EXTÉRIEUR. France. nociélé de St-Sébaslien de Sl-Ivon, dont le chef, M. Schaffelaer, a pris la parole au nom de la confrérie, pour féliciter le bourgmestre sur sa nomination. Ensuite suivait la société philharmonique, dont le digne chef. Ms Ghes- quière, ancien bourgmestre de Warnèlon, a prononcé un discours chaleureux et touchant. Enfin, le conseil communal est venu saluer son nouveau président, auquel M. le premieréche- vin M. Godtschalck, a adressé une allocution comme interprète de l'autorité communale. Enfin, le cortège était fermé par les ouvriersdu nouveau bourgmestre, qui ont voulu, euxaussi, féliciter leur maître. Le crriège s'est remis en marche et s'est dirigé vers l'Holel-de-ville, mu sique en tète. Là, le vin d'honneur a été offert au bourgmestre qui, visiblement ému par les témoignages de sympathie de ses futurs admi nistrés, a demandé un instant de repos. Une foule de personnes des environs s'étaient ren dues Warnèlon pour assister cette fête, la place était remplie de monde. Enfin, l'anima tion de la population était extraordinaire. RI. le bourgmestre, après s etre reposé un instant, a prié toutes les sociétés qui ont fait partie du cortège s'approcher et a adressé au chef de chaque corporation, une allocution en réponse aux discours qui lui ont été faits. Les paroles du premier magistrat, respirant le senti ment civique et la sympathie pour ses conci toyens, ont été accueillies par des cris mille fois répétés de vive M. le bourgmestre. Vers les six heures, le cortège s'est formé de nouveau, musique en tête, et a reconduit chez lui le bourgmestre qui a alors reçu le clergé qui n'avait pas été officiellement invité assister au collège. Le discours du curé a été vive ment applaudi, car Warnêton, ce prêtre est aimé, parce qu il ne s'occupe que des devoirs de son saint ministère. Un contretemps fâcheux a fait que le cortège n'a pas été aussi imposant qu'il aurait pu l'être si les pompiers, commandés par M. Capelle,n'avaient été appelés éteindre un incendie, quelques minutes de Warnêton. Ce sinistre a empêché le corps de pompiers de former la haie au cortège. Mais le bourgmestre les a reçu après le clergé, et les félici tations qui lui ont été adressées, ont été accueillies avec toute la satisfaction que doit éprouver l'homme qui se sent aimé par ses concitoyens. La joie qui animait les habitants de la villeétait générale, et l'enthousiasme difficile décrire. Les cabarets sont restés ouverts jusqu'à quatre heures du matin, sans que le moindre incident soit venu troubler celte fête vraiment civique. Nous lisons dans le Précurseur d'Anvers, du 4 février Parmi les dernières nominations de bourgmes- mestres publiées par le Moniteurnous remar- quons avec plaisir le choix du premier magistrat y> dont vient d'être doté la ville de Warnêton. Homme probe et actif, négociant éclairé, M. Be- liague réunit les sympathies de tous, et la ville de Warnêton doit se compter heureuse de le voir placer la tête de sa municipalité. Il paraît que M. Beliagueest encore apprécié ailleurs qu'à War nêton. Ses relations d'affaires Anvers, l'ont mis en rapport avec des négociants qui ont bien jugé la caractère et les sentiments du nouveau bourgmestre de Warnêton. A H heures et demie. Nous recevons un bulletin de Lille Paris est entre les mains des insurgés. Louis- Philippe a abdiqué en faveur du Gomte de Paris, le fils du duc d'Orléans. Cela ne suffit déjà plus: un gouvernement provisoire est installé l'Hôtel-de- ville, et Louis-Philippe est parti. Le Palais-Royal a été saccagé par le peuple et consumé par les flammes. Les Tuileries sont occu pées par la garde nationale et par le peuple. Enfin, tout est en révolution et Paris se trouve abandonnée sans frein toutes les mauvaises passions, et au jourd'hui que toutes les digues sont rompues, il est impossible de dire ce que cela deviendra. Le Hainaut aussi va prendre pari la Sotis- cription nationale le gouverneur a invité les commissaires d'arrondissement faire un appel aux personnes charitables pour organiser les comités de concert avec les fonctionnaires et les membres du clergé. NOUVELLES DIVERSES. La diète helvétique ne s'est pas laissée inti mider par les menaces contenues dans les notes identiques des trois puissances et la réponse qu'elle vient d'y faire est la fois ferme et mo dérée et elle déclare ne pas reconnaître l'inter prétation donnée par les trois cabinets aux trai tés de 1815. Elle considère leurs prétentions et leurs injonctions comme nulles et non avenues. Elle modifiera le pacte fédéral quand et comme elle le jugera propos. Maintenant les trois cabinets oseront-ils met tre leurs menaces exécution et intervenir collectivement en Suisse. Peut-être l'Autriche et la Prusse auraient-elles peu de scrupule une pareille intervention si elles n'étaient rete nues par le veto de l'Angleterre qui ne per mettra pas aux puissances d'envahir le territoire helvétique. Quant au cabinet françaisqui a pris l'initiative des notes aigres-douces adres sées Berne, il sera bien forcé de reculer M. Guizot, malgré la majorité conservatrice, dont il a disposé si despoliquement, n'oserait pas venir demander aux chambres des hommes et de l'argent pour envahir la Suisse. Il paraît même que MM. de Colloredo et Rodowitz, plénipo tentiaires de l'Autriche et de la Prusse pour ce congrès, organisé sous les auspices de m. Gui zot, ont quitté Paris fort mécontents de la ma nière dont le cabinet français a compromis les deux diplomates de Prusse et d'Autriche. M. le duc de Solo-Mayor a déclaré que le gouvernement espagnol approuvait complète ment les derniers changements faits en Italie. Il a ajouté que quelques forces navales avaient été envoyées en Sicile et Naples, afin de protéger les nationaux, en cas de besoin, et enfin, il a dit que, si, par suite de ces événements, une guerre venait éclater, le gouvernement espa gnol était décidé suivre une politique toute nationale, en se retranchant dans une complète neutralité. On lit dans le Journal de Charleroi: Tout récemment les employés de l'octroi de Namur ont été pendant quelques heures l'objet de graves inquiétudes; il n'y en avait plus un en étal de faire son service. Le personnel de l'octroi de Namur n'était plus Namur, il était sur... le Pô. On commençait craindre que ces braves gens ne fussent victimes de quelqu'épi démie d'un genre tout particulier qui les forçait se livrer aux mêmes efforts, aux mêmes con torsions, et se diriger vers les mêmes lieux; quand l'un d'eux s'écria tout d'un coup: ce sont ces gueuses de saucisses La chose n'était hélas! que trop vraie. Dans la matinée un indi vidu qui avait été pris quelques jours avant cherchant passer des comestibles en fraude, se fil prendre une seconde fois avec une ving taine ou une trentaine de livres de saucisses. La capture était bonne les saucisses étaient fraî ches appétissantes; il fut résolu l'unanimité qu'on s'en régalerait mais une heure après le régal chacun se sauvait dans toutes les direc tions, se tenant le ventre deux mains.... Les saucisses étaient bourrées de jalap. Le 7e régiment, en garnison Bruges, a donné 1,900 francs pour les Flandres. Lesimple soldat qui fait abandon d'un jour de solde se condamne vivre pendant dix jours sans avoir une obole dépenser. Ce sacrifice n'est-il pas infiniment plus grand que celui du millionnaire qui donne la 365u partie de son revenu Paris, 25 Février. Nous avons déjà raconté hier les premiers résultats de la conduite du ministère Guizot et l'agitation extrême qui existait dans toute la ville donnait lieu de craindre des troubles gra ves pour la soirée d'aujourd'hui. La population ouvrière qui s'était portée en masse dans les Champs-Elysées, devant la cham- hi es des députés et sur la place de la Madelaine semblait se préoccuper fort peu des forces im posantes dont disposait l'autorité. On savait, il est vrai, que 120,000 hommes de troupes, de toutes armes avaient été réunis Paris pour le jour du Banquet-Réformiste, et que des masses énormes de munitions étaient entassées dans les forts détachés et dans les casernes de Paris. Mais la fermentation était si grande qu'on n'a pas été effrayé de ces préparatifs Déjà dans la journée des charges de cavalerie avaient été effectuées rue royale S'-Honoré et rue S'-Au- gustin, et mesure que l'on approchait de la nuit, on voyait arriver de nouvelles troupes et le peuple s'exciter de plus en plus la résis tance. A quatre heures plusieurs omnibus et voilures d» toute espèce avaient été renversés - Le 30 mai est une date qui tient une grande place dans ma vie Je suis née le 30 mai, je me suis mariée le 30 mai, et c'est le 30 mai que je mourrai, peut-être. Il y a douze ans, c'était le trentième jour de mai 1507. Le jour commençait paraître et j'étais venue sur le sommet de la tour faire ma promenade solitaire. Quel fut mon étonnement! un étranger avait osé pénétrer dans mon domaine il avait voulu voir de près la sorcière, la folle dont le nom seul inspi rait la terreur, et quand il la vit ariiver, il ne montra ni crainte ni mépris, mais il se découvrit respectueusement devant elle. Oh qu'il devait avoir un noble cœur! c'était un jeune homme de dix- huit ans peine: Dieu l'avait doué de celte beauté puissante qui frappe moins les yeux qu'elle n'émeut l'esprit. De grandes choses étaient écrites sur le front de ce jeune homme, et je me sentis heu reuse en le voyant, moi qui ne croyais plus au bonheur. Que venez-vous faire ici? lui demandai-je. Vous voir, madame... me répondit-il, non par curiosité... mais par intérêt...— Quel est votre nom? Yorik de Frapesles. C'est Alix qui vous envoie vers moi... qu'elle soit maudite... laissez-moi... je ne veux pas vous voir..* je vous haïs depuis longtemps, j'ai toujours refusé de vous voir... allez-vous en... Voilà ce que ma bouche disait, mais mon cœur appelait cet enfant.., je le dévorais des yeux... je l'aimais malgré moi... Et l'enfant, lui, se demandait pourquoi mes paroles le repous' saient, tandis que mes yeux et mon cœur l'attiraient. Personne, me dit-il, ne m'a conseillé de venir vous... je n'ai obéi qu'à mon inspiration, et nul être au monde ne peut soupçonner ma présence sur la Quiqucngrogne. Depuis ce moment je u'essayai plus de com battre le penchant que j'avais pour lui, je lui dis que je Taimais, que je voulais lui faire un brillant avenir, et je me fis raconter par lui sou existence. Lu pauvre eufant! on lui avait laissé ignorer le nom de son père... et sa mère elle-même, il ne la connaissait pas... On aurait voulu couper les ailes de l'aigle, on voulait enehaîner les no bles facultés de l'enfant, mais je l'aidai prendre son essor; je bri sai les entraves de son génie ht il s'élança dans l'espace. L'enfant est de retour, il s'est illustré par de graudes découvertes, il a des riches ses de quoi payer la rançon de vingt rois, de quoi acheter vingt provinces la ville de Saint-Malo vient de se donner lui en le nom- manl prévôt de la milice, le jour du triomphe approche... l'enfant sera le maître de toute la Bretagne s'il ne laisse pas son cœur s'amo- lir dans l'amour... Car l'amour lui sera mortel. L'enfant doit laver la honte de sa naissance... Il faut que le crime, soit oublié de telle sorte, qu'il devienne une gloire, et que la postérité dise un jour de lui heureuses les entrailles qui ont porté Yorik le bâtard, duc de Bretagne. Ainsi que la vieille l'avait prévu, Yorik avait senti sa douleur se calmer, en prêtant, sans le vouloir, sou attention au monologue de la folle, et peu peu il avait été amené partager son enthousiasme prophétique. En levant la tête ses yeux avaient rencontré ceux de la vieille Bcrlhe, le rayonnement de leur regard s'était confondu, et par un de ces phénomènes psychologiques dont les exemples ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le croire, une sorte de fusion s'était opérée dans leur âme, si bien que l'hallucination de la femme s'était communiquée au jeune homme, et que tous deux étaient sous l'ob session de la même fièvre. Duc de Bretagne!... moi... duc de Bretagne,interrompit le vicomte de Frapesles en se levant par un mouvement d'orgueil qui indiquait que le doute de sa grandeur future était plus dans ses paroles que dans son esprit. Duc de Bretagne, si tu sais l'être, répondit la Sibylle. Suis-je donc le fils bâtard d'un prince, pour qu'il me soit per mis d'ambitionner un si haut apanage Vous êtes le bâtard d'un roi de France, monseigneur D'un roi de France est-ce possible Vous voulez me trom per, n'est-ce pas Vous êtes le fils du roi Charles VIII, je vous le prouverai... Il faudra bien qu'elle l'avoue. -« Elle... qui? Alix de Kerioguen Alix de Kerioguen est ta mère... tu es mon enfant moi aussi... tu es mon petit-fils. Alix, est ma fille... Oh! si tu savais combien j'ai souffert de voir ma fille déshonorée... j'ensuis devenue folle... oui folle... Ils m'appellent la folle... la sorcière... que m'im porte En ta présence, n'ii-je pas toujours eu ma raison J'avais maudit ma fille, mais cause de toi, je lui pardonnerai, je la glori fierai d'avoir donné un duc la Bretagne. Mais Alix ne m'a jamais dit qu'elle fût ma mère... Elle m'a toujours montré plus de respect que d'amour maternel, et bien sou vent elle m'a empêché de lui donner ce nom de mère si doux prononcer. Que vous disais-je, monseigneur ce respect dont elle vous a sans cesse entouré, n'est-ce pas au sang royal qu'elle l'adressait? Quant son titre de mère, faut-il s'étonner qu'elle y ait renoncé, puisqu'il lui apportait un souvenir de honte Mais quaud vous aurez conquis le rang suprême, Alix se trouvera réhabilitée ses propres yeux, elle sera heureuse et fière de vous nommer son fils. Pourquoi m'avoir laissé ignorer aussi longtemps les liens qui nous unissaient Les temps n étaient pa9 venus. Savais-je si vou9 tiendriez les brillantes promesses que j'avais lues dans les lignes de votre visage Voire naissance était une infamie si vous fussiez resté un homme ordinaire; mais en devenant puissant entre tous, vous me montrez le doigt de Dieu qui aura voulu que le sang des Kerioguen se trou vât mêlé au sang des rois. Quelle preuve avez-vous que je sois fils de roi Charles VIII m'a-t-il reconnu Écoutez-moi, mon enfant. La duchesse d'Orléans, la per sonne de qui Alix était attachée, vivait três retiiéevous n'ignorez pas quels furent ses chagrins domestiques, et combien elle était en nemie du bruit et de l'éclat de la cour. Une seule personne la visi* tait assidûment, c'était son frère, le roi Charles VIII, et encore se faisait-il rarement accompaguer. Alix était belle, bien belle, le roi Charles était jeune; ils se sont aimés secrètement et vous êtes le fruit de cet amour, monseigneur. (La iuita au prochain n°.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 2