IHTÉjtlEDR. Li CHATELAINE DE WAGRAM. T ANNÉE. - N°fl JEUDI, 16 SEPTEMBRE 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. TKIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne ia réJ.e- tion doit être adre&é, Jramca, l'éditeur du journal, i ïp»es. Le Proches paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligue. VIRES ACQIÏIRIT EUNDO. V PUES le 15 Septembre. L'abomination de ,1a désolation est dans Is raël La presse cléricale ne peut trouver d'ex pressions assez violentes ni des imputations assez amères, pour blâmer le coup qui vient d'atteindre quelques-uns de ses protégés. Les feuilles du clergé savent bien où le bât les blesse. Elles paraissent convaincues que la haute co médie politique n'aura plus un succès aussi facile qu'en 1841 et que la trahison et la défec tion, au moment de la lutte, deviendront plus dangereuses qu'à celle époque de rouerie clé ricale. La destitution de sept commissaires de dis trict, la mise la relraile de trois autres et le déplacement de quelques-uns des plus com promis, voilà ce qui motive ces contorsions douloureuses des journaux cléricaux. Jérémie ne se lamentait pas avec plus d'énergie sur la ruine de Jérusalem, que nos béates feuilles sur le malheur de ces commissaires expérimentés ces fonctionnaires dévoués au roi et la Bel gique. A la vérité, on passe sous silence le véri table molif qui inspire ces jérémiades, c'est qu'avant tout ils étaient dévoués au parti-prêtre. Des béats journaux se plaignent du grand nombre des fonctionnaires novices et inexpéri mentés qui prendront rang dans l'administra tion du pays. C'est un reproche qu'on a fait autrefois au parti clérical, quand il nommait de but en blanc De T Serclaescommissaire d'ar- •roudissemenl Dixmude, et Dehaerne, aux mêmes fonctions, Eecloo. Mais alors on trou vait ces nominations très-convenables, la presse catholique constatait seulement que les mau dits libéraux seuls y trouvaient redire. Ces messieurs ne sont pas déplacés ni destitués et cependant ils appartiendront toujours, malgré toutes les adhésions possibles au programme libéral, au parti clérical. Mais aussi d'après les journaux catholiques, ce sont des phénix, des phénomènes et pour eux l'exception est admis sible, mais pour un libéral, fi donc. Enfin, con statons qu'au gré de la presse catholique, la moralité consiste servir tous les régimes pos sibles, passer du blanc au noir du jour au lendemain, enfin d'agir comme M. De Muele- nncre, ce type de la versatilité et de l'incon sistance politique. Quand nos ennemis politiques sont terre nous n'avons pas pour habitude de les achever, bien que dans le parti contraire, celle généro sité y soit inconnue. C'est pour ce motif que nous nous étions proposé de ne pas nous occu per de la circulaire d'adieu de M. De Neckere, aux bourgmestres et échevins des communes de l'arrondissement. Cependant il est une as sertion que nous ne pouvons passer sous silence. M. l'ex-commissaire se plaint d'avoir préventivement révoqué. Avait-il, par hasard, la prétention de servir la Belgique sous un mi nistère libéral, lui qui n'a pas rencontré sous sa plume d expressions assez passionnées pour dépeindre les libéraux comme des exaltés ca pables des plus grands méfaits politiques? Ordinairement quand on veut être conséquent avec soi-même, ou ne se met pas aux ordres de ceux dont on n'approuve pas les opinions et M. De Neckere a, d'après nous, très-mauvaise grâce, d'employer le mot de préventivement car il était classé, quant ses opinions politiques, et ajuste titre, parmi les incorrigibles soutiens de la prépondérance cléricale. Nous ne nous occuperons pas des autres allégations de sa circulaire, parce qu'elle n'offre rien de saillant. La seule remarque qu'on pourrait faire, c'est qu'on doit être certain, qu'on n'a guère mérité des éloges, quant on sent la nécessité de se les adresser soi-même. On nous écrit de Messines, le 14 Septembre Hier ont eu lieu les élections communales complémentaires par suite du décès du bourg mestre, le notaire Victoor, et du premier éche- vin, Jacques Coisne, ainsi que par la démission de M. Logie. Le collège écbevinal était réduit un seul membre et cet état de choses était trop anormal, pour qu'on put continuer long temps faire marcher les affaires de la com mune d'une manière aussi singulière. Le Conseil communal admit en principe que le nombre de conseillers, exigé par la loi, serait complété, et malgré les efforts inouïs du curé et de ses adhérents, les choix que les électeurs ont faits, sont d'un bon augure pour cette commune, dont l'émancipation est pour ainsi dire assurée. Dans une précédente correspondance, nous avons indiqué les candidats qui paraissaient avoir acquis le plus de sympathies c'étaient M. De Lannoy, le fermier de la basse-cour de l'hospice, M. Tibaux-Godschalck, tanneur, et M. Vestibule, boutiquier. Pendant longtemps ce furent les seuls candi dats qui se trouvèrent sur les rangs. Tous trois ayant des sentiments libéraux ne pouvaient cependant plaire certaine coterie, dont le secrétaire, ancien satellite du pouvoir déchu est un des meneurs. Aidé du curé et d'une autre influence qui, pour ne pas agir ouvertement, ne concourt pas moins dans l'ombre au succès des candidatures cléricales, les meneurs décidè rent qu'il fallait une lutte et qu'ils ne pouvaient abandonner le champ électoral sans avoir fait un essai de leurs forces. On admit le fermier De Lannoy et on résolut de s'opposer l élec- tion de MM. Tibaux et Vestibule. Deux candi dats furent mis sur les rangs les nommés Ignace Dieryck et Louis Sliers. 11 fut décidé qu'au dernier moment, on porterait les grands coups et qu'on essayerait de jeter la division parmi les libéraux celait pour les adhérents du curé le seul moyen de pouvoir triompher. Mais le résultat du scrutin a fait évanouir l'espérance que des brouillons avaient conçue de pouvoir imposer leurs protégés aux Messinois, Les électeurs au nombre de 63, ont réparti leurs suffrages de la manière suivante M. De Lannoy a obtenu 49 voix M. Tibaux, Florimond, 43 M. Vestibule, Nicodème, 36. Ils ont été élus une assez belle majorité, puisque les candidats du parli-prêlre n'en ont obtenu que 39 et 19 suffrages. Dieryck, Ignace, est celui qui en a obtenu le plus. Trois voix ont été données diverses personnes et enfin dans l'urne, se trou vait un billet blanc. Le résultat de la lutte électorale de Messines est une grave leçon pour nos adversaires, car abandonnée elle-même, celle petite commune qu'on faisait passer autrefois pour un bourg- pourri, vient de donner l'exemple de quelle manière on peut parvenir secouer l'influence du curé dans les affaires de la commune et dégager l'autorité civile de celle domination qui n'a pesé sur elle que trop longtemps. A Messieurs les Bourgmestres et Echeoint des communes de arrondissement d'Ypres. Messieurs, Nommé par arrêté royal en date du 5 septembre, la place de Commissaire de l'arrondissement d'Ypres, j'ai l'honneur de vous anuoucer que je viens d'entrer en fonctions. Né au milieu de vous, je n'oublierai jamais que nos intérêts sont les mêmes, je les étudierai avec zèle et j'apporterai tous mes soins protéger et Feuilleton. {Suite.) y. une diversion. De retour son hôtel, Guillaume ordonna qu'on lui préparât sur le champ un cheval; désireux de ne pas perdre une secoude, il resta dans la cour, sauta en selle pendant qu'on mettait la bride et pressa l'allure dès qu'il fut dans la rue. Arrivé sur le pont Ferdinand, il eufonça les éperons dans les flancs du généreux animal qui bondît de douleur et s'élança dans la plaine faisant jaillir le feu sous ses pied». A le voir passer, les naseaux fumants on n'aurait pu saisir l'instant où il touchait la terre, tant ses jambes étaient horizontale ment étendues, et cependant l'impitoyable cavalier redoublait chaque instant ses excitations énergiques, sans s'inquiéter du sang qui couvrait ses éperons. Arrivés au Russbach, il fallut ralentir cette course insensée, mais il ne restait plus qu'une très-faible distance parcourir. Rien n'annonçait dans l'aspect dti château de Wagram que sa maîtiesse vînt d'en partir. Les serviteurs allaient et venaient suivant l'habitude. L'un d'eux se chargea du cheval de Guillaume après avoir répondu que M,EC Stiller était chez elle, et Gardevilie, dont on ne prévoyait pas le retour si prochain ayant échappé de la sorte la consigne qu'on eût peut être donnée plus tard son sujet, fut intro duit dans le salon de Béatrix. Le baron de Wialer s'y trouvait seul. Il écrivait. Quand la porte s'ouvrit, il se retourna, regarda Guillaume d'un air de surprise impertinente et sans se donner la peine de le saluer de la lôte, saus attendre qu'on l'interrogeât, il dit d'un Ion sec Gardevilie Mme Stiller n'est pas ici, Monsieur. En effet, monsieur, reprit Guillaume raillant son tour. Je ne suis point aveugle, mais je sais que Mme Stiller n'a pas quitté Wagram si tant est qu'elle ait eu réellement l'intention d'en partir; je sais qu'elle est chez elle et par couséquent je veux lui parler. J attendrai pour cela tout le temps qu'il faudra. Eh bien, Monsieur, quand Mme Stiller aurait retardé son départ, reprit le baron sur un ton plus hautain, serait-ce uue raison pour forcer sa porte Ah! permettez, Monsieur, voilà une observation qui serait naturelle dans la bouche du concierge ou du mari de M,ue Stiller, si je m'étais rendu réellement coupable d'un pareil manque d'égards. Votre âge seul 11e peut vous donner le droit de me la faire, et surtout de me la faire faux. Je vous laisse doue votre besogQe et je vais faire prévenir Mme Stiller que je l'attends dans son parc pour une aflaire de la dernière importance. Agréez mes excuses si je vous ai dérangé, 11 sortit ces mots après s'être incliné devant le baron avec une cavalière ironie. Du perron qui conduisait au jardin il aperçut M'ue S iller qui revenait rêveuse par la grande allée du parc. Guillaume n'était plus qu'à quelques pas d'elle, lorsqu'elle releva la tête. Deux larmes, perles divines, qui, si Gardevilie eu eût oonuu le secret, eussent valu pour lui tous les diamants de la terre, brillaient chacun des yeux de Béalrix. Elles roulèrent sur ses joues, qui, delà blancheur du lys élaicnt passées la leiuie la plus foncée de la rose. Son regard qui s'était de nouveau baissé dès qu'il avait rencontré celui de Gardevilie, achevait de trahir tout ce qu'elle éprouvait de confusion et d'embarras. Le vicomte s'était élancé vers elle. Lui prenant les deux mains, qu'elle n'avait pas eu le temps de refuser sou étreiute, il l'attira lui comme l'eût fait un frère pour sa sœur, et dit avec un accent d'ineffable tendresse Vous pleuriez Madame. Oh! dites-moi pourquoi. Je ne suis pas assel maudit de Dieu pour que vos larmes coulent sans que je puisse les sécher ou punir du moinscelui qui vous les fait répandre. Ce n'est rien répondit doucement Béalrix. Je ne m'attendais pas vous voir. N'avez-vous pas reçu ma lettre Je l'ai reçue Madame et dois-je vous le dire Dois-je ôter toute excuse ma présence imprévue J'ai compris que ce départ n'était qu'un prétexte et que le clnleau de Wagraiu allait m'ëlre fermé voilà pourquoi je me suis hâté de revenir. Béatrix avait posé la main sur son cœur comme pour en comprimer les battements. Elle girdait le silence. Votre silence est cruel, reprit le jeune homme d'une voix tremblante d'émotion. J'espérais encore que vous regrettiez ce que vous aviez écrit. J espérais que vous n'aviez pu baunir de votre présence celui qui a été aimé de votre père et de votre mere, sans que votre oœur n'eu eut éprouvé quelque repentir. Malheureux! malheureux comme je m'étais trompé 11 le fallaitmonsieur Guillaume répoudit-elle d'une voix peine intelligible. Il le fallait Oh merci de ce mot, car il me rappelle ce que j'avais oublié dans mon désespoir. Que voulcx-vous dire

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1