2 Nous lisons dans le Moniteur La bande qui s'intitule la légion belge est entrée en Belgique par Bisquons-Toutvillage silué entre Mouscron et Menin. L avant-garde seule du général Fleury-Duray a été engagée; elle se composait de 200 hom mes d'infanterie du 5e de ligne, de deux pièces de canon et de 2o cavaliers du 2® chasseurs cheval. Aussitôt qu'elle a aperçu ce faible corps, la légion envahissante forte de 2,000 hommes environ, a fait battre la charge et s'est avancée, drapeau déployé. Un instant son feu était vif et bien nourri. Aussi longtemps que ces bandes n'ont eu affaire qu'au feu de nos tirailleurs, elles paraissaient vouloir tenir; mais le général Fleury-Duray ayant fait mettre en batterie ses deux pièces de canon qui ont immédiatement ouvert un feu mitraille elles ont bientôt lâ ché pied et ont fui dans toutes les directions en jetant leurs armes. Nous avons fait plusieurs prisonniers, au nombre desquels se trouve un parisien qui se donne le litre de capitaine. Les bandes agressives ont perdu beaucoup de monde et ont eu un grand nombre de bles sés. Nous comptons de notre côté un mort et 5 ou 6 blessés. Nos soldats ont montré un calme et une ar deur admirables. Lorsque la colonne principale de nos trou pes est arrivée, la déroule était complète. Une bande qui avait pénétré par la droite du général Fleury-Duray, s'est dispersée et a fui en désordre sur le territoire français. Nos troupes ont repris leurs positions et bivouaquent sur la frontière, prèles repousser toutes nouvelles agressions. On écrit de Lille, au Moniteur -. F.rnest Grégoire l'un des fondateurs du club des Prévoyants, est arrivé Seclin il a pris le commandement des bandes qui y sont campéçs avec le titre de général en chef et de président de la république belge. On écrit de Lille, 29 mars Hier soir, un ouvrier parisien venu avec la légion belge, ayant aperçu un officier de la garde nationale de Lille a été lui remettre le fusil dont il s'était pourvu pour entrer en Bel gique en témoignant très-énergiquement le peu de confiance que lui inspiraient ceux qui avaient pris part celte aventureuse expédition. [Écho de Lille.) Ce matin dans la ville, il circule d'étranges bruits sur les volontaires belges qui voulaient révolutionner leur patrie et y proclamer la ré publique? N'ayant pu nous procurer des ren seignements positifs nous nous contenterons de rapporter la version la plus vraisemblable. Partis de Seclin hier, neuf et onze heures du soir, par des convois spéciaux, ils ont en quelque sorte forcé les machines arrêter les locomolivesà peu de distance de Lille, où même abhorrer maître Patrice au point qu'il ne pouvait pas le voir sans éprouver la tentation île le broyer. Un autre serait allé trouver Mélise et l'aurait avertie de la découverte qu'il venait de faire, en l'invitant se décider franchement pour l'un ou pour l'autre de ses poursuivants il lui restait encore la ressource de combattre les dis positions amicales des matelots pour l'arquebusier, en leur démon trant qu'il s'était moqué d'eux et qu'il ne les avait amadoués que dans le but de se ménager des entrevues aveo la fille du logis par l'un ou l'autre de ces moyens, Martin Gluz serait parvenu sans doute éliminer son rival mais c'eût été faire l'aveu de sa faiblesse, de sa jalousie et pour rien au monde il n'eût consenti mettre qui que ce fût dans les confidences d'un travers dont il avait honte. 11 lui fallut donc combiner un expédient qui pût la fois mettre sDn amour-propre l'abri de toute atteinte, en cachant tous les yeux les motifs qui le faisaient agir, et assurer sa vengeance. La haine de Martin Gluz avait pris des proportions si vastes qu'il ne lui suffisait pas de chasser Patrice du cabaret de la mère Caritas, il voulait avoir la certitude qu'il n'y remettrait jamais les pieds, et, pour cela, il fallait qu'il le tuât. Tuer un français était d'ailleurs une action pali iotique laquelle Martin Gluz se sentait naturelle ment porté, sans qu'il eût besoin d'être stimulé par des raisons per sonnelles. Un soir du mois d'août, précisément le même où le vicomte de ils auraient essayé «le pénétrer. L'autorité, comprenant avec juste raison le danger que pouvaient présenter île pareils hôtes, fil fermer les portes de la ville. Des armes provenant de l'arsenal leur ont été fournies. Qui en avait donné l'ordre? c'est ce que nous ignorons, et ce malin, guidés par des fraudeursces volontaires se sont divisés en deux colonnes et ont franchi la frontière du côté de Neuville et de Mouscron. Il paraîtrait que leurs mouvements étaient connus; car, tombés dans une embuscade, ils ont été mitrail lés par une batterie d artillerie belge qui avait été masquée. Une cinquantaine d'entr'eux sont tombés morts ou blessésle reste a été refoulé sur le sol français, en criant la trahison. On dit cependant qu'une colonne assez forte s'est dirigée du côté de Courlrai. En apprenant ce matin cette tentative, l'autorité a pris les mesu res nécessaires pour opérer le désarmement de ces volontaires. [Idem.) Un témoin oculaire porte quinze cents le nombre des Belges arrivés Seclin pour rentrer dans leur pays. Sept cents ont été cantonnés Seclin, et huit cents dans les villages environ nants. Quelques Français, dont le nombre n'al lait pas cent, accompagnaient celle émigra tion, qui n'avait nullement le caractère belli queux que lui prêtaient des journaux de Paris; car peine un homme sur cinquante était-il armé, et encore d'une manière fort incomplète. Une partie de la légion se composait d'ou vriers quiséduits par leurs compatriotes avaient quitté les ateliers où ils gagnaient lar gement leur vie Paris, et se trouvent actuel lement sans ouvrage, comme ceux qui les ont entraînés. Tous sont arrivés avec celte convic tion que, la frontière, ils n'auraient qu'à pa raître en criant vive la République! pour être accueillis comme des libérateurs. Aujourd'hui ces illusions sont tombées, et plusieurs ont passé de l'excès de la confiance l'excès du désespoir. L» commissaire général du dépaitement du Nord est arrivé, vers une heure après-midi, Seclin, et il a tenu une assez longue conférence avec les chefs de la troupe belge et avec la mu nicipalité de Seclin l issue de cette entrevue, on a fait courir le bruit que des mesures étaient arrêtées pour opérer la dispersion de la légion. [Idetn.) Lille, le 29 mars. Les bandes des insurgés franco-belges ne renoncent pas leur projet d'établir la Républi que en Belgique. Un nouveau comités'esl formé Paris. M. Barlhels (Adolphe) en est le prési dent Pellagot, vice-président Mauduit, tréso rier; et Hérode, secrétaire. Le comité a nommé déjà un gouvernement provisoire, et l'on cite parmi les signataires plusieurs noms fort bien connus en Belgique. Il paraît que ces messieurs, instruits par le malheur de leurs prédécesseurs, auraient aban donné les grandes routes pour franchir les fron tières; ils se dirigeront en Belgique par les chemins détournés et se jetteront dans les pe tites viles. Frapesles avait convoqué chez lui les principaux barons de la ligue, il ne restait plus au cabaret de la mère Caritas, que deux des habi tués. Il se faisait tard les matelots étaient allés se coucher, et Mélise n'attendait plus que le départ de Martin Gluz et de Patrice pour éteiudre sa lampe et se livrer au sommeil. Ce soir.là, il était d'assez mauvaise humeur. Il avait laissé passer l'heure fixée par sa permis sion pour la rentrée de la citadelle, et il ne se picssait pas de rega gner la chambrée, sachant bien que la puuilion qui l'attendait serait la même, qu'il rcnliât maintenant, un peu plus tôt, un peu plus tard. Il se tenait debout, appuyé sur le comptoir, eu face de Mélise, qui il parlait mUvoix. Mauvaise soirée pour moi, lui disait-il, j'ai presque vidé mon escarcelle au jeu, deux jours d'arrêts m'attendent mon retour au château, et pour surcroît de peiue, ajouta-l-il, plus bas, je n'ai pas déposé le moindre baiser sur la gente main de ma jouvencelle. Martin Gluz a.«sis sur uu escabeau dans un coin de la salle du cabaret, ne perdait pas un mot de la conversation de l'arquebusier, et n'attendait que le moment d'y prendre part. 11 crut l'occasion favorable. Vous es sensible la perte aujourd'hui, ce qu'il me paraît, maitre Patrice, dit Mai lin Gluz. en s'approebaut. Ne me parlez pas de inaiius, répondit Patiice, sans uiêuic se On assure positivement que des fonctionnai res très-haut placés en Fiance appuient ce mouvement. Chacun s'occupe ici de l'invasion de Quié- vrain qui a si mal réussi pour les insurgés. Le gouvernementsans avoir poussé ce mouve ment, n'en est cependant pas moins heureux de voir disparaîtredu territoire français, ces hordes d'ouvriers qui sont, pour les popula tions et pour le gouvernementune occasion d'incessante inquiétude. Il leur a fourni des vivres et a prié l'administration du chemin de fer de se charger de leur transport. C'est Amiens que quelques armes ont été distribuées aux insurgés. Le sieur Fosses, ex-officier belge, est Paris; il s'est mis en rapport avec des hommes in fluents, et s'occupe activement du mouvement républicain. On avait conçu le projet d'enlever le prince de Ligne, mais aucune suite n'a été donnée ce projet. M. de Lamartine a hautement blâmé les at taques dirigées contre la Belgique. iXglWII L'escarmouche d'hier était commandée par le général Fleury. L'attaque a commencé dans la nuit: mais il n'y a pas eu de combat, c'était une véritable débandade. Cependant il y a eu du côté de la troupe belge six blessés et quatre morts, parmi lesquels deux sous- officiers. Le premier blessé est un gendarme. On a fait 42 prisonniers et pris peu près 300 fusils. C est Grégoire qui commande en chef. Les insurgés se sont repliés sur Lille où ils disent attendre de nouveaux renfortspour venir se jeter sur Furnes et sur Menin. On ignore le nombre des morts et des bles sés parmi les insurgés. Celui qui nous écrit nous assure que ces ban des sont composées en majeure partie d'ouvriers paisibles qui croyaient rentier eu Belgique et être reçus bras ouverts. Nous apprenons l'instant que le général Vander Smissen est en France, et qu'il lâchera d'organiser les insurgés. On écrit de Gand, 29 mars: Hier soir quelques attroupements se sont for més de nouveau la place d'Armes. Inoffensifs d'abord, ils se sont répandus ensuite au milieu de la place en criant qu'un agenlde police était déguisé en bourgeois; plus tard, ils se sont portés devant la grand'gardeoù ils préten daient que cet agent s'était réfugié: aucun dé sordre n'a été commis. Une bande de ces perturbateurs a quitté alors la place d'Armes et s est dirigée au marché au Vendredi, où une vingtaine de pavés ont été enlevés. La gendarmerie, toujours vigilante, est arrivée au grand galop et a dissipé ces malveil lants qui se sont enfuis dans toutes les direc tions. D'après le Messager de Gand. le marché aux chevaux, qu'on a tenu hier en notre ville, retourner du côté de son interlocuteur, ils n'ont pas plus tôt gagné vingt deniers qu'ils s'empressent de lever la séance et d'emporter leur bénéfice piètres joueurs que les marins! Il ne tient qu'à vousmaître Patricede prendre votre revanche. Quand cela Mais l'instant même. Aveo qui? Avec moi. Je ne vous ai jamais vu jouer, Il y a commencement pour tout, et je jouerai, ne fût-ce que pour soutenir l'honneur de la marine. Soit, mettons-nous cette table, et dites adieu vos beaux écus de la couronne, si vous en avez. Soyez tranquille. Je suis homme vous tenir tête. Us s installèrent. Mélise leur servit un peu d'hydromel et sortit de la salie pour monter dans sa oh ambre. La mère Caritas vint la remplacer au comptoir. Mai lin Gluz agitait les dés machinalement. Il n'avait pas l'esprit ce qu'il faisait, et songeait la façon dont il devait s'y preudie pour cheicher une mauvaise querelle sou adversaire et lt: forcer de se mesurer avec lui. Il prévoyait même le cas où Patrice refusant de se battre, il l'étranglerait sur place, sans plus de cérémonie.

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 2