3
a été presque nul; d'après le Journal des
Flandresil a été animé au point qu'un mar
chand a vendu des prix avantageux 29 che
vaux en une heure, il y a eu en chevaux de
luxe et de labour plus de transactions qu on ne
le pouvait espérer; les prix ont été assez avan
tageux.
On écrit de Bruxelles, 215 mars:
Quelques arrestations ont encore été opérées
hier soir par suite des rassemblements qui
s'étaient formés sur plusieurs points de la ville.
De nombreuses patrouilles ont parcouru la rue
Haute et le quartier des Minimes.
Dans plusieurs estaminets, des ouvriers qui
avaient assisté un meeting, se sont bruyam
ment réunis. L'un d'eux avait été arrêté la veille,
mais relâché hier midi. Quelques cris hostiles
se sont fait entendre. Des groupes d ouvriers
proprement vêtus parcouraient encore divers
quartiers de la capitale 1 heure du malin.
La plupart sont des ouvriers tailleurs, parmi
lesquels se trouvent plusieurs Allemands, qui
ont été obligés de quitter la France faute d'y
avoir des moyens d'existence, et qui sont fort
mécontents de celle situation pénible.
Aujourd'huide grand malin, plusieurs in
dividus appartenant au meeting, ont été arrêtés
en vertu de mandats d'amener, décernés par le
juge d'instruction parmi eux figurent les nom
més de Guasco, ex-sous-officier; Joseph K.als,
tisserand, et Pellerin, cordonnier. On dit qu'on
est la recherche de plusieurs autres individus.
On lit dans une lettre écrite le 26, la Ga
zette de Liège: Il nous retient, depuis quel
ques jours, beaucoup de Belgesque la construc
tion des chemins de fer, entreprise par des
Belges avait décidé s'expatrier momentané
ment. Les uns étaient surveillants, d'autres tra
vaillaient aux terrassements, mais tous se com
portaient bien et ne donnaient lieu aucune
plainte ni réclamation. On nous assure qu'ils
é:aient au nombre d'environ 1,600, sur la ligne
de Hazebrouckà Calais, la solde de M. Beau lieu,
notre compatriote, quand il fallut cesser les
travaux, la suite de l'embarras financier qui
suivit la révolution française. Eh bien! le croi
rait-on, il leur a été signifié par ordre de l'au
torité, que dans 24 heures, ils devaient évacuer
le pays pour retourner dans leurs foyers et il
n'y a eu d'exception celte mesure rigoureuse,
qu l'égard de ceux qui avaient contracté ma
riage avec des Françaises!
NOUVELLES DIVERSES.
Un habitant de Liverpool, a reçu une lettre ce
matin, d'un de ses parents demeurant dans le voisi
nage de Dublin, datée de samedi, g heures du soir;
elle lui annouce que de nouveaux troubles ont éclaté
Limerick, et que le peuple aurait battu les soldats.
Les montagnes que l'on peut apercevoir de Dublin,
sont toutes illuminées avec de grands feux.
Les bruits circulaient hier dans Londres, que les
chartistes de la métropole doivent avoir un autre
grand meeting Kennington-Commun, et qu'après
1 adoption de leur pétition dans un meeting public,
ils doivent se rendre tous en rang la Chambre des
Communes pour l'y présenter. On ajoute que leur
Maître Patrice gagnait chaque coup, absolument comme lors
qu'il était en partie avec ses compagnons les arquebusiers. Martin
Gluz pouvait choisir ce prétexte pour se meltre en colère, mais il
lui répugnait de laisser croire un homme, même au momeut où il
se disposait le tuer, que lui, Martin Gluz, était sensible la perte
de quelques écus. Il se trouvait dans la plus grande des perplexités
lorsque le ciel vint sou aide.
Au lieu de se servir des dés en usage dans le cabaret, Patrice en
avait sorti de sa poche, et c'était avec ceux-là qu'il amenait les gros
points et forçait 1 argent passer de la bourse de son compaguon
dans la sienne. Martin Gluz l'avait bien vu fouiller dans la poche
de sa casaque et en tirer des dés. mais il n'avait pas attaché d'irn-
portauce celte substitution, ne s imaginant pas qu'un ohrétien pût
etre assez misérable de risquer son àuie pour un aussi mince profit.
Mais tout-à-coup, une inspiration lui venant, il examina les dés de
son adversaire, les saisit, les compara avec les siens, et s'aperçut
qu'ils étaient pipés.
On aurait auucucé Martin Gluz la résurrection de sa mère, qu'il
u aurait pas été plus heureux qu'en faisant celte découverte. Sa
figure lestait impassible, mais la joie débordait dans son coeur. Il
allait donc se venger sans qu'il fût possible personne de soupçon
ner les secrets motifs qui lui donnaient tant de haine pour le Pari
sien, et Lieu mieux, il pourrait le tuera présent, sans avoir srain-
intention serait de se réunir le lendemain, et de se
rendre la Chambre pour demander une réponse
leur pétition.
DÉLIVRANCE DE MILAN ET DE LA LOMBARDIE.
Guerre entre la Sardaigne et f Autriche.
Le Roi de Sardaigne vient de jeter le gant l'Au
triche et de faire entrer son armée dans la Lombar-
die. La délivrance de Milan est un fait accompli.
Voici quelques détails que donne la Patrie
Le 23, les hersaglier*ou chasseurs piémontais,
avant-garde de l'année de Charles-Albert, entraient
Milan. Le même jour, les troupes autrichiennes,
qui avaient canontié la ville jusqu'à cinq heures du
matin, évacuaient la forteresse l'improviste et sans
capitulation, espérant échapper par une prompte
retraire la vengeance et aux représailles de la po
pulation; mais le^ Milanais, que le bombardement
deleurs maisonsavait exaspérés, et dont l'apparition
des auxiliaires piémontais avait redoublé l'élan,
attaquèrent avec fureur les Autrichiens déjà démo
ralisés, et en firent, dit une lettre particulière que
nous avons sous les yeux, une véritable boucherie;
maintenant ces troupes fuient la débandade, tra
quées par les paysans, et serrées de près parles Mila
nais et par les hersaglier* piémontais.
Parmi les trophées de la victoire se trouve l'épée
du maréchal Radetski ou l'a promenée dans tout
Milan au bout d'une perche.
Le fameux Torresani (directeur de la police) et
son acolyte Boisa sont prisonniers. Ce dernier
tenté de s'enfuir déguisé en paysan mais il a été
reconnu et arrêté.
On a trouvé dans le château une multitude de
blessés autrichiens. Le carnage a été affreux, comme
on pouvait s'y attendre d'après la durée de la nuit.
Un régiment de dragons qui avait surtout montré
un grand acharnement dans la lutte a été pris pres
que tout entier. On a trouvé dans la citadelle des
munitions de guerre en abondance et des correspon
dances fort curieuses échangées entre le conseil
aulique et Radetski, relativement la situation du
Milanais.
Quant Radetski lui-même, dont on a pris
l'épée comme nous le disons plus haut, on ignore
ce qu'il est devenu.
Voici la proclamation par laquelle Charles-
Albert annonce son intervention armée aux popu
lations du royaume lombardo-véuilieti
Charles-Albert, par la grâce de Dieu, Roi de
Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem, etc., etc.
Peuple de la Lombardie et des Etats vénétie.-s!
y> Les destinées de l'Italie mûrissent un sort plus
prospère semble sourire aux intrépides défenseurs
des droits foulés aux pieds.
Sympathie de race, intelligence de notre épo-
que, communauté de vœux tels sont les motifs
qui nous engagèrent nous associer de prime-
abord celte admiration unanime que l'Italie vous
accorde.
Peuples de la Lombardie et des Etats vénitiens,
nosarmées,qui déjà se concentraient sur vosfron-
tières, alors que vous attendiez la délivrance de
Milan la glorieuse, viennent maintenant vous ap-
porter des preuves ultérieures de secours que le
frère attend du frère, l'ami de l'ami.
Nous seconderons vos justes désirs, en nous
confiant l'assistance de ce Dieu qui est visible—
ment avec nous de ce Dieu qui a donné Pie IX
l'Italie; de ce Dieu qui par une impulsion si mi-
racoleuse, a mis l'Italie en mesure d'agir par clle-
même.
Et pour mieux vous prouver par des actes
extérieurs les sentiments de l'union italienne,
dre que sa conscience en fût troublée.
Martin Gluz n'éclata pas comme beaucoup d'autres l'eussent fait
sa place. Il se leva arec le flegme qui ne le quittait jamais, tenant
dans sa puissante main les dés incriminés, et commença par aller
s'assurer que la porte donnant sur la rue était bien fermée. Par me
sure de précaution, il relira la clé de la serrure. Ensuite, il s'ap
procha du comptoir où se tenait la mère Caiitas, en lui disant de sa
voix lente et froide
Regardez-bien oes dés, la mère, et dites ce que vous en pensez.
Il ne fallut qu'une minute ta cabaretière pour reconnaître la
véri té.
Voulez-vous bien me jeter cela en enfer, répondit.elle, ce sont
des dés pipés.
Martin Gluz reprit les dés des mains de la mère Caritas, et revint
s'asseoir tranquillement en face du parisien.
Celui-ci, qui avait d'abord tremblé en se trouvant pris sur le fait
de tricherie, avait fini par reprendre tout son aplomb en voyant
avec quelle parfaite Irauquitlité le bon Martin Gluz prenait la
chose. Il ne pouvait lui venir l'idée qu'un homme aussi calme en
apparence recélât uue tempête, et il ne lui semblait pas difficile de
sortir avec honneur de oc mauvais pas, si même il ne faisait tourner
l'incident la confusion de son épais adversaire.
Vous avez entendu la mère Caritas, dit Marlia Gluz Patrice;
nous voulons que nos troupes, en entrant sur la
territoire lomhardo-vénitien, portent l'éeusson de
Savoie superposé la bannière tricolore italienne.
Turin, î3 mars 1843. charles-albert.
Toutes les autres villes importantes du royaume
lombardo-vénitien sont soulevées et déjà libres pour
la plupart.
Pavie est abandonnée par la garnison autri-
trichienne, Reggio, Padoue, Vérone, Manloue, Ve
nise ont arboré le drapeau tricole italien.
A Mantoue, l'évêquea béni le drapeau la faco
des soldats étrangers.
Le duc de Alodène est en fuite. Le duc de Parme
s'est sauvé Turin il a cherché d'abord un asile
Y Hôtel de l'Europe, mais comme le sang a coulé
Parme et Plaisance lors de la révolution opérée
dans ces deux villes, et que les habitants de Turin le
savaient, ils ont voulu mettre le feu l'hôtel où le
prince s'était réfugié, et force a été alors au duc de
Parme de se retirer dans la campagne, u ned emi-
lieue de Turin, sous la protection, sous l'égide de
Notre-Dame-del-Pilone.
L'enthousiasmedes populations dans toute l'Ita
lie est quelque chose d'impossible décrire.
Les garnisons autrichiennes sont toutes en fuite
ou coupées de leurs communications, et dans un état
de découragement qui leur ôle toute force et toute
initiative.
Un journal annonce qu'une insurrection, dont
le résultat n'est pas encore connu, a éclaté Venise
dans la journée du 18 mars.
Voici les détails que donne le Courrier Français
sur cette insurrection. Nous les reproduisons sans
le3 garantir
m. Le sang a coulé Venise le \g elle 18. Celle
merveilleuse cité est peut-être en ce moment un
champ de carnage comme Milan et la Lombardie.
Ft pourtant, au reçu des nouvelles de Vienne, la
joie de la population s'était traduite en démonstra
tion de fraternité, même an vers les officiers autri
chiens. Mais il est dit que quand une puissance est
destinée périr elle se suicide elle-même par son
inconcevablestupidilé. C'est ainsi que le gouverneur
de Venise refusa l'élargissement des détenus poli
tiques demandé le ij par les citoyens; ceux-ci
alors se portèrent sur la préfecture de police, place
Saint-Sévère, et après un court combat dans lequel
il y eut quelques morts de part et d'autre, s'en ren
dirent maîtres et délivrèrent les prisonniers; aus
sitôt des drapeaux tricolores furent hissés sur les
trois mâts au piédestal de bronze qui s'élèvent de
vant l'église de Saint-Marc.
Un régiment tudesque survient, qui charge la
foule sur la grand'place, et parvient la refouler
après une opiniâtre résistance; une vingtaine de
morts restent sur le terrain. Mais l'insurrection
menaçante fait trembler les autorités autrichiennes
on crie partout Vive l'Italie! vive la république! Le
gouverneur fuit afficher une proclamation, dans
laquelle il donne sa parole d'honneur que les troupes
vont sortir de Venise et que la garde nationale est
convoquée pour le mainliende l'ordre.Cecisepassait
le 19 au soir. Les Vénitiens portaient les trois cou
leurs sur la poitrine et demandaient des armes la
municipalité; et comme il est peu probable que les
Autrichiens aient tenu leur parole d'évacuer la ville
il faut s'attendre de nouvelles sanglantes.
Le 19, une estafette est arrivée Ferrare, au
commandant autrichien. Aussitôt toute la garnison
s'est enfermée dans la citadelle et a fait des prépara
tifs de défense, a
ces dés sont pipés.
Pourquoi diable vous servez-vous de dés pipés? répondit
effrontément le Parisien. Au reste, ils ne vous ont pas été bien pro
fitables, puisque vous avez perdu comme si de rien n'était. Apiès
cela, Vous ne saviez pas sans doute que vous vous serviez de dés
pipés..4je ne vous eu veux pas.
Martin Gluz laissa parler le Parisien sans l'interrompre, et saus
chercher se justifier. Après avoir entendu la réponse, il se leva
et dit
Singulière confession pour un homme l'agonie Mais dans
ses commandements, le diable veut que les voleurs lui rendent hom
mage jusqu'à leur dernier soupir.
Que voulez-vous dire reprit l'autre, qui commençait crain
dre que l'affaire ne prit une tournure plus fâcheuse qu'il ne l'avait
pensé.
Gela veut dire, maître Patrice, que ton heure est venue, et que
je vais t'envoyer rejoindre ten patron. J'imagine qu'eu fouillant
dans la même poche d'où tu en as sorti les dés pipés, tu trouveras
bien une miséricorde...» pour moi, j'ai la mienue.... allons..,, eu
gairfe
El il sortit de sa gaine de cuir la lame effilée d'un poignard.
(La suit* au prochain