INTÉRIEUR.
7e ANNÉE. - N° 706.
JEUDI, 10 FÉVRIER 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YILLE D'APRES. conseil communal.
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TIRES ÀCQWniT EUNDO.
TPRES, le 9 Février.
Séance publique du Mardi8 Féorier 1848.
Présents: M\I. le Baron Vantlerslichele de Mau-
bus, bourgmestre, président; Alphonse Vanden
Peereboom et Iweins-Hynderick, échevins; Gérard
"Vanderirieersch, Louis Annoot, Théodore Vanden
Bogaerde, Boedl, avocat, Martin Smaelen, Boedt-
Lucien, Ernest Merghelynck et Iweins-Fontey ne,
conseillers.
M. le secrétaire donne lecture des procès-verbaux
de la fin de la séance du 23 novembre 1847 et de
celle du i3 janvier 1848. La rédaction en est ap
prouvée sans observations.
M. le président informe le Conseil que la médaille
obtenue l'exposition nationale, par un concitoyen,
est parvenue l'administration communale, ainsi
que deux médailles décernées des personnes de
cette ville pour actes de courage et de dévouement.
La récompense accordée Justine Griffon, ouvrière
en dentelles, devra être remise également par les
soins de l'administration communale, et le Conseil
décide que dans une séance prochaine, les personnes
qui ces marques de distinction ont été décernées,
seront invitées venir les recevoir solennellement,
en présence de l'autorité communale assemblée.
M. le secrétaire donne lecture d'une lettre adres
sée au Conseil, par l'administration des Hospices
civils de cette ville. La commission propose de faire
une avance de fonds, afin de provoquer l'établisse
ment d'un atelier d'apprentissage en ville, avec
l'intervention de la province et de l'étal. Ces som
mes avancées seraient remboursables au moyen de
fabricats provenant de l'atelier, propres être dis -
tribuésaux indigents. Le Conseil,avant de s'occuper
de cette demande, décide qu'elle sera envoyée la
chambre de commerce pour avis et renseignement.
Par l'organe de M. l'ëchevin Vanden Peereboom,
le collège fait connaître que le budget de la ville
pour 1848 est revenu de Bruges et que les seules
modifications qu'il ait subies, portent sur le budget
spécial de l'instruction primaire gratuite. Le sub
side de la province est diminué, celui de l'école
gardienne est rayé, une somme de 1,000 francs en
viron se trouve distraite des recettes et des dépen
ses de l'école primaire gratuite.
Le collège s'est empressé de demander M. le
gouverneur des explications sur les changements
qu'on avait opérés au budget de l'école communale,
et ce liant fonctionnaire s'est empressé de répondre
par une demande de renseignements sur des modi
fications qui étaient le fait de l'autorité provinciale.
Le collège, étonné de cette manière insolite de
traiter les questions, a répondu que le budget spécial
détaillé des frais d'instruction primaire avec un ca
hier d'observations, devait se trouver dans les bu
reaux du gouvernement provincial ou dans celui de
l'inspecteur. M. le gouverneur a répondu qu'on
Feuilleton.
LA QDIQUENGROGNE.
IV. raodlztte. (Suite.)
Pendaut que ces réflexions traversaient l'esprit de Clément,
Raoulette, étonnée du silence qu'il gardait, et ne remarquant pas
qu'il restait devant elle dans uue sorte d'admiration extatique,
renouvela les questions qu'elle venait de faire.
Se peut-il, mademoiselle,répondit Clément, que vous ignoriez
dans quel lieu vous êtes
Et comment le saurais-je? reprit-elle. Pendant que l'on m'em
portait, j'avais le visage caché sous un manteau, et j'étais évanouie
lorsque l'on m'a déposée ici.
Vous êtes dans le château, mademoiselle j que cela ne vous
effraie pas.
Dans le château Mais je croyais que le château n'apparte
nait plus la ville, qu'il était occupé par les soldats du roi de France.,
Pourquoi mon père a-t-il voulu que je fusse retenue prisonnière
dans le château
Votre père 1...
Clément allait se trahir en disant que ce n'était pas par ordre du
sire de Bizieu que sa fille avait été enfermée; mais comprenant
tout-à-coup que cette erreur pouvait retarder le moment où il fau-
n'avait pas trouvé ces pièces. Co qui ne laisse pas
que d'être très-singulier, c'est que depuis quelque
temps un grand nombre de pièces administratives
s'égarent dans les bureaux de la province, et quand
on en a besoin, on soutient que jamais ou ne lésa
reçus. Maintenant, ajoute M. Vanden Peereboom,
si on ne rétablit le budget de l'école, tel qu'il était
formulé, il ne reste qu'un moyen, c'est de la faire
chômer pendant un trimestre. Il est déplorable
qu'on doive, après avoir exécuté ponctuellement
la prescription de la loi, être continuellement tra
cassé par les inspecteurs provinciauxel cantounaux,
car l'administration communale peut se flatter d'a
voir répondu au vœu de la loi sur l'instruction
primaire, comme aucune ne s'est avisée de le faire.
Il est de fait que ce remaniement du budget de l'é
cole est le fait de l'inspecteur provincial qui tripote
incessamment dans le»affaires de l'instruction,de la
façon la plus pitoyable, probablement pour occuper
ses loisirs et sans qu'il soit même de pouvoir
fournir fa inoindre explication l'appui de ses faits
et gestes.
Un conseiller fait remarquer que les tiraillements
qui se font sentir dans les questions de l'in
struction, doivent être attribués aux intrigues qui
se croisent continuellement et ce rouage parfaite
ment inutile de l'inspection ecclésiastique. D'ail
leurs, l'inspecteur provincial a toujours été animé
d'une malveillance mal déguisée l'égard de la ville
d'Ypres, probablement parce qu'on n'y voulait pas
diriger les écoles d'après l'esprit que lui, l'inspec
teur provincial, devait y faire dominer. Dans son
opinion, il lie reste qu'une chose faire, si M. l'in
specteur provincial et M. le gouverneur ne donnent
pas de motifs plausibles, pour expliquer les modifi
cations qu'on a introduites dans le budget, leConseil
doit en saisir directement M. le ministre de l'inté
rieur. 11 est espérer que là on trouvera justice et
impartialité.
Un membre du Conseil demande si l'allocation de
la ville 11e dépasse pas ce qu'elle doit portera sou bud
get d'après la loi. M. Vanden Peereboom répond que
le crédit est de 1,200 francs environ plus élevé que
les deux pour cent sur les contributions directes, et
que par conséquent la ville ne peut encourir aucun
reproche de ce chef. D'après une circulaire de l'in
specteur cantonnaion avait alloué directement le
subside que le bureau de bienlaisance était censé
payer, mais que la ville versait elle-même, puis
qu'elle subsidie cette institution. Pour le plaisir de
contrarier, on a reporté ce subside au compte du
bureau de bienfaisance qui, pour 1848, n'a pas d'al
location de ce genre sur sou budget.
Pour en finir avec les tracasseries que suscite
l'administration communale l'inspecteur provincial
et ses dignes acolytes les inspecteurs de tous genres,
leConseil décide que si les réclamations n'obtiennent
une issue favorable, on soumettra directement la
question au ministre de l'intérieur, qui pourra
apprécier alors, dè quelle façon la loi sur l'instruc
tion primaire est exécutée et combien 011 suscite de
désagréments aux administrations communales qui
n'ont que le tort de trop bien comprendre leur mis
sion. Cet le décision est prise l'unanimité.
Le conseil avait renvoyé la commission des Hos
pices les pièces concernant le legs tait cette ad
ministration par la Du° Liévine Ramoen, afin d'exa
miner, s'il n'y aurait pas lieu de créer, l'aide de ces
fonds, une fondation de veuoe du S1 Esprit ou un lit
dans un hospice quelconque, la collation des pa
rents de la testatrice. L'administration répond que
cela est impossible aussi longtemps qu'elle sera
chargée de servir les rentes viagères stipulées par le
testament, car celte charge absorbe pour ainsi dire
le revenu du legs fait par lu demoiselle Liévine Ra
moen. Mais après la mort de ces deux pensionnaires,
ou de l'une d'elles, la commission s'empressera de
créer une ou deux fondations de veuoe du SEsprit
ayant le droit d'occuper une petite maison avec
prébende de fr. 1-09 par semaine et le chauffage
pendant l'hiver, la collation des plus âgés des
lignes paternelles et maternelles de la testatrice. Le
Conseil adopte cette proposition des hospices et émet
un avis favorable l'acceptation du testament.
Sur la question du subside de deux mille francs,
pour la route de Moorslede Passcliendaele, le Con
seil est d'avis de payer cette somme aussitôt que
possible, sauf régulariser cette dépense sur le
budget de i84y. Bien que la ville d'Ypres paye la
totalité du subside qu'elle avait voté, la commune
de Moorslede, qui s'était engagée pour 28,000 ou
3o,ooo francs, en sera quitte pour le paiement d'une
somme de 22,27.8 francs, pour une construction qui
n'est utile qu'a Moorslede et Passchendaele.
Le Conseil, sur la proposition du collège, vote un
premier crédit du 3,000 francs, pour réparations et
changements la caserne de cavalerie et aux écuries,
afin d'approprier ces bâtiments l'école d'équitation.
La séance se termine par l'approbation donnée
au procès-verbal de vente de bois taillis et découpé
de têtards sur les biens communaux, et l'acte de
vente d'arbres épars sur les propriétés des Hospices
civils.
Une somme d'environ six mille francs, a été par
tagée sous forme de subsides, une dizaine de com
munes de l'arrondissement. Ce n'est qu'un premier
secours, car déjà une somme de 75,000 francs se
trouve la disposition de chaque gouverneur des
deux Flandres.
Par un arrêté royal d'u ne date récente, des subsides
sur les fonds votés pour l'amélioration de la voierie
vicinale, viennent d'être alloués des communes
de notre arrondissement. Passchendaele, pour l'em
pierrement de l'ancien chemin d'Ypres Roulers,
obtient une somme de 4,680 francs. La commune
de Vlamertinghe, pour diverses améliorations sa
voirie vicinale reçoit 2,000 francs. Zonnebeke,
pour l'empierrement du chemin vicinal dit Fre-
senbergune somme de 2,000 francs. Enfin, la com
mune de Gheluvelt, pour travaux de même genre
la voie de grande communication dite Becelaer-
drait en venir désaveux qui seraient loin de lui être favorables,
il trouva bon d'eu profiler, ue jugeant pas sans doute que ce léger
mensonge pût peser beaucoup dan. la balance de ses fautes. Gagner
du temps lui paraissait d ailleurs la ohose la plus importante, puis-
qu il avait l'espoir que le temps et les galanteries dont il se promet
tait d'entourer Haculette, la disposeraient lui pardonner.
Votre père, reprit Clément, a voulu en effet que vous fussiez
amenée ici, pour vous mettre l'abri des dangers qui menacent la
ville.
Voilà ce que je m'étais dit mais pourquoi mon père ne vient-il
pas lui-même pour me rassurer? Il doit savoir quelle est mon inquié
tude... Il lui est Houe arrivé quelque nialbeur blessé peut-être?...
Le sire de Bizieii a été obligé d'entreprendre un long voyage...
Mon père... en voyage... et il me ferait enfermer clans le
ohàteau Non... je ne crois pas cela... j'ai des amis, j'ai des pa
rents Saint-Malo C'est au milieu d'eux que je devrais être en
l'absence de mon père... Je vous dis, monsieur, que vous me cachez
la vérité... je veux la savoir. Mais vous, monsieur, qui vous pré
sentez au nom de mou père, qui donc étes*voiis Je ne vous con
nais pas... je vous vois pour ta première fois, ce me semble.
Je suis le fils du comte de Cbarolles, mademoiselle.
Le lils du gouverneur mais j'y songe présent, n'est-ce pas
vous qui commandiez les arquebusiers qui ont attaqué la milice
Et vous venez au nom de mon père, dites-vous Vous mentez,
monsieur... vous mentez... je suis votre prisonnière... Est-ce une
rançon que vous roulez on tous la paiera. Conduisez- moi devant
le gouverneur, votre père, c'est avec lui que je dois traiter des con
ditions de ma liberté.
Pouvez-vous me juger si mal, mademoiselle, de me croire assez
déloyal pour spéculer sor la rançon d'une femme Je vous assure
que nul asile ne vous convient mieux en ce moment que oelui-ci.
Voyez, que vous manquera-t-il Dans le châteeu vous n'avez rien
redouter, au lieu que tout est craindre dans uue ville qui peut
d'un instant l'autre, être livrée aux désordres inséparables de la
guerre.
Mais mon père, monsieur, puis-je rester séparée de mon père
Est-il séant que j'accepte une situation qui me force faire ma com
pagnie d'un jeune homme tel que vous
Vous ue trouveriez pas votre père Saint-Malo, mademoi-
selle... je vous en prie, attendez encore quelques jours avant de
quitter le château.
Vous ne me dites pas la vérité, monsieur; suis-je libre suis-je
votre prisonoière? voilà ce qu'il faut m'apprendre. Il y a trop
longtemps que dure cette explication.
Ecoutez-moi, mademoiselle. Je vois bien qu'il n'est pas possi
ble de vous laisser ignorer ce que j'avais désiré vous oacher mais
du moins ce n'est pas par moi que vous connaîtrez le malheur qui
vous a frappée.
l.e malheur!... quel malheur, monsieur, quel malheur?...
Parlez donc...
Mademoiselle, c'est moi qui vous ai fait enlevai'.
Vous, monsieur, et pourquoi