NOUVELLES DE FRANGE.
Fait ail chef-lieu de l'administration des hos
pices, le 28 février 18-18. (Signé) A. Thierry.
Pour copie conforme Le membre de la com
mission administrative, secrétaire-général,
(Signé) Dubost.
Approuvé: Pour le ministre de l'intérieur, le
délégué du gouvernement provisoire,
(Signé) Andryane.
On lit dans Y Ami de la Religion:
Nous apprenons que la proclamation de la
République Lyon a été le signal de graves
excès contre plusieurs établissements religieux.
Le pensionnai des Frères des Ecoles Chrétiennes,
et quelques couvents de femmes, auraient été
saccagés et incendiés. Ce sont des bandes de
vagabonds qui commettaient ces crimes. Espé
rons que les autorités et les bons citoyens s'em
presseront d'arrêter et de prévenir partout de
si coupables attentats. Qu'on n'oublie pas que
toute atteinte la liberté et la propriété d une
classe de citoyens est un danger pour la société
toute entière.
Le gouvernement provisoire a fait offrir
des postes de sûreté aux représentants des puis
sances étrangères. M. le comte Appony a ac
cepté Mgr l'archevêque de Nicée, nonce du
Pape, a refusé.
M. Pasquier a quitté l'hôtel du Petit
Luxembourg. Ce malin, on a effacé l 'inscription
placée sur la principale porte de cet hôtel
Chancellerie de France, et on y a placé le dra
peau national avec celte inscription: Liberté
égalité, fraternité.
Louis-Philippe ne s'est point arrêté
Versailles. Il est arrivé 3 heures, au Petit
Trianon, n'y est resté que le temps de prendre
une cassette, et est immédiatement remonté en
voiture. Une grande partie de la population de
Versailles, accourue sur le bruit de sa présence,
est arrivée trop lard pour être témoin de sa fuite.
On lit dans l'Impartial de Seine et Oise,
du 27 Les princesses sont parties par un om
nibus de Boulogne, qui a pris la route d'Eu par
S'-Germain.
Depuis quatre jours on cherchait M. Jollivct
dont personne n'avait de nouvelles, hier huit
heures, sur un avis anonyme le commandant
du château des Tuileries, le capitaine S'-Amans,
accompagné des citoyens Châlons d'Argé, com
missaire délégué du ministère de l'intérieur, et
Quentin, délégué du ministère des finances, se
rendirent au poste du pont tournant, près la
Place de la Révolution, et, après plusieurs re
cherches découvrirent sous un tas de sable, trois
cadavres. Le premier était celui d'un commis
quincailler le deuxième celui d'un charpentier;
le troisième enfin, celui de M. Jollivet, ex-dé
puté de Rennes. Il avait reçu une balle dans
l'aisselle droite.
On a retrouvé sur son cadavre, sa montre, sa
médaille de député, un portefeuille contenant
des papiers et une carte de visite.
On a fait afficher aujourd'hui dans Paris
deux mandats d'arrêt décernés par M. Perrot,
de Chézelles, jeune, conseillera la cour d'appel
Paris, agissant comme juge d instruction,
contre MM. Guizot et Duchâlel, anciens minis
tres de l'ex-roi Louis-Philippe.
Plus de 100,000 individus vêtus de noir,
se sont rendus depuis deux jours en solliciteurs
l'hôlel-de—villepour demander des places.
Ils ont été rigoureusement consignés la porte.
Nous apprenons une triste nouvelle: Le
citoyen Charles Lagrange (de Lyon), qui a
donné ces jours-ci sa démission du poste de
gouverneur de l'hôtel-de-ville, présente les si
gnes les moins équivoques d'aliénation mentale.
La surexcitation produite dans son esprit par
les derniers événements est si violente qu'on
a été obligé de lui lier les pieds et les mains et
de le transporter dans une maison de santé.
On a maintenant la certitude que la dé
vastation du château de Neuilly doit être attri
buée des individus complètement étrangers
Paris. Les autorités de Neuilly sont occupées
depuis deux jours faire des perquisitions dans
les maisons particulières de la commune de
Neuilly, où l'on a retrouvé un grand nombre
d'objets provenant du château, et surtout des
bouteilles de vin et de liqueur.
Nous apprenons que M. Emile de Girar-
din, depuis la révolution a servi constamment
de secrétaire M. de Lamartine.
Le bruit a couru hier toute la journée
que M. le duc de Nemours et M. Guizot avaient
été arrêtés. On racontait diverses circonstances
concernant l'arrestation de l'ex-minislre du
règne. Il aurait été dénoncé par une femme de
chambre de Mme la princesse de Lieven, chez
laquelle il se serait réfugié.
On assure que la duchesse d'Orléans a
passé la nuit du 23 au 26 dans une maison de
la rue de Verneuil, mais depuis elle se serait
éloignée de Paris.
L'ambassadeur de Turquie a continué ses
relations avec la France, en remettant au gou
vernement provisoire une note arrivée récem
ment et qui était destinée M. Guizot.
On annonce que M. le comte d'Appony,
ambassadeur d'Autriche a eu aujourd'hui une
entrevue avec M. de Lamartine. On ignore le
résultat de cette démarche.
M. le duc Pasquier, ex-président de la
chambre des pairs a envoyé son adhésion au
gouvernement provisoire.
nouvelles des départements. La république
a été proclamée Narbonne, Rennes, Nantes,
Metz, Nismes, Troyes, Laon, Mézières, Caen,
Foix, Ruffec, Valence, Dreux, Chartres, Rolron.
A Strasbourg, le conseil municipal attend les
ordres du gouvernement.
A Marseille, l'ordre est maintenu par une
garde nationale.
A Valence, les autorités sont assemblées.
A Mont de Marsau, tout est tranquille.
A Reims, la garde nationale maintient l'ordre
avec un dévouement héroïque.
On n'a aucune trace ni du séjour, ni du pas
sage de Louis-Philippe et de sa famille Poi
tiers, Metz, Nantes, Cherbourg. La tran
quillité règne dans l'Allier. Le sous-préfet
d Ussel répond de l'ordre dans l'arrondissement.
Les nouvelles les plus rassurantes arrivent
de la Creuse. Les contributions rentrent Nan
tes, sur l'invitation faite aux fonctionnaires et
aux gens aisés de payer d'avance l'impôt de
l'année.
Paris, le lcr Mars.
On lit dans le Moniteur universeljournal
officiel de la République française
«nrimii ——il ii
lAjuis-Philippe, embarqué bord d'un bateau
pêcheur, a été recueilli par un bateau vapeur qui
l'a débarqué Porlsmouth.
Le capitaine du Triton, arrivé hier soir Oslende,
en a apporté la nouvelle.
Paris, 20 Février.
Plusieurs décrets de la république française,
arrêtent ce qui suit
M. Marec, maître des requêtes au conseil
d'état, sons-directeur au ministère delà marine,
est nommé directeur du personnel et des opé
rations maritimes. M. Maestro(llenri-Joseph),
commissaire de la marine sous-directeur des
colonies, est nommé directeur des colonies, en
remplacement de M. Galosdémissionnaire.
La direction de la comptabilité et du contrôle
central formera, comme précédemment, deux
divisions distinctes. M. Blanchard, chef de
division, est chargé de la division de la compta
bilité. M. Morin contrôleur en chef, est
chargé de la division du contrôle central.
M. Hennequin (Alfred) sous-chef de bureau
est nommé chef du cabinet du ministre.
Par arrêté, en date du 25 février 1848, le
ministre de la marine et des colonies a désigné
pour remplir auprès de lui les fonctions d'aides-
de-camp MM. Bosse, capitaine de corvette
Pigeard, lieutenant de vaisseau. M. Bour
geois, lienL1 de vaisseau, command' le bâtiment
vapeur le Pélican, actuellement en mission
Paris, a été appelé remplir provisoirement les
mêmes fonctions.
M. Chrestien de Poly, substitut près le tri
bunal de première instance de Nantes, est nommé
commissaire du gouvernement près le même
siège.
Par arrêtés, en date du 28 février 1848,
du ministre provisoire et de linstruction pu
blique et des cultes
M. Rousselle est rétabli dans l'emploi de vice-
recteur de l'académie de Paris, en remplace
ment de M. Giraud dont la démission est ac
ceptée, et qui sera appelé d'autres fonctions.
M. Orfila est révoqué de ses fonctions de
doyen de la faculté de médecine de Paris.
M. Dufilholancien recteur de l'académie de
Rennes, est nommé recteur de l'académie de
Montpellier, en remplacement de M. Thery,
appelé d'autres fonctions. M. Bérard, pro
fesseur de chimie générale et texicologie la
faculté de médecine de Montpellier est rétabli
dans les fonctions de doyen de la dite faculté,
en remplacement de M. Ribes.
Le ministre de la marine et des colonies
a arrêté qu'un détachement de marins sera
formé au ministère pour la garde de cet établis
sement. Tous les marins validesactuellement
Paris, sont invités se présenter pour faire
partie de ce détachement.
Mairie de Paris. Le citoyen A. Thierry,
membre du conseil municipal de Paris, délégué
du gouvernement provisoire pour l'organisa-
t on du service des hôpitaux, hospices civils et
secours domicile de la ville de Paris, arrête:
Art. 1er. Le conseil général des hospices est
dissous.
Art. 2. La commission administrative est
maintenue dans l'exercice de ses fonctions.
Des preuves.., des preuves... vous avez promis de me donner
des preuves... il me les faut.
Yorik mettait dans ses exclamations une si impérieuse impétuo*
site, qu'il était aisé de voir que bien qu'il eût été ébloui par la per-
spéclive des grandeurs prochaines qu'on lui annonçait, il n'en con
servait pas moins dans toute sa plénitude, son amour pour Raoulelte,
et qu'il ne renoncerait ses droits sur cette jeune filleque lors
qu'elle aurait elle-même confirmé par un aveu les accusations qui
pesaient sur elle.
Berlhe devina qu'il restait encore un peu d'espérance au fond
du cœur d Yorik; aussi ne voulant pas lui laisser plus longtemps
une illusion qu'elle croyait avoir le plus grand intérêt détruire,
s'empressa-t-clle de lui répondre
Des preuves, monseigneur, vous allez en avoir dont vous ne
pourrez douter. Suivez-moi.
Elle prit la chandelle de résine, et tous deux sortirent de la
chambre, la vieille marchant la première afin d'éclairer Ils pas du
jeune homme, qui descendit sur ses traces le tortueux escalier de la
tour. Aimés l'étage immédiatement au-desmus de celui occupé
par la vieille, et trouvant uue ouverture cintrée qui conduisait un
couloir étroit et voûté, ils y pénétrèrent, et quelques secondes après,
ils arrivaient une porte de bois de chêne entièrement garnie de
larges teles de clous, et pourvue de plusieurs verroux d'une dimen
sion respectable, et qui la faisaient ressembler une porte de prison.
C'est ici, dit la vieille, que vous allez voir Raoulelte... Tenez-
vous toujours avoir des épreuves
Tins que jamais, répondit Yoiik, mais «Ucodez un instant
avant de m'introduire près d'elle... j'ai besoin de me remettre... je
sens mes jambes fléchir.
Cœur faible! grommela la vieille... l'amour le perdrait!
Vous pouvez ouvrir présent, dit Yorik, quand il se crut assez
maître de lui pour affronter la terrible émotion qu'il prévoyait.
Le capitaiue de la Reine-Jeanne s'attendait entrer dans un ca
chot, ou tout au moins dans un réduit pareil celui qui servait
d'asile Berlhe la folle; il fut donc singulièrement surpris en
voyant qu'on avait transformé la prison de Raoulelte en un vérita
ble boudoir, dont la magnificence égalait les plus riches ameuble
ments qu'il eût vua jusqu'à ce jour. Deux bougies de cire jaune par
fumée éclairaient cette pièce et se reflétaient dans le miroir de
Venise posé sur le bahut.
En toute autre circonstance, Yorik eût été ravi de reconnaître
qu'on avait eu pour sa fiancée des attentions qui dénotaient le désir
de lui épargner, autant que possible, les ennuis et les inconvénients
de la captivité; mats en songeant ce que Berlhe venait de lui
dire, il eut un serrement de cœur et ne mit plus en doute que Raou
lelte n'eût répondu l'amour de l'homme qui lui avait fait accepter
cette éléganlc hospitalité.
Préoccupé par cette idée, le jeune homme regardait les uns après
les autres les meubles qui décoraient cette chambre, et ne cherchait
pas voir Raoulelte; 011 plutôt Raoulette n'ayant pas été le premier
objet qui eût frappé ses yeux lorsqu'il était entré, il ne pensait pas
qu'elle se trouvât en ce moment dans ce splendide oratoire, et il
semblait attendre sa venue.
La vieille mit fin celte scène muclle en désignant du doigt une
partie de la chambre sur laquelle de longs rideaux de lampas proje
taient leur ombre épaisse, en cachant le lit de repos. Yorik. s'appro
cha, entr'ouvrit les rideaux et aperçut Raoulette demi couchée,
le visage tourné de son côté, la tête soutenue par des coussins, les
yeux ouverts, mais ne faisant pas un seul mouvement, pas un signe
indiquant qu elle eût remarqué la présence de ses deux visiteurs. Le
jeune homme resta en contemplation devant ce visage pâle comme
l'albâtre, et qu'il retrouvait plus beau ceut fois qu'il ne l'avait rêvé
pendant de longues nuits passées dans la cabine de son vaisseau.
C'est que pendant ces trois années d'absence, la jeune fille qu'il avait
laissée en pleine floraison, avait secoué ses grappes de fleurs pour
donner les beaux fruits qu'elle annonçait c'est qu elle était arrivée
l'époque de sa beauté, et que cette beauté était une des plus admi.
rables qu'un statuaire eût jamais réalisée. 11 est vrai qu'en ce mo
ment elle était privée de l éclat et de l'animation qui ajoutent tant
de charme aux ligures que Dieu s'est plu faire belles mais les
lignes en étaient si pures, si harmonieuses, qu'elles semblaient dé
fier la maladie de porter atteinte leur désespérante perfection.
S il n'eût pas eu la vieille Berthe pour témoin, Yorik se fût pré
cipité aux pieds de cette femme pour laquelle il venait de sentir
redoubler son amour, il l'aurait suppliée de l'aimer, suppliée avec
des larmes... niais il refoula sa passion dans le plus profond de son
cœur, et faisaut un effort héroïque pour conserver le calme dont il
avait besoin dans celte soleuuelle entrevue, il dit la jeune fille
Ne me reconnaissez vous pas, Raoulette, moi, le meilleur ami
de votre père?
Après avoir eutendu la voix d'Yorik, Raoulette resta pcndaul