INTÉRIEUR. LA CHATELAINE DE WAGRARL *7'ANNÉE. N9 6«)3. DIMANCHE, 8 AOUT 1847. Le Proche» paraît le Diman che et le Jeudidechaquesemaioa. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. lÈTECIVip OFFERTE AU MAGISTRAT D'YPRES Vive la Règenck! On s'abonne Ypres, Marché «u Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs (les postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités G-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jrancn, h l'éditeur du journal, Yprea. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQDIRIT EUNDO. ÏPKES, le 7 Août par les HABITANTS NOTABLES DE LA VILLE. Mercredi dernier, 4 Aoûl, a eu lieu la remise de la médaille destinée perpétuer le souvenir de la prévoyance et du dévouement dont noire administraiion a fait preuve pendant la crise alimentaire de 1846-1847. Dès la veille, le jeu du carillon avait invité les habitants la joie, et le grondement du canon avait annoncé au loin, qu'une cérémonie imposante allait se passer dans l'antique mé tropole de la Flandre occidentale. Et quelle cérémonie! Foute une population confondue dans une seule et même pensée! Des citoyens de toutes les classes devant donner au mandat populaire des représentants de la cité, la con sécration de la reconnaissance Mais, pour un in stant, faisons taire nos impressions personnelles et bornons-nous au rôle de simple chroniqueur. Le 4, des salves d'artillerie alternant avec les joyeux accents du carillon, se succédaient d'in- t-'i valle en intervalle. A heures de relevée, le corps des Sapeurs-Pompiers, dont l'excellente organisation est due iMr lechevin Vanden Peereboom se rendait, musique en tête, au local de la société des Arbalétriers de Guillaume- Tell. Cette confrérie, vêtue de ce costume pit toresque que nous connaissons tous, le carquois sur l'épaule. précédée par son chef-homme, se mit aussitôt en marche, bannière déployée, précédée de la musiqueet escortée du corps des Sapeurs-Pompiers. Arrivée devant l'hôtel de la Société royale des Archers de S'-Sébas- tien, elle invita, par l'organe de son chef- homme, les membres de celle antique société qui a figuré la glorieuse journée des Epérons, se joindreà elle. Les confrères deS'-Sébaslien, réunis en serment, vêtus de leur uniforme qui, certains égards, du moins, rappelle encore la mise de ces terribles confréries gardiennes des libertés publiques, armés de leur arc, précédés de leur riche drapeau, groupés autour du Roi, fléchissant sous le poids des médailles qui rap pellent l'adresse des confrères et dont quel ques-unes remontentau 13e siècle, se réunirent leurs jeunes émules de Guillaume-Tell, sous les ordres du plus ancien connétable présent, fesant fonction 'de chef-homme. Le cortège se remit en marche pour se ren dre au local de la Société des Chœurs. Cette société qui compte presqu'autant de triomphes que d'années d'existence, prit place au cortège, ayant sa tète son habile directeur, Mr Duhayon- Brunfaut, qui est tout la fois un artiste distin gué et un citoyen excellent et qui revient Fidée-mère de la fête dont nous nous occupons. De là, le cortège s'achemina vers l'hôtel de Mr le sénateur Malou-Vergauwen, président de la commission organisatrice de la fête, et se compléta par l'adjonction de cette dernière et d'une dépulalion des anciens Frères d'armes de l'Empire qui avaient aussi, eux, une dette acquitter, et qui, cet effet, avaient demandé être représentés la solennité qui se préparait, et parcourut ensuite la rue S'-Jacques le Marché aux Fripiers, la rue de Lille et arriva 3 heures aux Halles. A 4 heures, la commis sion directrice intro luisit le magistrat, pendant que les musiques réunies du 10e régiment et des Sapeurs-l'ompiers, fesaient entendre l'air si connu Où peut-on être mieux, etc. Après quelques mo ceaux de musique, exé cutés avec talent par les différentes sociétés, le président de la commission Mr Malou-Vergau wen, a dit les paroles suivantes: Mandataires des habitants de celte ville Votre sollicitude s'est étindue toutes les bran dies de l'administration Vous avez imprimé l'en seignement public une vigoureuse et salutaire impulsion vous avez, de concert avec le gouverne ment central et la province, entrepris la restauration de nos brillants monuments du moyen-âge. Mais c'est surtout l'égard de la partie souffrante de notre population que votre sollicitude a élé grande; en même temps que votre coopération était acquise la construction de la maison des aliénés, vous transformiez les bâtiments de l'ancienne église de Sl-NicoIas en une vaste et salubre école où les enfants pauvres do la commune recevront une in struction appropriée la position qu'ils doivent un jour occuper dans la société. Lorsque la crise alimentaire apparut terrible et dévorante, votre prévoyance s'éleva la hautenr des circonstances. Malgré la faiblesse de vos ressources, et grâces au dévouement de quelques-uns, vous avez pu distribuer aux pauvres, aux ouvriers mal heureux, le paiti et la viande des prix réduits, vous avez souvent, sur nos marchés fait évanouir les folles espérances de la spéculation. Mandataires de la ville, vous avez bien mérité de la ville. Le bronze redira vos noms la postérité, et nous, nous apprendrons nos enfants les bénir. Dans cet hommage de publique reconnaissance une part revient aussi aux fonctionnaires commu naux qui, en s'identifiant avec vous dans une com mune et généreuse pensée, ont dépassé la ligne stricte du devoir. La gratitude publique signale surtout Monsieur le secrétaire, dont le zèle et les lumières ont con tribué au succès des-mesures adoptées par l'admi nistration. Elle ne peut passer sous silence l'acti ve et intelligente coopération de Monsieur Levasseur, chargé de l'achat des grains Anvers, et en outre chargé de la direction de la boulangerie communale. Messieurs, puisse notre ville ne jamais oublier que de la bonne intelligence, de la conformité de principes, entre les administrateurs et les adminis trés, résultent toujours l'ordre et la prospérité. Au nom des malheureux, au nom des habitants de cette ville, que nous sommes fiers de représenter, nous avons l'honneur, Messieurs, de déposer en vos mains la récompense civique due votre sagesse, votre prévoyance. Noire vénérable bourgmestre, baron Vander- slichele de Maubus, s'est levé etd'une voix émuea remercié avec effusion la commission et le public. L'assemblée a couvert d'applau dissements les paroles du chef de la commune, de l'homme qui a consacré sa longue et hono rable carrière au bonheur de ses concitoyens et quidans des jours de triste mémoire a eu le noble courage de s'opposer la fermeture du premier établissement d'intruction de la ville. Le général pensionné Mollzberger, président de la société des Frères d'armes de 1 Empire, a adressé, au nom des derniers débris des gloires de l'Empirede louchants remercîtnents au Conseil communal. 11 s'est exprimé ainsi: Messieurs, La Société philanthropique des anciens Frères d'armes do l'Empire français ne peut se borner confondre son admiration avec les acclamations unanimes d'une légitime reconnaissance. Elle a son tribut spécial d'éloges vous offrir, et elle manquerait ce devoir, si elle négligeait de s'en acquitter en cette heureuse et solennelle occasion. Quand les débris épars des gloires de l'Empire ont été xéunis, il s'en est trouvé plusieurs, que la fortune avait moins épargnés que le feu des ba tailles. Aux dangers passagers des combats ont succédé, pour plusieurs, les luttes sans fin contre la misère; souvent même le sang répandu, les blessures reçues, ont laissé plus d'un brave estropié, mutilé, incapa ble de pourvoir sa subsistance par son travail, voué aux cruelles épreuves de l'indigence. La société, formée sous l'inspiration des plus loyales sympathies, mais avec peu de moyens pé cuniaires, n'a pu ni méconnaître ces frères que le malheur avait frappés, ni leur porter un suffisant appui, surtout durant l'excessive cherté des sub sistances. Jugez dès lors quelles souffrances attendaient un caractère altier,autrefois imdomptable. Devant l'en- Fenillctoit. i. les trois cavaliers. [Suite.) Vous pouvez compter sur moi monsieur et je crois pouvoir ajouter sur l'archiduo. Bien que 6on crédit soit tiès borné je ne pense pas qu'on lui refuse pour vous ce qu'il vous plaira d'oblcnir. -Alt monsieur grâce vous, je suis forcé de oroire en mon étoile et vous seriez tout fait ma providence si vous pouviez me damier quelques renseigneaiens sur la personne laquelle est adressée ma seconde lettre. -.Comment rappelez-vousmonsieur? C'est une jeune femme que j'ai perdue de vue depuis bieu des années. Enfants nous aimions jouer ensemble et comme j'étais plus âgé qu'elle c'était toujours auprès de moi qu'elle venait chercher protection, quand la désunion s'introduisait dans la petite troupe dont nous faisions partie. Tout lointain qu'il estc'est mon plus frais et mon plus gracieux souvenir. Il fallut malheureusement bientôt nous séparer. Moi, je partis pour me préparera la forte éducation de nos écoles; elle pour faire avec son père un voyage en Allemagne d'où elle nesl plus revenue. Ma compagne d'enfance *'est mariée Vienne. Depuis que nous nous sommes quittés, tout ce que j'ai su de sa destinée se borne au nom et la mort de son mari. On l'appelle Mmc Sti11er. A ce nom le lieutenant Franz tressaillit. Son visage pâle se colora d'une légère rougeur et comme s'il eut cra»nt de rencontrer en cet instant le regard de ses compagnons de promenade il s'arrêta un instaut pour placer Gardevitle entre son oncle et lui, prit la gauche, et, détournant la tète, sembla contempler avec une grande attention la roule de Silésie entre StHsenbrunn et Aderklaa. Celte manœuvre n'échappa point auoolonel. Sa physionomie pleine ordinairement de bonté exprima cette compatissante ten dresse qu'inspire aux fortes natures la faiblesse et la souffrance mais pour ne pas laisser surprendre l'étranger le secret de sa pensée il s'empressa de répondre oc qu'il venait d'entendre. Je connais de nom M,ne Sti lier dit-ilet qui ne conuait ce nom dans la plaine de Wagram Elle est comme le bon génie de tous les villages voisins de sa demeure la providence des fermiers et des paysans, quand l'année est mauvaise, et l'ange consolateur de tous les affligés. Il y a dit-on tant de grâce persuasive tant de charme touchant dans sa parole qu'en l'entendantle mal heu roux ne doute plus du ciel tant il semble impossible que Dieu ne ratilie pas ce qu'elle promet en son nom Cette plaine avpc ses grands souvenirs historiques peuplée qu'elle est encore pour le soldat et le penseur de l'ombre de tant de héros, est devenue pour ainsi dire dans l'imagination de ses habitants la propriété de Mme Stiller. C'est presque justice j oar sa présence ajoute je ue sais quelle poésie douce oe poème épique du passé. Souvent on la rencontre cheval sur l'un des chemins qui traversent le Marchfeld c'est là son exercice et sa récréation favorite. Et tenez, je ne me trompe pas c'est bien elle la châtelaine de Wagram, comme l'appellent les paysans,! Regardez vers ce village. C'est là que l'empereur frappa le plus grand coup de la bataille, eu lançant sur notre centre la colonne de Maoïlonald. Je me souviens de ce moment terrible moi qui me trouvais alors dans Siisseubriiun M18® Stiller vient d'en sortir. Voyez-vous flotter son voile viïrt Rêveriez-voti3 une plus gracieuse forme, une plus charmante attitude Ne sentez-vous pas la ma nière dont elle conduit son cheval aux regards qu'elle jette l'horizon qu'il y a dans cette jeune femme de la noblesse d'âme delà fierté de cœur, le courage moral avec la délicatesse de son sexe? En vérité je croîs que je rajeunis, rien qu'à parler d'elle. Puisque vous 1 avez connue autrefois, et que vous avez du reste une lettre de sa famille do France vous n'avez pas besoin d'introducteur auprès de Mra{ Stiller. Je n'aurais pu malheureusement du reste vous servir qu'à vous indiquer sa demeure. Elle s'élève un peu la dtoite de Wagram que vous apercevez de l'autre côté du Russbach sur la roule de Silésie. Nous n'en voyons d'ici que les tourelles. Ce doit être cela dit Guillaume en éteudant le bras dans la direction indiquée par le colonel. Précisémentrépondit celui-oi. Vous pourrez donc si tous le youlez, faire votre visite aujourd hui même.

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1