EXTÉRIEUR.
Faits divers.
tuelle de vivre. L'arrivée du fléau s'annonce par des maux
de tète et des dérangements d'estomac, qui affectent une
partie de la population avant même qu'on ait signalé des
cas véritables de choléra.
L'usage du tabac est assez salutaire aussi.
FRANCE. Paris, 25 août.
Les pièces de l'enquête arrachent au Journal des
Débats un article remarquable
A travers les révélations de la commission d'enquête,
nous voyons autre chose que des noms propres, que des
individus, que des partis nous voyons tout un état mo
ral dont l'aspect arrache un cri d'épouvante et de douleur.
C'est en vain que nous voudrions fermer les yeux devant
l'éclair funèbre dont la société toute entière se trouve
illuminée, depuis la base jusqu'au faîte dans ses palais et
dans ses cavernes. Que va dire, hélas l'univers qui nous
regarde? Que diront-ils, ceux qui déjà montraient aux
peuples, comme un avertissement et une leçon terrible,
le spectacle de nos souffrances, de nos déchirements et
de notre misère? Comment! c'est de la bouche des chefs
du peuple, de ceux qui ont vécu, grandi, conspiré, com
battu avec lui, que tombent ces horribles aveux Est-il
donc vrai qu'il y ait sous le soleil, la face de la nature,
une horde de 400,000 hommes tous prêts faire table
rase de cette ville surnommée autrefois la capitale de la
civilisation; 400,000 travailleurs, dites-vous, qui feraient
plutôt disparaître Paris que de reculer, et qui accompli
raient leur œuvre avec une botte d'allumettes chimiques
Et c'est ce peuple que l'on dit Tu seras puissant, tu
seras riche, heureux, tu seras le premier parce que tu as
été le dernier Et le jour où il se lasse d'attendre et où il
reconnaît le mensonge de ces coupables promesses, alors
il prend le fusil, retourne les payés, et secoue le drapeau
rouge alors les hommes s'entretuent, alors les femmes et
les enfants pleurent, alors le travailleur, sans feu, ni lieu,
ni Dieu, tombe en poussant ce cri épouvantable que vous
avez lu: Vengez-moi, et pillez et s'en va rejoin
dre son créateur avec cette dernière imprécation.
Et en haut, regardez en haut, qu'y voyez-vous? une
sorte d'éblouisscment universel quelque chose comme
ce vertige qui prend la tète au sommet des balcons et des
tours; quelques hommes emportés sur une montagne
russe, et qui la descendent en fermant les yeux. Au mi
lieu de cette mêlée générale, nous ne cherchons pas de
coupables; les individus sont absorbés et noyés dans les
événements, et la liberté humaine est comme étouffée par
la main de l'histoire. Mais quel spectacle que celui de ce
jeu ardent, nerveux, qui se joue dans les régions du pou
voir quel monstrueux lansquenet politique et social
Autour du tapis, voilà les joueurs inquiets, enflammés et
fiévreux. Ils n'ont qu'une pensée dans la tête, ils n'ont
qu'un mot dans la bouche^Écoutez-lesils vous disent:
Si je suis entraîné, il me restera toujours le temps de
me brûler la cervelle Le vertige et le hasard, voilà les
dieux! et quand la sibylle apporte deux ou trois feuilles,
on en tire une au sort, et on lance toutes les extrémités
du pays de la terreur et de l'anarchie. Et la liberté, et
l'autorité, que deviennent-elles au milieu de cette confu
sion? Elles tombent en lambeaux dans les mains qui se
les disputent; et pour dernière et suprême raison apparaît
toujours le grand argument des coups de fusil Appe
lez vos hommes, nous appellerons les nôtres, et nous
descendrons dans la rue! Voilà le dernier mot; et ce
mot se disait tous les jours. Vous souvenez-vous de la
ballade allemande, quand l'élève du magicien, qui a sur
pris le secret de son maître, veut comme lui commander
la nature? Il ordonne un bâton d'aller chercher de
l'eau l'instrument docile obéit, mais il marche toujours,
apporte toujours de l'eau et va submerger la maison.
L'imprudent qui a évoqué cette force cachée veut en vain
l'arrêter; hélas il a oublié les paroles magiques éperdu,
connue d'être en ce moment au théâtre, car, en se retour
nant dans l'entr'actc, Maurice l'aperçut dans la salle. Il
n'avait pas encore regardé de ce côté... elle était dans
une première loge de face, en tête tête avec un homme
dont la vue excita dans le cœur de Maurice des mouve
ments de rage et de dépit: cet homme était le baron
d'IIavrecourt, le riche banquier, l'orateur du foyerpour
lequel Maurice s'était senti du premier coup d'œil une
antipathie instinctive et soudaine. C'était là l'amant pré
féré de cette jeune fille si belle, si distinguée!... Ah!
c'était elle qu'il en voulait le plus il y a des choix qui
rendent une faiblesse impardonnable. Quant au banquier,
loin de comprendre et d'apprécier son bonheur, il s'occu
pait fort peu de sa belle compagnene lui adressait pas
la parole, bâillait souventet pour se distraire lorgnait
toutes les dames de la salle.
Qu'as-tu donc? dit Alfred Maurice en le voyant
tressaillir et changer de couleur.
Mais Maurice aurait mieux aimé mourir que d'ap
prendre, même un amil'humiliation et les tourments
intérieurs qu'il éprouvait. Il s'efforça de comprimer le
spasme nerveux qui l'agitaitil fit de son mieux pour
écouter les plaisanteries de son amiil parvint même
sourire, mais pour entendre ce qu'on lui disaitcela lui
fut impossible... Avant la fin du spectacle, voyant que
Fœdora et le banquier se disposaient sortir, il quitta
brusquement Alfred et s'élança hors de l'orchestre pour
quoi? il n'en savait rien lui-même; sans doute pour
accabler Fœdora de reproches ou pour défier le baron
mais mesure qu'il escaladait les marches qui séparent
il se lève les mains vers le ciel et s'écrie: 0 mon sei
gneur et maître sauvez-moi du danger j'ai osé évoquer
vos esprits, et je ne puis plus les retenir!
Oui, c'est un spectacle terrible, sophiste! mais ne
dites pas que c'est un spectacle sublime. Plût au ciel que
ce ne fût pas la réalité et que ce ne fut qu'un cauchemar
mais c'est écrit. En présence de cette histoire d'hier, son
geons demain que la sinistre lumière du passé nous
éclaire dans la voie de l'avenir. Est-ce le moment de s'oc
cuper des hommes? Nous avons tous, dans tous les rangs,
dans toutes les classes, dans tous les partis, nous avons
bien autre chose faire. Nous avons unir nos efforts
pour purger, pour purifier et guérir cette société malade
dont nous sommes les enfantsdont nous sommes les
membres vivants et souffrants, et pour établir un courant
d'air pur travers cet immense cloaque qu'on s'est vanté
de pouvoir faire sauter avec une allumette chimique.
On assure que le gouvernement est- décidé laisser
les choses suivre leurs cours dans la discussion de l'en
quête. Une demande en autorisation de poursuites eontre
Louis Blanc et Caussidière est déjà préparéeet sera dé
posée sur le bureau de l'assemblée par M. le ministre de
la justice.
L'assemblée paraît d'ailleurs résolu traiter le débat
sans désemparer. Il y aurait, s'il le fallait, une séanee de
nuit.
L'assemblée a entendu aujourd'hui le rapport de M.
Ferdinand de Lasteyrie sur la dernière élection de l'Hé
rault. Il résulte de ce rapport que de part et d'autre il a
été fait un déplorable abus des influences. Les partisans
de M. de Laissac ne s'en sont pas plus abstenus que ceux
de M. de Genoude. Des ecclésiastiques onten chaire
recommandé, les uns le candidat républicain, les autres
le candidat légitimiste. Des deux côtés on a lutté avec
acharnement, et la*commission conclut, comme on sait,
la nullité des opérations électorales. Le rapporteur a
d'ailleurs fait valoir, l'appui de ses conclusions, de
graves nullités matérielles et des infractions flagrantes
aux règlemens de la matière.
La nullité de la nomination de M. de Laissac, proposée
par la commission, a été adoptée par la chambre.
Il n'a certainement échappé personne, la lecture
des listes publiées par le Moniteur des individus trans
portés, que la très-grande majorité de ces soldats de
l'émeute appartient par le lieu d'origine aux départe-
mens, et que le contingent propre la capitale est relati
vement fort minime.
Ceci confirme encore une fois cette vérité d'observation
qui résulte de l'étude de nos révolutions, savoir que
Paris est le théâtre des révolutions, mais que les hommes
hardis, passionnés, énergiques, avçptureux, qui les sus
citent ou en sont comme les principaux auteurssoit
comme tribuns, hommes d'état ou chefs populaires, vien
nent en général de la province.
Le Courrier du Gard confirme la nouvelle que nous
avions publiée touchant les élections municipales de
Nîmes, qui ne se sont terminées que le jeudi Maprès
un scrutin de ballotage. La liste légitimiste a prévalu tout
entière protestons et catholiques libéraux ont été systé
matiquement exclus.
Les élections dans les autres parties du département,
notamment Alais, ont offert le même caractère d'opres-
sion de la majorité contre la minorité.
A Montpellier, une liste exclusive, a eu le même succès
qu'à Nîmes.
Le second essai en grand qui vient d'être fait du suf
frage universel, l'occasion du renouvellement transitoire
des municipalités, a fait naître des réflexions qui ne seront
pas sans influence, dit-on, dans la discussion qui va s'ou
vrir du projet de constitution. Le chapitre relatif l'or-
ganisatiou départementale, et peut-être aussi Indisposition
qui remet au vote universel le choix du président de la
République, véritable champ de bataille où les prétendans
arboreraient leurs bannières, pourraient bien aussi, au
dire de beaucoup de représentansemprunter cette
l'orchestre des premières logesla raison lui revenait et
lui démontrait l'absurdité de sa conduitesi bien qu'en
arrivant la porte du foyer où se trouvait un groupe de
jeunes gens il s'arrêtaet vit le banquier et Fœdora s'a
vancer vers lui. Il n'avait pu admirer encore comme en
ce moment cette taille sveltc et majestueuse, ce port de
reine ou de déesse, il ne voyait rien que les diamants dont
elle était couverte, et qui indignaient l'honnête jeune
homme. Il ne voyait que ce bras si beausi blancsi
adorable, qu'elle appuyait avec grâce sur le bras noncha
lant du banquier, et quand* elle passa près de Maurice
lui adressant comme îe matin un léger salut de tête
Maurice n'y répondit point, mais relevant son front avec
fierté, il l'écrasa d'un regard de mépris, et s'éloigna sans
remarquer l'air étonné de la jeune femme.
Maurice passa une nuit affreuse: il ne dormit point,
il eut la fièvreil roula dans sa tète mille résolutions
impossibles. Le résultat de ce long cauchemar fut le
raisonnement suivant, raisonnement pour lui de la plus
complète évidence. Il ne pouvait point estimer cette fem
me et ne devait point l'aimer; donc, la honte de tous
les sentimens d'honneuril était forcé de s'avouer qu'il
l'aimait comme un insensé, et que soit, seul désir mainte
nant, le seul rêve de sa vie était de la posséder. Enfin
de conséquence en conséquence, il en arriva s'applaudir
de ce dont il s'indignait d'abord. Les qualités dont il s'était
plu l'embellir auraient rendu sa conquête impossible...
il valait bien mieux avoir la disputer au baron qu'à la
vertu. C'étaient deux adversaires qui n'avaient aucun
rapportmais dont l'un était beaucoup moins redoutable
dernière espérance électorale, dans le sein même du parti
démocratique des tendances et des idées théoriques qui
différeraient d'une manière inattendue de celles qui ont
entraîné la majorité des bureaux.
Il vient de se passer Chartres une de ces scènes con
jugales qu'on dirait empruntées aux narrations naïvement
délurées de Beroald, de Vervillc ou de Brantôme. Un
honnête cabaretier avait quelques doutes sur l'attachement
que sa femme avait pour lui. Voyons, se dit-ilje vais
me jeter l'eau en sa présence ce sera un moyen de con
naître la force de son affection.
Ce qui fut dit fut fait. Sous un prétexte quelconquele
cabaretier conduit sa moitié sur le bord d'une rivièreet
simulant tout coup un grand désespoir, il s'élance dans
l'eau. A cette vue, l'épouse jette des cris affreux, elle
appelle au secours. Quelques voisins arrivent et s'apprê
tent aller repêcher le cabaretier, lorsque celui-ci, excel
lent nageur leur dit Ne vous dérangez pas je m'en
tirerai bien tout seul. Cette petite épreuve m'a réussi, et
je suis le plus heureux des hommes.
Des lettres de Posen, publiées par la Gazette de
Colognefont mention d'une tentative d'insurrection qui
aurait éclaté Varsovie, le 13 Août; une partie des
troupes aurait été entraînée dans le mouvement insur
rectionnel mais après cinq heures de bombardement la
ville se serait soumise.
IHarciié d'Apre*, du 26 Août.
Une assez forte hausse s'est produite sur les prix des
blés au marché de ce jour. Les pluies continuelles qu'il y
a eues depuis quelques jours et qui ont contrarié beaucoup
la rentrée de la moisson dans plusieurs contrées, jointes
la maladie des pommes de terre, en sont les principales
causes, dit-on. Quoiqu'il en soit, ces prix ont varié de 16
20 fr.; en moyenne 18 fr. 551 hectolitres ont été
exposés en vente et rapidement enlevés.
Les prix du seigle ont suivi les mêmes tendances la
hausse. 87 hectolitres ont été vendus de fr. 9-40 fr.
11-80 prix moyen fr. 10-60, c'est-à-dire fr. 1-40 en plus
qu'au marché précédent.
Les prix de l'avoine ont monté de 25 centimes l'hec
tolitre. 18 hectolitres se sont écoulés aux prix de fr. 6-75
fr. 8-25; prix moyen fr. 7-50.
Une légère différence en plus de 20 centimes l'hecto
litre est survenue dans les prix des fèves. 58 hectolitres
ont été vendus 11 fr. l'hectolitre.
Les prix des pommes de terre n'ont pas varié. 2,900
kilogrammes se sont vendus raison de 5 fr. les 100
kilogrammes.
État-civil d'Apres, du 20 Août au 26 inclus.
Naissances Sexe masculin 4. Sexe féminin 4.
Total 8.
Mariages. Louwyck, Joseph-Charles, âgé de 28 ans,
serrurier, et Verhaeghe, Sophie-Jeanne, âgée de 22 ans,
dentellière. Lefebvre, Fidel, âgé de 27 ans, journalier,
et De RuyterAdèle-Brunoâgée de 58 ansdentellière.
Décès. Verineersch, Rosalie-Julic-Pélagie, âgée de
43 ans, couturière, épouse d'Honoré Licbaert, rue des
Chiens. Weisser, Ferdinand, âgé de 62 ans, journalier,
époux de Marie-Caroline De JaegherMarché aux bêtes.
DeNudt, Doininique-Jean-Jacquesâgé de 74 ans,
boulanger, veuf de Marthe-Isabelle Lignel, rue de la
Bouche.Six, Eugénie-Lucieâgée de 39 ans, coutu
rière, épouse de Jean-Baptiste-Emmanuel Bras, rue des
Tuiles. De Waeglienaere, Jeanne-Dorothée, âgée de 63
ans, sans professionveuve de Benoit Gominers, rue de
Janscnius.Pulsford, William, âgé de 28 ans, artiste
de théâtre, époux de Caroline Hood, rue de Menin.
Enfants au-dessous de 7 ans.Sexe masculin 1.
Sexe féminin. 5 Total 4.
que l'autre. Sans avoir la moindre fatuité, Maurice sentait
bien ce qu'il valait il était moins richeil est vraimais
plus beauplus jeune et surtout plus amoureux que son
rival Je la lui ravirai, s'écria-t-il, je l'aimerai tant qu'elle
m'aimera... je la relèverai ses propres yeux et aux
mienset tout l'ivresse du présentje tâcheraiforce
d'amour, d'oublier le passé.
Consolé par ce nouveau plan et décidé le mettre
exécution Maurice se leva joyeux et plein d'espoir. Il
trouva sur sa table un billet qui lui avait été envoyé
quelques jours auparavant par son ami Alfred G..., dont
le père donnait le soir même un bal somptueux. Il avait
décidéen recevant cette invitation qu'il ne s'y rendrait
pas, mais en ce moment il changea d'idée. Son ami Alfred
et plusieurs autres camarades qui assisteraient cette
soirée pouvaient lui donner de bons conseils, a, lui jeune
honnne inexpérimenté; et puis en sa qualité de banquier,
M. d'IIavrecourt se trouverait probablement ce bal, qui
réunirait toute la finance et le haut commerce, et Maurice
n'était pas fâché d'étudier de près ce rival qu'il voulait
vaincre et qu'il connaissait peine. Il espérait le faire
causerce qui était facileet savoir de lui-mêmepar
exemple, les momens de la journée où il était le plus oc
cupé 1 heure de la bourse n'est pas toujours une bonne
heure: les banquiers et les agents de change s'en défient
beaucoup. Plusieursdit-onchoisissent ce moment-là
pour rentrer subitement chez eux, ce qui a souvent causé
bien des malheurs.
(La suite au prochain n°.)