EXTÉRIEUR.
LA CHATELAINE DE WAGRAM.
DIMANCIIE, 3 OCTOBRE 1847.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
TILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL.
T ANNÉE. - N8 669.
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l'PKES, le 2 Octobre.
ENTRÉE TRIOMPHALE de LA SOCIÉTÉ des CHOEURS.
Mercredi dernier a été un jour de fêle civique
pour la ville et les habitants d'Ypres. Il s'agis
sait de faire un accueil cordial et reconnaissant
la Société des Chœurs, qui avait fait briller le
nom de la cité d'Ypres au concours de chant
d'ensemble Bruxelles. Aussi tout le monde
s'apprêtait prendre part la manifestation
organisée par la commission delà Concorde, et
sociétaires ou non la jubilation de voir nos
concitoyens sortir triomphants d'une joute
brillante se lisait sur toutes les figures.
Nos chanteurs devaient être de retour dans
leurs foyers vers quatre heures de l'après-midi,
mais Menin, ils ont reçu les félicitations des
amis et connaissanceset puis la Hooghe, M.
de Winnezeele, quoique indisposé, a voulu leur
présenter ses compliments de satisfaction sur la
belle victoire remportée au concours. Ces ova
tions improvisées ont relardé leur arrivée, mais
vers six heures les voitures qui les ramenaient
de Courlrai, ont été signalées et arrivés au ca
baret het Srnisjc nos choristes sont descendus
et ont été conduits au jardin de la société de la
Concorde, après avoir été félicités par M. Van
den Peereboom, échevin de la ville et comman
dant des Sapeurs-Pompiers.
l'entrée du jardin, la commission a prié les
chefs de la société de vouloir bien s'y arrêter,
ainsi que leurs dignes coopéraleurs. Après un
compliment prononcé par un des commissaires,
le vin d'honneur a été offert et avec une cor
dialité franche et ouverte tous se félicitaient
mutuellement du beau triomphe de la société
desChœurs. Outre les Pompiersqui rehaussaient
le cortège, les membres de la société de Guil
laume Tell en costume, s'étaient prêtés l'em
bellir.
Après avoir passé quelques moments au jar
din, le cortège s'est remis en marche dans le
même ordre, précédé de la musique du corps
des Sapeurs-Pompiers, et s'est rendu l'Hôtel-
de-ville, où I honorable chef de la commune
attendait nos chanteurs pour les féliciter de
leurs succès. Après avoir été complimenté par
le vénérable bourgmestre, les choristes ont été
reconduits en cortège leur locall'estaminet
le Saumon, où grand nombre de personnes les
attendaient pour prendre part la joie qu'exci
tait le triomphe remporté par les chanteurs
Yprois. Pendant la soirée, l'hôtel de la société
de la Concorde et un grand nombre de façades
étaient illuminés.
Séance publique du Vendredi, i" Octobre 1847.
Présents MM. le baron Vanderstichele de
Maubus bourgmestre président Alphonse
Vanden Peereboom, échevin; Gérard Vander-
meersch Louis Annoot Théodore Vanden
BogaerdeBoedt, avocat, Martin Smaelen
Boedt-Lucien Legraverand Charles Vande
Brouke, Ernest Merghelynck, Pierre Beke et
Auguste De Ghelcke, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture des procès-
verbaux des séances du 6 et 13 Septembre
18-57. Ils sont approuvés sans observations.
Après une communication de pièces sans
intérêt ou dont la discussion aura lieu la
prochaine séance, on donne connaissance au
Conseil d'une réclamation verbale du sieur
Nuytten, qui il a été accordé un subside de
2.000 francs pour la reconstruction de la façade
en bois d'une maison sise rue des Chiens. II
manifeste le désir de voir majorer ce subside.
Par urgence, le Conseil s'occupe de celle ques
tion et décide qu'il n'y a pas lieu de prendre la
demande du sieur Nuytten en considération,
parce qu'avec le subside voté, les fonds dispo
nibles de la caisse spéciale pour l'encourage
ment de la reconstruction- des façades en bois
sont engagés jusqu'à la fin de 1848.
Le second objet l'ordre du jour est la de
mande de l'autorité communale de Moorslede
qui réclame le versement du subside de 2,000 fr.
volé par le Conseil en octobre 1841, pour la
roule pavée de Moorslede Passchendaele. Il
est vrai qu'un subside a été volé, mais il paraît
qu'il ne fut pas agréé, car on croit se rappeler
qu'il n'en est pas fait mention dans l'arrêté
royal du 11 novembre 1845, qui autorise l'exé
cution de celte route. Cet objet est remis une
prochaine séance pour prendre communication
de l'arrêté royal et examiner si la somme volée
a été portée au budget.
La liste des personnes aptes faire partie du
jury et qui habitent la ville d'Ypres est exami
née et arrêtée. Elle compte cent quarante-un
noms.
M. le président fait connaître au Conseil que
le droit d'entrée et de sortie aux portes de la
ville a été mis en adjudication et que le pro
duit pour les six mois d hiver de 1847-48 ne
s'élèverait, d'après les enchères faites, qu'à la
somme de 500 francs. En 1846 la ville a reçu
de ce chef 640 francs et en 1845, 721 francs.
Le collège attribue celte diminution du fer
mage de ce droit une coalition qui se serait
organisée entre les anciens adjudicataires. Le
Conseil est d'avis que le procès-verbal d'adju
dication ne peut être approuvé, et le droit
d'entrée et de sortie aux portes de la ville sera
perçu en régie par les employés de l'octroi.
Les budgets du Collège communal d'ensei
gnement pour 1847 et 1848 sont renvoyés
la commission administrative de cet établisse
ment, afin d'examiner s'il n'y aurait pas moyen
d'ouvrir au collège un*cours de musique gra
tuit pour tous les élèves et voir s'il ne serait pas
opportun de créer un article au budget, pour
les réparations localives dq[\bâtiment.
Le compte pour l'exerciee 1846 de l'école
primaire gratuite présente en recelte une
somme de 4,750 francs, et en dépense celle de
fr. 4,745-15, donc un excédant de fr. 4-85.
Le compte de l'école dominicale et du soir
donne en recelte fr. 2.700 et en dépense celle
de fr. 2.610-62, donc offre un excédant de
fr. 89-38.
M. l'échevin Vanden Peereboom présente le
budget pour l'exercice 1848 de l'école commu
nale gratuite et de l'école dominicale. Le bud
get pour l'école du jour s'élève en recelte
comme en dépense la somme de fr. 5,175, et
celui de l'école dominicale fr. 2,700. Total
pour les deux écoles fr. 7,875-00.
A l'occasion de la discussion du budget de
l'école communale, la nomination d'un portier
a été déléguée au collège. Mais un conseiller
croyant exprimer les intentions du conseil, a
cru devoir engager les bourgmestre et échevins,
ne jamais nommer un congréganiste quelque
emploi que ce puisse être, du moment qu'un con
current se présente. Celle recommandation est
basée sur le motif suivant: que les congréga-
nistes cultivent des petits talents de société,
qu'il ne faut pas encourager. Elle sera toujours
prise en considération par le collège échevinal.
Rien n'étant plus l'ordre du jour public,
le huis-clos est déclaré par M. le président et
la séance continue en comité secret.
Dans sa séance secrète, le Conseil communal
a pourvu la nomination d'un membre des
hospices, en remplacement de M. Vermersch,
démissionnaire. M. Émile Durulte, candidat de
l'administration, a été nommé une grande
majorité de suffrages.
Dans le même comité secret, le consgil com
munal a nommé M. Bohtn, professeur de
dessin au collège communal, en remplacement
de M. Aulrique.
fj 0 mm»
La Société des Chœurs, pour se montrer re
connaissante de l'accueil brillant qu'on lui a fait
son retour de Bruxelles, se propose de don-
Feuilleton.
"VII. suites d'une taute.
Dans la matinée le baron de Winter était allé au ohâteau de
Wagram.
-Pardieu! avait-il dit, je pourrais vous donner deviner la
nouvelle que je vous apporte, et bien certainement vous n y par
viendriez pas.
Qu'est-ce donc avait demandé Mm# Stiller avec la plus parfaite
insouciance,
Je vous avoue que je n'en reviens pas mais il y a longtemps
que le9 Français ont pris pour devise le mot de César, et quand il
serait vrai quelquefois pour eux, il ne faudrait pas après tout s en
trop étonner.
Vous savez Monsieur le baron que je suis peu forte en his
toire romaine; venez doue en aide mon ignorance.
Voici le mot de César je suis venu, f ai t u, fai vaincu. Devi-
Uez-vous quel est le vainqueur
"Non, répondit Béatrix dout le cœur battait assez fort pour
révéler qu'elle mentait.
Le vainqueur est M. de Gardevilie. Mais il faut un vaincu.
Devinez.
Je ne devine jamais.
Eh bien ma foi, tant pis si mon indiscrétion est prématurée.
Le vaincu c'est ma sœur, la comtesse de Laverney. N'admirez-vous
pas, madame, la bizarrerie du sort et l'injustice des premières im
pressions je détestais le vicomte, il est eu très-beau chemin pour
devenir mon beau-frère.
Ah! vraiment? fit Mm# Stilter qui cherchait cacher son
trouble dans des monosyllabes.
Oui, figurez-vous qu'ils ont passé la soirée d'hier en tête-à-tête
dans une loge du théâtre de la porte de Carinthie. Je les ai observés
pendant toute la représentation: ils avaient un enjouementune
gaité, un rayonnement de bonheur qui sentait déjà la lune de miel.
Que diriez-vous d un double mariage? Quelle charmante colonie
nous ferions. Oh que vous devrez bien prendre exemple sur ma
sœur, Madame!
Eh bien, soit, Monsieur, répondit Béatrix d'une voix brève. Je
ne vous demande plus qu'une journée de réflexion. Venez ce soir et
vous aurez une réponse. D'ici là j'ai besoin d'être seule.
Je vous obéis Madame. Puissent tous les siècles qui vont s'é
couler d'ici ce soir ne pas me faire mourir de vieillesse.
Il était temps que le baron parlil. Béatrix avait besoin de pleurer.
Oh que je mépriserais les hommes se disait-elle travers ses
sanglots, si je méprisais moins les femmes A qui le mépris, qui
la haine; voilà donc hélas! tout le problème de la vie! Les uns
tristes buveurs qui ne font pas de différence entre un vin généreux
et le plus commun breuvages'énivreiit du son de leur propre pa
role; et si quelque chaleur descend de leur cerveau dans leur corps
épuisé, ils prennent pour de l'amour leur ridicule ivresse. Les autres,
pour se livrer n'attendent que oe vain bruit, et puis elles osent parler
des angoisses de la lutte. Amour, mensonge! flamme inconstante qui
fuil au gré du vent qui la pousse, et la pose au hasard sur les fronts
qu'elle rencontre Armons-nous de dédain et fixons enfin notre
destinée. Autant M. de Winter qu'un autre!
Ses sanglots redoublaient.
Oh faible et lâche créature que je suis! Mon dédain n'est que
de la colère ma force n'est que de l'exaltatiou. Je doute et j'espere,
et j'en crois mon orgueil qui me crie M. de Winter te trompe, c est
toi qui aime Guillaume, il m'aime il m'aime! reprit-elle en croi
sant les bras sur sa poitrine. Mais quoi bon Ne sommes-nous pas
séparés par un obstacle terrible et ne vaut-il pas mieux après tout
qu'il soit épris d'une autre femme Oui, c'est sans doute la volonté
de Dieu! Guillaume de Gardevilie échappe aiusi au baron de
Winter