INTERIEUR.
7e ANNÉE. N° 726.
JEUDI, 20 AVRIL 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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tion doit être adressé, Jrunco,
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che et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par ligne.
TIRES acquir1t ECNDO.
YPRES le 19 Avril.
L'époque des élections est prochaine. Il est
probable que les Chambres seront dissoutes
vers la fin de Mai et que les collèges électoraux
seront convoqués pour la première quinzaine
du mois de Juin. D'un autre côté, il est décidé
que les conseillers provinciaux auront tous
solliciter un nouveau mandat, ainsi que les
conseillers communaux. Depuis Dimanche der
nier, la liste des électeurs qui est la même pour
les élections générales, provinciales et commu
nales dans la ville d'Ypres, se trouve affichée.
Nous engageons tous les ayants-droit de voter,
d'examiner la liste, afin de s'assurer si toutes les
personnes pouvant être électeur, s'y trouvent
inscrites.
Si l'on découvre une omission ou une erreur,
tout électeur est admis présenter ses récla
mations l'Hôtel—de—ville, jusqu'au 26 Avril
inclusivement.
Hier soir, le bruit courait en ville, que sur
une manifestation du peuple Lille, M. Deles-
cluse, le commissaire-général, avait jugé pro
pos de quitter cette ville. Celle nouvelle que
nous ne pouvons garantir, offre toutefois beau
coup de probabilité, car il était prévoir que
les énormités commises par ce proconsul, au
raient fini par soulever les populations contre
lui. Dans les plus mauvais temps de l'absolu
tisme, on avait vu rarement suspendre le cours
de la justice et il faut remonter jusqu'au règne
de l'Empereur pour trouver un fait identique.
A Lille, sous le règne de la liberté que la nou
velle république française devait inaugurer, un
commissaire a donné l'exemple du mépris
pour ce qu'il y a de plus saint, la justice, et
par un attentat inouis'est mis au-dessus de
tous les principes qui jusqu'ici, n'ont jamais été
impunément violés.
Il paraît que la Société des Chœurs ne don
nera pas cette année son concert ordinaire du
lundi de Pâques. Les événements politiques
font un obstacle ce que pareilles soirées soient
bien goûtées maintenant. Une autre excuse qu'on
pourrait alléguer ce sont les préoccupations
commerciales des membres principaux de la
société, négociants en dentelles, dont la crise
politique vient d'interrompre les relations d'af
faires avec la France.
Que l'horison politique s'éclaircisse et nous
aurons encore des concerts et des fêtes, sous les
auspices de la Société des Chœurs.
CONCOURS COMMUNAL DE BETAIL.
C'est aujourd'hui qu'ont été remis les prix
accordés parla ville d'Ypres, aux bouchers qui
abattront pour la fête de Pâquesle bétail le
plus parfait de conformation et de graisse. Un
jury nommé par le collège des Bourgmestre et
Echevins, a été prié de désigner parmi les con
currents, ceux qui ont présenté le plus de bétail
au concours.
Comme d'ordinaire, le 1er prix pour le plus
beau bœuf, a été obtenu par le sieur DeTurck,
François, et le 2" prix par le sieur Wallaert-
Castryck, tous deux bouchers en cette ville.
Le prix de la plus belle génisse, a été décerné
au sieur Van Dromme, Pierre, boucher.
Le prix pour la plus belle vache, a été gagné
par les sieurs Adolphe Boeyaert et Jean Heu-
ghebaert, bouchers en cette ville.
L'évêque de Bruges est toute extrémité, et
a reçu les derniers sacrements.
Voyages a l'étranger. Visa des passe-ports.
Les Belges qui se rendent l'étranger sont
invités faire viser leurs passe-ports aux léga
tions respectives des pays vers lesquels ils se
dirigent.
Dans la séance de samedi, de la Chambre des
Représentants, le projet de réunir le canton de
Slavelot l'arrondissement de Verviers, a été
adopté, sans nouveaux débals, par 45 voix con
tre 13, et 4 abstentions.
Le projet de dissolution des conseils commu
naux a été également adopté sans discussion et
l'unanimité.
Puis, a été reprise, devant les banquettes
peu près désertes, la discussion du projet de loi
sur l'organisation de la garde civique. Il restait
voter une quarantaine d'articles; ils ont été
successivement adoptés, en ne provoquant que
quelques observations échangées entre M. le
ministre de l'intérieur et MM. Delfosse, Mani-
lius, Eenens et d'Huart.
Le vote sur l'ensemble aura lieu lundi, avant
la discussion du projet demprunt.
Le Sénat a voté samedi, l'unanimité et
presque sans discussion le projet de loi relatif
aux jurys d'examen, le projet la classification
des communes, le crédit supplémentaire pour
le budget des dotations et les divers crédits de
mandés par M. le ministre des travaux publics,
tant pour faire face des créances arriérées que
pour les canaux de la Campine, de Zelzaete, de
Deynzeà Schipdonck, et pour le réendiguement
du poldre de Lillo.
Après avoir voté ces lois, le Sénat se serait
ajourné jusqu'après les fêtes de Pâques, ainsi
qu'il en avait manifesté hier l'intention, mais la
Chambre des Représentants lui ayant transmis
le projet de crédit de 5 millions pour le dépar
tement des travaux publics, et ce projet présen
tant un assez grand caractère d'urgence, l'as
semblée a décidé qu'elle continuerait siéger la
semaine prochaine, et a fixé sa séance mardi.
Le projet de crédit ainsi que le projet de loi
qui tend réunir le canton de Stavelot I ar
rondissement de Verviers a été renvoyé une
commission composée de MM. le comte de
Ribaucourt, le duc d Ursel, le vicomte Desmanet
de Biesme, Dindal et le baron de Royer.
Exécution capitale d'Alexandre Deneulin.
On écrit d» Tournav, le 15 avril
w
Deneulin est arrivé de Mons Tournay le 14
dans l'après-midi; la guillotine l'avait devancé
de 2 heures; il était accompagné de l'exécu
teur de Mons, de gendarmes et de deux aides.
C'est la première exécution capitale que nous
ayons eue Tournay depuis celle de l'incen
diaire Renard, en 1ÏÎ17.
Dans l'après-midi, après avoir été revêtu de
la chemise de force, Deneulin a pris son dîner
paisiblement, et s'est endormi profondément
jusqu'à 4 heures et demie de l'après-midi.
A 5 heures, il a assisté au salut, avec tous les
autres prisonniers quelque temps après il a
soupe et fumé jusqu'au moment du coucher, et
il a passé la nuit sans manifester d'émotion.
Les préparatifs de la toilette n'ont donné lieu
aucun incident.
Le chanoine Vandervvarde aumônier de la
prison de notre ville, a été remplacé par le père
Libersart auprès de Deneulin. Bien avant cinq
heures du matin la place Verte et les rues y
attenantes étaient remplies de monde. Les toits
Feuilleton.
LA QUIQUENGROGNE.
(Suite.}
xi. maléfices et sorcellerie.
Lorsque la nouvelle des événements de Saint-Malo arriva la
cour de France, le roi François Ier entra dans une grande colère. II
assembla aussitôt son conseil pour délibérer sur les mesures pren
dre eu cette occurence, et déclara que son intention était d'envoyer
des forpes suffisantes pour mettre la raison les bourgeois rebelles,
et leur faire payer cher le meurtre du comte de Cbarolles.
Louise de Savoie, mère de François I", et qui avait une extrême
influence sur lui, émit un avis tout-à-fait opposé celui du roi. Elle
lui représenta que des moyens de rigueur pourraient produire le
plus fâcheux effet dans une province qu'aucun lien solide n'atta
chait encore au royaume, et qui n'attendait peut-être qu'une occa
sion favorable pour proclamer son indépendance qu'un déploie
ment de forces contre la ville de Saint-Malo pourrait amener en
Bretagne une guerre sérieuse que la France n'était pas en état de
soutenir, puisqu'il lui fallait réserver toutes ses ressources pour les
éventualités d'une collision avec l'Angleterre, la Flandre et l'Italie;
enfin elle ajouta que parmi les Malouius il ne se trouvait qu'un seul
coupable, uu ayenluiier très-puissant la vérité, mais qu'il valait
mieux le réduire par la ruse, que de le grandir encore en le traitant
comme un souverain.
Eu conséquence, elle opinait pour qu'on envoyât immédiatement
Saint-Malo madame Renée, sœur de la reine, accompagnée de
plusieurs seigneurs de la cour, dans le but de ramener cette ville
l'obéissance, par la persuasion, ne doutant pas que les bourgeois ne
s'empressassent d'ouvrir leurs portes la fille de leur dernière du
chesse Anue de Bretagne. Que quant au Prévôt l'aventurier
cause de tout le mal, on profiterait du moment où le calme serait
complètement rétabli pour le faire venir la cour, sous un prétexte
quelconque, et que là on lui ferait son procès.
François Ier se rendit aux raisons de sa mère, en faisant toutefois
ses réserves l'endroit du prévôt, dont il avait entendu dire mer
veilles, et que son esprit chevaleresque ne lui permettait pas de
considérer comme un simple aventurier.
Tous les rapports, dit-il, qui nous ont été faits, concernant la
mutinerie des Malouins, gardent le silence sur les motifs qui au
raient amené l'arrestation de leur prévôt de plus, il est démontré
que la révolte a éclaté pendant qu'il était prisonnier, et qu'après sa
délivrance, non-seulement il a gémi sur la piteuse mort de notre
gouverneur, mais encore que c'est lui que nos soldats doivent de
n'avoir pas été tous passés au fil de l'épée, et d'avoir été renvoyés
sans autre dommage que l'abandonde leurs armes. J'estime donc que
ce prévôt est un loyal et galant homme, d'autant plus qu'il est fort
savant et qu'on dit qu'il aurait découvert de nouvelles terres incon*
nues du Génois Christophe Colomb, et d'où il aurait rapporté de
grands trésors. Au lieu donc de l'attirer dans une embûche pour lui
faire son procès, nous souhaitons l'attacher notre cour et personne
par belles offres de dignité et commandements, et qu'il soit pris des
informations précises sur sa naissance que quelques-uns prétendent
être des plus illustres. Et comme témoignage de nos bonnes inten
tions, nous voulons que notre bien-aimée sœur, madame Renée j
emmène sa suite, Saint-Malo, la gentille Bretonne oontre' la
quelle aucune accusation de meurtre en sortilège ioe saurait*^ cette
heure s'élever. -
On devine que la gentille Bretonne dont parlait le roi François Ier,
n'était autre que Raoulette de Bizien, et nous demandons au lec
teur la permission de revenir sur nos pas pour lui expliquer com
ment elle se trouvait Blois.
Au moment où le vicomte de Frapesles et le capitaine Clément
se battaient au poignard sur le sommet de la Quiqjifggrogne la
vieille Berthe, restée seule avec Raoulette, avait saisi* là j.emie fille
dans ses bras et l'avait transportée hors de la pièce qui lui avait
servi de prison. Après avoir déposé son fardeau l'état supérieur,
dans la chambre qu'elle occupait elle-même, la folle était redes
cendue et avait trouvé Yorik qui elle avait dit
J'ai conduit Raoulette hors du château, vous la rejoindrez
sans doute dans votre maison ne restez pas plus longtemps ici,
monseigneur, le château n'est pas un lieu sûr pour vous.
Là-dessus, Yorik s'était hâté de courir sur les traces de sa fiancée.