Courtkai, 15 juin. Au marché d'hier, le
froment a subi une nouvelle hausse que la
mercuriale porte quatre francs l'hectolitre.
4c l'arrondissement d'Ypres, chargé de la faire
notifier immédiatement aux parties intéressées et
d'en donner avis l'autorité locale.
Fait Bruges, en séance du 28 niai 1847.
Pour la députation permanente
Le Greffier, Le Président,
(Signé) Ch. Devaux. (Signé) Cu De Muelenaerk.
Les considérants de celte décision ne sont
pas l'abri de toute critique. Le premier moyen
allégué était la non-validité d'une déclaration
supplémentaire quand le rôle n'est rendu
exécutoire qu'au mois de juillet suivant et dont
par conséquent celui qui veut être électeur ne
peut se prévaloir, pour parfaire le cens. D'ail
leurs il faut justifier le payement du cens par
des extraits des rôlesdes quittances et des
avertissementsla loi ne parle pas des décla
rations supplétives ou autrescomme moyen
de preuve. Si le second moyen n'eut dû être
accueillinous soupçonnons fort la députation
permanente d'avoir eu la velléitésur le rap
port du commissaire d'arrondissement, de
donner une entorse la loi,»pour maintenir sur
la liste un ardéliou dévoué.
Démarquons en outre que uulle part dans
celte pièce, le sieur Geldof n'est qualifié de
secrétaire de la commune de S'-Jeau, car il eut
été trop criant de laisser passer sans punition
un faux administratif aussi patent. En ne lui
donnant pas la qualification de secrétaire de la
commune, l'autorité supérieure innocente im
plicitement de la part de ses agents un acte
aussi coupable que celui de créer sciemment
des faux électeurs. Si nous sommes bien infor
més, tous les ans le nom du sieur Geldof a
figuré sur les listes électorales, et ce n'est
qu'en 18-56, qu'il a payé au profit de l'état des
contributions assez élevées pour atteindre le
•cens. Sous le gouvernement vertueux et moral
par excellence, tous les fonctionnaires sont des
petits saints, dont les actes sont œuvres pies,
quand même ils y ajouteraient pour leur don
ner de la saveur, un grain d'hypocrisie, de
fraude, de calomnie, ou autre ingrédient tjus-
deni farinœ.
Ce matin, cinq heures, est entré en ville,
un convoi de blé composé de 7 grandes voi
lures chargeant environ 40,000 kilogrammes.
Ce froment, acheté Anvers par l'administra
tion de notre ville, était arrivé vendredi soir
Courtrai. L'administration des douanes la
quelle nous ne pouvons donner trop d'éloges,
non-seulement a autorisé la circulation durant
la nuitmais encore a fait escorter le convoi
par des douaniers.
L'arrivée de ce convoi qui^ationnait sur la
GrandTlace durant le marche, a eu une heu
reuse influence sur les prix. Malgré la hausse gé
nérale les prix sont restés presque slalionnaires.
Le froment blanc s'est vendu l'hectolitre,
de fr. 40 44-40, prix moyen fr. 42-20.
Le froment roux, de fr. 38-40 44-40, prix
moyen fr. 41-40. Le seigle, de fr. 29-60
32, prix moyen fr. 30-80.
Sans l'activité intelligente de notre régence
le prix des grains eut augmenté de 8 10 fr.
l'hectolitre.
Honneur et reconnaissance l'administration
communale de la ville d'Ypres
La retraite du cabinet a été décidée avant le
départ de M. le ministre de l'intérieur. Les
pièces concernant les affaires courantes lui
seront envoyées dans le Limbourg.
Quoique le Moniteur se taise, on peut re
garder le cabinet comme dissous.
1 iwllj0l>«^—-
Le cabinet De Theux se relire. Voilà le seul
fait incontestable jusqu'aujourd'hui.
Le roi dont la santé se rétablit, est encore
souffrant cependant. Il n'a, jusqu'aujourd'hui,
reçu aucun des personnages politiques qu'on
désigne pour former une administration nou
velle.
fois, se trouver appelée résoudre celte grave
question, en fixant la véritable portée des lois
de 1831 et 1843.
Des doutes existaient sur les dispositions de
la commune de Denderhaulem, qui compte 26
électeurs; le 31 mai l'un des candidats cléri
caux s'y est rendu, il a demandé l'administra
tion communale si elle n'avait pas besoin de
secours pour ses pauvres. La réponse était pré
vue: une pétition a alors été faite, le candidat
s'en est chargé, il est venu Bruxelles, et 4
jours après, il rapportait dans la commune un
arrêté en date du 3 juin, accordant un subside
de mille francs.
1 fi 1
LISTES ELECTORALES.
La députation permanente de Liège a été
saisie de ceul-cinquante-quatre pourvois élec
toraux.
Quatre-vingt-douze électeurs indûment ins
crits ont été rayés. Dans ce nombre, il y a neuf
bourgmestres et treize échevins.
La députation a décidé en principe qu'il
fallait posséder les bases du cens, et, par un
arrêté interlocutoire, a admis dans huit affaires
l'appelant administrer la preuve des déclara-
lions de contributions fictives qu'il reprochait
aux intimés.
L'appelant a fait alors dresser des actes de
notoriété dans les communes où les fraudes
avaient été pratiquées, et, sur le vu de ces piè
ces, la députation, après avoir admis la preuve
contraire de la part des intimés, a accueilli sept
de ces huit pourvois.
Deux autres inscrits ont encore été rayés du
chef de non-possession des bases du cens mais
comme ces deux individus n'avaient pas eu la
témérité de dénier les faits articulés dans le
pourvoi, l'appelant ne s'est pas trouvé dans la
nécessité d'en administrer la preuve la dépu
tation les a tenus pour constants.
En résumé, neuf électeurs ont été rayés pour
déclarations mensongères d'objets soumis la
contribution personnelle. M. le gouverneur a
cru devoir se pourvoir en cassation dans ces
neuf affaires.
La cour suprême va donc, pour la première
Une petite mystification qui a son côté plai
sant, a été ourdie Gand, par un partisan des
vaincus aux élections du 8 Juin. Une chanson
imprimée, que l'on dit être une satire violente,
a été annoncée par le Messager, en vente, au
prix de dix centimes, chez le libraire Duquesne,
sous le titre de Triomflied op de kiezingen van
Gent, door Pier Van Scherpenooghe en Jan
Zelfdenker twee toare vaderlanders. Ce titre
bien propre piquer la curiosité, et l'insertion
au Messagerattirèrent aussitôt une foule
d acheteurs chez le libraire, et le pamphlet acquit
une grande publicité avant que l'on s'aperçut
qu'il était dirigé contre les libéraux. L'Organe
des Flandres prétend que la saisie en a été opé
rée par les ordres de M. le bourgmestre! m£ds
cela ne nous parait pas vraisemblable nous
admettrions plutôt, que la saisie en a été faite
par l'autorité compétente, pour défaut de nom
d'imprimeur ou d'auteur.
On soupçonne l'auteur de la chanson de
loensche pikettersd'avoir voulu donner celte
fiche de consolation M. Desmaisières.
11 parait hors de doute que la spéculation
s'exerce sur les provisions du marché et il n'est
pas moins certain que le blé, que tout le monde
dit et croit y ctre exposé et vendu pour compte
de l'administration communale, prix réduit,
fournit Un aliment fructueux cette spécula-
lion et donne lieu des manœuvres odieuses
au peuple, malgré les principes de la liberté
du commerce consacrés par les lois, car ces
manœuvres, telles par exemple, que l'achat et
la revente au même marché, ont pour effet
certain et inévitable de faire renchérir la sub
sistance de toute la population de la ville, au
moins pendant une semaine. Des manœuvres
de cette nature, prétend-on, ont été pratiquées
au marché d'hieret les agents de police ont
saisi six sacs, signalés comme présentés la
revente un prix plus élevé. On ne sait pas
au juste ce qui eu est, mais on assure que l'ad
ministration a résolu de faire poursuivre les
propriétaires ou acheteurs de ce grain comme
accapareurs.
Ce malin, beaucoup de boulangers n'avaient
pas de pains vendre au prix du tarif, la mer
curiale n'étant arrêtée et publiée qu'à midi.
Cependant le pfllage d'une boulangerie, samedi
soir, Anvers, n'a pas eu, dit-on, d'autre cause.
Nous apprenons que le tarif n'a accordé
aucune augmentation sur le pain de ménage,
le pain blanc est seul augmenté d'un centime.
[Chronique.)
On lit dans le Journal d'Anvers:
Un boulanger de cette ville qui a formé une
et cela, ce soir même. Je vais vous emmener...
01»'. si le bon Dieu avait voulu me prendre! murmura-t-clle
sans paraître entendre ce que lui disait Raoul si le bon Dieu me
mettait où est ma pauvre chère mére Il me semble que ce bon
heur m'arrivera, car je me sens bien malade
Eu ce moment, une voix brève et fêlée cria au pied de l'échelle
Maguette! eh petite Maguettc, .est-ce que vous êtes toujours
là-haut toute seule?
Béni soil le ciel voilà quelqu'un que je pourrai laisser auprès
d'elle, si elle ne veut pas me suivre, murmura Raoul.
Il alla voir qui appelait ainsi Maguette c'était la ccfcicierge,
laquelle venait charitablement voir ce que la pauvre fille était deve
nue. A l'aspect de Raoul, elle ouvrit démesurément les yeux pour
manifester son ébahissemeut, et dit, avec une humble révérence:
Il paraît que monsieur connaît les êtres delà maison, il n'a
pas demandé...
Je venais pour voir cetle bonne femme qu'on a enterrée ces
jours derniers, ce qu'il paraît, interrompit Raoul mais je ne puis
121 expliquer comment, après ce triste événement, sa fille se trouve
ainsi seule, entièrement abandonnée. Oui donc a pris soin de Mmc
Moinaud pendant sa courte maladie
11 n y a eu ni maladie ni médecin, répoudit la ooncierge la
pauvre mèie Moiuaud a pa?sé de vie trépas sans s'en douter:
monsieur sait, sans doute, l accident qui \u[ était arrivé le mardi-
gras? Une chute terrible...
Oui, je sais cela, dit Raoul niais elle paraissait peu près
guérie.
C était son idée et cette pauvre enfant aussi le croyait; car
die était allée dimanche dernier dire au médecin que sa mère était
tout-a fait 1 enlise. Ce soir-la uiéiue je vis la mère Moiuaud; elle
me salua en passant devant lu loge. Le lendemain, qui était lundi
du nier, elle n'éveille pas Maguettc au point du jour comme de
coutume; cetjte enfant crut qu'elle dormait et se leva tout douce
ment pour travailler ses pauvres bardes. Au hout de deux heures,
elle s'approcha du lit pour réveiller sa mère elle l'appelle, c'était
bien inutile la bonne femme ne pouvait plus répondre...
Elle était morte! s'écria Raoul.
Et déjà froide elle avait rendu l'âme, au milieu de la nuit,
près de sa fille qui dormait... C'était des suites de ce coup la tète...
Maguette appela au secours. Je montai avec plusieurs de mes loca
taires, mais c'était Lien fini; il était inutile d'appeler le médecin.
On fit les formalités, et la pauvre mère Moinaud fut enterrée le
surlendemain. Pendant que le corps était là, Maguette s'était blottie
dans un coin, et il fut impossible d'en tirer une parole elle ne fai
sait que gémir et sanglotter. Depuis, j'ai voulu la faire descendre et
lui donner manger; mais quand je l'ai appelée, elle ne m'a pas
seulement répondu sou caractère a toujours été sauvage et, du
vivant de sa mère, elle ne s'est pas arrêtée une seule fois en passant
devant la loge; alors, la vérité, je ne lui faisais point d'avances,
mais présent, elle me fait compassion.
Eh bien, ma bonne dame, il faut m^Uider la tirer de cette
terrible situation, dit Raoul en donnant une pièce de vingt francs
la concierge cette enfant est fort malade elle a tant souffert
depuis huit jours Il faut qu'elle quitte sur-le-champ cette
mansarde. Avez-vous, dans la maison des chambres meublées?
J'ai de tout, répliqua glorieusement la concierge si monsiear
veut prendre la peiue de descendre et de venir voir...
C'est inutile, répondit Raoul allez tout préparer.
Il prit une carte dans sou portefeuille, écrivit un mot au orayou
pour le doclcur Valérion, et donna ordre de l'envoyer sur-le-chaaip;
puis il retourna près de Maguette.
-Elle était toujours là, morue, abattue, le regard Gxe et les mains
croisées sur ses genoux.
Ma chère enfant, lui dit Raoul, tous refusez de me parler;
vous ne me reconnaissez donc pas? Je venais ici voir votre pauvre
mère; elle avait confiance en moi... je lui ai promis de prendre soin
de vous. En entendant ces mots, Maguette releva la tête, regarda
fixement Raoul comme pour rappeler ses souvenirs. Fuis elle se leva
lentement, alla vers le coffre et en tira un petit paquet, qu'elle vint
mettre dans la main de M. d'Aglevilie c'étaient les trois cents
francs eu or qu'il avait donnés huit jours auparavant la mère
Moinaud.
Ce trait de naive probité émut profondément Raoul il serra la
main faible et brûlante de Maguette, eu murmurant d'un air de
reproche tendre et douloureux
Vous avez songé cela
Une heure plus tard, le docteur Valérion arriva; Maguette
s'était laissée emmener dans une des ohambres de la maison la
concierge l'avait mise au lit; elle sommeillait, et Raoul s'était retiré
dans une pièce voisine.
Je n'avais fait le miraole qu'à moitié, dit le médecin en ser
rant la main de Raoul ;j'ai prolongé la vie de octte pauvre femme,
mais je ne l'ai pas sauvée. C'était écrit Où est sa fille
Raoul le mena près du lit, après lui avoir raconté la situation où
il avait trouvé Maguette. Le médecin s'assit au chevet de la jeune
fille, l'observa longtemps et parut réfléchir
Eh bien, docteur quelles prescriptions dit Raoul avec
anxiété.
-• Pour elle, répondit le docteur, une potion calmante, et, dès
demain, un autre séjour et des occupations qui puissent la d istraire
pour vous, un voyage de plusieurs mois, mais loin des lieux où
sera cette enfant.
Docteur s'écria Raoul...
C'est mm ordinaire dit froidement le médecin: je vous
trouve aialido, et je voudrais v°us guérir venez.
[La suite au prochain n