et
et les ex-agents de M. J. Malou. Nous ne
croyons pas plus fermement sa générosité...
Dans l'espèce, elle serait vraiment miraculeuse,
surtout après que dérinissionnaire Ion s est
cramponné, deux mois durant, au portefeuille,
pour parachever le temps voulu donnant droit
la pension. Du reste il pourrait fort bien y
avoir de la fantasmagorie sainl-acheulienne
là-dessous, pour jeter de la poudre aux yeux
d'une certaine catégorie de zélés et de croyants.
Les fonds secrets de l'association catholique
présente et future pourraient, fort bien et très-
amplement, servir indemniser, désintéresser
1 homme généreux quid une manière aussi
exemplaire que magnanime, n'aurait pas hésité
faire aussi ostensiblement le sacrifice de ses
intérêts privés la gloire et au triomphe de la
bonne et sainte cause!... Du reste, attendons;
nous verrons bien nous serons édifiéssous
peu sur le complet désintéressement, sur la
générosité-modèle de l'ex-ministre des finances,
M. Jules Malou. Mais en attendant n'ou
blions pas le distinguo traditionnel-, que ce qui
est bon prendre est bon garderet que la
lin justifie et sanctifie les moyens!...
m n I II
HARCUÉ D'ÏPRES, DU 28 AOUT 18-47.
Le marché était bien fourni. 414 hectolitres
ODt été mis en vente et promptemenl enlevés.
Néanmoins il y a eu baisse de fr. 1-22. compa
rativement au marché précédent.
Huit dix sacs de froment vieux ont été pré-
senlésau marché. Le froment nouveau s'est ven
du de fr. 20-8024-80, prix moyen fr. 22-72.
(Voir pour les autres denrées, le tableau la
fin des annonces.
La nuit dernière, vers minuit, le moulin en
briques du sieur Edouard Van Overschelde,
situé au faubourg de la porte de Courlrai
Gand, est devenu la proie des flammes. Rien
n'a pu être sauvé qu'une petite quantité de
grains. On évalue la perle environ 15,000 fr.
ASSASSINAT DE Mme DE PRASLIN.
Le Moniteur parisien publie ce soir le procès-
verbal de la morl de M. de Prasiin, dressé par M. le
procureur du roi Boucly. L'accusé est mort hier, i4
août, quatre heures trente-cinq minutes.
MM. Tardieu, Camiet, Simon et Bays de Loury
Oifila, docteurs de la faculté de médecine, ont pro
cédé aujourd'hui l'autopsie du cadavre du duc de
Prasiin, dans la prison du Luxembourg.
Pendant cette opération la foule s'est constamment
tenue par groupes devant la partie du palais où se
trouve la prison.
L'appareil de Marsh a constaté la présence d'une
énorme quantité d'arsenic dans le ventricule et le
duodénum.
Le cadavre est resté la prison pour être la dis
position de la justice.
Un procès-verbal fort circonstancié a été dressé
et signé par les quatre médecins.
Avant de succomber, M. le duc de Prasiin avait
subi deux interrogatoires on dit qu'aux demandes
pressantes de M. le chancelier il n'a opposé que de
Guillaume la regarda et vit qu'elle semblait n'alteudre qu'une
question pour parler.
Serait-ce vous qui désireriez quelque chose dit-il én souriant.
En vérité Monsieur je u'oseiai jamais.
Ne craignez rien et parlez.
Eh bien je désirciaia que Monsieur fil en se couchant et en se
levant le moindre bruit possible.
Il suffit que je sois prévenu. Mais pourrais-je savoir pourquoi
Oh monsieur, c'est bien simple. Madame m'a recommandé
de donner Monsieur la chambre bleue ou la chambre jaune. Elle
oubliait que toutes deuz sont en réparation, et qu'il y a beaucoup A
faire avant qu'elles soieul en état d'être données. J'ai doue élc forcée
de prendre sur moi de désobéir A Madame en donnant cette chambre
a Monsieur. Mais si jamais elle venait A s'en douter, elle éprouverait
la plus grande peine car pour rien au monde elle ne voudrait que
quelqu'un couchât ici.
El pourquoi Mras Stiller tient-elle A ce que celle oliarabrr soit
toujours inhabitée
Oh Mrnsieur. c'est Lien naturel celte chambre était celle de
Mousieur Stiller. Elle communique a l'appartement de Madame par
un couloir. Mousieur comprend que pour peu qu'il fil de bruit, ma
maîtresse pourrait 1 entendre.
En ellet mon enfant mais soyez tranquille M"-* Stiller ne
m'enlendra pas.
Tranquillisée par cette assurance, la servante se retira.
Tint fois seul, ou comprend que Guillaume examina son apparle-
ment aveo une certaine curiosité.
Le premier objet qui ti appa ses regards fut un magnifique portrait
de M™' Stiller. Il ne l'avait pasaperçu plus tôt. parce qu'il s était tiouvé
dans un grand paud ombre projetée par la porte ouvei te a moitié,
Réatrix était représentée en toilette de mariée éblouissante de
i asulè, de grâce et «le pudeur. JDaus le reste de l'ameublement rua
ne pouvait donner une idée du cara Icic ou de lige du défunt.
faibles dénégations ou des réponses évasives. Il
parlait chaque instant de son état «le faiblesse se
couvrait la figure avec les deux mains et il aurait
dit-on ajouté Mais, je ne puis pas dire que j'ai
assassiné ma femme
D'un autre coté, les investigations de la justice
continuaient avec persévérance; M. Legonidec, juge
d'instruction que la cour des pairs s'est adjoint
pour recueillir des renseignemens sur l'assassinat
de l'infortunée duchesse de Prasiin s'est rendu
dimanche matin au château de Vaux et y a dirigé
des perquisitions qui se sont prolongées jusqu'à la
fin de la journée. Uu journal publie ce sujet les
détails suivans
Il serait impossible de dépeindre la consternation
et la douleur qu a jetées à'Vaux et dans tout le pays
l'effroyable catastrophe du 18 août. M'0* de Prasiin,
d'une piété éclairée et d'une bienfaisance inépui
sable, était extrêmement charitable. Bien que ses
manières fussent empreintes d'une grande dignité
elle était excellente envers les malheureux et les
pauvres. Les notes de dépenses retrouvées dans sa
chambre coucher contiennent cet égard des
docutnens précieux qui attestent sa bonté ingénieuse
et touchante. A côté de la mention des sommes que
le iluc, son mari lui remettait pour sa toilette on
lit, par exemple Donné 100 fr. ta femme T..
pour l'aider payer te remplacement de son fils.
Uu bien Envoyé au Sieur T..., dont la femme est
récemment accouchéela tomme de 5o fr. Ou y
trouve des preuves non moins nombreuses de sa
munificence envers les églises du voisinage et le
détail des aumônes qu'elle confiait aux ecclésias
tiques du pays pour les distribuera la population
nécessiteuse.
La mésintelligence qui existait entre elle et son
mari, mésintelligence qui n'avait cessé de s'accroître
depuis 1843, époque où M"* de Luzy était entrée
dans la maison n'était Vaux un mystère pour
personne. Les domestiques avaient raconté les
scènes douloureuses qui s'étaient renouvelées dans
les derniers temps de la manière la plus fâcheuse.
De triste pressenlimens semblaient agiter M12* la
duchesse de Prasiin qui était presque toujours
plongée dans une morne tristesse.
Une femme de chambre racontait notamment
la scène suivante. Elle se promenait dans le parc
avec sa maîtresse, il y a un mois environ. Le duc
de Prasiin aborda sa femme et l'invita venir visiter
avec lui les caveaux funèbres du château, qu'il avait
fait réparer tout récemment. La duchesse refusa
et comme son mari insistait elle lui dit A quoi
bon? n'y descetidrai-je pas bientôt et pour jamais?
Eu mainte occasion, elleavait répété qu'un secret
instinct l'avertissait qu'elle périrait prochainement
d'une morl funeste.
On racontait une circonstance singulière qui con
firmerait ce fait. Les perquisitions judiciaires ont
eu pour résultatdit-on, de faire découvrir dans la
chambre de M1"" la duchesse de Prasiin plusieurs
plis cachetés de cire noire, et sur l'enveloppe elle
avait écrit de sa main Pour mon mari, qui ne les
ouvrira qu'après ma mort. On ajoutait que ces
lettres 11'avaient point élé décachetées encoreet
que ce soin avait été laissé s'il juge propos de le
prendre, M. le chancelier Pasquier. Les recherches
ont amené, en outre la découverte d'un manuscrit
volumineux, contenant des mémoires intimes dans
lesquels la duchesse de Prasiin faisait le récit des
années heureuses de son mariage et des amers cha
grins qui les avaient suivies.
Une porte pratiquée dans la tapisserie et fermée de l'autre côté
devait cire celle du couloir qui communiquait l'appartement de
M,nc Stiller.
C'est sans doute dans ce litse dit-il qu'on a rapporté M.
Stiller sanglant, et que le malheureux a expiré. M"1" Stiller ne veut
pas que celte chambre soit profanée par un étranger. Elle ignorera,
vraisemblablement toujours que j'y ai passé la nuit. N'importe je
veux respecter sa volonté autant qu'il dépendra de ruoi. Une nuit
n'est pas bien longue. Pourquoi ne passeruii-je pas celle-ci dans un
de ces fauteuils Ca me rappellera mes nuits de garde. Je dormirai
mal -, mais Dieu, qui est juste, me récompensera eu ine faisant voir
ma belle hôtesse en rêve.
Ces réflexions faites, Guillaume choisit une bergère l'essaya
puis la porta doucement auprès d'une table, sur laquelle il plaça son
flambeau. Après avoir mis portée de sa main ce qu'il faudrait pour
le rallumer certain que sa nuit ne serait pas trop mauvaise il
éteignit la tuuiiere et ne tarda pas s'endormir.
Il avait déjà fait uue foule de rêves qui lui avaient retracé presque
tout ce qui lui était arrivé dans sa dernière journée quand il se
reveilla en sursaut, croyant entendre ouvrir uue petite porte près de
lui. Parcelle qui communiquait l'appartement de Béalrix quel
ques rayons de lumière pénétraient dans sa chambre. Il n'avait pas
encore eu le temps de se demander s'il était endormi ou parfaitement
éveillé, quand celte dernière porte s'ouvrit, livraut passage Béat» ix
qui la referma derrière elle.
A la fixité du regard de M10* Stiller, on reconnaissait facilement
qu'elle était en état de somnambulisme. Elle tenait un flambeau
qu'elle déposa près de celui de Guillaume. Uue robe de chambre de
velours, sertée a sa taille par un cordon de soie couvrait mal la
naissance d'une admirable gorge. Elle était sous ce négligé bizarre
ravissante faire donner l'homme le plus calme et le plus revenu
des passions.
Guillaume s'était levé cl restait immobile.
Paris le Î5 août.
MORT DU DUC DE PRASLIN.
M. de Prasiin est mort aujourd'hui, vers cinq
heures, dans la prison du Luxembourg. La cause de
celle mort a été reconnue et constatée par les hom
mes de l'art.
C'est a vec de l'arsenic, pris une dose considérable,
que M. de Prasiin s'est empoisonné, au moment où
il a vu que les charges devenaient assez graves pour
nécessiter son arrestation el sa mise en jugement.
Les vomissements abondants qu'il a éprouvés dès
le mercredi soir et dans la journée du jeudi parais
sent seuls avoir retardé l'effet du poison qui après
s'être arrêté le vendredi et le samedia repris le
dimanche dans toute sa force.
La nouvelle de cette morl n'a pas produit dans
le public une sensation bien grande puisqu'il y
était préparé. Il est fort heureux sans doute pour
sa famille pour le corps tout entier de la noblesse
et pour celui de la pairie que l'on n'ait pas été
obligé de poursuivre jusqu'au bout le procès d'un
pareil misérable. Mais tout en félicitant la société
de ne pas avoir eu le scandale de pareils débals ju
diciaires, ou se demande si l'on n'a pas quelques
reproches faire ceux qui ont été les premiers
préposés la surveillance du noble duc el qui n'ont
pas pu l'empêcher de s'empoisonner. Lorsque' le
bruit d'un suicide avail été répandu, il y a quelques
jours les journaux judiciaires se sont hâtés de dé
clarer que le suicide était impossible attendu que
M. Allard, chef de la police de sûreté le surveillait
lui-même el cependant deux jours après on nous
apprit qu'il avait avalé une forte dose de laudanum.
O11 ajoutemême qu'on faisait des recherches dans
son appartement. Ou a trouvé deux fioles dont l'une
qui était vide paraissait avoir contenu du laudanum
et l'autre était encore pleine d'acide sulfurique
comment n'a-t-on pas fait dès les premiers momens
des recherchesassez minutieuses pour découvrir ces
deux fiôlesou plutôt; comment est-il possible qu'elles
aient échappé toutes les investigations lorsque
l'on a recherché tous les indices qui pouvaient indi
quer le coupable; celte circonstance, il faut le dire
paraît tout fait incompréhensible. Maintenant s'il
faut en croire le Moniteur Parisien le suicide n'a
pas eu lieu au moyen du laudanum mais avec de
l'arsenic. S'il en est ainsi, l'affaire ne peut pas en
rester là el il parait indispensable de se livrer des
investigations sévères pour découvrir comment le
duc s'est procuré ce poison et quel moment il l'a
obtenu.
Dès hier la nouvelle de la mort du duc de
Prasiin a élé transmise au château d'Eu.
Hier, toute la soirée et aujourd'hui toute la ma
tinée les allées et venues les conférences et les
conseils ont élé continuels au Luxembourg et au
ministère de la justice.
Dès 10 heures du matin le grand chancelier
Pasquier était chez le garde des sceaux ministre de
la justice.
Le corps du duc a été placé sur un lit de deuil
près duquel est un Christdeux cierges allumés et
un sacristain en prière.
L'autopsie a eu lieu ce matin 4 heures et le
convoi se fera demain matin de bonne heure.
On dit que «M. Allard et plusieurs de ses agents,
ont été mis auxarrêts, ainsi qu'un valet de chambre.
On dit qu'une enquête va avoir lieu, pour savoir par
qui et comment le duc de Prasiin si bien gardé vue,
a été empoisonné.
Toute là procédure va être renvoyée la justice
Pauvre amidit-elle en s'avançant vers lui et lui prenant les
mains, je me doutais bien que tu ne le serais pas couché. Comment
dormir la nuit qui précède un premier duel Tu ne me réponds
pas, je le vois bien lu m'en veux d'en être la cause Oh mon
Dieu nion Dieu je lis la peur sur ton visage. Si lu trembles ainsi,
tu te feras tuer. Je ne le veux pas mon Dieu je ue le veux pas.
Oh si tu n'étais plus là, vois-tu, je crois que j'aimerais 1 autre, et si
je ^aimais, on me le tuerait. Puisque tu as peur, pauvre ami, ne ta
bats pas, je t'en conjure
Disant ces mots elle avait abandonné les mains de Guillaume
et plaçant les siennes sur les épaules du jeune homme, elle appuyait
sa tête toute inondée des flots de «sa belle chevelure contre la poitrine
de Gardeville interdit et tremblant.
Mon Dieu! murmurail-il faites que je n'oublies pas ce que je
dois de respect une si grande infortuue
Tu ne répouds pas reprit Béatrix. Tu persistes te battre.
Peut-être as-tu raison car le calme de la vie intérieure ne peut
dédommager du mépris, et qui sait même, hélas si ce calme dure
rait qui sait si malgré moi je ne finirais pas par aimer l'autre Eh
bien puisqu il faut que tu te battes, prends ce médaillon où Pau
dernier, mon père avait fait faire pour lui mou portrait.
Elle vciiait en ellet de prendre uue miniature dans une poche de
sa robe, et elle l'avait mise dans une des mains de Guillaume.
Prends ce portrait, poursuivit-elle, et promets moi de le placer
sur ton cœur avant de te mettre en face de Ion adversaire. Quelque
chose me dit qu'il Importera bonheur. La balle viendra le frapper et
glissera sur lui, j'en suis sûre. Si tu ne m'en veux pas, fais ce que je
te demande. Oh! réponds-moi que lu m'obéiras!
Je vous le promets Béatrix murmura Guillaume,
t'est bien, embrasse-moi avant que je ne te quitte.
Guillatfhie l'embrassa sur le frout comme il l'aurait fait pour sa sœur.
Béatiix prit son flambeau et regagna sa chambre, aprèsavoir refermé
derrière elle les deux pot tes du couloir. [La suite au prochain n".)