E\TÉRIEIR.
FRANCE. I*iri<î, 23 juillet.—M. le ministre des
finances vient de faire rassemblée la proposition d'un
emprunt de 175 millions qui pourra même être porté
200 millions. Cette proposition a été favorablement ac
cueillie.
M. Goudehaux, dans l'exposé des motifs qu'il a lu
aujourd'hui l'Assemblée, au sujet de l'emprunt, a fait
allusion au déficit que la réforme postale devra occasionner
dans la première année de son établissement, c'est-à-dire
en 1849. Ainsi tombent les bruits qui ont couru sur l'a
journement de cette mesure importante.
M. Goudehaux a demandé, dans le même eiposé,
que l'impôt sur le sel et les boissons, abrogé pour 1849
fût prorogé jusqu'en 1850. L'assemblée a paru com
prendre l'impérieuse nécessité de ces mesures.
La question du droit au travail et celle de l'assis
tance continuent diviser les bureaui de l'assemblée, qui
discutent encore le projet de constitution. Il nous semble
que cette double question serait assez facilement résolue,
si au lieu de mettre la charge de l'État l'obligation de
fournir du travail aux ouvriers en chômage et des secours
aux nécessiteux invalides, on imposait cette obligation
aux communes, avec subvention du département d'abord
puis de l'État quand la nécessité et l'opportunité de son
concours seraient constatées. De cette manièreles pau
vres de toute la France, n'afflueraient point dans les
grands centres de populationoù leur présence est tou
jours un danger. Chaque localité devrait pourvoir aul
besoins de ses habitantset pourrait le faire d'une ma
nière plus économique et plus utile la fois.
Dans un pays dont on peut citer les institutions de
bienfaisance comme un modèle imiter, en dépit de ce
qu'on a dit du paupérisme de certaines de ses provinces
dans la Belgique, les maisons de travail et d'asile sont
la charge des provinces, mais chaque individu admis dans
ces lieux de refuge, y est entretenu en grande partie la
charge de sa commune, quand celle-ci ne peut pas pour
voir sur les lieux même, aux besoins de ses habitants.
Une loi déjà anciennemais qui a reçu récemment d'im
portantes modifications, règle de ce qu'on appelle le
domicile de secours, et les bienfaits produits par cette lé
gislation sont incontestables.
Nous aurons peut-être expliquer prochainement, com
ment, en dépit de ces institutions philantrophiquesla
Belgique est rongée par la plaie du paupérisme. Ce que
nous pouvons direc'est que les institutions dont nous
venons de parler, ont empêché ee mal de devenir une
cause de perturbation universelle dans les terribles crises
des deux dernières années.
On lit dans le Journal de Fécamp:
Toutes les dispositions sont prises pour l'armement
des côtes.
Hier, le sloop YInvincible, venant du Havre, est entré
dans notre port, avec trois pièces de 30 et trois pièces de
80la Paiihans, plus, un certain nombre de boulets le
tout destiné l'armement de nos côtes.
L'Invincible est reparti aussitôt pour Saint-Valerey-en-
Caux, où il doit laisser trois pièces de 30, quatre de 80 et
des projectiles.
Le rapport fait par M. Etienne au nom de la com
mission des financesl'assemblée nationale de France
compte au nombre des sommes dues la France 15 mil
lions environ pour les armements faits en 1851 1832 et
1853 afin de défendre le territoire de la Belgique.
Ces 15 millions sont-ils dûs par la Belgique? Évidem
ment non le gouvernement de Louis-Philippe l'avait
compris. La république ne se montrera, nous l'espérons,
ni plus injuste ni plus malveillante envers nous.
Il nous sera aisé démontrer que la Belgique ne doit pas
ces 15 millions. Pour cela, rappelons sommairement les
faits.
Les faits prouveront:
D'abord que l'intervention française du mois d'août
1831 fut nécessitée parce que la Hollande avait violé la
J'ai reçu votre lettre, me dit lord J. Kysington;
j'étais au moment de partir pour l'Italie; elle m'éloignait
peu de ma route de venir moi-même régler le sort de
William Mercdilh: me voici. Lady William?..
Lady William Kysington vit encore, milord, lui
répondis-je.
Ce fut avec un sentiment pénible que je vis entrer dans
la chambre d'Eva cet homme calme, froid, austère, suivi
de cette femme orgueilleuse qui venait être témoin d'un
événement heureux pour elle la mort de son ancienne
rivale. Ils pénétrèrent dans cette petite chambre
simple, modeste, si différente des beaux appartements de
l'hôtel de Montpellier. Ils s'approchèrent de ce lit sous
les rideaux blancs duquel Eva, pâle et belle encore, tenait
son fils appuyé sur son cœur. Ils se placèrent l'un droite,
l'autre gauche de ce lit de douleur, et ne trouvèrent pas
une parole affectueuse pour consoler cette pauvre femme
dont le regard se levait vers eux. Quelques phrases
glacées, quelques mots sans suite, s'échappèrent peine
de leurs lèvres. Assistant pour la première fois au dou
loureux spectacle d'une agonieils en détournèrent les
yeuxetse persuadant qu'Eva Meredith ne voyait ni
n'entendait, ils attendirent simplement qu'elle fût morte,
sans même donner leur visage une expression d'emprunt
de bonté ou de regret. Eva fixa sur eux ses regards mou
rants, et un effroi subit s'empara de ce cœur qui buttait
peine. Elle comprit alors ce qu'elle n'avait pas compris
pendant sa vie, les sentiments cachés de lady Mary, la
profonde indifférence, l'égoïsme de lord J. Kysington.
Élle comprit enfin que c'étaient là les ennemis et non les
suspension d'armes conclue en 1830 sous la garantie de la
France et des quatre autres puissances. Ce n est pas la
Belgique supporter les frais de cette intervention.
Ensuite que l'intervention française pour le siège de la
citadelle d'Anvers fut nécessitée par le traité des 24 arti
cles, que les cinq puissances nous avaient imposé en 1831
et dont elles avaient garantie l'exécution. Il serait certes
bien injuste de prétendre que nous devons supporter les
frais d'une guerre causée par un traité qui nous dépouil
lait et que nous n'acceptons qu'à notre grand regret.
On s'occupe activement au ministère de l'intérieur
du mode de distribution des décorations de la légion-
d'honneur dans les diverses légions de la garde natioale.
Plusieurs moyens ont été proposés. Celui qui parait le
plus rationel et auquel on semble devoir s'arrêter, est
la nomination de commissions dans chaque bataillon.
Ces commissions, composées de plusieurs membres choi
sis dans les divers grades, seraient chargées d'examiner
les droits de chacun, et de faire des propositions aux
chefs des corps, qui les transmettraient l'état-major
général. Ce serait sur ces propositions que la commis
sion des récompenses nationales statuerait. On ne con
naît pas encore le nombre des décorations qui seront
accordées chaque légion.
Le bureau de la chambre a adopté un amende
ment sur l'article 135 du projet de la constitution, qui
soumettait l'Algérie une législation exceptionnelle, jus-
qu' la révision de la constitution, c'est à-dire d'une
manière définitive. Cet amendement, présenté par M.
Didier, député de l'Algérie, est ainsi conçu: Le terri
toire de l'Algérie est déclaré territoire français, et sera
régi par la constitution, sauf les l'éserves et exceptions
temporaires qui sont ou pourront être déterminées par
la loi
Nous apprenons que plusieurs autres bureaux ont
adopté un pareil amendement.
Instruction du complot.
Le chef du pouvoir exécutif, et le ministre de la guerre,
qui tous les soirs reçoivent de M. le général Bertrand un
compte-rendu des décisions des quatre commissionsont
pu se convaincre qu'en continuant procéder comme on
a fait jusqu'à ce momentil n'était guère possible de
mettre les opérations fin dans un délai rapproché, il a
donc été demandé au chef du pouvoir exécutif d'augmenter
le nombre des commissions. On assure que quatre nou
velles commissions vont entrer en fonctions partir de
lundi prochain. Des ordres sont donnés pour que les in
dividus considérés comme chefs de l'insurrection soient
immédiatement signalés M. le général commandant la
division, et que cet avis soit accompagné de toutes les
pièces qui ont servi la commission militaireafin de
tenir lieu de plainte, et former la base de l'information
judiciaire prescrite par la loi du 13 brumaire au V.
Deux cent-douze des prisonniers, sur la position des
quels se sont prononcés depuis quatre jours les com
missions militaires, ont été extraits ce matin de la
Conciergerie du palais, et conduits sous bonne escorte au
fort de Noisy-le-Sec.
Il arrive en ce moment de plusieurs départemens la
Conciergerie, et dans plusieurs autres maisons d'arrêt, des
individus ayant appartenu aux ateliers nationaux, ou des
vagabonds que les gendarmes arrêtent sur les routes ou
dans les auberges, faute de papiers, et qui sont soup
çonnés d'avoir pris part l'insurrection.
ANGLETERRE. Un extrait du Dublin Evening
Herald, du 20 juillet, est arrivé Londres, le 21, par le
télégraphe électriqueet contient des détails sur un
complot formé Dublin, pour une vaste insurrection. Il
s'agissait d'un système complet de barricades qui doivent
s'élever sur toute l'étendue de la ville.
On a fait courir, Londres, les bruits au moins préma
turés, de la prise de Limerick par les insurgés.
ESPAGNE. Mauiiiu, 17 juillet. On avait fait
courir le bruit de prétendus désordres la Granja; on
parlait d'une rixe entre des soldats de différentes armes.
Ce fait est complètement faux.
protecteurs de son fils. Le désespoir, la terreur, se peigni
rent sur son pâle visage. Elle n'essaya pas d'implorer ces
êtres sans âme. D'un mouvement convulsif, elle approcha
William plus près encore de son cœuretrassemblant
toutes ses forces
Mon enfantmon pauvre enfant s'écria-t-clle dans
un dernier baiser, lu n'as pas un seul appui sur la terre
mais là-haut Dieu est bon. Mon Dieu! viens au secours
de mon enfant
Avec ce cri d'amour, avec cette suprême prière, sa vie
s'exhala; ses bras s'entrouvrirent, ses lèvres restèrent
immobiles sur le front de William. Puisqu'elle n'embras
sait plus son filsc'est qu'elle était mortemorte sous les
yeux de ceux qui jusqu'à la fin avaient refusé de lui tendre
une main secourablemorte sans donner lady Mary la
crainte de voir essayer par une prière de faire révoquer
l'arrêt prononcémorte en lui laissant une victoire com
plète définitive.
11 y eut un instant de silence solennel personne ne
remua ni ne paria. La mort fait incliner les fronts les
plus orgueilleux. Lady Mary et lord J. Kysington fléchi
rent les genoux auprès du lit de leur victime. Au bout
de quelques minutes, lord J. Kysington se releva et me
dit: Éloignez cet enfant de la chambre de sa mère et
suivez-moidocteur je vous expliquerai mes intentions
son égard.
Il y avait deux heures que William était appuyé
sur l'épaule d'Eva Meredithsa bouche placée sur sa
boucherecevant la fois ses baisers et ses larmes. Je
m'approchai de Williametsans lui adresser d'inutiles
Le ministre de grâce et justice publie une circulaire
adressée aux évêques, archevêques et gouverneurs ecclé
siastiques, présidents des tribunaux suprêmes, les priant
d'indiquer les besoins les plus urgents des diverses égli
ses. Le gouvernement espère que les évêques et prélats
diocésains s'attacheront inculquer et propager parmi les
fidèles l'esprit de paix et de conciliation, attribut naturel
de leur ministère évangéliqueet pouvant contribuer
consolider la tranquillité eteimenter la mutuelle harmonie
de 1 Église et l'État. De son côté, le gouvernement s'occu
pera de l'établissement de séminaires pour l'instruction
du clergé.
Les bulletins de Vitoria sont favorables la cause
de la Reine constituante. Une des factions de la Navarre
a été mise en déroute dans les montagnes d'Ancin.
ITALIE. On dit que les Autrichiens ont le projet
d'attaquer vivement la ligne de la Brcnta. S'ils l'occupent,
Chioggia subira le même sortet alors Venisepour
avoir de l'eau potable, devra l'envoyer chercher, on ne
sait où.
La Chambre des Députés de Toscane s'assemblera
demain pour entendre la lecture du rapport de la com
mission de réponse au discours du trône.
Depuis le commencement de la guerre d'Italieles
Autrichiens ont perdu en tués et blessés 27,000 hommes.
On dit que 12,000 Autrichiens sont Nogara et dans les
environs, entre Mantoue et Ostiglia. On croit que cette
armée pourrait se jeter sur le pays de Modène, afin d'y
rétablir l'ex-duc. S,e Lucie, hors la Porte-Neuve de Vérone
est occupée par les Autrichiens qui s'y sont fortifiés.
On annonce ce matin l'entrée de 5,000 Autri
chiens Ferrare. Cette nouvelle serait venue par voie
télégraphique.
Aujourd'hui nous apprenons, par la voie ordinaire,
non-seulement 1 entrée des Allemands Ferrare, mais
encore leur sortie.
Voici les renseignements qui nous parviennent ce
sujet
Cinq mille Autrichiens ont passé le Pô Pontelaga-
nara et Polesella, et ils sont entrés Ferrare sans coup
férir, promettant de repasser le Pô dans les deux jours,
si le prolégat consentait approvisionner la citadelle pour
deui mois. On a conclu un traité dans ce sens. Les Autri
chiens étaient commandés par le général de Lichtenstein.
Le mouvement des Autrichiens a pour but d'opérer
sur Modène ou de faire diversion en faveur de Vérone et
de forcer le roi Charles-Albert s'en éloigner. Le roi a
prélevé sur ses forces 25,000 hommes pour aller com
battre ce mouvement.
Des lettres de Bologne, du 16, disent que les Autri
chiens ont repassé le Pô précipitamment et que les sol
dats ont même abandonné beaucoup de matériel de guerre
sur l'esplanade de la forteresse de Ferrare.
On dit que les Piémontais arrivent en toute hâte du
côté de Conto.
Cemacchio est occupée par les Autrichiens venus de
Merola.
Les 5,000 Autrichiens qui étaient venus Ferrare, le
14, ont reçu brusquement, le 15, l'ordre de repasser le
Pô. En peu d'instants, toute la brigade du prince de Lich
tenstein a plutôt pris la fuite qu'elle n'a exécuté une re
traite. Les troupes autrichiennes Bondeno ont fait de
même. Cette fuite précipitée a été déterminée par l'ap
proche de 9,000 Piémontais envoyés par le roi Charles-
Albert Ostiglia.
La Gazette de Milan, du 17, dit que, dans le voisi
nage du Pô, les Autrichiens comptent 15,000 hommes, et
que leurs mouvements semblent être dirigés du côté de
Modène.
On assure que le gouvernement toscan a reconnu
officiellement la république française.
ii Le bateau vapeur anglais le Porcupine a apporté,
Gênesla nouvelle que la Sicile a élu le duc de Gênes,
pour son roi constitutionnel. A bord du bateau va
peur anglais est un personnage important chargé de faire
connaître au nouveau roi l'élection du peuple.
L'envoyé est parti sur-le-champ pour Turin.
paroles, j'essayai de le soulever pour l'emmener hors de
de la chambre mais William résista et ses bras serrè
rent plus vivement sainère sur son cœur. Cette résistance,
la première que le pauvre enfant eût jamais opposée
qui que ce fût sur la terreme toucha jusqu'au fond de
l'âme. Cependant je renouvelai l'effort, cette fois William
céda; il fit un mouvement, et, se tournant vers moi, je
vis son beau visage inondé de larmes. Avant ce jour
William n'avait jamais pleuré. Une vive émotion s'em
para de moi, et je laissai l'enfant se jeter de nouveau sur
le corps de sa mère.
Emmenez-le donc! me dit lord J. Kysington.
Milord, il pleure, m ecriai-je. Ah laissons ses lar
mes couler
Je me penchai vers l'enfant j'entendis des sanglots.
William mon cher William lui dis-je avec anxiété
en prenant sa main dans mes inains; pourquoi pleures-tu,
William
Ma mère est morte répondit-il.
Je n'ai pas de paroles pour vous dire ce que j éprouvai.
Les yeux de William avaient de l'intelligence; ses larmes
étaient tristes comme ne coulant pas au hasard, et le son
de sa voix était brisé comme lorsque le cœur souffre. Je
poussai un cri je me mis presque genoux près du lit
d'Eva.
Ah vous aviez raisonEva lui dis-je de ne pas
désespérer de la bonté du ciel
Lord J. Kysington lui-même avait tressailli. Lady Mary
était pâle comme Eva morte.
Ma mère ma mère s'écriait William avec des ae-