INTÉRIEUR.
T ANNÉE. - N° G92.
JEUDI, 23 DÉCEMBRE 1847.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
tires acqbir1t edndo.
AVIS.
CHARLES VIII A TOSCANELLE.
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cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, Jramco,
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Le Progkes parait le Di m ta
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
instituteurs et que leurs écoles normales fus
sent placées sur la même ligne que celles de
l'état, même que la plus forte part des institu
teurs placer tous les ans. fussent des elèves
des écoles normales du clergé.
Certes, quand on voit que le clergé se per
mettait comme autorité, ce qu'il n'est pas en
Belgique, de dicter des conditions au ministre,
qui devait y obtempérer sous la menace de voir
l'épiscopat s'adresser au roi, il faut avouer que
tout équilibre dans la loi sur l'instruction pri
maire était rompu et qu'au fond, le ministre
n'élaitque Yhomme d'affaires du clergé, chargé
de cacher et de pallier les empiétements lents
et successifs de l'épiscopat sur les droits de l'au
torité civile. Jusqu'ici on se doutait de la fai
blesse du pouvoir civil, on savait pertinemment
que dans plusieurs circonstances, par uue in
digne couardise, des actes avaient été posés qui
n étaient que les premiers jalons indiquant la
route que les épiscopaux voulaient suivre, pour
arriver sûrement au monopole de l'enseignement
en Belgique.
M. Nothomb, l'inventeur de la mixture,
a voulu défendre sa conduite comme ministre,
la discussion du crédit pour l'instruction pu
blique la Chambre. Comme toujoursc'est
I aide des sophismes les plus hardis qu'il a es
sayé d'atténuer sa conduite faible et pusillanime
a endroit du clergé.
insinuer que sans le concours du clergé, l'in
struction primaire était impossible, aux termes
de la loi. Mais ces paroles qui prononcées par
un ancien ministre, dépassaient toutes les bornes
de l'humilité, ont soulevé de violents murmures
la Chambre, et l'on a pu voir que les doctri
nes mixtes, qui sont au fond aussi cléricales que
jésuitiques, allaient soulever de violentes discus
sions. M. Le Hon a saisi la bannière de l'indé
pendance du pouvoir civil et l'a défendue contre
les fausses doctrines de M. INolhomb. lia donné
lecture de quelques analyses des lettres adres
sées aux évêques par \1. Nothomb, et l'aide
de ces documents, il a aplati l'apôtre de la
mixture de telle façon qu'il ne savait comment
se tenir.
En efFet, ces pièces sont accablantes et pour
les ministères précédents et pour l'épiscopat.
Les hommes qui avaient une certaine perspica
cité, il n'en fallait pas beaucoup, n'ignoraient
pas que le pouvoir civil était incessamment
battu en brèche par l'épiscopat. Mais, jusqu'ici,
on ne connaissait pas les ficelles qu'on faisait
mouvoir. Le dossier renfermant la correspon
dance des évêques avec M. Nothomb ne lais
sera rien dans l'ombre, si l'on imprime toutes
A partir du 1" Mai 1848ou de la 8e année
d'existence du Progrès, l'impression du journal
sera notablement améliorée. Son format sera
agrandi de manière ce que la feuille aura l'éten
due la plus grande que la loi accorde au papier
timbré de 3 centimes. Les caractères neufs se
ront pins compactes, et rien ne sera négligé
pour donnera la partie politique toute l'étendue
qn on pourra désirer.
A cause de la fête de la Noël, le journal pa
raîtra Vendredi soir.
YPRE8, le 22 Décembre.
LA CORRESPONDANCE AVEC L'ÉPISCOPAT.
Enfin tout se dévoilé, tout se confirme. Sou
vent l'opinion libérale avait accusé les ministères
mixtes et catholiques de sacrifier les préroga
tives du pouvoir civil aux exigences de lep'is-
copal et notamment en matière d'instruclion.
Toujours on avait opiniâtrement nié. On accu
sait les libéraux de ne venir si souvent la
charge que par haine pour la religion, que par
rancune contre le clergé, et de n'attaquer les
ministères mixtes et cléricaux, que pour satis
faire un désir insatiable d'oppnsi»"'"- oiaues
M. Nothomb et aux évêques, la lumière s'est
faite. On commence voir clair dans cet abîme
d'intrigues, dans ces Irames inextricables com
binées par l'épiscopat, et dont le pouvoir civil,
grâces la bassesse des ministres mixtes et la
coupable condescendance des cabinets cléri
caux était victime.
Dans la discussion de l'adresse, le ministre
des travaux publics avait soulevé un coin du
voile, et par quelques fehi'ases des réclamations
de l épiscopat, avait démontré de quelle ma
nière les cabinets précédents entendaient l'in
dépendance du pouvoir civil. II est difficile, en
effet, de se faire une idée du ton arrogant des
prélats dans celle correspondance. Depuis, la
réclamation laquelle il avait été fait allusion,
a été rendue publique par un dévoué l'épis
copatet l'opinion publique s'est vivement
émue de voir cetle ambition insatiable mise
nu. Les évêques, en effet, s'ils avaient été sou
verains, ne se seraient pas exprimés autrement.
Sans ambages, ils exposaient en corps, qu'ils ne
voulaient pas de Yadjonction des cours nor
maux aux écoles primaires supérieuresqu'ils
prétendaient que le gouvernement leur octroyât
un avis prépondérant dans la nomination des
les pièces, comme la Chambre l'a ordonné.
On y verra des faits curieux, entre autres, celui
du déplacement d'un instituteur de Renaix,
M. Willequet qui, malgré son mérite et les
succès remportés pendant trente ans, a été sa
crifié au candidat de l'évêque le nommé Van-
blaeren, cuistre ignorant, mais qui avait l'hon
neur d'être protégé par Sa Grandeur l'évêque
de G and, commedit M. Nothomb.
Peut-être saurons-nous le fin mot du refus
sec et peu motivé qu'a fait M. Nothomb la
ville d'Ypres, quand l'administration commu
nale a demandé l'établissement d'une école pri
maire supérieure. Nous pouvons être certain
que c'est une influence épiscopale qu'il a
obéie dans celte occurrence et probablement
par égard pour le collégede St-Vincent de Paul.
Nous savons déjà quelque chose concernant les
relations de M. Nothomb avec nos prélats. Le
pays a vu avec épouvante quel chemin l'épis
copat si humble, si doucereux a déjà fait.
Nous voudrions voir la correspondance de
M. D'Ànelhan, autre ministre mixte, avec le
clergé; elle doit être curieuse uu autre litre,
et si ce dossier se retrouve on serait mis sur la
trace de faits tout aussi compromettants que
ceux qui viennent d'être révélés. Ce sera au
moins de la politique nouvelle que celle qui
parviendra mettre fin ces tripotages hon-
l il»,'ira*
ne faillira pas a sa mission.
Dans le temps certains séides du représen
tant M. J. Malou, faisaient circuler le bruit qu'il
ne demanderait pas sa pension comme minis
tre, et en bonne justice, il n'y avait pas droit
puisque sa démission était datée du 12 juin,
et c'était seulement le 31 juillet, qu'il comptait
deux années de fonctions ministérielles. Cepen
dant sa pension comme ministre a été liquidée
et de ce chef, il devait recevoir sur les fonds
de l'étal, 5,044 fr. Mais voyez le malheur on
découvre une erreur de trois pièces de cinq fr.
plus un franc, au préjudice de M. Jules Malou,
et nous donnons plus loin l'arrêté qui révise sa
pension et la porte au taux de 5,060 fr. Quel
désintéressement
La hauteur avec laquelle MM. De Garcia,
Orban et De Mérode réclamaient la publication
de la correspondance entre M. Ic ministre de
l'intérieur et M. DHuart pouvait faire croire
que l'ex-gouverneur de Namur allait sortir de
celte discussion aussi innocent que l'enfant qui
vient de naître. Hélas! les lettres de M. D Huart
ont fait voir un homme d'état qui hésitait en-
Fcuilleton.
Suite et Fin.)
Bien longtemps après que le silence fut revenu, le roi écoutait
encore.
Enfin il sortit de l'extase, où il était plongé. Sa première pensée
est de chercher un passage qui puisse le conduire auprès de cette
amante éplorée qui, dans sa délirante improvisation, a tant de fois
prononcé son nom. Levant les yeux vers le ciel, comme pour le
remercier, il a poussé un cri de joie. Il vient de découvrir une porte
secrète qui se trouvait justement du côté d'où s'était fait entendre la
voix enchanteresse. 11 l'ouvre et s'avance dans l'obscurité. Après
quelques secondes de marche, il rencontre sous sa main une tapis
serie derrière laquelle il croit apercevoir de la lumière dans ce
moment un léger soupir se fait entendre, il n'hésite plus et soulève
le rideau.
Mais quel spectacle a frappé sa vue!
Juanna, la divine Juanna, que la Trémouille a sauvee, est étendue
au pied de son lit en désordre son beau corps, presque nu, éclipse
par sa blancheur de ses draps de lin, qui, pieux recéleurs des char
mes de la vierge, l'ont suivie dans sa chute.
Déjà le roi avait remarqué la jeuue fille, lorsque son libérateur la
menait au palais. Il avait môme demandé son nom mais ses re
mords, la vue de tant de malheurs, lui avaient fait oublier les yeux
noirs de Juanna. Ce qu il voit lui rappelle mais bieu plus fortement
encore, l'émotion qu'il a éprouvé. 11 ne doute pas que la jeune fille
l'ail aperçu, et que, séduite par l'appareil guerrier de la royauté
victorieuse, elle se soit prise l'aimer;
Cette idée était folle sans doute, mais dans cet instant Charles
pouvait-il conserver sa raison
C'est moi qu'elle appelait, s'écrie-t-il en s'élançant vers la
jeune Gllc évanouie; insensé! comment n'ai-je pas oompris plus
tôt qu'à deux pas de moi un cœur de femme battait pour le mien
O Juanna 1 ma belle maîtresse, éveille-toi ton Carlo bien-aimé
te serre dans ses bras! Ivre d'amour, Charles presse de ses lèvres
brûlantes les lèvres presque glacées de la belle Italienne.
Ranimée sous ces baisers de feu, Juanna revient la yie et croit
renaître au bonheur...
Carlo, enfin te voilà dit-elle.
Sa longue paupière s'entr'ouvre, son regard mourant et plein
d'amour cherche les yeux de son amant...
Mais, grand Dieu! ce n'est pas lui qui la lient ainsi enlacée, ce
n'est pas lui dont la voix a élé chercher son âme dans les derniers
replis de son cœur
Plus vite que la foudre ne s'échappe du ciel, elle s'arrache des
bias de Charles VIII.
Qui ètes-vous s'écrie-t-elle avec désespoir.
Le roi, stupéfait, demeure les bras étendus vers ta jeune filffc. dans
la demi-obscurité de la salle.
Mille pensées se oroisent, se heurtent dans l'esprit de Charles
puis la honte de s'être trompé, l'amour de la jalousie déchire son
cœur...
Ce n'est donc pas moi que tu appelais, Juanna dit-il en fixant
sur l'Italienne épouvantée des regards où se peignait toute l' exal
tation de son âme...
Oh! non, ce n'est pas vous, répond la jeune fille, et, joignant
les mains, elle ajouta d'une'voix suppliante
Par pitié, qui que vous soyez, retirez-vous
Jamais rien d'aussi beau que cette femme ne s'était montré au