puisqu'on ne pouvait se mettre d'accord, pour
le lui abandonner purement et simplement.
Quand on voit la presse des modérés, des
honnêtes <jens par excellence, débiter de pareil
les extravagances d'un ton dogmatique et sain
tement impertinent, on ne sait ce qu'on doit
plaindre le plus, ou l'aveuglement du parti ou
son opiniâtreté s'emparer, sans avoir égard
aux moyens, de ce qu'on lui a solennellement
refusé. Jamais on n'a voulu que l'instruction
primaire fut le patrimoine du clergé et nous
ne pouvons comprendre comment l'épiscopat
ose avouer une pareille exigence, lui qui doit
se rappelerqu'il a été le zélé promoteur de
la liberté de l'enseignement.
Il est de fait que les quelques points que M.
Nothomb défendait avec tant de faiblesse, con
tre les empiétements du clergé, étaient accor
dés de plein gré par le ministère De Theux-
Malou, bien que l'ex-minislre de l inlérieur ait
demandé qu'on ajoute la publication du
dossier les pièces qu'on pourrait trouver
émanant de lui. Mais l'épiscopat n'avait pas
besoin de réclamer sous M. De Theux, on lui
accordait ce qu'il exigeait; M. De Theux lui-
même n'est-il pas venu déclarer la tribune,
que dans tout ce qu'on reprochait au clergé, il
ne voyait pas qu'il y eut matière le blâmer. Et
cependant, le pouvoir civil était abaissé, traîné
la remorque par l'épiscopat et les ministres
qui devaient sauvegarder les droits de l'état,
étaient ceux qui les sacrifiaient avec une servi
lité et une bassesse qui n'a pas de nom.
Le pays est averti et nous croyons qu'il ne
verrait pas, sans inquiétude, revenir au pou
voir ce parti clérical qui professe la maxime que
l'état laie ne se trouve qu'en seconde ligne, et
que le premier pouvoir de la Belgique c'est
l épiscopat. En proclamant de pareils principes,
sinon ouvertement, au moins tacitement, leparli
prêtre nie la souveraineté du peuple article
de la Constitution qu'il a beaucoup chéri, quand
il pouvait lui être utile, mais qu'il nie, quand
il devient nuisible sa domination.
C est un grave enseignement pour la Belgique,
que les révélations faites par M. Lehon. Ja
mais intrigues d'un parti n'ont été plus inopiné
ment dévoilées. Aucun fil de toutes les trames
ourdies par l'épiscopatde complicité avec les
ministres, pour faire tomber I enseignement
public dans le domaine spirituel d'une façon
subreptice, n'est resté dans l'ombre. Aussi,
croyons-nous, que le retentissement que les
débats de la Chambre auront donné toutes
les machinations du parti clérical, tour tour
mixte et modéré, lui auront aliéné le peu de
sympathie qu'il rencontrait encore dans les col
lèges électoraux éclairés, et que la réélection
de ses fidèles représentants deviendra de plus
en plus difficile car eux aussi ne sont qu'une
émanation de l'épiscopat et ne connaissent que
le mot d'ordre de celle puissance la seule qui
leur paraisse digne de leur dévouement.
contact avec le duché, avaient sans doute contribué beaucoup
développer chez eux cet amour exclusif de la liberté dont ou ne
peut mieux faire sentir l'exagération qu'en citant leur devise
orgueilleuse Point Breton, âlaluuin suis.
La reine Anne qui tenait particulièrement, en ce qui concernait
la Bretagne, ses prérogatives de souveraine, et qui ne voulait
reconnaître personne le droit de se soustraire l'ebéissaoce qui lui
était due, prit la résolution de rabattre le coquet de ces Gers cita
dins; et comme chez elle la résolution était toujours immédiate
ment suivie de l'effet, des ordres furent donnés pour construire en
tonte diligence un château-fort destiné recevoir une garnison
assez nombreuse pour tenir en respect ceux qui s'aviseraient de se
mutiner.
Vray est, dit Brantôme en parlant de celte princesse, qu'elle
estait fort prompte la vengeance, et pardonu lit malaisément
m quand on l'avait offensée de malice,
Les fiers malouins virent de mauvais œil ces travaux de con
struction ils n'osèrent pas employer la violence pour les entraver,
sachant bien qu'ils étaient surveillés de près par des troupes qui
n'attendaient qu'un signal pour les faire rentrer dans l'ordre; mais
lorsque la menaçante citadelle fut |>eu près terminée, ils envoyè
rent une députai ion la teine Anne, qui était venue |»<»ur visiter
les travaux, et qui se trouvait sur la plaie-forme de la tour située
au nord, lorsque les députés de la ville furent admis en sa
présence.
Ils représentèrent humblement la duchesse qu'ils ne croyaient
pas avoir rien fait qui put les ezposer perdre les bonnes grâces de
la souveraiue de Bretagne; qu'ils n'avaient jamais refusé do prêter
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Séance publique du Lundi, 27 Décembre 1847.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de
MaubusBourgmestre, président; Alphonse
Vanden Peereboom, échevin Gérard Vander-
meerschLouis Aunool, Théodore Vanden
Bogaerde, Boedt.. avocat, Martin Smaelen
Legraveran 1Charles Vande Brouke, Ernest
Merghelynck, Pierre Beke, Henri Iweins-Fon-
teyne, Auguste De Ghelcke, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture de la première
partie du procès-verbal des séances des SI et
29 novembre et de celui de la réunion du Con
seil en comité secret, le 13 décembre 18 47. La
rédaction en est approuvée sans changement, ni
modification
M. l'échevin Vanden Peereboom rend compte
d'une entrevue que la dépulation du Conseil,
composée de M\J. Vanden Bogaerde et Boedt
et de l'honorable rapporteur, a eue avec le mi
nistre des travaux publics. Elle était chargée
conjointement avec une délégation du Conseil
communal de Courlraiet de membres des
administrations communales des villes de Me-
nin, Wervicq et Poperinghe, d'appuyer la pro
position de faire une avance de trois millions
de francs la compagnie concessionnaire du
raihvay de la Flandre occidentale, pour la met
tre même d'exécuter la ligne de Courlrai sur
Poperinghe.
Nous avons été parfaitement bien accueillis
par le ministre, ajoute l'honorable échevin,
mais malheureusement la réponse qu'il a faite
notre demande, a été si peu favorable, que
nous ne pouvons plus songer cette combinai
son pour faire sortir la ville d'Ypres et sou
arrondissement, de l'isolement dans lequel ils se
trouvent rélégués. Pour ce qui concerne la
mission dont le Conseil avait chargé la députa-
lion près du ministre de la guerre, M. Vanden
Peereboom exprime combien M. le Baron Chazal
a été sensible ce témoignage de gratitude
et de reconnaissance de la part de l autorité
communale de la ville d Ypres.
Un propriétaire de cette ville fait au Conseil
l'offre d'un terrain pour la construction d'un
abattoir et propose de le construire ses frais,
sauf être remboursé de ses avances par an
nuités ou de toute autre manière que le conseil
jugera convenir. L'examen de celle propo
sition est renvoyé une commission compo
sée de MM. Vandermeersch, Vanden Bogaerde,
Boedt et Iweins-Fonleyne, sous la présidence
de M. le bourgmestre.
M. le secrétaire fait connaître que les comptes
des exercices 1845 et 1846 du Collège commu
nal sont adressés au Conseil, qui les renvoie
l'examen de la commission des finances.
On donne encore communication au Conseil
d'une réclamation de la part d'un détenteur
d'anciennes créances de la ville qui n'ont pis
été classées en ordre utile, parce que les ayants-
le concours de leurs hommes et de leurs vaisseaux quand ils en
avaient été requis, et qu'on les trouverait toujours dans les mêmes
dispositions amicales; que la uiilicc bourgeoise avait suffi, dàns tous
les temps, pour assurer le bon ordre dans leur cité et que les fran
chises octroyées Sainl-Malo par divers souverains du duohé et
renouvelées par madame Anne elle-même, leur maintenaient
toujours ce privilège. Ils ajoutèrent qu'ils n'avaient pas voulu con
trarier le bon plaisir de madame Aune qui désirait posséder un
château dans leur ville, mais qu'ils la suppliaient de ne pas le rem
plir de ses soldats: car ils verraient là une preuve de méfiance qu'ils
ne croyaient pas avoir encourue; et d'ailleurs, l'emplacement qu'ils
avaient conquis sur l'Océan pour édifier leur ville, étant déjà trop
étroit pour les habitants, ils u'avaient pas pour agréable d'en voir
une si notable portion occupée par des étrangers.
La patience n'était pas la vertu dominante de la Duchesse, et
plusieurs fois elle fut sur le point d'interrompre le discours qui lui
était adressé pourtant elle parvint se contenir et voulut s'assurer
jusqu'où pouvaient aller les prétentions de ces orgueilleux bourgeois
qui entendaient évidemment traiter avec elle de puissance puis
sance, bien qu'ils^eusscnt donné leur démarche la forme d une
supplication. En effet, l'orateur avait eu grand soin de ne pas cm -
ployer dans sa harangue un seul mot dont on pût conclute que les
Malouins se reconnaissaient comme sujets de la Bretagne. Ils ne se
croyaient pas déshonorés pour employer la prière vis-à-vis d'une
aussi redoutable voisine, mais ils voulaient tout prix conserver
l'illusion de leur indépendance.
Anne de Bretagne ne se méprit pas sur les intentions des Ma
louins, et leur imprudence lui donna un si violent accès de méchante
droit étiiient inconnus. Elle est renvoyée
l'examen de la commission d'administration de
la caisse d'amortissement.
M. le président rappelle que l'atlas des che
mins vicinaux n'a pas encore été approuvé,
parce qu'une contestation est soulevée concer
nant un chemin d'exploitation qu'on dit exister a
travers la ferme dite Walergoeddéjà une com
mission d'enquête a été nommée et a tenu une
première séance. Comme il est urgent de ter
miner cette affaire, sur la proposition de M. le
président, la commission se réunira pour la
seconde fois, le Samedi 8 Janvier 18 48, trois
heures de relevée.
Le Conseil passe au second article de l'ordre
du jour et approuve la teneur et la rédaction
de l'acte d'emprunt de fr. 20,090 conclu avec
le Bureau de bienfaisance pour subvenir aux
dépenses extraordinaires nécessitées par la crise
alimentaire de 1847.
Le troisième objet l'ordre du jour est la
demande de la commune de Moorslede qui
réclame un subside de 2,000 francs, pour la
construction de la roule de Moorslede Pas-
schendaele. Cette question doit être traitée en
comité secret.
Une médaille sera frappée pour rappeler le
souvenir de la restauration de notre magnifique
bâtiment communal, témoignage de la puis
sance et de la richesse de la ville d Ypres dans
le moyen-âge. Mais une question préalable est
soulevée il faut qu'on représente les Halles
sur le bronza comme elles seront après la res
tauration et il paraît qu'au sein de la commis
sion royale des monuments, il a été question
de faire disparaître l'escalier qui se trouve au
milieu du bâtiment, sous le Beffroi. Mais les
membres de celte commission ne sont pas d'ac
cord cet égard et jusqu'ici, bien que la ques
tion leur ait été posée depuis plus d un an,
aucune réponse n'est intervenue. Le Conseil est
d'avis, avant de laisser continuer la gravure des
coins de la médaille, de mettre la commission
en demeure de décider si l'escalier actuel est un
hors d'œuvre et s'il est condamné disparaître,
ou s'il sera conservé.
Le Conseil, après avoir entendu la lecture de
la pétition des dentellières contre l institulion
du Conseil des Prud'hommes et les observa
tions de celui-ci, décide que ces documents
seront pris pour notification, afin d'en faire
usage quand la législature jugera opportun de
réviser la loi qui organise les conseils des
prud'hommes.
L'assemblée consultée sur la question de sa
voir, si elle est favorable l'établissement d'un
droit de péage sur une fraction de la route qui
traverse le village de Zillebcke et qui aboutit
d'un côté au pavé de Lille, et de l'autre la
grande roule d Ypres Menin, émet un avis favo
rable, et comme la commune de Zillebeke a pris
initiative de cette proposition le Conseil pro
pose de renvoyer l'instruction de celte question
humeur, disent les chroniques, qu elle frappa du pied, plusieurs
reprises,les dalles de la tour et répandit la dépulation en accom
pagnant ses paroles d'un regard superbe et méprisant
Moult gens d'armes aurezcéauts, mes beaux Malouins, qui*,
qaen yruine, ainsi soit, c'est mon plaisir.
Cette réponse et le geste impérieux qui l'accompagna, rendaient
toute réplique impossible les bourgeois se relirèreut la tête basse,
l'air consterné, et n'osant pas même se faire part les uns aux autres
de l'impression que leur avait causée Taocueil peu gracieux de la
Duchesse.
Uneqpartie considérable de la population, rassemblée sur la place
Saint-Vincent, voisine du château, attendait avec une extrême
impatience que la dépulaliou vint lui faire couuailre l'issue de sa
requête aussitôt que le bruit se répandit dans la foule que le vœu
des habitants avait été repeussé avec mépris, une clameur d'indi
gnation s'éleva de toutes parts et les symptômes d'une sérieuse mu
tinerie se déclarèrent parmi ces masses vivement froissées dans
leur patriotique vanité.
Démolissons le château, criaient les uns, qu'il n'en reste pas
pierre sur pierre.
Sus la boiteuse, hurlaient les autres, faisons-la prisonnière
dans sa tour et qu'elle n'en sorte que sous bonne rançon.
Nous prend-elle pour des pourceaux, qu'elle nous mette au
défi de grogner? Ah! Madame la reine de France, vous allez en
tendre tout-à-Theure tels grognements, que vous vous repentirez
d'avoir excité la colère de ces pourceaux.
(La suite au prochain n°.)