionnel a déjà jugé
le 16, neuf individus arrêtés dans les désordres
qui ont agité ces jours-ci la capitale. Quatre
d'entre eux ont été condamnés, savoir Miehiels,
deux ans de prison Forlon et Godsbeels 18
mois et Foret un an de la même peine, et
chacun en outre une amende de 100 francs.
Les cinq autres ont été acquittés.
On lit dans le Courrier de la Gironde
du 12 mai
Une nouvelle grave est arrivée ce malin
Bordeaux. On a appris que la reine de Portugal
avait positivement quitté Lisbonne et qu'elle
s'était réfugiée bord d'un bâtimet de guerre
anglais en station dans le Tage.
L'Univers annonce que la majorité de II
commission chargée d'examiner le projet de loi
sur l'instruction secondaire, a rétabli pour tous
ceux qui veulent se livrer l'enseignement,
l'affirmation par serment de n'appartenir
aucune congrégation religieuse.
Londres, 14 mai.
La séance de la chambre des communes
d'hier a été marquée par un incident assez
étrange. Un membre irlandais, sir II. Barron,
a présenté une motion tendant ordonner une
enquête sur l'état des pêcheries en Irlande, en
vue de s'occuper d'améliorer le sort d'une in
dustrie qui occupe un grand nombre de bras
dans cette contrée et qui manque tout-à-fait
d'encouragements: l'industrie de la pêche. Celle
motion avait été favorablement accueillie par
plusieurs membres influents de la chambre;
mais elle a été combattue par le cabinet dans
la personne de M. Labouchère, secrétaire pour
l'Irlande. Alors sir H. Barronvoyant que la
chambre était presque unanime pour approu
ver ses vues, a demandé de pouvoir retirer sa
motion. C'était une conséquence fort peu logi
que du principe qu'il avait posé aussi plu
sieurs membres se sont récriés en déclarant
qu'ils s'opposaient ce que la motion fût reti
rée. Parmi ces derniers se trouvaient lord
George Benlinck et M. d'Israfiliqui ont vive
ment reproché sir H. Barron d'avoir joué une
véritable farce au sein du Parlement. Sir H.
Barron a persisté vouloir retirer sa motion
par le motif qu'on voulait en faire une question
de parti. Enfin la chambre a passé la division
et a autorisépar 73 voix contre 22, le retrait
de la motion d'enquête.
Madrid, 10 mai.
Hier, vers 9 heures du soir, une double dé
tonation a été entendue la Puerta Del Sol,
aussitôt le public s'est précipité vers l'endroit
d'où le bruit paraissait être parti, et il a été
reconnu <^ue deux pétards venaient d'être tirés;
sans que l'on ait pu savoir par qui.
Une certaine agitation a régné pendant plus
d'une heure, et naturellement la conversation
générale abondait en allusions la doub'e dé
tonation récemment entendue devant la douane
et qui a motivé l'instruction non encore terminée.
L'autorité s'est empressée de donner l'ordre
plusieurs patrouilles de sortir. La garde de
l'hôtel des postes a été doublée. Quelques
précautions extraordinaires ont été prises, mais
la population n'a pas lardé rentrer dans le
calme le plus parfait, et la soirée s'est bien
passée.
La chambre des lords, dans sa séance du
14 mai, a, sur la proposition du marquis de
Lansdowne, rejeté, par 54 voix contre 42,
l'amendement de lord Monteagle, qui avait été
adopté en comité et qui avait pour but de ren
dre temporaire, au lieu de permanent, le bill
pour le soulagement des pauvres en Irlande.
Sir Charles Napier est décidément nommé
au commandement de la flotte anglaise dans le
Tage. Le brave amiral a reçu ordffe d'arborer
immédiatement son pavillon bord du Saint-
celle enfant aussi me regarde d'un air étonné; c'est qu'elle ne se
sourient pas du temps où nous demeurions rue des Lombards,
l'enseigne du Grand-Pacha.
Vous étiez daus le commerce
Oui, par malheur, répondit la vieille feraiiie, d'une toit altérée
et avec l'émotion d'une personne qui se rappelle tont-à-coup des
événements presque oubliés, des choses dont elle n'a pas parlé
depuis longtemps telle que vous me voyez j ai été heureuse dans
ma jeunesse j ai porté des dentelles et des oachemires français.
Une mauvaise pensée traversa l'esprit de R-aoul il regarda la
mère Moinaud et chercha deviner sous ses rides quelque trace de
beauté; mais c'était décidément une de ces laideurs carrées aux
quelles la fraîcheur de la jeuuesse ne prête qu'un médiocre charme.
J'avais un hou mari, qui gagnait tout cela, reprit la vieille
femme, comme si elle eût répondu la pensée de Raoul l'on faisait
des recettes de deux cenfs francs par jour au Grand-Pacha c'était
le temps où les femmes savaient marcher avec des souliers de
prunelle et traverser tout Paris un jour de pluie, sans faire une
ruouche leurs bas nous chaussions tout le quartier des Halles...
Ah! M. Moinaud était cordonnier interrompit Raoul, auquel
ces détails causaient un secret malaise.
Oui, monsieur, c'était son état de père en fils, et j'ose dire qu'il
n'y avait pas dans les beaux quartiers de boutique mieux assortie
que la nôtre. Pendant vingt années cela prospéra? nous avions
amassé de quoi vivre, sans travailler pendant nos vieux jours mais
l'ambition vint Moinaud il crut qu i! pourrait devenir richej
il entreprit des affaires au-dessus de sa capacité, et un beau matiu il
se réveilla ruiné. Par bonheur ii s'en était aperçu temps tous ses
créanciers furent payés; la vérité il ne lui restait plus rien; mais il
lie devait rien personue. C'est alors que nous allâmes demeurer
rue aux Ours, dans une petite boutique où mon pauvre homme
gagnait encore sa vie et nous aurions fini par prospérer si la maladie
n'était pas entrée chez nous au moment où la pauvreté commençait
en sortir. Mon mari resta malade pendant dix mois, et au moment
où je le croyais sauvé il mourut. Sauvé il l'était en effet, it était
sauvé des misères de ce monde. Vous concevez qu'il n'y avait pas
moyen de se relever de ce coup-là je payai toutes mes dettes;
heureusement ça fut possible en vendaut tout ce que je possédais,
tout absolument; ensuite je m'en allai avec Magueltc, sans savoir ce
jue nous deviendrions. Eilé était encore toute petite et marchait
oucement, de manière qu'il nous fallut la moitié d'un jour pour
aller de la rue aux Ours Clichy.où je comptais trouver une per
sonne qui peut-cire aurait pu nous prendre chez elle. Je m'en sou-
vieus comme si c était hier. Il faisait un temps de neige et de
brouillard, un mauvais temps. Je portais sous mon bras ce coffre,
qui n'est pas gros, mais qui est lourd; de l'autre main je teuais
Maguette; la pauvre petite était lasse elle avait froid elle avait
faim peut-être et elle pleurait. A h monsieurj'ai eu bien des
mauvais jours dans ma vie; maiscelui-la a été le plus mauvais. Si je
ne trouvais pas travailler le soir même, le lendemain il fallait
demander l'aumône; je n'avais plus rien, rieu...
ce mot, Raoul tourna involontairement les yeux sur la mcmtre
1
suspendue au -chevet du lit: la possession de cet objet semblait
impliquer de [contradiction le récit de la mère Moinaud. Elle s'en
aperçut et reprit
J'avais cette belle montre d'or, il est vrai j'avais aussi cd
coffre; mais tout cela n'était pas moi, et j'aurais mendié plutôt
que de le vendre... Nous éiions dono sur le boulevard extérieur,
quatre beureS"4« soir. Il faisait un froid de loup, et il y avait du
verglas. Je vis sur la chaussée uue troupe de balayeurs l'ouvrage,
et je m'approchai d'eux précisément, oette brave femme que
j'allais chercher Clirhyla mère de Pierre Pierrot, était là avec
sou garçounet, qui travaillait aussi. Il s'agissait d'enlever avant la
nuit des tas de neige congelée; les bras mauquaient. L'on m'offrit
de gagner ina pièce de dix sous, et je nie rais la besogne... C'est
ainsi que j'ai commencé...
Maguette écoutait ces détails avec un intérêt qui prouvait bien
qu'ils étaient nouveaux pour elle, et que jamais sa mère ne lui avait
parlé dés prospérUéset des misères passées. Quanta Raoul, il avait
prêté au récit de la vieille fe nrrïe uue péuihle attention; ce mélange
de faits vulgaires et touchants lui causait une impression étrange; il
ne pouvait concevoir que Maguette fut la fille d'un cordonnier, ët
s indignait contre le sort qui remplissait ce monde de si bizarres
disparates.
Après une visite assei longue, il se retira mécontent, inquiet
bouleversé, et en s'en allant, il prit la sage résolution de ne plu*
revoir la belle Magueltc avant son mariage avec M11* de Nauleuil*
{La suitau prochain