INTERIEUR.
7e ANNÉE. - K° 700.
JEUDI, 20 JANVIER 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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TIRES ACQUIR1T EBNDO.
YPRES, le 19 Janvier.
La presse catholique ne sachant plus sur quel
ton aboyer après le ministère, ni de quelle
façon dénaturer ses actes et ses tendances se
livre des écarts fabuleux et ébouriffants pour
prouver que, M. Veydt se retirant comme chef
du département des finances personne n'est
plus apte le remplacer que M. J. Malou. C'est
le fameux correspondant du NouvellisteM.
A A. A. qui vient de lancer cette bourde au
public et cela avec un sérieux imperturbable,
comme si la présence de M. Malou au milieu
d'un cabinet libéralne serait pas un phéno
mène aussi extraordinaire que de trouver de la
bonne foi chez la presse cléricale. Mais enfin le
fameux correspondant du Nouvelliste donne
cette combinaison comme très-probable et as
sure avec cet aplomb jésuitique propre aux
journaux du clergé, auxquels aucun mensonge
ne coûte, que M. Rogier ne serait pas éloigné
de réintégrer M. Jules Malou au ministère des
finances.
Il est difficile de dire au juste ce qu'on doit
le plus admirer dans celte rage de publier des
nouvelles invraisemblables, ou les contes sau
grenus que les feuilles soi-disant catholiques
donnent en pâture leurs lecteursou la
bonhomie des simples qui ajoutent foi des
bruils aussi absurdes. Il est de fait que M.
J. Malou ne pourrait jamais siéger dans un
ministère libéral sans renier tous ses antécé
dents, sans être comme M. Mercier, un rénégat
politique. D'un autre côté, un ministère libéral
qui s'adjoindrait un collègue comme M. Malou,
perdrait instantanément la confiance du libéra
lisme et juste titre. Nous citons cette invention
comme spécimen du savoir-faire des fameux
correspondants des feuilles cléricales qui sont
remplies de contes aussi absurdes que malveil
lants pour le ministère. Depuis trois semaines la
presse catholique ne vit que sur des bruits de
dissentiments ministériels tout aussi véridiques
que le remplacement de M. Veydt par M. Jules
Malou, l'apologiste de l'ordre des jésuites.
Soirée musicale de la Société des Cbceurs.
Dimanche dernier, une brillante fêle musi
cale a eu lieu en la salle de spectacle. Elle avait
attiré une société nombreuse et choisie, ce que
Inous constatons avec plaisir, car pour nous
-'est un symptôme léger la vérité, de la re-
aissance du goût de la musique dans notre
ité. Si jamais celle charmante muse par
vient reprendre son empire Ypres, c'est
la Société des Chœurs que nous devrons ce
progrès.
Pour la première fois, le concert a été donné
par des artistes Yprois. Orchestre, chœurs, so
listes même, tous les éléments étaient exclusi
vement Yprois. Nous devons en être flattés, car
depuis longtemps cela ne s'est vu. Jusqu'ici,
pour organiser une soirée musicale, il fallait
demander le concours d'artistes étrangers
tomber souvent charge aux harmonies mili-
I i I a ires attachées aux régiments en garnison en
ville.
Maintenant on a fait l'essai d'une exécution
l'aide d'artistes qui sont habitants de la ville,
t en vérité, on a eu raison d'avoir confiance et
e ne pas désespérer. La fête musicale de Di-
i anche dernier a prouvé que désormais, avec
des soins et de l'élude on pouvait se fier aux
artistes Yprois, pour l'organisation et l'exécu
tion d'un concert.
Nous devons dire quelques" mots de nos
chanteurs, qui ne s'étaient fait entendre de
longtemps. Nous avons avec plaisir retrouvé
dans l'exécution des chants d'ensemble, cet
aplomb et cette justesse d'intonation qui dis
tingue les chœurs Yprois.
Un duo de l'opéra des Martyrs, a fait, entre
autres morceaux, le plus grand plaisir, M11® M.
s'est surpassée, elle a chanté d'une manière ad
mirable ce morceau difficile, M. Ed. B. l'a se
condée avec ce talent qui en fait un artiste re
marquable. Un nocturne nouveau pour piano,
a été exécuté avec beaucoup de verve et a fait
grand plaisir. Pour finir, nous devons dire que
le trio bouffe a été enlevé avec beaucoup d'en
train et que M. D., dans ce morceau chanté
avec M11® M. et M. B., a eu sa part des applau
dissements qui ont éclaté après l'audition de
cette création de l'illustre compositeur français
Auber.
ENSEIGNEMENT.
C'EST INTÉRESSANT LISEZ.
Le document suivant nous a paru trop cu
rieux et par la forme et par le fond pour n'être
pas livré aux honneurs de la publicité. Il se
peut que la fameuse convention de Tournay,
qui a fait tant de bruit, pâlisse, gagne même
une teinte blafarde côté de cette mansuétude
des bons édiles de Tirfemont qui s'en viennent
déclarer l'archevêque de Malines
Que MM. les professeurs du collège de leur ville, fidèles d leurs
convictionset soumis notre mère la sainte église y rempliront leurs
fondions avec un dévouement inébranlable, en s1 efforçant toujours de
contribuer, -pour leur faible part, AU TRIOMPHE DE LA CAUSE
CATHOLIQUE*
L'empressement que nous mettons aujourd'hui [disent les magis
trats prosternés] d faire preuve de soumission aux droits sacrés dont
Votre Eminence est Fauguste dépositairetémoigne assez de notre
attachement aux bons principes..,, et du moyen qui nous paraît le
plus naturel et le plus faoile pour donner le plus tôt possible une
pleine et entière satisfaction L AUTORITÉ LÉGITIME et aux.
parents des élèves.
Mais ce n'est pas assez il faut savoir lire le
document tout entier pour être complètement
édifié; il faut surtout qu'on sache que le Libé
ralisme Tirlemontois y a participé dans la per
sonne du notaire PHILIPPE JANSSENS, con
seiller communal, signataire, et président. Dieu
le pardonne, du comité libéral de l'endroit.
Voici la copie littérale de cette pièce
A Monseigneur le Cardinal archevêque de Malines.
Monseigneur!
Le conseil communal de la viile de Tirlemont a l'honneur de
Tous faire part de la réorganisation du collège communal de ladite
ville, supprimé depuis 1841 par suite d'une convention particulière
avec M. l'abbé Louis. [1]
Le corps professoral, agissant par l'organe du piéfet des études et
intimement convaincu que la religion doit être le fondement et la
base de tout enseignement et que sans l'appui de F église les sciences
humaines ne peuvent conduire qu'à des résultats dangereux, s'est em
pressé d'adresser une demande M. l'abbé Dv, de Tirlemont, pour
obtenir de lui qu'il consentit se charger des soins de l'éducation
religieuse dans l'établissement et spécialement de la préparation des
enfants la première communion.
M» l'abbé D, saisissant cette occasion d'opérer un bien moral par
la propagation de la parole divine, a déclaré accepter les propositions
du préfet des études, sauf l'approbation de l'autorité supérieure.
En conséquence nous prenous la respectueuse liberté de vous snp-
[1] Comment? Ce cher conseil communal confesse qu'une conven
tion intervenue entre lui et un abbé a supprimé le collège! Mais
c'èst incroyable c'est plus qu'à Tournai
plier de vouloir bien accorder ce digne ecclésiastique les pouvoirs
nécessaires pour remplir une mission si délicate et soutenir aussi la
haute prospéri té d'un établissement qui s'est élevé sous votre protection.
Afin d'assurer V. Em. des bonnes dispositions de l'administration
communale et du corps des professeurs, afin de lui donner au préa
lable la preuve que toutes les garanties religieuses et morales lui
seront présentées, et que l'esprit de l'établissement sera toujours
essentiellement catholiquenous avons annexé la présente requête
les copies 1® de la lettre du préfet des études M. l'abbé D, lettre
où Y. Em. pourra prendre connaissance de quelques dispositions du
règlement organique du collège 2° de la réponse de M. labbé D.
Nous n'avons nullement la prétention, Mgr., de préjuger sur [sic]
le choix qu'il vous appartient de faire dans cette occurrence, notre
intention est simplement de faciliter la réalisation de nos plus chers
désirs [2] en proposant V. Em. le moyen le plus naturel et le plus
facile pour [sic] donner le plus tôt possible une pleine et entière
satisfaotion l autorité légitime et aux parents des élèves.
L'empressement que nous mettons aujourd'hui faire preuve de
soumission aux droits sacrés dont V. Em. est Fauguste dépositaire
témoigne assez de notre attachement aux bons principes.
Vous pourrez, Mgr., vous convaincre ultérieurement que l'ensei
gnement ne s'écartera jamais de la bonne voiele contrôle de votre
délégué constatera en tout temps que MM, les professeurs, fidèles
leurs convictions et soumis notre mère la sainte égl se, rempliront
leurs fonctions avec un dévouement inébranlable en "'efforçant toujours
de contribuer pour leur faible part, AU TRIOMPHE DE LA CAUSE
CATHOLIQUE. [5]
C'est dans l'intime conviction où nous sommes que V. Em. dai
gnera jeter un regard favorable sur la position actuelle du collège de
Si Vincent de Paul çt sur le motif tout religieux qui nous pousse
cette démarche, que nous avons l'honneur d'être, Mgr., de V, Em.,
les très-humbles et obéissants serviteurs.
[Suivant les signatures des membres du conseil communal.\
Tirlemont, le 22 septembre 1846.
De nombreuses conséquences résultent du
placet qu'on vient de lire
Premièrement. C'est que renseignement où
ces édiles semblent avoir puisé avec iappui de
Véglise certaine dose de sciences humaines les a
fait aboutir au résultat dangereux de se com
porter en véritables bedeaux de paroisse, au
lieu de leur faire tenir l'archevêque un langage
noble et digne comme il convient des manda
taires d'une cité respectable qui ne croit pas elle
qu'une soumission aux droits sacrés de l auguste
dépositaire des bons principes doive être formu
lée dans des termes aussi platement serviles.
Deuxièmement. C'est qu'en attribuant MM.
les professeurs l'inébranlable dévouement leur
mère la sainte Egliseavec la tendance de s'ef
forcer toujours de contribuer pour leur faible
part. AU TRIOMPHE DE LA CAUSE CATHO
LIQUE, e'est exposer ces citoyens raisonnables
passer pour des extravaganlsdisposés défen
dre ce oui n'est pas menacé, ou bien encore
fonder Tirlemont un Sonderbund belge.
Troisièmement. C'est qu'en faisant intervenir
dans un document de cette nature un conseiller
communal. PRÉSIDENT DU COMITÉ LIBÉRAL
DE L'ENDROIT, c'est compromettre traîtreuse
ment l'avenir de cet homme politique qui n'a
pas toujours on le voit le sentiment de
son importance.
Quatrièmement. C'est.... manquer de bon
sens
Par arrêté royal du 14 janvier 18 58, sont
nommés dans l'étal-major des places
Adjudants de place de deuxième classe le
capitaine commandant Vanloo, G.-A. du lr
régiment de cuirassiers, le capitaine Knepper,
H., adjudant de troisième classe Ypres, et le
|2] On frocard pourrait même faire l'affaire, semble-t-il.
[3 j C'est-à-dire une sainte croisade contre la cause libérale.