INTÉRIEUR. LA CHATELAINE DE WAGRAM. 7° ANNÉE. - N° 684. JEUDI, 25 NOVEMBRE 1847 JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AILLE D'YPRES. conseil communal. On s'abonne Ypres, Marclii su Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres looalitéa 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la réfac tion doit être adressé, Jraneo, l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. TIRES ACQUIRIT Et'NDO. YPltESle 24 iVorembre, VOTE DE L'ADRESSE. Après cinq jours de débalsl'adresse a été votée telle quelle a ete présenlécà la Cbanibre par la commission et sans qu'on eut essayé d'in troduire la moindre modification la rédaction. Les eunuques politiques se sont abstenus, tout en voulant prouver que le ministère actuel n'est que la continuation du ministère clérical pur-sang. Pour faire crouler ce système singu lier dattaque, le ministre des travaux publics a donné lecture de quelques extraits de la cor respondance du cabinet-Nothomb avec l'épisco- pat et alors un sauve qui peut général s'est opéré dans le camp catholique, tous les agents d'affaires du clergé la Chambre se sont ren dus la salle des conférences, pour cacher leur honte et dérober au public la rougeur que ces révélations leur faisait monter au front. Quel ques-uns seulement, figure bronzée, sont restés sur leurs bancs. Mais la lecture des piè ces concernant les ecoles normales ont applati le parti clérical tel pointque les orateurs n'ont su comment se tirer d'affaire. Après M. Frére-Orban est venu M. Le Hon, *X] ni a pruuretïH uoti liUi'c use me u i i meilleures formes diplomatiques, le scalpel de sa logique, sur lesystèmede défense vermoulu du parti clérical. Après ce discours, il ne restait plus rien debout de tous les arguments des avocats du clergé, et depuis ce moment ils ont abandonné la partie. Aussi la lutte n'était plus possible. Le résultat de celte discussion a été écrasant pour le parti clérical, et son absten tion au moment du vole, n'est que le témoi gnage le plus palpable de son impuissance et de sa décrépitude. Pressée de toute part par les orateurs libéraux, l'opinion cléricalela Chambre, est tombée dans une telle prostration, dans un tel discréditque les tribunes avaient peine reconnaître sur les bancs de droite cette phalangecalholique naguère si orgueilleuse, si arrogante, et aujourd'hui si méprisée pour sa déloyauté et sa bassesse l égard de l'épiscopat. Bien souvent nous avons demandé si le parti catholique croyait que les revers ne pouvaient l'atteindre. Cela doit être, puisqu'aujourd'hui, que la victoire a abandonné ses drapeaux il est tombé dans le découragement le plus profond. Soixante quatre membres de la Chambreont voté le paragraphe qui implique une confiance entière dans le ministère. Un a voté contre (M. Cogels), et 24 se sont abstenus. Dix-neuf membres étaienlabsents. Sept sûrement auraient volé pour le ministère. En admettant que tous les autres eussent voté contre lui, ce dont nous doutons, nous trouvons que la majorité s'élève 71 voix, et la minorité 37 voix. Parmi ceux qui ont volé contre le ministère, nous trouvons M. Biebuyck. Cela nous étonne, et nous ne nous attendions pas une pareille conduite de sa part. Nous le croyions plus avisé. Mais par contre, M. Van Reninghe a trompé nos prévisions, il a volé l'adresse, convaincu a-t-il ditpar les arguments de M. De Decker. Or, de tous les orateurs qui ont parlé, aucun l'exception de M. de Mérode, le noble bouffon, n'a été plus dans le faux que M. De Decker. Cela ne prouve pas en faveur de la logique de M Van Reninghe, bien que nous le louons d avoir voté en faveur du ministère. Le paragraphe concernant l'affaire de Rome, n'a soulevé aucune opposition de la Chambre, si non de la part de M. de Mérode, ce qui fait 4.. :i - -i,:. que M. De Mérode a jugé convenable'de Vblêr contre, que la logique ni la bonne foi, ni la vérité n'ont été blessées. Que disent de ce vote les feuilles cléricales qui ont poussé les clameurs les plus ridicules, pour approuver et justifier la cour de Rome Les voilà condamnées par les chefs du parti au parlement. 11 est vrai que le ministère était tellement de ce chef, l'abri de tout reproche, qu il fallait avoir juré de se mettre en guerre avec le bon sens le plus vul gaire, pour oser l'attaquer sur ce point délicat, mais qui doit couvrir de honte et d infamie le parti catholique et les intrigants anoblis qui se sont prêtés celle machination. quête productive a été faite au profit des pau vres, pendant l'office. Le même soir un dîner charmant a réuni grand nombre de membres de la Société de6 Chœurs, l'Hôtel de la Tète d'or. Une franche gailé, nourrie par de joyeuses chansons, a constamment maintenu celle réunion au rang des banquets les plus agréables auxquels on puisse assister. Aussi la séance n'a-t-elle été levée que vers deux heures et demie du matin. Quelques-lins assurent même qu'à cinq heures quelques convives ont alors seulement cessé leurs joyeuses libations. Lundi dernier, un salut solennel a été célébré en l'église de St-Martin, en l'honneur de Ste-Cécile, patronne des musiciens. La Société des Chœurs a chanté tous les morceaux qui ont été exécutés, et avec le succès le plus brillant. L'immense nef de 1 église se prêtait, on ne peut mieux, l'exécution de cette musique large et sévère, chantée par des voix d hommes. Une La nommée Pélagie Pinet, qui a été blessée la tète par un coup de pistolet tiré par le nom mé Vanden Borre vient de succomber aux suites de cette blessure hier dans la soirée. L'autopsie du cadavre a eu lieu par autorité de justice ce matin et a été opérée par les doc teurs légistes MM. Ant. Poupart et Van Ackere. Séance publique du Mardi, 23 Novembre i 847. Présents: MM. le baron Vanderstichele de Maubus, Bourgmestre, président Alphonse Vanden Peereboom et Iweins-Hynderick, éclie- Tïiëûu(A4riMvl..\!A'3t#lernj>eeiscb, Louis Annoot, Martin Smaelen, Boedl-Lucien Legraverand, Ernest Meighelynck, Pierre Beke, Itveins-Fon- teyne, conseillers. La séance s'ouvre par la lecture du procès- verbal de la réunion du 3 novembre 1347. La rédaction en est approuvée sans observation. M. le bourgmestre fait rapport sur le séjour de M. le ministre de la guerre baron Cbazal en ville. Ce haut fonctionnaire, arrivé deux heu res de l'après-midi, dimanche 14 novembre, est parti le même soir pour Courtrai. Pendant ce temps, accompagné de M. lechevin Vanden Peereboom, le chef du déparlement de la guerre a visité minutieusement les établissements mili- li ta ires et les bâtiments l'usage du caserne ment de la cavalerie. Dans la dernière séance, il a été dit que 1 au torité communale s est adressée M. le ministre des travaux publics pour le prier de vouloir exa miner, s il ne serait pas opportun de faire une avance la société concessionnaire du railvvayde la Flandre occidentale. M. Vanden Peereboom Feuilleton. [Suite.) XI. le duel. Dix heures venaient de sonner au château de Schœnbiiinn. La nuit était orageuse et noire, le vent soufflait avec impétuosité faisant gémir les hauts sapins du parc et grincer les girouettes du château, Par moments un éclair, déchirant la nue, venait mettre en relief, sous une luear rapide, la résidence impériale. Puis tout retombait dansPubscuritéet l'on ne distinguait plus rien au milieu du paro de Schocnbi iinn, si ce n'est une clarté rougeâtre qui, s'échappant du petit pavillon, allait mourir sur le boulingrin étendu ses pieds. Un homme était dans le petit pavillon marchant d'un pas lent ou rapide suivant le mouvement de ses pensees qui paraissaient ora geuses comme le ciel. C'était le duc de Reichstadt. Tantôt sou vi sage se colorait vivement, tantôt il devenait d'une pâleur effrayante. Ses lèvres s'agitaient fébrilement et laissaient échapper quelques sons inarticulés. Il s'arrêta devant la peudule, hocha la tête, comme s'il trouvait que le temps ue marchait par assez vite, ouvrit ensuite une bibliothèqueet feuilleta tour tour VHistoire de Charles Quint, par Robcrtson la Grandeur d°s Romains, par Montesquieu j le Journal de M, de Las Casescelui du docteur O'JIcara; et le Mémoire dicté Sainte-Hélène par Napoléon lui-même. Mais au cun de ces livres que des notes violentes désignaient comme sa lec ture habituelle, ne parvint fixer ses esprits. Il vint alors s'asseoir auprès d'une table placée au milieu de la chambre, et ouvrit une boîte d'ébène d'où il tira un pistolet dont il fit jouer la batterie, il prit l'autre et l'examina de même. Après quoi il referma la boîte et tomba dans une profonde rêverie. Les deux coudes appuyées sur la table, le front dans les mains, il demeurait immobile et silencieux. Cependant, après quelques mo ments de silenoe et d'immobilité, il releva son visage humide et laissa tomber,ces mots avec un accent iudieiblement amer Quelle vie que la mienne et quel desliu que le mien! J'ai vécu inutile] et je meurs inutile h Sans gloire, sans force, sans avenir, je suis comme un pygmée tombé de la robe d'Hercule Obscure ou brillante, chacun a sa mission ici-bas, moi seul je n'en ai pas! A moins, toutefois, que je ne sois destiné présenter l'univers le tiiste spectacle des vanités de la grandeur et des inconstances de la fortune L'aigle a gravi les hautes cimes portant un pauvre aiglon sur sa vaste enverjure, mais la foudre a frappé l'aigle, et l'aiglon a roulé meurtri dans l'abîme!... Hélas! combien j envie le sort de l'humble eufaut qui n'a poiut un passé qui l'écrase, un héritage de gloire qu'il ne peut souteuir j il vil insouciant, heureux et libre; et rien ne lui crie au fond de l'âme qu'il est dégénéré Tortures morales, vous avez flétri mon corps Sentiment odieu x de ma misère et d« mou impuissance, vous am épuisé les sources de uuvie!,.. Ali! Qu'ai-je fait Dieu pour qu'il m'ait ainsi eondamné! Qu'ai-je fait la France pour qu'elle m'ait ainsi proscrit Je sentais pourtant remuer au fond de moi-même uue mystérieuse énergie qui m'eût fait accomplir de grandes choses, si les événements m'eussent été propices! Mais non, mon activité dévorante n'a pu se répandre que dans le vide, et rien na germé sous mes pas, rien, pas même un dévoûment i... Que dira de moi 1 histoire Que peu- sera de moi l'avenir? Mon nom sera cité pour mémoire côté du grand nom de mon père! et Ion aura pitié de l'exilé de Scliocn- bruun eu admirant l'exilé de S"-Hélène Vains regrets Destin accompli! Malheur irrémédiable Dans quelques jour» peut-être je serai couché dans la tombe, et il ne restera plus de moi qu'uu vague souvenir!... Ah! puisque je ne lègue aux annale» du monde «uouue l actiou d'éclat, ne puis je laisser du moins au secret de la vie intime et vulgaire un peu d'héroïsme Ne vaut-il pas mieux tomber sous une balle que m'étemJre de consomption et ne dois-je pas désirer ardemment qu toutes h* Urines officielles dont ou mouil lera mon cercueil, se mêlent les regret» profonds et sincères de ceux que j'aurai sauvés Tout le monde m'oub^era vite, même ma mère! que je revive du moins éternellement dans 1 âme de deux amis A ces mon, il se leva d'oïl air résolu, fil quelques p»s dans 1 ap partement, et .'arrêta durant une e.:.mpe représentant Bonaparte, premier consul, se promenant une main placée daus son gilet, sur la pelouse du chàtrau de la Malmaisoo d'après uu admirable dessin

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1