7e ANNÉE. - N° 651.
INTÉRIEUR.
LA CHÂTELAINE DE WAGRAM.
DIMANCHE, 1er AOUT 1847.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YILLE D'YPRES. conseil COMMUN AL.
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VIRES ACQDIR1T EURDO.
YPBES, le 31 Juillet.
Nos tristes adversaires politiques sont aux
abois, ils ne peuvent plus se défendre et le
dernier parti qui leur restait prendre, depuis
longtemps, -ils l'ont usé. Ne pouvant se sous
traire aux reproches et nier la justesse des accu
sations que la presse libérale leur adresse, ils se
sont avisés de les rétorquer, moyen facile, mais qui
ne brille que par la mauvaise foi insigne dont
tous les actes du parti clérical sont stigmatisés,
Le Journal des Bazilesdans son dernier nu
méro, contient un article qui sue le mensonge
chaque phrase et dont tous les mots sont des
contre-vérités. 11 commence par s'imaginer
que nous avons l'envie de connaître le per
sonnel de sa rédaction. Dieu nous en garde!
nous n'avons que faire dans cette galère. Mais
il parle de mouchard, d'espion, d'inquisition
espagnole et c'est aux libéraux qu'il s'adresse.
Il faut vraiment avoir l'impudeur phénoménale
du Journal des Baziles pour oser accuser les
autres d espionner, de moucharderquand son
parti lient une école d'espionnage et de déla
tion. Qu'est-ce donc que celte congrégation
qu'on a organisée, sinon une boutique de déla
tion où on dresse les ouvriers espionner ce
qui se passe dans les familles et rapporter ce
qu'ils ont vu et entendu. Celle feuille ose citer
inquisition espagnole sur un ton plaisant et
cette hideuse institution écrite en lettres de
sangdaos l'histoiren'est-ce pas une œuvre ca
tholique et qui fait encore pâmer de joie les
fanatiques du parti. Ce journal ose parler de
libéralisme-mouchard et a-t-il oublié les dé
nonciations qui sont parties pour Bruges l'oc
casion des élections Croit-il qu'on a oublié
que, sur des rapports d'infâmes espions catho
liques, des fonctionnaires inoffensifs ont dû
comparoir devant le Satrape de la Flandre occi
dentale. qui, celle occasion, s'est démasqué
et a ouvertement pris fait et cause pour le parti
clérical. Sont-ce là lesgensqui peuvent qualifier
quelqu'un de mouchard, quand tout le système
politique qu'ils préconisent est fondé sur la dé
lation et 1 espionnage?
Nous n'ignorons pas que M. De Neckere se
repent d'avoir écrit la circulaire électorale et
qu'il fait tous ses efforts, pour faire passer la
publicité donnée cette pièce comme un abus
de confiance. Bien de plus ridicule que celte
prétention. Dans un gouvernement représenta
tif, aucun fonctionnaire ne doit reculer devant
la publicité de ses lettres, sous prétexte qu'elles
sont confidentielles; d'ailleurs comment vou
lez-vous qu'une circulaire, distribuée 37 per
sonnes, restesecrète, et si c'est là la confidence
épistolaire trahie, l'accusation est sotte si elle
n'est absurde.
Il paraît qu'au moment où la circulaire a été
lancée, il n'y avait plus de libéraux, mais seule
ment des orangislés. C'est assez singulier que
l'orangisme n'a été ressuscité dans les colonnes
du Journal des Baziles que pour démontrer la
parfaite innocuité de la circulaire-De Neckere
l'endroit du libéralisme. Ou les libéraux étaient
les impiesles immoraux, les destructeurs du
trône et delà religionou M. DeNeckere livrait
une bataille rangée contre les fantômes de son
imagination malade et se ieportant en 1831,
quand il avait un orangisle sur le nez.
Le Journal des Baziles est délicieux quand
il nous accuse d'avoir voulu rendre un fonc
tionnaire intègre, suspect ses chefs futurs,
Quant l'intégrité, nous ne la contestons pas,
mais nous engageons la perle administrative
rendre ses comptes comme trésorier des pompes
funèbres. Jamais nous n'aurions pu supposer
que M. DeNeckere eut voulu rester en place
sous un ministère libéra! et par conséquent,
nous ne pouvions avoir l'idée de le rendre sus
pect, d'autant plus qu'ill'élaitdéjà suffisamment
par ses accointances et ses actes.
Jusqu'ici les Baziles du journal clérical ne
peuvent se faire l'idée que le commissaire de
district put être destitué, ils jetttent les hauts
cris la seule pensée, que cela est dans les choses
possibles. Nous n'en sommes pasétonnés, quand
le parti clérical était omnipotent, la délation, la
calomnie, leconfessionnal étaient et sont encore
des instruments politiques. Il en a bien usé, mais
comme nos adversrsaires trouvent que ce jeu
n'est pas agréablequand on ne lient pas les
ficelles, ils crient déjà comme des bienheureux,
la seule crainte que le libéralisme puisse suivre
leur exemple.
Nous le répétons encore, le parti clérical a
toujours mis en pratique cet axiome du gou
vernement représentatif, que les fonctionnaires
politiques doivent une coopération spontanée
et efficace au ministère dont ils relèvent direc
tement. Voyez si le parti catholique npas eu
soin d'en agir ainsi. Sur neuf gouverneurs
aucun n'est libéral, l'exception de M. Liedls et
peut-être de M. Teichman. Sur une quarantaine
de commissaires de districts, tous étaient dé
voués, les uns par crainte de perdre leur place,
les autres par conviction, au système théocra-
tique. Nous voulons bien savoir, si ce qui était
convenable, quand le parti catholique était aux
affaires, doit être qualifié de servilisme l'avè
nement du libéralisme au pouvoir. Le Journal
des Baziles pourrait nous expliquer ce révire
ment, s'il ne changeait d'opinion au gré des
besoins de son parti. 11 n'y a qu'une chose
d'incontestable chez cette classe de gens, c'est
qu'ils ont un respect mirobolant pour la volée
de bois vert. Apart cela, ils ont toute honte bue.
Séance publique du Vendredi, 3o Juillet 1847.
Présens MM. le baron Vanderstichelî de
Maubus, président; Alphonse Vanden Peere-
boom et lweins-Hvnderickéchevins Gérard
Vandermcersch, Louis Annoot, Boedt, avocat,
Martin Smaelen Boedt-Lucieu Legraverand,
Charles VandeBrouke, Ernest Merghelynck,
Pierre Beke Henri Iweins-Fonteyne Auguste
De Ghelcke conseillers.
La séance est déclarée ouverte et M. le se
crétaire donne lecture du procès-verbal de la
réunion précédente. Il est approuvé.
Le conseil est convoqué pour autoriser le
collège emprunter au bureau de bienfaisance
une somme de 20,000 francs, aux conditions
ordinaires et I intérêt de 4 et un quart pour
cent. Ces fonds doivent être levés pour subvenir
aux dépenses faites, pour amoindrir les consé
quences de la crise alimentaire. L'autorisation
est accordée l'unanimité et la séance continue
en comité secret.
Les événements qui s'acccomplissent dans les
Etats romains sont remarquables plus d'un
titre et pour notre pays, ils doivent servir d'en
seignement. Uu pape nouveau a été nommé
par acclamation, en remplacement de Grégoire
IX. A son avènement on s'accordait pour ap
prouver l'excellence du choix qui venait de
donner pour chef la chrétienté un homme
aussi digne par ses vertus que remarquable par
ses talents. Pie IX, peine assis sur le trône de
S1 Pierre a montré que ce n'était pas en vain
qu'on avait eu foi en lui et des réformes succes-
Feuillcton.
i. les trois cavaliers.
Le 30 septembre 1831, un jeune homme, qu'on pouvait facilement
sous l'habit bourgeois reconnaître pour militaire sortit de Vienne
cheval passa le Danubeet suivit la route de Silésiejusqu'à
l'embranchement de eelle de Presbourg.
Il faisait une de ces douces et belles journées du commencement
de l'automne j et dans la vaste plaine parsemée de riches villages
qui s'offrait en ce moment aux regards du promeneur sous un riant
aspeot, rien ne rappelait le théâtre d'une des scènes les plus grandes
et les plus terribles de l'histoire du monde. Devant lui s'élevaient
les clochers de Siissenbriinn, d'Aderklaa et de Wagram; sa gauche
les hauteurs du Bisamberg d'où l'armée autrichienne, commandée
par l'archiduc Charles descendit le soir du 4 juillet 1809 pour
disputer aux Français le passage du Danube.
Le village de Léopoldau qu'il venait de traverser avait été le
surlendemain témoin des derniers efforts de là droite autrichienne
réduite la retraite après d'éphémères succès. Ce fut là que La3allef
en se précipitant avec sa fougue ordinaire sur un carré d'impériaux,
trouva le terme de sa glorieuse vietant de fois exposée dans les
combats et que le destin lui reprenaitsaris en faire du moins le
prix de la viotoire déjà décidée sur tous les poinls.
Après avoir quitté depuis près d'un quart d'heure la route de
Silésie pour celle de Presbourg qui le rapprochait du Danube le
jeune homme arrêta son cheval, et peu peu tomba dans une rêverie
profonde. Cherchait-il recueillir les souvenirs de cette mémorable
bataille Son esprit s'abacdonnait-il quelque caprice d'artiste ou
son cœur des pensées d amoureux Peut être n'était-il pas inoa-
pable d'éprouver en leur temps ces impressions si diverses car sa
physionomie semblait annoncer une organisation singulièrement
mobile, tous les trésors de la passion en même temps qu'un carac
tère résolu. Dans sa préoccupation, il ne s'était pas aperçu que deux
cavaliers s'approchaient et n'étaient plus qu'à quelques pas de lui
quand il attendit distinctement l'un d'eux dire son compagnon
Le village, qui se trouve maintenant notre hauteur eutre la
route de Silésie et celle que nous suivous, est Breitenlee, où s'ap
puyait l'extrême gauche de la ligne française, sous les ordres du
maréchal Masséna. Il y avait donc, comme vous le voyez, mon cher
Franz une lacune entre ces corps et les villages d'Asperu et d'Es-
sling que vous découvrez sur la droite et qui le jour de la bataille
étaient ©coupés par deux divisions du maréchal. Nous voulûmes en
proGter, pour couper les Français des ponts du Danube, leur seule
ligne de retraite....
Aux premiers mots, le jeune homme s'était retourné vers les nou
veaux venus, qui dans ce moment allaient le dépasser.
L'un d'eux, oeluiqui parlait, pouvait avoir soixante ans. Le génief
Iajloyauté, la bravoure resplendissaient sur sa noble figure, qui devait
lui assurer partout le plus sympathique respect. Son compagnon
paraissait peine avoir vingt ans. Quoiqu'eo le voyant cheval on
ne put pas très bien juger de sa taille, il était facile de recounaitre
qu'elle était des plus élevées, et sans doute celle croissauce peu
oommune avait prématurément ruiné sa santé. Ses traits et fou
attitude ne trahissaient que trop l'épuisement de ses forces, et la
souffrance qu'il essayait en vain de dominer. Devant cette lutte
d'une âme énergique contre un ma! inplacable s'était effacée toute
autre expression de la physionomie spec'acle qui toujours inspire
un intérêt douloureux et qui navre dans la jeunesse rehaussée par
un grand nom, ou par un grand talent
Pardonnez-moi, messieurs, dit le promeneur solitaire, en sa
luant les deux cavaliers, je viens sans le vouloir d'euleudre une
partie de votre conversation, et je crois ne pas me tromper en peu-
sanl que vous êtes au milieu du champ de bataille de Wagram par
le motif qui m'y a conduit moi-même. Étranger, je serais heureux