INTÉRIEUR. 7e ANNÉE. - N° 721. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. DIMANCHE, 2 AVRIL I8I8. Marché d'Ypres, du 1er Avril 1848. quiquengrogne. On s'abonne Ypres, Marché •n Beurre, 1et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. prix de L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour "Yprèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Timtce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jranco, A l'éditeur du journal, Yprcs. ï,e Progrès paraît le Diman- che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. ÏPKES, le I« Avril. L'allaque préméditée dont la Belgique vient d cire l'objet, de la part d'un certain nombre de français auxquels s'étaient joints quelques belges, font voir mieux que tous les raisonne ments, combien le ministère eut été peu sage peu prévoyant, en n'organisant pas des moyens de défense contre un coup de main de quelque côté qu on eut pu le tenter. Les journaux qui ont demandé la réduction de l'armée doivent se trouver bien penauds, maintenant qu ils peuvent juger combien valent l'aune toutes les belles promesses de fraternité, de res pect aux nationalités données par de Lamartine, au nom de la republique française. Les feuilles qui n étaient pas de bonne foi et qui, sous pré texte d'économie, ne voulaient que la désorga nisation, doivent rabattre de leurs prétentions au don de seconde vue, car elles ne croyaient pas que les sauveurs et les fondateurs fu turs du gouvernement paternel en Belgique, eussent été reçus aussi énergiquement. Mais de tous les journaux et sociétés qui ont crié l'économie, aucune ne vient de perdre autant de son crédit sur I opinion publique que l Alliance, de Bruxelles. Personne n'a encore oublié son manifeste, qui déclarait l'augmenta tion de 1 armée une absurdité. Il est affligeant pour les meneurs républicains de celte société, que les événements leur ont donné un démenti aussi cruel, au moins aux yeux de ceux qui, de bonne toi, ne veulent pas de bouleversement en Belgique. Pour ceux qui rêvent la républi que, celait le meilleur moyen de l'avoir de suite, car leur proposition tendait empêcher le ministère de prendre aucune précaution pour la sûreté du pays contre des bandes de préten dus sauveurs. Aussi, cet égard les avis sont unanimes, on ne se trompe plus sur les ten dances des chefs de cette société; qu'ils en con viennent ou qu ils le nient, il n'est plus dou teux que le maintien des institutions constitu tionnelles nesoit rayé de leur programme. C esl vers un autre ordre de choses qu'ils tendent, légalement, s ils ont l'espoir d'y arriver ainsi, ou par la violence, si 'a rusa et les menées souter raines ne peuvent leur faire atteindre ce but. Les dernières discussions qui ont eu lieu dans celle société, I occasion du vote de ce mani- feste, auront ouvert les yeux bien du monde. Feuilleton. L'honorable président M. Defacqz est déjà moitié démonétisé aux yeux de la Belgique, pour avoir prêté l'autorité de son nom et l'in fluence que son caractère des plus honorables peut exercer, des menées qui ne sont rien moins qu'innocentes, bien que jusqu'ici des hommes amis de la tranquillité et de la paix y aient donné les mains, sans songer mal. Ce qui a surpris plus de monde, c'est qu'il se trouve parmi les conseillers de la cour de cassation des mauvais plaisants qui grimacent d'une façon assez désagréable, croyant lâcher le mot pour rire M. Van Meenen tour-à-tour catholique, li béral, et aujourdhui républicain, a tenu de constater qu'il n'a pas voulu finir sa carrière sans avoir, comme arlequin porté toutes les couleurs. On nous écrit des frontières .- Des nouvelles arrivées de Lille présentaient celle ville comme encombrée par les débris de la légion des sauveurs behjes-parisiensCelle multitude indisciplinée donnait beaucoup d'em barras aux autorités et I on ne savait qu'en faire. On disaitmais nous avons peine ajouter foi ce bruit, qu'à Lille, on n'était pas éloigné de leur donner encore des armes et de les ruer sur la Belgique. Bien que celte conduite de l'autorité française, si on exécute ce plan, soit en opposition flagrante avec le droit sacré des gens, dont les prescriptions forment loi parmi les nations civiliséesce qui a eu lieu jusqu'ici, pourrait jusqu'à un certain point, rendre celte nouvelle probable; car personne ne doute que celte bande de sauveurs n'ait été armée par I intervention de l'autorité française et soutenue par elle, pour faire une expédition main armée, contre un pays ami et qui ne demande que la paix et la tranquillité. On est entièrement d'accord sur ce point, que les belges qui font partie de celle légion sont en petit nombre et ne servent que d'enseigne l'entreprise qu'on voulait tenter. Les hommes du mouvement qui, Paris, ont organisé celte attaque contre la Belgique indocile aux inspira tions françaises, ont mis en avant des malheu reux ouvriers belges que déjà on avait réduit au désespoir, en les forçant abandonner l'ate lier français où ils gagnaient leur subsistance. La conduite du commissaire du gouvernement est inexplicable, car M. Hody, l'administrateur belge de la sûreté publique, s'est rendu en France pour réclamer les nationaux qui faisaient partie de celte légion. M. Delécluse s'est refusé d'intervenir dans celle négociation. 11 paraît qu'il est assez d habitude en France, quand on ne réussit pas dans ses projets de crier la trahison, mais dans toute cette triste et pitoyable expédition, de quel côté se trouve la déloyauté? UNION LIBERA.LE. Jeudi dernier a eu lieu l'assemblée des mem bres de l'association électorale de l'arrondisse ment d'Ypres. Elle était présidée par M. Carton, père, qui a fait connaître que le but de la réu nion était le renouvellement du comité, dont le mandat était expiré. Quarante et un membres ont pris part au scrutin et le dépouillement a eu pour résultat la réélection de tous les mem bres du comité au nombre de 20. Le comité au complet doit être composé de 27 membres, mais on a laissé 7 places vacantes afin de pouvoir les offrir des électeurs influents de 1 arrondis sement. Du reste, nous faisons un appel tous les électeurs libéraux, en les engageant se faire membre de la société déjà nombreuse, mais qui ne peut compter trop de sociétaires dans le collège électoral. L'autorité communale est d'intention d'orga niser temporairement et en attendant la loi sur la garde civique, une garde bourgeoise com posée principalement de personnes insentes sur les listes électorales. Cet après-midi, un grand nombre d'habitants de notre ville, convoqués cet effet, se sont réunis l Hôtel-de-ville,afin de faire choix de leurs chefs. On disait hier soir, qu'on avait vu quatre individus rôder dans les bois, du côté de Wyt- schaete et l'on supposait qu'ils appartenaient la bande qui a voulu importer le régime pater nel en Belgique coups de fusil. Noire marché aux grains d'aujourd'hui était bien fourni. Les prix u'out, pour ainsi dire, pas varié. G15 hectolitres de froment se sout vendus de fr. 14 40 fr. 16 80 en moyenne fr. 15 60 L'hectolitre; baisse 10 centimes. Une légère baisse s'est fait remarquer sur les prix du seigle qui s'est vendu de 10 fr. fr. 11 60 prix moyen fr. 10 80 baisse 60 centimes 92 hectolitres ont été exposés en vente. Les prix de l'avoine sont restés environ les mêmes qu'au marché précédent 136 hectolitres se sont vendus de 8 9 fr.; prix moyeu fr. 8 50; hausse 13 centimes. Il y a eu 80 centimes de baisse sur le prix moyen des fèves qui out été vendues fr. 12 80 l'hectolitre j 157 hectolitres se sont pré sentés en vente. Les prix des pommes de terre ont également fléchi un peu. 3.700 kilogrammes ont été vendus aux prix de fr. 6 86 les 100 kilo— graui mes. IX. - le cabaret de la mère caritas. (.Suite.) Martin Gin n'avait paS un extérieur fait pour .ubjuguer une ferma.: peu s eu f.lUt qu'il n'eût une taille de géant; sa démarche était lourde, aa grosse tète carrée était supportée par un cou de taureau, et ses larges épaules i - - P raient avaliser avec celles des plus fortes betes de somme. Bref M„i:„ cm ftiart*n Gluz aurait pu servir de modèle a un statuaire, voulant reDré.«r.i.. c "Présenter Saumon au moment où H soulevé une colonne du temple des Philistins Cette su, abondance de foree physique n'avait pas été départie GluI' au delrimeBl des intellectuelles, mais il fal- tait le bleu connaître pour l'apprécier sa juste valeur, parce Qu'il était timide dans les conditions ordinaires de la vie, et qu'il ne se livrait que lorsqu'il était sollicité par un intérêt puissant. Il était doue d un courage l'épreuve de tous les dangers, mais c'était un copiage rélléehi, calme, ennemi du bruit, allant droit au but, non J as eu sautant par-dessus les obstacles, mais en passant pour ainsi due au travers. C était 1 action puissante d'une machineà vapeur dent la force latente ne se trahit l'extérieur que par un peu de fumée. Seulement chez Martin Gluz la force n'était pas purement mécanique, elle était réglée par la volonté et dirigée par l'intelli gence. Le capitaine de la Reine-Jeanne faisait grand cas de Martin Gluz, et celui-ci se serait fait hacher eu morceaux pour le servioe de son capitaine. Eh bien, cet homme si énergique s'était montré faible comme un enfant devant Mélise Garitas. Il l'avait aimée en dépit de sa vo lonté, en dépit de ses pressentiments qui l'avaient averti d'un mal heur s'il s'attachait une fille coquette et jolie. Il l'aimait depuis plus de trois ans, et il avait été convenu que le mariage aurait lieu au retour de lexpédition de la Reine-Jeanne. Martin Gluz avait rapporté sa promise les curiosités les plus rares et les plus précieu ses, et confié la mère Garitas une bourse meublée de nombreuses pièces d'or et d'argent, puis il avait demandé qu'on réalisât la pa role qu'on lui avait engagée au départ. La mère ne demandait pas mieux que d'en finir tout de suite, mais la fille cherchait toujours des atermoiements que le marin ne croyait pas pouvoir refuser. Ce n'est pas que Mélise eut de l'aversion pour Martin Gluz, elle avait été fort sensible aux riches cadeaux qu'il lui avait faits, avait même deviné une partie de ses bonnes qualités et elle le préférait, sans contredit, tous les hommes qui eussent pu aspirer sa main mais elle était dans ce moment-là eu coquetterie ayee Patrice, le séduisant arquebusier, et quoiqu'elle n'attachât pas plus d'importance qu'il ne fallait cette petite intrigue de comptoir, cependant elle n'avait pas pu s'empêcher d'établir une comparaison entre le soldat et le marin, et elle avait trouvé ce dernier ridicule. Comme tous les gens timides, Martin Gluz s'exprimait avec diffi culté et ne lui adressait jamais une parole aimable, tandis que les phrases et les compliments semblaient couler de source de la bouche de Patrice. En suscitant des délais son mariage, Mélise ne voulait, en défi nitive, que jouir encore peudaut quelque temps des galanteries du Paiisieu; elle était loin de s'attendre la terrible catastrophe que devait amener ce caprice de jolie fille. A force de réfléchir sur sa position, et de chercher pénétrer les motifs qui poussaieut Mélise éloigner le terme de son bonheur, Martin Gluz crut s'apercevoir du manège de Patrice, et une fois sur la voie, il n'eut pas de peine surprendre les regards d'inleliigeucet les tendres allusions, les flatteries quiutesseuciées et les pressions de main qui défrayaient cette sentimentale co uédie de cabaret. Il ne voulut pas croire la culpabilité de Mélise, mais il fut bien con vaincu que l'arquebusier avait produit une certaine impression, sinon sur le cœur, du moins sur l'esprit de sa promise, et qu'il met trait tout en œuvre pour ne pas en rester ces piéli m inaires. Le bon Mai liu Gluz qui noyait peut-être jamais bai personne, se prii a

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 1