JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Jc»<li, 13 Juillet ISIS.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
ÉtLE©TB©iNl$ IPR@¥lll?a©iAIL!IS
Le Médecin du village.
ABONNEMENTS Yrnrs (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclasies, la ligne 50 centimes.
Le Procrè
être adr
rocrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
cessé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
1PRES, le 12 .iiii.i.kt.
«la Juillet 181S.
I" Bureau.
inscrits 555. Votants 323.
Suffrages.
M. le Baron VANDERSTICHELE de MAUBUS. 290
M. DONNY-VAN DAELE299
M. Ernest MERGIIELYNCK272
M. Servais COMYN271
Voix perdues155
Billets blancs9
2' Bureau.
Inscrits 430. Votants 134.
Suffrages.
M. le Baron VANDERSTICHELE de MAUBUS. 131
M. DONNY-VAN DAELE133
M. Ernest MERGIIELYNCK131
M. Servais COMYN131
Voix perdues10
Récapitulation
Votants 457. Majorité absolue 229.
Suffrages.
M. le Baron VANDERSTICHELE de MAUBUS. 421
M. DONNY-VAN DAELE*32
M. F.rnest MERGIIELYNCK403
M. Servais COMYN402
Un sinistre effroyable vient d'épouvanter une com
mune de nos environs. Le beau et vaste château de Woes-
ten n'est plus un incendie l'a consumé. Avant-hier vers
dix heures et demie du soir, le domestique d'un des mar
chands de grains de la ville, passait sur la route de Fur-
nes Ypres devant le château de M. Lemaire de la
Neuville et remarqua une chambre qui lui paraissait for
tement éclairée. Sans arrière-penséeil passa outre, en
faisant la réflexion que si une pareille clarté était aperçue
venant d'une fermeil se serait approchépour savoir
ce qui aurait pu l'occasionner.
Quelques moments plus tard, il entendit crier au feu
et sonner le tocsin. Des douaniers qui rodaient dans les
environs, avaient aperçu les flammes qui jaillissaient déjà
par la toiture. Ils sont accouruset pour réveiller les
personnes du châteauils ont déchargé leurs armes, et
immédiatement après, les habitants du village sont venus
au secours.
M. Lemaire, réveillé en sursaut, s'est saisi de son en
fant et l'a transporté sur la pelouse. Rentré dans la mai
son, il a conduit sa dame hors de sa demeure en flammes.
Déjà l'escalier, l'unique du cbâteau,se calcinait de toutes
parts et craquait sous leurs pieds. Cependant, Madame
Lemaire a pu se sauver sans encombre. Mais comme ils
étaient en déshabillé de nuitM. Lemaire est remonté
l'escalier qui était sur le point d être envahi par le feu, et
rentré dans sa chambre, il a voulu prendre des hardes
pour se couvrir lui et madame, et sauver ce qu'il avait
de plus précieux. Il a jeté par les fenêtres ce qu'il a pu,
mais quand il a voulu redescendrel'escalier était déjà
la proie des flammes. Rentré dans sa chambre, il n'a su
comment se sauver. Ne le voyant pas revenir, la foule
qui entourait le château était en proie une horrible
anxiété.
Enfin, on a été chercher une échelle qui servait cueil
lir des cerises et qui heureusement était assez longue pour
atteindre, au premier étage, et le fils d'un de ses anciens
domestiques dit-on, est monté pourle sauver. Il a été assez
heureux pourle retrouver déjà entouré par les flammes et
le guider vers la fenêtre, qui était l'unique moyen de
salut que l'élément destructeur par la rapidité de ses ra
vages laissait possible. Quelques minutes plus tard la
couverture s'écroulait sur le premier étage et bientôt
aprèscette construction neuve, qui datait seulement de
1840 1841, n'était plus qu'un monceau de décombres.
Heureusement, personne n'a péri. Mais il s'en est fallu
de bien peuque M. Lemaire ne devint victime de son
courage et de son dévouement pour sa femme et son en
fant. Le château était assuré par la compagnie Securitas
d'Anverscroyous-nousmais fètï pertes en mobilier et
objets de toilette seront toujours considérables.
On ignore la cause de ce sinistre on ne peut l'attribuer
qu'à un accidentcar d'après tous les renseignements,
la malveillance parait étrangère cet incendie.
Si le temps le permet, la musique des pompiers se fera
entendre Dimanche prochain, au jardin de la Société de
la Concorde.
VILLE D'VPUES. Conseil Couhival.
Séance publique fixée au Jeudi, 13 Juillet 1848, neuf
heures et demie du matin.
ordre du jour:
1° Communication de pièces.
2" Entendre le rapport de la commission du Conseil
nommée pour former les contrôlesde la Garde civique.
3" Fixer l'indemnité annuelle payer par les familles
aisées, n'ayant point dans leur sein d'hommes en ac
tivité de service dans la Garde civique.
4° Fixer les réjouissances qui auront lieu l'occasion de
la Fête communale et voter les fonds, s'il y a lieu.
5° Délibérer s'il y a lieuce que la ville intervienne
dans l'exposition agricolesoit en accordant des mé
dailles, soit de toute autre manière.
6" Décider si la ville prendra des actions pour l'année
courante, dans le tirage au sort du fonds spécial, pour
l'encouragement de la peinture historique et de la
sculpture.
On nous communique le fait suivant qui a eu lieu
Woesten pendant l'incendie:
Parmi les personnes qui se sont le plus signalées l'in
cendie du château de Woesten, n'oublions pas de men
tionner tout particulièrement le sieur Joseph Lahaye-
Gerstccabaretier et cultivateur en la même commune.
Cet homme courageux ayant vu crouler l'escalier et aper
cevant M. Lemaire de la Neuville au premier étage déjà
tout en flammes, se saisit d'une énorme échelle qu'il place
contre une fenêtre qu'il enfonce après des efforts inouis
s'empare de M. Lemaire qui courait en désespéré de l'un
appartement l'autre et le sauve ainsi d'une mort certaine
par son courage intrépide. Non content de celte action
d'éclat, il retourne cinq différentes reprises dans l'édi
fice enflammé et sauve des papiers et des objets de grande
valeur. Cet acte d'héroïsme sera d'autant plus apprécié
quand on saura que Joseph Lahaye-Gerste est un père de
famille de*Iouzc enfants auxquels il ne suffit difficilement
qu'en s'imposant les plus grandes privations.
Fidèle aux promesses de son programme et aux enga
gements pris devant les chambres, le gouvernement re
cherche avec la plus vive sollicitude, tous les moyens
d'opérer des diminutions dans les différents budgets.
Pour atteindre ce résultat si désirable et en ce qui con
cerne les différentes branches de son département, M. le
ministre de la guerre vient d'adresser tous les chefs de
service une circulaire par laquelle il leur rappelle que le
budget de la guerre doit nécessairement être l'objet d'un
examen particulier et minutieuxet leur demande en
même temps de vouloir lui indiquer toutes les réductions
qui pourraient être apportées dans les dépenses de l'ar
mée, sans nuire la bonne organisation des corps. Dès
que ces renseignements lui seront parvenus, le ministre
s'empressera de les soumettre l'examen d'une commis
sion qui sera réunie le plus tôt possible au département
de la guerreafin d'arriver une prompte solution de
cette question importante.
Cette mesurequi recevra l'approbation de tousest
une nouvelle preuve du désir sincère du gouvernement
de remplir les engagements qu'il a pris ce sujet et de
répondre aux vœux de l'opinion publique.
Le plus gros déficit qu'on puisse prévoir dès présent
sur les estimations des produits du budget des voies et
moyens, portera certainement sur le chemin de fer. On
comptait, pour 1 année courante, sur une recette supé
rieure celle de l'année dernière, et pour les cinq mois
dont les résultats sont connus, il y a déjà un déficit de
fr. 659,919-36 c.
On assure que les accusés du complot contre la sûreté
de l'Etat (affaire de Risquons-Tout), qui devaient être ju
gés par la Cour d'assises du Brabant, seront renvoyés de
vant la cour d'assises d'Anvers. Ce serait donc Anvers
et non point Bruxelles que les débats auraient lieu.
L'acte d'accusation a été signifié aux accusés.
(suite.)
Je pus alors regarder autour de moi. Il y avait auprès
de la fenêtre une jeune femme, fort élégamment habillée,
qui travaillait a une broderie sans lever les yeux vers
nous, comme si nous n étions pas dignes de ses regards.
Sur le tapis, devant elle, un petit garçon jouait avec des
images. La jeune femme ne me parut pas belle au pre
mier abord, parce quelle avait des cheveux noirs, des
yeux noirs, et qu'être belle, selon moi, c'était être blonde
et blanche, comme Eva Meredith, et puis, d'après mon
jugement très-inexpérimentéje ne pouvais séparer la
beauté d'un certain air de bonté. Ce que je trouvais doux
regarder était ce que je supposais devoir être doux au
cœuret je fus longtemps avant de m'avoucr la beauté
de cette femmedont le front était hautainle regard
dédaigneux et la bouche sans sourire.
Elle était, comme lord J. Kysington, grande, maigre,
un peu pâle. 11 y avait entr'eux un certain air de famille.
Leurs deux natures devaient trop se ressembler pour pou
voir se convenir. Ces deux personnes froides et silencieu
ses restaient sûrement l'une près de l'autre sans s'aimer,
sans se parler. L'enfant avait aussi appris ne pas faire
de bruit, il marchait sur la pointe du pied, et au moindre
craquement du parquet, un regard sévère de sa mère ou
de lord Kysington le changeait en statue.
Il était trop tard pour retourner dans mon village
mais il est toujours temps pour regretter ce que l'on a
aiiné et ce que l'on a perdu. Mon cœur se serra en son
geant ma maisonnette, ma liberté.
Voici ce que je parvins savoir sur ce triste intérieur:
Lord J. Kysington était venu Montpellier pour réta
blir sa santé, éprouvée par le climat des Indes. Second
fils du duc de Kysington, lord lui-même par courtoisie, il
ne devait qu'à ses talents, et non un héritage, sa for
tune et sa position politique dans la chambre des com
munes. Lady Mary était la femme de son plus jeune frère,
et lord J. Kysington, maître de disposer de ses biens,
avait désigné, comme son héritier, son neveu, le fils de
Lady Mary. Je me mis soigner ce vieillard avec tout le
zèle dont j'étais capable, bien persuadé que le meilleur
moyen d'améliorer les mauvaises positions est de remplir
exactement même un devoir pénible.
Lord J. Kysington était mon égard de la plus stricte
politesse. Un salut me remerciait de chaque soin donné,
de chaque mouvement qui lui rendait service. Je faisais
de longues lectures que personne n'interrompit, ni le
sombre vieillard que j'endormais, ni la jeune femme qui
n'écoutait pas, ni l'enfant qui tremblait devant son oncle.
Je n avais rien vu d aussi triste, et pourtant, mesdames,
vous savez que la petite maison blanche avait depuis
longtemps cessé d'être gaie mais le silence qui vient du
malheur suppose des pensées si gravesque les paroles
sont regardées comme insuffisantes pour les rendre. Ou
sent la vie de l'âme sous l'immobilité du corps. Dans ma
nouvelle demeure, c'était le silence cause du vide.
I n jourtandis que lord J. Kysington semblait som
meiller, que lady Mary était penchée sur son métier, le
petit Ilarry monta sur mes genoux, et, nous trouvant
dans un angle éloigné de la chambre, il me fit tout bas
quelques questions avec la naïve curiosité de son âge
puis mon tour, ne songeant guère ce que je disais, je
l'interrogeai sur sa famille.
^voz"vous des frères ou des sœurs?lui demandai-je.
J ai une petite sœur bien jolie.
Comment s'appellc-t-ellerepris-je, tandis que du
regard je parcourais un feuilleton du journal.
Elle a un nom charmant: devinez-le, monsieur le
docteur.
Je ne sais a quoi je pensai. Dans mon village, je n'avais
entendu que des noms de paysannesqui ne pouvaient