7e AMVÉE. - N° 674.
INTÉRIEUR.
LA CHATELAINE DE WAGRAM,
JEUDI, 21 OCTOBRE 1847.
I.e Phoques parait le Diman
che et le Jeudidechaquescmaiue.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le prétendu parti catholique jugé a Rohe.
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Y PRES le 20 Octobre.
La presse catholique est en émoi, elle ne sait
plus comment se dérober l'écrasante Censure
qui lui est venue celte fois de Rome. Le Con-
temporaneo vient de publier, avec l'autorisation
de la Censure, un article dans lequel notre parti
soi-disant catholique n'est que trop justement
apprécié. Pour échapper la flétrissure que le
journal romain imprime aux actes du parti clé
rical, son but, ses tendances, la presse catho
lique répond par des injures. Elle qualifie
l'auteur de l'article d'aventurier italien et tâche
de faire croire que le tribunal de Censure n'a
permis l'insertion de cette appréciation que par
erreur. Or, l'auteur de l'article en question est
le savant abbé Giobertil'antagoniste redouté
des jésuites et un des hommes qui actuellement
jouissent de beaucoup de crédit près du Sl-Père.
Nous faisons suivre ici cet article pour l'édifi-
calion des bonnes âmes, qui croient que la re
ligion et le parti catholique ne font qu'un. On
en juge autrement Rome
Le catholicisme n'a jamais élé un parti 5 il ne le
sera pas et ne peut l'être. Destiné par son essence
même être une religion universelle aussi bien
pour le Grec que pour le Romain et le Barbare, il
embrasse d'un égal amour toutes les races humai
nes, qu'elles soient de couleur rouge, blanche, noire
ou jaune. Il envisage avec une égale faveur toutes
les formes de gouvernementsqu'elles soient dé
mocratiques ou constitutionnellesmonarchiques
ou fédéralives, attendu qu'une religion de justice,
d'ordre et d'amour, répugne les enserrer dans les
limites étroites d'une faction, d'une secte, d'un
parti. Les partis sont gouvernés par des intérêts
exclusifs, tandis que le catholicisme comprend et
protège les intérêts de tous. Les partis distillent la
haine et la colère, ils tendeul des pièges ceux qui
leur sont contraires ou les combattent, tandis que
le catholicisme aime ses persécuteurs et vient leur
aide dans le besoin par ses secours, son hospitalité,
et, lorsqu'il ne peut faire davantage, par ses prières.
Les partis sont remués par des passions violentes,
profondes, sanglantes; le catholicisme ne connaît,
d'autres armes que la patience, la douceur, la vérité
et la clémence.
Dans cet état de choses, nous ne saurions com
prendre pourquoi quelques feuilles romaines et
étrangères emploient l'expression inexacte de parti
catholique lorsqu'il est question de ceux qui,
Bruxelles et Lucerne, attaquent là les résolutions
du ministère, ici celles de la diète. Eraploient-ils
peut-être cette dénomination parce que ceux aux
Feuillcton.
VU.— 1.E DOC de reichstadt. (Suite.)
Mm« Stiller poussa un cri Jtchirant et se renversa en arrière
étouffée par les sanglots,
Vous êtes un homme horrible, Monsieur, s'écria le duc de
Reichstadt.
Vous oubliez que je me défendais Monseigneur dit le bai on
avec hauteur.
Ne pouvirz-vousépargner Mme Stiller le récit de ce combat?
Il fallait bien tjuè j'expliquasse que je n'étais pas l'agresseur
et rjuc j'eusse pu tirer une vengeance plus complète de 1 insolence
de M, de Gardeville.
Se rapprochant atois de Mme Stiller
Ne vous dése pérez point ainai, Madame, reprit-ilV otre ami
est gravement blesaé, mais sa blessure n'est pas mortelle. Un mois
de soins et de repos, ajouta-l-il avec une étrange expression, et il
quels ils l'appliquent non-seulement sont catholi
ques, mais aussi parce qu'ils cherchent justifier
leur conduite par leur désir d'appuyer les droits et
l'indépendance de la religion catholique?
Examinons cette double question.
A Bruxelles, un certain nombre de prétendus
catholiques s'opposent tout ce que le ministère
fait, parce que les principes libéraux de la consti
tution belge s'appliquent tous les citoyens égale
ment sans distinction de religion, parce qu'ils dési
rent que les catholiques ne forment plus une partie
de nation, ayant les mêmes droits et les mêmes
devoirs vis-à-vi* du pays que ceux qui pensent
autrement qu'eux, raaisque les catholiques forment
une classe de privilégiés laquelle appartiendraient
tous les emplois, tous les honneurs. D'autre part, il
y a parmi les catholiques en Belgique des gens qui
sont sincèrement dévoués au gouvernement consti
tutionnel, qui professent les principes libéraux
proclamés par la Constitution,et qui, renonçant par
conséquent tout privilège, réclament l'égalité des
droits pour tous ceux qui font partie delà nation
belge. Ces derniers catholiques qui remplissent
leurs devoirs religieux avec autant d'exactitude que
qui que ce soit, ne veulent pas être rangés dans ce
qu'on appelle le parti catholique, parce qu'ils pro
fessent en politique des principes libéraux. Mais les
seigneurs du parti catholiqneles comptent au nom
bre de leurs ennemis et les appellent par dédain,
non pas des catholiques, mjis des libéraux....
Qui donc élèvera au rang de parti catholique,
un tas (sic) d'individus qui ont pour système de
sacrifier la paix du pays leur opinion personnelle,
leurs intérêts particuliers; d'entretenir la discorde,
qui la longue pourrait aboutir une révolution
ou l'aire perdre la Belgique ces libertés politiques
qu'elle a achetées au prix de tant de sang, de si
nombreux sacrifices? Nous ne saurions nous expli
quer l'existence d'un semblable prétendu parti
catholique au sein d'une nation aussi éclairée et
aussi sage que la nation belge, sans imaginer qu'il
existe dans ce pays un parti caché qui s'y remue
dans le but d'induire en erreur la partie saine de
la population. Nous regrettons du fond de notre
cœur que cette faction criminelle se couvre du
masque de parti catholique, lorsque rien n'est moins
catholique que sa façon de penser et d'agir.
Des affaires de la Belgiquele Contemporaneo
passe aux affaires de la Suisse, et déclare que La dé
nomination de parti catholique qu'usurpent les
cantons du Sonderbundlesquels s'opposent main
armée aux décisions de la Diète, constitue un abus
beaucoup plus profane encore dece nom qui devrait
être sacré pour eux.
S'il s'était agi, dit la feuille romaine, de faire
violence la conscience des catholiques, de leur
imposer des actes religieux incompatibles avec leur
croyance; si on leur avait refusé le libre exercice
de leur culte, il ne nous resterait déplorer la dure
nécessité qui obligerait les cantons résister, les
armes la main, une atteinte aussi violente
leurs droits. Mais il en est tout autrement. Les ca
tholiques de Lucerne ne sont pas même d'accord
entre eux en ce qui touche l'admission d'un ordre
religieux. Les uns veulent pendant que d'autres ne
veulent pas. Quel sera donc le meilleur moyen
d'éviter dans ce canton le conflit de deux opinions
divergentes, et de faire cesser la discorde sans effu
sion de sang? A la dièle appartient évidemment le
droit d'arranger de semblables différends, et tout
bon catholique eût dû considérer comme un bienfait
de la Providence la médiation de la dièle, laquelle
en écartant les causes, faisait disparaître les consé
quences.
»Si ceuxqui se rangent souslabannièredecequ'ils
appellent le particatholiqueétaient des catholiques
sincères et si, comme tels, ils avaient l'amour de
leur prochain, ils n'hésiteraient pas renoncer une
opinion religieuse qui n'a aucun rapport nécessaire
avec l'exercice de la religion. Ils obéiraient aux sa
lutaires conseils de la Dièle. Ils eussent rétabli la
paix et épargné au pays un fléau qui plongera un
grand nombre de familles dans le deuil et dans les
larmes et rendra également déplorable la position
des vainqueurs et celle des vaincus.
Cette même faction, dit le Contemporaneo en
finissant, qui aujourd'hui miue la paix nationale eu
Suisseet en Belgique, a amené la révolution de iB.lo
en France, et, sourde aux enseignements et aux
suites de ses funestes menées, elle continue s'y
montrer l'adversaire acharné des idées modernes.
La journée de mardi a été un jour de fêle
pour la commune de Walou. Le commissaire
de district devait se rendre Poperinghe pour
présider un tirage supplémentaire, et il a saisi
cette occasion pour visiter la commune de Wa
lou. A son arrivée, il a été reçu par le conseil
communal, le bourgmestre en tète, qui lui a
fait une allocution au nom du conseil et de la
commune, et laquelle M. le commissaire a ré
pondu. M. Petit, le directeur de la musique de
Walou, a prononcé quelques vers flamands
pour féliciter le nouveau fonctionnaire, qui l'a
remercié. Alors on s'est rendu, musique eu tête
et drapeaux déployés, jusqu'à la maison com
mune et l'on s'y est occupé des affaires admi
nistratives et de la situation de la localité. M. le
curé s'est rendu près de M. le commissaire pour
le féliciter sur sa no.ninatiort. Après avoir vi
sité la maison commune, les archives et l'église,
M. le commissaire s'est rendu chez M. le bourg
mestre, et de là chez M. le curé, pour lui rendre
la politesse qu'il en avait reçue. Celte réception
a eu lieu avec tant de cordialité qu'on pourra
convaincre bientôt que même dans les com
munes flamandes, il sera difficile désormais de
sera peu près rétabli. Il est ea ce moment son hôtel entre les
mains des chirurgiens, et j'ai fait prier ma sœur, Mme de Laverney,
de veiller elle-même sur notre blessé.
En entendant prononcer le nom de Mme de Laverney Béatrix se
redressa avec énergie.
Eh de quel droit, Monsieur, chargez vous votre sœur de s'oc
cuper de M. de Gardeville dit-elle aveo exaltation. Quel rapport
y a-t-il entre M. de Gardeville et Mmede Laverney Si une femme
doit se rendre au chevet du blessé, que dis je du mourant peut-être,
ce n'est point votre sœur c'est moi et j'irai
Vous m'étonnez, fit le baron, eu se mordant les lèvres jus
qu'au sang. N'est-oe pas Mm* de Laverney qui s'est attiré les hom
mages et les vœux du vicomte?
Vous feignez de le croire, Monsieur, et je ne suis pas dupe de
votre surprise. Vous u'ignorez point certainement que les coquette
ries de votre sœur n'ont pu captiver l'âme de M. de Gardeville. S'il
s'est laissé distraire uu niomeut pard'oiieux manèges il s'en re-
pent aujourd'hui. Allez demander Miue de Laverney ce qu'elle en
pense, Monsieur le baron
Madame, vous oubliez toujours.,...
Je n'oublie rien Monsieur et je brave enfin vos menaces!
Assez longtemps j'ai plié sous votre joug je le rejette aujourd'hui!
Et, pour premier acte d'indépendance, je vous déclare que j'irai
moi-même chercher des nouvelles de M. de Gardeville.
Vous n'y songez pas! dit M. de Winter en se contraignant.
Que dira le monde
Que m'importe!
La douleur vous égare Madame.
Dites plutôt qu'elle me rend forte!
Je reviendrai demain, Madame, vos esprits seront moins trou
blés et vous entendrez raison.
Elle sonna uu domestique parut.
Qu'on altèle la calèche, dit-elle. Je vais Vienne.
El s'adressant au duc de Reichstadt
J'ose compter sur vous pour me donuer la main jusqu'à ma
voiture, Monseigneur. Je me rends la denu-ure de votre ami.
Je vous accompagnerai jusque-là Madame si vous me le
permettez répondit le prince.
Le baron s'inclina peine et sortit.
El je ne l'ai pas tué! grommelait-il. Mais patience