INTERIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
T ANNÉE. - Ne 642.
On «'abonne Tpn.Es, Marché
au Beurre, 1et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE ^ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Y près. fr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro0-25
LePro
-a
JEUD!, 1" JUILLET 1847.
Tout ce qui concerne la réJae-
tion doit être adressé, Jranco,
l'éditeur du journal, Y près.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligue.
VIRES ACQDIRIT EDNDO.
Y PRES le 30 Juin.
On nousassurequeM. DeNeckere-DeConinck,
appréciant le rôle ridicule qu'il a joué dans la
dernière lutte électorale, et convaincu qu'il a
perdu toute influence dans l'arrondissement
d'Ypres, se propose de donner sa démission de
la place de commissaire de district.
Nous approuvons beaucoup cette détermina
tion, d'autant plus que M. De Neckere, après
la conduite qu'il a tenue, ne peut accepter
honorablement une fonction politique sous un
ministère libéral. D'ailleurs celle manière d'agir
est de tout point conftrme aux principes con
stitutionnels; un homme aussi dévoué que M.
De Neckere au système théocratique, ne peut
survivre politiquement parlant, la chûle de
son parti.
Nous apprenons d'une source qui nous in-
spirede la confiance, que M. le chanoine Malou
est nommé co-adjuleur de l'évêque de Bruges.
Il y a longtemps qu'on parlait vaguement du
projet d'adjoindre M. Malou au chef diocésain;
aujourd hui. si nous pouvons croire les rensei
gnements qu'on nous a donnés, il est réalisé.
BULLETIN DES SUBSISTANCES.
Du 20 au 25 Juin 1847, il est entré au port
d'Anvers, 35 navires chargés en totalité ou en
partie de denrées alimentaires.
Les importations effectuéess'élèvenlrFroment,
4,254.930 kilogr.seigle, 4,384.753; orge,
370,353; farines, 76,730; riz, 351,030.
Total, 9,437,846.
Quantités des denrées en entrepôt au 20 Juin:
Froment,2.382.259kilogr.; seigle, 1,095,246
orge, 235,364; fèves, 544,807avoine, 111,212;
farines, 826,552; riz, 126,192.Total,5,321,632.
Idem entreposées,du 20 au 25 Juin; Froment,
386.984 kilogr.; seigle, 185.722; farines,
182,322; riz, 148,918. —Total, 903,946.
Idem sorties, du 20 au 25 Juin pour la con
sommation Froment, 427,886 kilogr. seigle,
55.004; fèves, 9.324; avoine, 5.339; farines,
95>21; riz, 113,772. Total, 709,037.
Idem sorties, du 20 au 25 Juin pour le tran
sit; seigle, 12,750 kilogr.; orge, 8,750; fèves,
11.139; farines, 25,517; riz, 260. Total,
58,416.
KERMESSE GENERALE DE GAND.
La fêle a commencé celte année-ci dès le samedi
soir. L'entrée des membres allemands et belges du
Zangverbond avait mis sur pied une grande partie
de la population toutes les rues que le cortège de-
tait traverser étaient encombrées d'une foule im
mense toutes les portes, toutes les croisées se
trouvaient d'innombrables curieux. Vers 7 heures
et demie, les membres du Zangverbondprécédés
de toutes les sociétés de la ville, ont fait leur entrée
aux sons de la musique. Arrivés l'hôtel—de—ville,
ils y ont été complimentés par l'autorité com
munale.
Le soir a eu lieu une réunion au Casino, si l'on
peut appeler réunion une foule tellement compacte
qu'il était impossible de circuler dans la salle. Des
sociétés allemandes y ont chanté quelques chœurs
qui ont été beaucoup applaudis, mais moins cepen
dant qu'un discours de M. Prudent Van Duyse,
lequel n'avait que quarante-huit pages d'écriture.
Ce discours-monstre a été enterré la 7" page par
les bravos du public.
Hier tous les convois du chemin de fer étaient en
retard par la foule innombrable qu'ils nous ame
naient, et de bon matin, la ville présentait l'aspect
le plus animé. A 11 heures, a eu lieu l'ouverture du
salon d'exposition des Beaux-Arts; nous en parle
rons ultérieurement.
Les courses des chevaux constituent, comme
toujours, le divertissement favori des Gantois ce
pendant, la foule, répandue dans la plaine de S1—
De nis, était moins nombreuse que l'aunée dernière.
Les courses ont commencé l'heure fixée avec une
ponctualité remarquable dans l'ordre suivant
COURSES DE CHEVAUX.
Course dite la Poule. Prix 1000 francs, plus
100 francs fournir par les concurrents pour cha
que cheval entrant en lice. Étaient inscrits et ont
couru Karnu, a M. Breton That'sber, M. le
comte de Furstemberg AchaiaM. Wellis
Comerce, M. Carier; Dorus, Mm" la comtesse
Duval de Beaulieu MiscellanyM. Agie.
Comerce est arrivé le premier au but, suivi de près
par Karnu.
Course de chevaux nés et élevés en Belgique.
Prix de la Société, 800 francs, un tour de l'arène en
partie liée. 11 n'y avait qu'un cheval inscrit:
Protégé, Mm° la comtesse Duval de Beaulieu. Il a
fourni le trajet dans le temps fixé et a obtenu le
prix.
Course de chevaux de tout âgenés et élevés dans
le pays. Prix du gouvernement 2000 fr. Deux
lours de l'arène en partie liée. Étaient inscrits
Bruyère, M. le prince Max. de Croy; Uespus, la
Société Verviétoise; AnnibalM"" la comtesse
Duval de Beaulieu. A la première épreuve,
Bruyère a dépassé ses concurrents la seconde,
c'est Fespus, qui est arrivé le premier au but; et
la troisième, ces deux chevaux ont si bien lutté que
l'avantage par lequel Vespus a gagné le prix était
presque imperceptible.
Course de chevaux nés et élevés dans les Flan
dres. Prix de la Société, 5oo francs un tour de
l'arène en partie liée. Etaient inscrits: Brigand
M. Suys; Charlotte, M. Gabriels Uracca
M. J. Agie; Miss Black, M. Lecomte. Uracca
gagné le prix.
Derby continental. Prix de la Société, A,000 fr.
Deux tours de l'arène. Des six chevaux engagés,
trois se sont retirés et ont payé forfait ('JÔo fr.)
ont couru The Rhyne Loss, M. le comte de
Hatzfeld; Cahriio, M. le comte Cornelissen Feli-
che, la Société Verviétoise, Cabritoa remporté le
prix il était suivi de près par The Rhyne Loss.
ZANGVERBOND.
Vers 6 heures a commencé le concert organisé
par la confédération belge-allemande; le publie
qui y assistait n'était pas très-nombreux le prix
élevé des places avait écarté beaucoup de personues.
Les morceaux sans accompagnement ont été en
général bien chantés et vivement applaudis mais
ceux exécutés avec accompagnement ont beaucoup
laissé désirer.
Un incident déplorable a eu lieu entre les deux
parties du concert. Une planche s'étant détachée de
l'estrade dressée pour les exécutants, l'alarme s'est
répandue parmi les assistants; on criait que le
bâtiment allait crouler, et on s'est précipité vers les
portes dans un désordre effroyable. Vainement
quelques personnes criaient la foule qu'il n'y
avait aucun danger, la peur maîtrisait la foule, qui
fuyait de tous côtés. Il y a eu dans cette bagarre
des personues coutusionnées, d'autres qui ont eu.
leurs habillements déchirés, des chapeaux écrasés
ou perdus. Les filoux qui ne manquent jamais dans
les fêtes, ont fait main-basse sur un grand nombre
de bourses, de bracelets, de montres, etc. Heureu
sement, il ne paraît pas que nous ayons d'accidents
graves déplorer. La frayeur était cependant si
grande que des dames se sont évanouies.
La deuxième partie du concert s'est plus ou
moins ressentie de ce regrettable incident.
Vers le soir la pluie a commencé tomber et
a beaucoup nui aux fêtes champêtres de la Société
de S"-Cécile et de la Société Philharmonique. Le
bal populaire a néanmoins duré jusqu'à 4 heures du
malin.
On assure qu'un arrêté royal du 19 de ce
mois, contresigné par M. le ministre des travaux
publics, nomme définitivement M. l'inspecteur
divisionnaire Noël aux fonctions dinspecleur
général du corps des ponts et chaussées, en
remplacement de M. Teichmann, gouverneur
de la province d'Anvers. Toutefois, il paraît
qu'une restriction est attachée celle nomina
tion pour le cas où M. Teichmann cesserait
LE» ©HU2S. MAHMSUgRITS.
X. UN SIMPLE HASARD. {Suite.)
Marguerite leva les yeux au ciel en entendant ces cruelles paroles;
dans la situation où elle se trouvait, c'était ce qu'on pouvait lui dire
de plus douloureux. Pâle, épuisée, défaillante, elle tomba sur un
siège et regarda d'un œil fixe la porte qui venait de se refermer
derrière Raoul, par un mouvement machinal, elle avait saisi la main
de Mraede Nanteuil qui, debout auprès d'elle, 1 observait dans une
muette angoisse, et elle serrait cette main froide et tremblante avec
une force convuLive. Il y eut un moment de silence pendant lequel
tous les acteurs de cette scène de famille demeurèrent absorbés
dans les émotions diverses où les jetait une situation si étrange, si
imprévue. Philippe paraissait consterné de Roquefavières
faisait des gestes d'élmmement et d'indignation M. de Nanteuil se
promenait dans le salon, les mains derrière le dos, en sifflant
demi-voix, une fanfare, et Marguerite, le front appuyé sur le sein
de sa belle-mère, semblait altendrc avec une morne résignation les
questions, les reproches qu'on était en droit de lui adresser, et 1 ex
plosion de colère dont la figure sombre et irritée de M. de Nanteuil
semblait la menacer. Ce fut la comtesse qui éclata la première.
C'est inouiî... s'écr»a-t-cllc rompre de cette manière un
mariage presque concluQue va-t-il en arriver, grand Dieu je
frémis seulement d'y penser... M. d'Agleville a uue tête ardente..#
Qui sait quelles extrémités son désespoir peut le pousser
i M. d'Agleville est un homme raisonnable, répondit Marguerite
avec effort, il renoncera sans peine un mariage qui n'aurait pas
fait mon bonheur, il m'a suffi de le lui déclarer pour qu'il consentit
cette rupture.
Mais comment vous y êtes-vous décidée vous-même? s'écria la
comtesse; quel motif vous a poussée une telle résolution? pourquoi
avez-vous rompu brusquement, irrévocablement, une union qui,
vous le disiez hier encore, allait assurer le bonheur de votre vie
Je viens de le dire madame, répondit Marguerite d'une voix
faible et brève j'ai cédé un mouvement spontané. Mon cœurs'est
tout coup révolté l'idée de ce mariage près de m'eugager sans
retour j'ai élé saisie d'effroi et le courage m'a manqué pour disposer
ainsi et tout jamais de moi-même.
Et vous croyez que les choses se passeront ainsi une seconde
fois interrompit brusquement M. de Nanteuil en s'arrêlaut en face
de sa fille et en la foudroyant de son terrible regard; vous croyezque
j'accueillerai de nouveaux prétendants, pour vous donner la satis
faction de les congédier ainsi l'un après l'autre, la veille du mariage!...
Non, morbleu!... c'est le premier et le dernier caprice de ce genre
que je vous passerai... Dès demain, je reverrai la liste de ceux qui se
sont mis sur les rangs pour obtenir votre main; elle est nombreuse;
vous choisirez, je donnerai ma parole, et, par les sept cents ans de
noblesse des Nanteuil cette fois il n'y aura plus s'en dédire...
Mon père je ne choisirai personne et ne me marierai jamais
répondit Marguerite avec une énergie, dont ni M. de Nanteuil, ni
lous ceux qui la connaissaient ne l'auraient crue capable.
Oh mon enfant, que dis-tu là! s'écria Mreede Nanteuil en se
mettant devant elle comme pour la défendre contre la colère et l'in
dignation de son père mais celui-ci se contenta de hausser les
épaules eu proférant une sourde imprécation; puis se tournant vers
M. de Blaii7.ac, il lui dit froidement Depuis une heure nous som
mes servis; le rôti sera sec, les entremets manques et tout le dîner
détestable: ayez donc des filles marier
Mme de Nanteuil supplia son mari-d'aller se mettre table avec
la comtesse et Philippe; puis elle emmena Marguerite dans sa
chambre et ferma la porte. Quand elles furent seules enfin, la jeune
fille se jeta dans les bras de sa belle-mère en versant un torrent de
larmes et en s'éciiant
Ah! maman, c'est donc fini... je ne le verrai plus et je
l'aime je l'aime
Mme de Nanteuil la fit asseoir, la pressa contre son sein.et lui dit
d'une voix tremblante et étouffée
Parle! que s'est-il passé
Alors Maiguetile lui apprit comment il avait suffi d*une beurc4
d'un moment, pour changer toute sa destinée et quels aveux elle
avait entendus de la bouche de Raoul.
Comme j'ai souffert en l'écoutant dit-elle d'une toix brisée
et quand il a fallu déclarer hautement que de mon libre motivemeul
je renonçais lui... Oh mon Dieu, je ne sais comment j'ai Uouvc