8e ANNÉE. - N° 742.
JEUDI, 15 JUIN 1848.
JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
VICTOIRE COMPLÈTE
DU PARTI LIBÉRAL
feuilleton.
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VPRE 8, le 14 Juin.
DANS L'ARRONDISSEMENT D YPRES.
Eu rendant compte de la lutte du 8 Juin
18A7 nous avions dit: Pour la première foit
nous luttons et nous avons failli Remporter!
La victoire que nous avions pour ainsi dire
touchée alors, nous l'avons remportée. Comme
on ne l'ignore pas, le parti libéral constitu
tionnel avait seulement porlé deux candidats
la Chambre: MM. Vanden Peereboom et Boedt,
et au premier tour du scrutin, ces deux noms
sont sortis de l'urne avec une imposante majo
rité. Le fait capital de l'élection, c'est qu'au
premier tour du scrutin, les candidats libéraux
ont seuls été nommés et qu'un ballottage a dû
s'ouvrir entre MM. Jules Malou et Ch. Van
Reningbe, membres sortants.
Au scrutin de ballottage, un changement de
front s'est opéré. L'Association libérale, dans la
réunion de son comité, a décidé que, comme la
lutte était établie entre deux candidats d'une
autre couleur que son drapeau elle croyait
devoir s'abstenir comme association et que ses
membres étaient libres de suivre leurs inspira-
lions personnelles. Un cerlain nombre d'entre
eux n ont plus même voulu voter. Jamais occa
sion plus belle nes'offrait de décapiter le parti ca
tholique, en faisant échouer l'élection de M.
J. Malou. D'un côté, les électeurs de Poperinghe
voulaient un représentant tout prix et c'était
une occasion de prouver que la ville d Ypres
ne nourrissait aucune animosilé contre la ville
de Poperinghe. De l'autre, M. Jules Malou,
qui on aurait pu pardonner ses opinions poli
tiques antipathiques la grande majorité de ses
concitoyens, mais dont on ne pouvait oublier
la négligence I égard même des intérêts ma
tériels de (arrondissement, n'avait déjà obtenu
au premier tour de scrutin que le tiers environ
des sufirages de la ville. Les électeurs libéraux
d'Ypres, en donnant leurs suffrages M. Van
Reningbe, en opposition avec M. Malou, fai
saient preuve d'un excellent lacl politique, en
même temps qu'ils déféraient aux vœux des
électeurs de Poperinghedont le parti opposé
avait toujours nourri l'esprit d'antagonisme
contre nous. Nous espérons que celte élection
fera disparaître bien des préventions contre le
libéralisme et les hommes qui représentent ce
particar c est dans les circonstances actuelles
la seule opinion qui puisse diriger avec sûreté,
les destinées de la Belgique.
ÉLECTIONS DU 13 JUIN 1848.
Électeurs inscrits. 1962.
scrutin primitif.
tour le sénat.
M. Malou-Vergauwen, sénateur sortant.
Votants
Majorité absolue.
pour la chambre des représentants.
MM. Alphonse Vanden Peereboom, échevin, Ypres.
Boedt-Lucien notaire, Ypres.
Jules Malou, représentant sortant
Ch. Van Reninghe, bourgmestre Poperinghe
Ch. De Ghelcke
Voix perdues
Billets blancs
ie sectios.
9e sectior.
3e sictioh.
4* sectios.
Ypres
(la ville).
Cantons
de
Poperinghe
et de
Messines.
Cantons
Ypres ouest,
Elver-
dinghe
et llarioghe.
Cantons
Y près est,
Passchen-
daele
et Wervicq.
TOTAL.
486
564
277
292
1423
n
n
n
712
476
357
276
289
1398
413
255
262
215
1145
366
145
220
177
•08
161
153
186
193
693
96
230
69
114
509
13
2
1
16
41
13
10
10
74
5
n
a
3
8
scrutin de ballottage.
Votants. 1076 Majorité absolue.
539
Voix perdues.
linghe, bourgmestre Poperinghe
199
245
88
70
603
représentant sortant
144
54
126
129
453
13
5
1
3
22
L'issue des élections comme elles ont eu lieu
hier, a été accueillie avec des transports d'en
thousiasme. C'est avec une joie non dissimulée,
que les libéraux ont pu se féliciter de la journée,
et du triomphe qu'ils viennent de remporter.
La ville était toute en mouvement et il n'y en a
pas davantage les grands jours de kermesse.
L'Association libérale s'est réunie hier sept
heures du soir et elle est allée, le président en
tête, féliciter les nouveaux élusMM. Malou-
Vergauwen, Alph. Vanden Peereboom et Boedt-
Lucien. Le troisième représentant, M. Van
Reninghe était déjà retourné Poperinghe.
M. Vanden Peereboom en outre, a reçu en
qualité de vice-chef-homme, les félicitations
des membres de la société de Guillaume Tell et
des sapeurs-pompierscomme capitaine de ce
corps. Au soir, des sérénades ont été données
aux élus par la musique d?s sapeurs-pompiers,
et les élèves de l'école communale ont charité
quelques chœurs. Les rues étaient remplies de
monde et une illumination quasi-générale té
moignaient de I allégresse des habitants qui,
pour la deuxième fois depuis dix sept ans, voient
soi tir triomphants de l'urne du scrutin, des
noms qu'ils chérissent et qui sont de leur choix.
Nous donnerons dans notre prochain numéro
le compte-rendu de la séance du conseil com
munal de lundi.
VICTOIRE
REMPORTÉE PAR LE LIBÉRALISME
A M A LINES.
Enfin nous ne devons plus désespérer la
Belgique tend devenir libérale, de catholique
qu'elle était, bien entendu sous le point de vue
politiquecar sous le rapport des croyances reli
gieuses, rien n'est changé. Nous avons d'ailleurs
la parfaite conviction, que la religion sera plus
honorée et respectée, du moment qu'elle ne
servira plus d'arme de parti. Enfin l'arrondis
sement de Malines qui jusqu'ici n'avait laissé
percer pour ainsi dire aucun symptôme que la
réussite d'une candidature libérale fût possible,
vient deprouver qu'on nedoitjamais perdre cou
rage, car les élections viennent d'avoir lieu et M.
Dulrieu et le duc d Ursel, candidats des libéraux,
viennent d être nommés, le premier en opposi
tion avec M. Delafaille un des chefs du parti
catholique au sénat. Pour la chambre des re
présentants, un libéral avéré un homme franc
et loyal, dont les opinions politiques n'ont ja
mais varié, vient d être élu c'est M. Armand
LA QUIQUENGROGNE.
xv i. le 30 mai. Suite et Fin.)
Le soir, quand la nuit fut venue, la porte du cachot tourna sans
bruit sur ses gonds, et livra passage Haoulelte de Bizieu introduite
par la vieille Ëerlhe. Cette deruiere avait apporté plusieurs chan
delles de résine qu'elle alluma l'aide d'un briquet, et ette sortit
aussitôt lais-aut seul» Yorik et Rauulelte.
Vous ui'étes donc euliu rendue, ma Raouletle. dit Yorik, en
couvrant de baisers les mains de la jeune fille. Oh cette fois, uous
voila réunis pour toujours, dites, ma belle? Vous oonseulez, n'est-
ce pas? Kerlhe vous a tout appris?
Je ne puis croire tant de bonheur, répoudit-elle moi qui
ne vous espérais que daus le ciel, Je vous appartiendrai donc sur la
terre? Je crains que ce ne soit un rêve! .Mais si la prédiction de
Bertbe allait se réaliser Si notre union devait être cause de nutre
mort A tous deux
Eb bien, ne serait-ce pas encore du bonheur? dit-il avee cet
enthousiasme que donne la passion. Mais il n'en sera pas ainsi
Berlhe 11e vous a-t-i Ile pas avuuée que nos destinées ue deiveut
pas êlre telles qu'elle l'avait cru d'abord?
Je veux éloigner de mou esprit ces funèbres pensées, pour
demander Dieu qu'il uie fasse digue de vous, monseigneur, qui
•aiguex descendre jusqu'à une pauvie fille de gentilhomme.
Moi-même, Raouletle, suis-je autre chose qu'un aventurier
A quoi m'a servi de naître fils légitime demi? Aimez-moi donc
comme vous m'aimiez, alors que vous ue voyiez en moi que le vi-
oomte de Fiapesles, votre ami d'eufance.
Je v.us aime osmme vous voulez être aimé, Yorik. Mais êtes-
Vous bien sûr. mou ami, de sortir de cette prison
Toutes les précautions sout prises, tranquillisez-vous. Berthe
vous cunduira sur la grève, au pied de oette tour, où nous attend
uoe barque qui uous conduira au navire moi je descendrai par
cette ouverture, au moyeu d'une échelle de corde qui est solide
ment attachée cette fuite, qui serait impossible tout autre, devient
aisée pour un marin.
Laissons nos deux amoureux leurs tendres épanohements, et
parlons un peu de Cléiueut de Charolles qui, placé daus un angle
de la porte du cachot, et l'oreille aux écoutes, n'avait pas perdu ua
mot de celte conversation.
Le nouveau gouverneur avait reçu l'ordre formel, en partant de
Paris,de remettre immédiatement eu liberté te vicomte de Frapes*
les; mais le désir qu'il nourrissait de se venger de l'homme qui
1 avait vaincu en combat singulier, lui avait fait dillerer l'exécution
des volonlésdu roi, espérant qu'il surviendrait, ou qu'il ferait naî
tre telle circonstance qui lui permettait d'assouvir sa haine, sans
pourtant se compromettre aux yeux de François 1".
Ne doulaul que le prisouurer recevait des visites de la vieille
Berthe, et sachant par expérience que t'espiouuage est un excellent
rnuyeu d'apprendre les choses qu'un a intérêt de connaître. Clément
avait surpris, cu.ume uous l'avousdit, une conversation d'Yorik et
de Raoulctte, et il avait aussitôt arrêté dans >a tète un plan
auquel il pourrait se débarrasser de son ennemi, sans avoir crain
dre d'être inquiété pour une action dont le secret resterait enfoui
daus les ténèbres de ia nuit.
11 sortit donc de la Quiquengrogne et se rendit sur la grève, au
pied de la tour qui était seo daus ce moment-là.
La mer qui commençait monterétait encore une assez
grande distauce, et le capitaine eut besoin de faire plus de oent pas
sur la plage, avaut d'apercevoir un petit bateau au milieu des ro
chers qui rendent si dangereux celte partie de la côte.
11 continua de marcher daus oetle direction jusqu'à ce que les
Buts vinssent mouiller ses pieds, et fit entendre un sifflement aigu
que le batelier prit sans doute pour signal, puisqu'il se mit rainer
vers la terre, et ne s'arrêta que sur les galets du rivage.
Eu deux bouds, le capitaïue Clément se trouva sur la barque, et
sans autre explication, enfonça sou poignard dans le cœur du
matelot qu'il frappa plusieurs reprises. Quand il vit que le mal
heureux ue donnait plus signe de vie, il lui enleva sa jaquette qu'il
passa par-dessus sou pourpoint, couvrit sa tête du bonnet de laine
de la victime, et poussant le cadavre daus l'anfractuusité d'une
ruche, il attendit.
A cette distauce. c'est peine si l'on distinguait la sombre masse
de la citadelle se confondant presque avec les ombres épaisses qui
l'enveloppaient; mais une lumière qui brilla daus uue des meur
trières de la Quiquengrogne attira toute l'attention du oapitaine
qui ne détourna plus sa vue de ce point lumineux.
Or, voici oe qui se passaitdaus la prison du vioomte de Frapesles:
après avoir laissé Raoulette avec le prisonnier pendant uue heure
et demie environ, la vieille Berthe était rentrée avec monseigneur