LE JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. Alaiii'icc. Vires acqmrit eundo. INTÉRIEUR. e=3 ABONNEMENTS Apres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. I Le Procrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces la ligne 13 centimes. Réclames la ligne 50 centimes. être adresse l'éditeurMarché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. VPRES, le 1 Aoï-t. Nous croyons devoir rencontrer un article du Journal des Bazilesde Samedi, 22 Juillet dernier, d'autant plus qu'il paraît, par sa facture, étranger h la rédaction habi tuelle de cette feuille. C'est une apologie de M. Jules Malou et du parti catholique, dans le style dithyrambique qu'on connait, et présentée sous un jourentièrementfaux. Il parait que certains chefs du parti clérical ne peuvent pas encore se faire au repos, auquel la grande voix du pays les a invites se livrer. La rancune perce contre le libé ralisme qui a eu l'audace de descendre ouvertement dans l'arène, et de vaincre ce parti clérical qui se croyait si omnipotent. Aujourd'hui le parti vaincu et par cela même forcé de confier les rênes du pouvoir en d'autres mains, se pose en adversaire magnanime, qui s'est relégué sous sa tente, parce qu'il l'a bien voulu et pour faire le bonheur de la Belgique. Il faut posséder une certaine dose d'outrecui dance, pour oser publier des contre-vérités aussi flagran tes, car personne n'ignore que MM. les catholiques se sont cramponnés au pouvoir, comme un naufragé au ro cher sur lequel les vagues l'ont jeté. Ils se sont même usés rester au pouvoir, quand déjà la répulsion du pays pour leur politique était bien visibleet ce n'est que par la lutte persévérante de l'opinion contre eux, qu'ils ont cédé la place de plus dignes. Ainsi, sur ce point, nous ne trouvons dans la ligne de conduite qu'ils ont suivie, ni cette abnégation, ni cedévoue- ment dont la feuille jésuitique fait tant honneur ses fidèles. Et si, au 26 février, ils se sont serrés autour du mi nistère, ils ont bien compris, qu'ils étaient plus menacés que les libéraux, par le cataclysme imprévu qui avait éclaté sur nos frontières. Un ancien ministre du cabinet De Theux l'a dit lui-mêmequ'il était heureux qu'un ministère libéral fut arrivé aux affaires avant cette épo que et la conduite des membres de la droite du parlement a démontré qu'ils étaient convaincus de la vérité de cette appréciation des événements. Dans le factum du Journal des Baziles, il est toujours question de libéraux exclusifs. Eh mon Dieu, que n'af fectez-vous de séparer les libéraux, en libéraux de la veille et en ceux du lendemain, car le nombre en est beaucoup augmenté depuis quelque temps, par suite d'assez singu lières conversions. Mais toute cette colère contre eux, n'in dique que le dépit queccrtains catholiques éprouventd'ètre devenus impossibles maintenant et de devoir rester éloignés de la scène politique. Lcsaccusationsadressées aux libéraux exclusifs ne sont que l'expression d'une haine concentrée, car rien de moins vrai que cette allégation leur adresse, d'avoir poussé la dépense, quand au contraire l'opposition a toujours demandé des économies. Si les traitements de l'ordre judiciaire ont été augmentés, on l'a fait sur la proposition de M. D'Anethan, qui coup sur n'était pas un libéral. Le Journal des Baziles est aussi devenu l'ad versaire des chemins de fer, c'est un progrès reculons dont nous ne pouvons en conscience le féliciter. Si nous voulions nous occuper de la gestion financière de M. J. Malou, nous aurions redresser bien des asser tions de son flatteur anonyme, mais cela nous mènerait trop loin. Bornons-nous découvrir les immenses bienfaits que, d'après la feuille cléricale, on lui doit. Pour couper court toute récrimination, concernant le chemin de fer que nous n'avons pas, la feuille jésuitique dit qu'il vaut peut-être mieux que nous en soyons privés. Pour ce qui regarde la garnison, on voulait l'impossible, dit-on. Ce qu'un autre ministère nous avait accordé le cabinet dont faisait partie M. J. Malou ne pouvait-il le conti nuer? D'ailleurs, ce journal qui trouve que M. Jules Malou ne pouvait accorder sa ville natale, plus qu'à tout autre ville, a insinué dans le temps que c'était pour punir nos concitoyens du mauvais esprit qui les animait quantum mutatut ab illo. II est vrai que nous devons en partie, M. J. Malou le retrait du transit des bestiaux et nous lui en avons rendu grâces dans le temps. Quant aux mesures odieuses con cernant la culture du tabacl'arrondissement a pro fité de son opposition systématique au ministèreparce que ses intérêts étaient identiques avec ceux de la métropole commerciale et nous n'oserions guère nous vanter que la lutte de M. J. Malou contre l'accise sur les tabacs, ait été faite notre intention exclusive. Il serait impossible de torturer sa mémoire, pour trouver d'autres hauts faits et gestes de M. J. Malou, car en comptant bien, on en trouve jusqu'à quatre Ceux qui se lamentent aujourd'hui, l'instar du prophète Jéréinie, nous lançaient autrefois d'audacieux défis et se raillaient de ce qu'ils appelaient notre impuissance. Maintenant que le jour des revers est sonnéils ne savent même pas accepter noblement la situation qui leur est faite. Le li béralisme a été pendant dix-huit ans, en-dehors du pou voir et jamais il n'a désespéré de ses destinées. C'est que parmi nouslibéraux il y avait une conviction forte et inébranlable que nos principes étaient justes et qu'ils de vaient finir par triompher, pour le bien-être de la Belgique. Élections de la Garde civique. Lundi, les six compagnies de la Garde civique ont été convoquées pour procéder l'élection de leurs chefs res pectifs. Les opérations ont eu lieu avec la plus grande régularité et nous n'avons pas appris qu'une plainte fondée puisse être faite contre les dispositions de l'autorité qui a présidé ces élections. Les choix sont en général très- satisfaisants et nous font croire que la tentative qu'on essaie, d'opérer la résurrection delà garde civique, pourrait avoir un résultat heureux. i" compagnie. Capitaine. Votants 78. M. Cardinael, Edouard, 72 suffrages. Lieutenant. Votants80. M. Ignon, Clément,57 voix. Deux sous-lieutenants. Votants 79. MM. Valcke- Hage, 54 suffrages, Roffiaen, Désiré, 43. Quatre sergents. Votants 75. MM. Podevyn, Henri, 65 sufTrages, Allewaert, François, Ci, Hollevoet, François, 60, Samyn, Louis, 33. Fourrier. Votants 68. M. Smagghe, Auguste, 65 voix. Huit caporaux. Votants 67. MM. Devaux, Amand, 66 suffrages, Pauwelyn, Joseph, 66, Devos, François, 66, Dupont, Damicn, 66, Spotbeen, Pierre, 66,Six, Jacques,66, Lapeerc, Pierre, 66, Joos-Vanhoutte, Florimond, 66. 2e compagnie. Capitaine. Votants 73. Nombre des bulletins, 72. Majorité absolue, 57. MM. Verheylewegen Honoréobtient 36 voix. Lambin-Mortier51 Lambin2 Verheylewegen2 Dumortier1 Billet blanc1 Le bureau a été d'avis que'M. Honoré Verheylewegen n'avait pas atteint la majorité absolue et a fait procéder un scrutin de ballottage, qui a donné le résultat suivant: Votants 63. Bulletins, 72. M. Honoré Verheyle wegen ayant obtenu 59 suffragesa été proclamé capi taine. Lieutenant. Votants 69. M. Beke, Charles, 56 suffrages. Deux sous-lieutenants. Votants 70. MM. Du mortier, Amand, 55 voix, Pironon, 55. Quatre sergents. Votants 66. MM. Derulle, Al bert, 55 voix, Dauehy, Louis, 45, Stoffel, Charles, 49, Myle-Vandermcersch, 57. Fourrier. Votants 54. M. Devarver, Édouard, 38 voix. Huit caporaux. Votants 50. MM. Taflin, Pierre, 41 suffrages, Maerten, François, 40, Allewaert, Charles, 42, Gaston, Louis, 43,Goethals, Amand, 43, Leenknecht, François, 42, Verloigne, Désiré, 38, Leclercq, 33. 3e compagnie. Capitaine. Votants 73. M. Merghelynck, Ernest, 58 suffrages. Lieutenant. Votants 73. M. VandenBogaerde Théodore, 62 suffrages. Deux Sous-Lieutenants. Votants 77. MM. Beke, Pierre, 69, lweins, François, 63 suffrages. qui environnèrent sa tombe, ne purent consoler ni ses amis ni son fils d'une perte aussi cruelle qu'imprévue. Pendant trois ans Maurice resta accablé du coup qui venait de le frapper. Il lui était impossible de se livrer aux plaisirs de son âge; le seul qu'il eut!., était dans la société des anciens camarades et des amis de son père, pour parler avec eux de ce père bien-aimé qu'il avait trop peu connu. A ce titre, j'avais souvent sa visite, et je n'ai jamais vu de meilleur jeune homme il y avait dans la candeur de sou regard et dans la douceur de son esprit un charme auquel on ne pouvait résister. Sa douleur même avait tourné au profit de ses études: ne sortant presque jamais et depuis trois ans travaillant toujours, Maurice, était devenu un des jeunes gens les plus instruits de son âge. Son père qui lui avait laissé une honorable et modeste fortune, quatre mille livres de rente, avait toujours désiré qu'il fût avocat. Ce désir était un ordre, et Maurice avait passé ses examens de droit toutes bou les blanches il s'était fait recevoir docteur, il avait ter miné son stage, et tout nous disait, au docteur C... et moi, que notre ami et notre pupille serait un des plus il lustres élèves sortis de Sainte-Barbe et deviendrait l'hon- i. ia sa1htc-1ak1e. (suite.) Maurice 1 avait compris ou plutôt son cœur le lui avait fait deviner, et quand nous allions le voir, cc qui nous arrivait souvent, c'était qui nous ferait son éloge. Le premier au jeu et au travail, fort la balle et eu version, joyeux, insouciant et bon enfant, Maurice était, dans toute l'acception du motun excellent écolier il avait eu des succès dans toutes ses classes mais lu fin de son année de troisième, son nom retentit trois fois dans la distribution du concours général aux acclamations de ses camarades barbistes, qui accueillaient chaque nomination par les cris de: Vive Sainte-Barbe! Maurice partit pour les vacances, portant ses trois prix et ses couronnes son pere, qui pensa mourir de joie, et bien plus encore, en oublier un référé qu'il devait présider. Loin de se ralentir, Maurice redoubla d ardeur et de travail, il sortit du collège tous les dimanches, et venait les passer tour-à-tour chez le docteur C... ou chez moi, et nous suivions dans notre pupille, avec un intérêt tou jours croissant, le passage de-l'enfance la jeunesse et le développement des facultés les plus précieuses et des dons les plus heureux. Non-seulement Maurice devenait un grand et beau jeune homme, aux beaux yeux noirs, la figure expressive et distinguée, mais de nobles et généreux sentiments germaient dans son cœur, et s'en échappaient en pensées éloquentes et chaleureuses son imagination, vive et exaltée, se passionnait aisément et souvent l'abusait mais dans ses erreurs mêmes, il y avait tant de vérité, il les défendait avec tant de bonne foi, qu'on éprouvait du regret le combattre et presque le désir de se tromper comme lui. Cette âme si franche et si expansivecette, sensibilité déjà si profondedevait être mise bientôt une terrible épreuve. Maurice qui tous les ans avait remporté des couronnes, venait de terminer sa philosophie pur les succès les plus brillants; il sortait du collège; le monde s'ouvrait devant lui, il s'élançait impatient du bonheur et des plaisirs qu'il croyait y trou ver. Un affreux malheur l'attendait: la perte de son père Le digne magistrat venait de niourirà cinquante ans les regrets et les larmes de tous ses concitoyens, les éloges

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 1