78 ANNÉE. - N° G85.
D1MNCUE, 28 NOVEMBRE 1847-
INTÉRIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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ÏPBES, le 27 STovembre.
Le» journaux qui reçoivent le mot d'ordre
de l'épiscopat, n'éprouvent aucune difficulté
soutenir le blanc et le noir, le pour et le con
tre, quelques fois en même tempssouvent
des intervalles rapprochés, le tout sans la
moindre gêne, ni pudeur. Aujourd'hui, défen
seurs perfides des prérogatives du pouvoir civil,
ils font la critique de l'opinion qu'ils préconi
saient il y a quelques années, que l'état n'avait
d'autre devoir en matière d'instruction publi
que, que d'être le caissier du clergé. D'un libé
ralisme très-sujet caution, les feuilles cléri
cales jettent au vent tous leurs antécédents
comme un bagage qui les embarrasse et se don
nent fièrement pour les organes des conserva
teurs. Mais leurs palinodies, leurs contradic
tions s'étendent au-delà du terrain politique et
tel journal qui, sous le ministère clérical pur-
sang, approuvait telle mesure, réclame cor et
cris, le contraire, parce que l'administration
est devenue libérale.
De quel étonnement n'ont pas dû être frap
pés ceux qui se rappelaient les articles élogieux
du Journal des Baziles l'adresse du minis
tère clérical, après le retrait de notre garnison
de cavalerie et l'opinion qu'il a exprimée dans
son dernier numéro sur cette question. Alors
c'était une punition que le retrait de notre gar
nison, insinuait-il. Comment ces petits bourgeois
s'avisent de jouer aux libéraux et de voter
contre M. Jules Malou, notre benjamin, et le
ministère ne pourrait se venger son tour La
diminution de notre garnison devint un fait
accompli et le Journal des Baziles d'applaudir.
Il eut assez de franchise, comme il l'a avoué
lui-même, pour laisser percer le contentement
qu'il ressentait de voir la ville d'Ypres victime
d'une injustice et d'une rancune politiques.
Mais on ne s'attendait guère au mécontente
ment public qui éclata de toutes paris, même
dans les rangs des co-religionnairesdu Journal
des Bazilesleurs intérêts se trouvaient froissés
comme cenx des libéraux et ils trouvaient
stupide la vengeance qui frappait amis et en
nemis.
Aujourd'hui le ministère est changé, l'opi
nion libérale est aux affaires et la béate feuille
ose maintenant se permettre d'exprimer une
opinion sur le retrait de la garnison de cavale
rie. Elle fait cependant ses réserves. Une forte
garnison est loin d'être un bonheur pour une
ville, les militaires n'ont pas assez de mœurs au
gré des scribes de la presse cléricale, mais ce
pendant comme il faut que ce mal soit niché
quelque part, autant ici qu'ailleurs, puisque
leur séjour n'est pas sans compensation, sys
tème que Bazile apprécie merveille.
En vérité, on dirait que le journal delà
sacristie s'est converticar on ne se douterait
pas, d'après son dernier article, que la même
feuille ait pu accueillir il y a un an, la diminu
tion de notre garnison sans recomposer les
plaintes du saint prophète Jérémie. Loin de là
elle approuvait alors cette mesure, et cependant
c'était le moment de faire preuve de civisme,
c'était une occasion de prouver qu'on osait
au moins blâmer les actes d'un ministère qui,
louten possédant vossympathiespoliliques,avait
froissé les intérêts de la ville dont vous devez
prendre la défense en toute occasion. Peut-être
que le blâme du Journal des Baziles eut ré
veillé le ministère et fait comprendre l'injustice
qu'il commettait. Mais cet honnête journal clé
rical a failli alors sa mission. Pour une seule
fois qu'il eut pu rendre service la ville d'Y près,
il s est ligué avec ses ennemis, et bien que ce
fut une circonstance unique pour prouver son
indépendance, il se hâta d'étaler au grand jour
sa vile obséquiosité l'égard du ministère et de
l'ex-ministre des finances M. J. Malou. Aujour-
d'hui que ses patrons ne sont plus au pouvoir,
le Journal des Baziles se gonfle, fait l'impor
tant et affecte de prendre souci des intérêts de
ses concitoyens. Mais malheureux! que ne le
faisiez-vous, quand les créatures du parti cléri
cal étaient au pouvoir, vous auriez pu exercer
une influence inefficace peut-être d'ailleurs vos
concitoyens vous auraient tenu compte de vos
intentions. Mais hélas! nous croyons que quand
même vous auriez supplié vos patrons de ne
pas frapper, dans leur haine aveugle, la ville
d'Ypres dans ses intérêts, on se serait moqué
de vous et de vos supplications. Vous êtes trop
étroitement rivé au système clérical, pour qu'on
vous tienne compte de votre dévouement quand
même. Jamais le Journal des Baziles n'aurait
osé secouer la domination qu'il subit et le rôle
de flagorneur du pouvoir clérical est trop bien
sa tailh, pour qu'il eut voulu un moment se
dépouiller de celte livrée, de crainte de la voir
endossée par d'autres.
Le commerce et les habitants de cette ville
ont, diverses reprises, exprimé le désir qu'il
fut permis d'entrer en ville et d'en sortir toute
heure de la nuit. Deux faits récents prouvent
combien la fermeture des portes peut occasion
ner de préjudices et d'inconvénients.
Dans la nuit du 24 au 24, après la fermeture
définitive, deux personnes pied se présentè
rent la porte de Menin, et insistèrent vivement
pour entrer, disant que des affaires urgentes
et graves rendaient immédiatement leur pré
sence en ville indispensable. Après d'assez
longs pourparlers avec le chef d poste, l'un des
deux personnes fit connaître qu'elle était l'Évê-
qoe de Gand. Il va sans dire que le caporal de
garde, convaincu que dans notre pays, les
évoques ne voyagent pas pied et sans suite
par une nuit froide et pluvieuse, crut d'abord
une supercherie et ce ne fut qu'après de longs
pourparlers et lorsqu'une personne de no
tre ville fut venue la porte certifier l'identité
de Monseigneur, que les portes furent ouvertes.
Voici un second fait. Il y a peu de jours le
chef d'une des premières maisons de l'aris,
avait pris Lille après l'arrivée du convoi un
cabriolet pour se rendre Ypres. Il arriva la
porte de Messines quelques minutes après la
fermeture définitive. Malgré ses instances et ses
prières, il lui fut impossible d'eulrer en ville et
ce négociant fut forcé de s'héberger tant bien
que mal, dans un des cabarets de la banlieue.
Nous espérons que ces faits démontreront
aux autorités compétentes la nécessité de ren
dre toujours possible l'entrée en ville, et prou
veront que le maintien de l'état actuel des
choses peut avoir de grands inconvénients. En
effet, (comme nous avons lieu de croire que les
faits sont réels), pour qu'un évèiue belge
voyage pied sans suite et par une nuit
peu agréable, il faut sans doute des motifs
graves et urgents, et d'un autre côté ne risque-
t-on pas de détourner de notre ville les négo
ciants pour qui le temps est de l'argenten
mettant des entraves la facilité des voyages.
L'intérêt du public et de notre ville sont trop
chers pensons-nous nos autorités civiles et
militaires, pour que les faits signalés n'attirent
toute leur attention.
M. l'évêque de Gand a quitté dit-on, notre
ville le 23 vers le soir, la petite brune.
Le bruit est répandu que l'épiscopat vient
d'infliger l'évêque du diocèse de Bruges un
co-adjuleur, et il se confirme que M. Jean-
Baptiste Malou, frère de M. Malou l'ex-ministre
des finances, et chanoine honoraire du diocèse
•de Bruges, serait le titulaire de cette nouvelle
dignité. L'état n'a rien voir dans les nomina
tions et promotions ecclésiastiques. Mais nous
croyons que le choix qui désigne ainsi le futur
successeur de l'évêque de Brugesne sera
nullement accueilli avec sympathie par l'opi
nion publique.
-—S» 8 fr'O
Par arrêté royal du 20 novembre, le capi
taine de première classe en non-activité de
service, Pierre-François-Désiré Vandaele, est
placé la section de réserve.
Un drame, semblable celui qui a eu lieu,
il y a quelques jours, \'Ange d'ora été sur le
point de se dérouler Mercredi, 24 courant.
Le nommé Remery, cabaretier, occupant la
Couronnerécemment établi en cette ville, s'est
porté sur sa femme des sévices tels, que sans
l'intervention des voisins qui ont protégé sa
fuite, en la faisant passer par une fenêtre, ua
malheur aurait infailliblement eu lieu; celle
malheureuse toute meurtrie de coupss'étant
sauvée dans une maison voisine, était occupée
recevoir les soins du docteur Dalmote, quand
son mari vint l'y découvrir, mais pendant ce
temps survint la police qui 1 enjoignit de se
rendre en prison. Il n'opposa pas de résistance
mais il ne voulut suivredisait-il qu'après
avoir cherché quelque chose chez lui. On l'y
conduisit mais quand il y vintil ferma
brusquement sa porte, en laissant la police sur
la rue; celle-ci jugea convenable crainte d'ac
cident, d'attendre jusqu'au lendemain matin
pour procéder sou arrestation.
Vers 6 heures du matin la police, accompa
gnée des hommes de garde, se rendit sur les
lieux, et employa son arrestation beaucoup de
précaution le caporal sans armes frappa la
porte, demanda de la boisson, et aussitôt entré
dans la maison, il tomba l'improvistesur mon
individu qu'il terrassa; celui-ci se voyant sur
pris, on dit qu'il fit tous ses efforts pour pou
voir prendre un couteau qu'il tenait caché dans
ses manches, mais il lui fut impossible de s'en
servir, car ou s'élança dans la maison et il fut
désarmé
Il y a quelques mois seulement que ce même
individu a été emprisonné Gand, pour avoir
maltraité sa femme; il était d'autant plus
craindre, qu'il avait dit, que si jamais il vint
être encore ernprisouné pour elle, il lui ferait
passer un mauvais quart d'heure.
On ne peut trop louer la conduite prudente
de l'agent de police Rouzé dans cette circon
stance, car s'il s'était obstiné vouloir entrer le
même soir dans la maison, il y aurait indubi
tablement eu quelque malheur.