nemi, toujours incapable de solliciter d'une main
importune, des secours qu'il coûte déjà assez de
devoir accepter.
Mais la providence veillait sur ces guerriers, et
éclairé par elle, votre regard pénétrant a compris
leurs maux, votre coeur y a compati, en admettant
la commission directrice de notre société, comme
intermédiaire pour répandre vos généreux bienfaits,
vous avez, Messieurs, adouci sa détresse, tout en
ménageant la fierté martiale du vieux soldai, vous
avez la fois bien mérité de l'hamanité que vous
avez secourue, et de la société des anciens Frères
d'armes de l'Empire, qui vous eu exprime ici, au
au nom de tous ses membres son impérissable
gratitude.
Vive le roi Vive les magistrats communaux
Ces paroles vrais et vivement senties, ont été
applaudies par la foule.
Après celle allocution, a eu lieu la remise des
médailles aux membres de l'administration
par les commissaires-organisateurs.
Puis est venu un chant allégorique grand
orchestre, paroles de Mr A. De Noyelle, musi
que de \lr Duhavon-Brunfautcomposé pour
la circonstance. Il a été parfaitement goûté, et
par suite chaleureusement applaudi.
La salle des Halles avait peine contenir la
masse qui se pressait dans sa vaste enceinte.
La décoration, toute allégorique était du
meilleur goût. Des inscriptions en latin, en fla
mand et en français publiaient la reconnaissance
publique; des tables, disant les travaux du
magistral, semblaient se trouver là pour la jus
tifier.
Toutes nos dames avaient voulu être de la
féle et elles n'ont pas peu contribué l'éclat
de cette belle solennité qui laissera de longs
souvenirs.
Partout se lisait l'impression d'une joie douce
mais fortement sentie; tout le monde était
heureux, et plus d'une fois nous avons surpris
sur des fronts austères une larme furtive. N'ou
blions pas de dire que les principales autorités
civiles et militaires avaient voulu prendre part
cette démonstration, qu'elles figuraient sur
l'estrade d'honneur avec le magistrat et la com
mission directrice; que, comme au jour de
splendeur de la vieille commune flamande, ses
serments semblaient protéger ses magistrats de
leur choix. Disons enfin que la grande com
mune du moyen-âge avait secoué son suaire,
qu'elle était apparue pour un instant dans ce
vaste édifice œuvre de sa puissance et de son
génie.
Nous croyons superflu de faire l'éloge de la
médaille. Dire qu'elle est l'œuvre de M. J. Wie
ner, l'habile graveur qui a déjà reproduit notre
belle cathédrale, c'est dire qu'elle peut soutenir
la comparaison avec les chefs-d'œuvre les plus
remarquables de la gravure moderne Nous
avons aperçu avec plaisir MWiener sur l'estrade.
Le soir, toute la ville était brillamment et
spontanément illuminée, et un orchestre nom
breux invitait le peuple se livrer au plaisir de
ja danse.
Celte fêle laissera des souvenirs qui ne seront
pas effacés de sitôt. Elle aura pour effet immé
diat de cimeuter l'union qui existe entre les
habitants de la ville d'Ypres et de prouver
pour l'avenir, que les administrateurs dévoués
peuvent compter sur la reconnaissance publique.
CONCERT AL BENEFICE DES PAUVRES,
DONNÉ PAU LA SOCIÉTÉ DES CHOEURS.
Après les fêtes brillantes données pendant la
kermesse, il eut été permis de douter du succès
du concert organisé la bâte et comme par
enchantement, si un attrait irrésistible n'avait
attiré tous les dilettanli désireux d'entendre
encore une fois un artiste que la capitale se fait
gloire de posséder.
Nous ne savons, en vérité, ce que nous devons
le plus admirer de l'extrême complaisance de
M. Cornélis et des autres amateurs, ou de l'en
thousiasme extraordinaire du public Oui
disons-lecette fois chacun s'est montré digne
appréciateur du vrai mérite. Tous les plus doux
sentiments de l'âme se reflétaient sur les phy
sionomies heureuses; tous les cœurs palpitaient
sous l'étreinte d'une émotion continuelle et
toujours croissante. C'est que jamais aussi plus
parfaite exécution n'a eu lieu Yprès; c'est que
les autorités communales étaient là, et qu'en
entendant chanter, avec tine verve noble et
entraînanteles deux chœurs qui leur ont été
dédiés chacun a voulu prouver par ses trans
ports combien est grand le respect des Yprois
pour notre bien-aimé bourgmestre et les ma
gistrats de la ville.
M. Teinturierde Bruxelles, cet excellent
amateur que nous avions déjà pu apprécier, il
y a deux ans, possède l'art de phraser et d'é
mouvoir; aussi a-l-il recueilli d'unanimes ap
plaudissements pendant toute l'exécution de la
fantaisie pour violoncelle, sur des motifs de
Guillaume Tell.
M,,,e hveins que l'on voit partout où il y a
une bonne œuvre faire, a bien voulu chanter
le duo de Kenilworth, de concert avec M"9
Mollzbergerdont la complaisance égale le ta
lent, et ce n'est pas peu dire! Tour les pauvres
nous remercions ces dames généreuses. M"'
Charpentier a été admirable! Le feu du génie
illuminait son beau front, ses doigts parcou
raient le clavier avec une rapidité et une force
extraordinaires. Le concerto de C.-M. Weber
que peu d'artiste» osent entreprendre a été
exécuté, au dire de tous les connaisseurs, avec
une perfection remarquable. Oui, disons-le sans
hésiter, Mlle A. Charpentier, quoique bien jeune
encore et cultivant le piano comme amateur
peut être considérée comme talent de premier
ordre.
Quant M. Cornélis, son souvenir restera
dans les cœurs de tous ceux qui l'ont entendu
chanter. Qu'il vienne nous donner des concerts,
et il verra la ville entière répondre son appel,
et venir lui prodiguer les éloges et les bravos
que son grand talent, sa complaisance et son
amabilité méritent tous égards.
Ou ne peut s'imaginer combien un concert
est favorable rendre un bal animé. Les jeunes
gens et les jeunes personnes sauront gré, nous
l'espérons, la Société desChœurs, de leuravoir
procuré tant d'agrément pendant la semaine de
la Thuyndag.
DISTRIBUTION DES PRIX A. L'ACADÉMIE
DE DESSIN.
Ordinairement tous les deux ans, un concours
est ouvert entre les élèves de notre académie de
Guillaume demeura pensif, les yeux fixés sur le château de
"Wagram. Un souvenir singulier venait de se présenter son esprit.
Il se rappelait qu'au sortir de l'école, parcourant l Allemagne
pied ,en hlotise le bâton la main avec cette ardeur romantique
qu'inspire le premier amour des voyages, il s était arrêté devant ce
même château. Assis au point de vuî le plus pittoresque, l'ombre
d un vieil arceau brodé de lierre et de scolopendre il était tombé
dans une rêverie profonde, considérant avec une émotion indéfinis
sable le charmant paysage qui se dessinait devant lui le Rnsbarh
sur lequel glissaient gracieusement quelques voiles latines le joli
village de Wagrarn l'ombre de son caste féodal, et les coteaux
fleuiis d'alentour encadrant merveilleusement ce beau site tout
fait digue de3 pinceaux d un Claude Lorrain. Guillaume ne pouvait
se lasser de l'admirer ni se défendre d'en être vivement ému
comme si un pressentiment mysléiieux l'avertissait que cette déli
cieuse oasis dût un jour se rattacher sa destinée. Il ignorait alors
que Béatrix habitât Wagrarn. Mais désormais il pouvait presque
expliquer cet étrange instinct de son cœur, et malgré lui il se sentait
agité.
Revenons maintenant la bataille; aussi bien nous voilà déjà
presque la hauteur d'EssIing et nous touchons aux piernières
maisons du village de RaschdorflT, près duquel était établi le quartier
impérial de Napoléon, dans la nuit qui précéda cette grande journée.
La conversation ramenée de U sorte au sujet d'où l'avait un
instant écartée l'arrivée de Guillaume, le colonel autrichien avec
une abondance de souvenirs, quis'élevait souvent jusqu'à l'éloquence,
fit paiser suus les yeux de ses'jeunes auditeurs les principales scènes
de ce drame militaire en expliquant le rôle qu'avaient joué les
villages et les différents corps d'armée. Les appréciations critiques
les plus nettes et les plus lumineuses se mêlaient naturellement
son récit. 11 n'y avait pour ceux qui l'écoutaient nulle objection
possible nul éclaircissement nécessaire. Extrêmement sévère pour
l'archiducil parlait des Français avec une bienveillante estime et
de Napoléon avec une respectueuse admiration qui frappait Guil
laume d'étonnement. A coup sûr, celui qui ne craignait pas de
s'exp'imer ainsi n'était pas un homme ordinaire mais un de ces
hommes raies, chez qui dans toutes les positions de la vie, le ca
ractère n'a pas moins d'élévation que l'intelligence.
Tandis que cette noble page d'histoire déroulée sur les lieux
mêmes avec une si remarquable supérioritétenait Gardeville sous
le charme de son interlocuteur, le lieutenant Franz s'était de nou
veau mis en arrière de ses deux compagnons d'une demi-longueur
de cheval comme s'il eût voulu échapper leurs regards, sans
provoquer leur attention par son absence. Évoquait-il cette fois
l'ombre du maréchal Masséna qui sous le feu le plus violent de la
mitraille dirigea comme on sait, son corps d'armée en se faisant
conduire dans une calèche attelée de magnifiques chevaux blancs?
Était-ce le regret de n'avoir pas vécu dans ces temps héroïques, qui
donnait aux battements de son cœur une accélération si rapide
Non. La plaine du Marchfeld n était plus pour lui le théâtre, OÙ
s'était autrefois décidée la fortune de. la monarchie autrichienne.
Pour lui la grande ombre de Napoléon était elle-même rentrée
dans l'obscurité de la tombe. Que lui importait le passé 11 avait
tiré une petite lunette d'approche de son étui«t n'avait pas cessé
dessin, et pendant la sera line de la Fête com
munale, les prix sont distribués aux heureux
lauréats. Jeuili dernier, a eu lieu celle céré
monie avec beaucoup de pompe et devant une
assistance considérable de personnes de la ville
et d'étrangers qui sont restés pour jouir des
fêtes brillantes de notre kermesse jusqu'à la fin.
Les autorités civiles et militaires se trouvaient
sur l'estrade, décorée ainsi que les halles d'une
manière plus brillante que d'ordinairepuisque
rien n'avait été changé aux embellissements
exécutés pour la fête civique. La musique des
Sapeurs-Pompiers a ouvert la cérémonie par
un morceau d harmonie. M. Carton, au nom
du président et de l'administration de l'acadé
mie de dessin, a prononcé un discours. lia
passé en revue les efforts faits par la ville, pour
soutenir ses institutions et donne pour preuve
qu'elle a atteint son but, les succès remportés
par divers élèves qui, sortis de cette écolp, fré
quentent les académies d'Anvers et de Brux
elles. Il finit en recommandant aux élèves un
travail opiniâtre et patientet leur rappelle
que le talent supérieur n'est toujours que la
récompense d'études persévérantes et bien gui
dées.
Les médailles ont été alors distribuées aux
élèves et immédiatement après la remise des
prix, un cortège s'est formé et a passé par la
Grand'Place, la lue des Chiens, de Grimminck,
de Lille, la Petite Place, la rue Courte de la
Prairie, la rue Longue de la Prairie, la rue au
Beurre celle de Liège d'Elverdinghe de
Boesinghele Marché au Boisla rue des
Récoliels, de Thourout, de Kauwekindde
ftleoiuet arrivé 1 hôtel de ville, les élèves
et les autorités sont descendus de voiture. Le
soir, un banquet la Châlellenie a rassemblé
de nouveau les lauréats, les directeurs de l'aca
démie et quelques autorités civiles et militaires.
La plus franche cordialité n'a cessé de régner
pendant ce repas, qui a duré jusques vers une
heure du malin.
Voici la liste des élèves qui ont obtenu des
médailles
Destin,
prix d'honneur De Thoor, Benoit.
Dessin d'après nature.
Prix: i. Bouillet, Benoit. 2. fiorryAuguste.
Accessit: 1. Podeviu, Henri. 2. Caillet, Charles.
classe d'après la bosse.
Prix: 1De Coninck, Pierre. 2. De Zut ter, Charles.
Accessit: 1. De Thoor Edouard. 2. Lannoy,
Jules.
2* classe d'après la bosse méthode Dupuis.
Prix: 1. Leroy, Auguste. 2. Vuylsteker Désiré.
Accessit: 1. Aernout, Charles. 2. Podevin
Auguste.
Figurei* classe, destin d'après l'estampe.
Prix 1. Verbrugghe, Edouard. 2. Ceriez, Gust.
Accessit: 1. Rits, Charles 2. Ba ratio Louis.
Figure a* classe, grande tête.
Prix 1. Heuuaert, Edouard. 2. Ceriez, Théophile.
Accessit: 1. Buseyue, Louis. 2. Noyelle, Louis.
Classe de dessin d'ornements.
Prix 1. VierensAnge. 2. Fagel, Pierre. Ac
cessit. Daele, Henri.
Classe de dessin linéaire.
Prix: 1. CredisAtnand. 2. BarattoHenri.
Accessit: 1. Rits, Edouard. 2. De Vos, Michel.
Perspective, i' cours.
prix unique: Caillez, Charles. Accessit: 1. De
d'accompagner du regard Mrac Siiller, qui disparaissait souvent
derrière-les bouquets d'arbres ou dans les ondulations du chemin.
Cependant les trois cavaliers venaient de traverser le Russbach
ruisseau qui se jette dans le Danube, après avoir coupé les deux
routes de la Silésie et de Presbonrg. Abandonnant celle-ciils
avaient remonté ce petit cours d'eau, derrière lequel avait été postée
la gauche de l'armée autrichienne s'appuyant la tour de Neusiedel.
Là s'était trouvée la clé du champ de bataille, puisque par là seule
ment pouvait s'efîeoluer la jonction de l'armée d'Italie, commandée
par l'archiduc Jean. Aussi les regards de Napoléon 11e quittèrent
pas ce point pendant toute la bataille tandis que (attention du
prince Charles était concentrée sur l'attaque d'Aspern et d'Essling.
Le colonel autrichien n'avait eu garde de dissimuler ses jeunes
auditeurs cette faute, qui entraîna la défaite du généralissime.
J'ai fini maintenant leur dit-il. Du point où nous sommes et
qui me semble le plus élevé de U berge, jetez un dernier regard sur
la plaine pour embrasser l'ensemble du champ de bataille. Nous
ferons ensuite.un petit temps de galop jusqu'à Wagram où nous
prendrons la route de Siléaie pour revenir Vienne.
Mais les forces du jeune Fram étaient épuisées.
Mon oncle, muimura-t il d'une voix peine intelligible, je ne
peux plus me tenir cheval. J ai bien fait de vous prier de m'ac-
oompagner aujourd'hui dans la plaine de Wagram. Demain je
n'aurais pu même arriver jusqu'ici et le mal je le se m, fera des
progrés rapides.
[La suit9 mu prochain n°.j