EXTÉRIEUR.
faut donc pas s'ctonner qu'il ose gratifier de ces derniè
res épithètes des citoyens estimables de Poperinghe
dont la franchise, le zèle et le dévouement la chose pu
blique ont mérité l'adhésion de tous les hommes bicnpen-
sants, des citoyens qui déjà en bien des circonstances,
n'ont cessé de témoigner un vif et ardent désir de se
rendre utiles la ville, et qui, par leur conduite loyale
et désintéressée, gagnent encore tous les jours dans
l'opinion publique.
En parlant ici d'opinion publique, certes, nous n'en
tendons pas ce mot la façon du Propagateur, qui ne
comprend sous cette dénomination, que l'opinion des
siens nous n'entendons parler ici que de l'opinion des
hommes raisonnables et sensés (les imbéciles n'ayant pas
d'opinion) nous voulons parler enfin de la partie saine
et éclairée des habitants de la ville qui ont le jugement,
l'esprit, la tête saine, et non des pauvres d'esprit, dont le
cerveau et l'imagination sont malades et qui par cela
même, n'ont certes pas eu d'assez bonnes raisons pour
applaudir la louable tentative du comité des sept.
Cette opinion publique, comme tout homme de bon
sens doit l'entendre, est aussi loin d'être l'expression de
la jalousie et des exigences intéressées de deux membres
du comité, ainsi que le Propagateur prétend le prouver,
en avançant que ceux-ci ont repoussé tout moyen de
conciliation, tant que leur collègue ne serait pas impi
toyablement sacrifié. Pour ce qui concerne ce dernier
fait, nous ferons observer seulement que l'importance,
la valeur et la dignité de ce collègue qui s'imagine avoir
l'honneur de mériter notre jalousie, sont tout bonnement
des titres qu'il se donne sottement lui-même, car s'il
s'était porté seulement candidat, en ne s'appuyant que
sur son propre mérite en dehors du patronage et de l'ap
pui du parti dominant, certes il n'aurait pas réuni 20
suffrages, et tout le monde sait parfaitement ici que, pour
réussir, il aurait suffi même un âne d'être porté sur la
liste des rétrogrades. Aussi, c'est cette ambition démesu
rée qui, ne pouvant se justifier par aucune qualité propre
et ne tendant chez ce candidat qu'à le relever de l'état
de déconsidération où il était tombé, a provoqué les jus
tes exigences de son élimination, non pas de la part de
deux confrères, mais de tous les membres du comité qui
était l'organe fidèle de toute la partie éclairée des
électeurs.
Nous aurons, monsieur, vous expliquer dans un au
tre article par quels moyens déloyaux cet homme est
parvenu se faire nommer médecin des pauvres, et
qu'alors le Propagateur nous dise de quel côté se trou
vent l'égoïsmc et le désintéressement, ou bien chez celui
qui a appelé son collègue la participation d'une place
qui lui était offerte bien longtemps avant qu'on eût songé
ce dernier, ou bien chez celui qui n'a reculé devant
aucun moyenj même devant la calomnie, pour se l'ap
proprier son profit exclusif; chez ceux qui, sans jamais
afficher de l'exagération, sont toujours restés invariables
dans leurs opinions, ou bien chez celui qui, pour assouvir
sa vanité, a renié ses principes et ses antécédents chez
ceux enfin qui plus tard se sont engagés accepter une
place au conseil gratuitement, ou chez celui qui ne l'a
convoitée que dans un but d'intérêt personnel.
Mais en définitive quoi bon nous appesantir sur des
faits qui ne sont que trop bien connus Poperinghe.
Quoiqu'en dise le Propagateur, tout le monde aura com
pris ici le véritable caractère et la portée générale des
élections. Peu importe le nom dont il nous appelle, notre
raisonnement a suffisamment prouvé qu'il nous en veut
uniquement parce que nous sommes libéraux (ainsi qu'il
nous a d'abord baptisés lui-même par mégarde) et parce
que nous nous sommes mis en opposition ouverte avec
des hommes honorables et désintéressés dont les servi
ces tant vantés ne se réduisent en fin de compte, qu'à
avoir mis la ville dans un état voisin de la banqueroute.
Mais cette qualification de libéraux qu'il ne peut nous
ôter, nous l'acceptons volontiers. Ce commencement de
lutte entre les hommes du passé et les hommes de l'ave
nir, malgré les assertions contraires de son correspon
dant de Poperinghe, ne sera point ramené aux mesquines
proportions d'une lutte entre des intérêts personnels et
de pacha, ou, si vous l'aimez mieux, de fermier général,
il avait donné ce séjour voluptueux une destination que
nous connaîtrons plus tard. En ce moment, il venait d'ou
vrir la porte d'un charmant salon Pompadour, et Maurice
entendit partir des cris de surprise. Plusieurs jeunes gens
la modeses anciens camarades de plaisirs, l'accueilli
rent par des houras, et Alfred G... lui sauta au cou.
Quoi te voilà de retour, te voilà.
Oui, messieurs, s'écria le baron, il arrive de Constan-
tinople, et je vous l'amène pour qu'il nous dise si les
beautés du sérail valent les nôtreset si on entend la vie
en Orient aussi bien qu'ici.
Puis regardant autour de lui d'un air de surprise
Nous ne sommes pas encore au complet, et quelque
aimable que soit notre réunion... rien que de jeunes
gensc'est un printemps sans roses.
Eh mon Dieu oui, dit Alfred avec un soupir, il ne
manque rien votre paradis, rien que des houris.
Nos déesses ne viennent pas s'écria le baron avec
effroi.
Rassurez-vous, elles viendront, mais pas pour dîner.
Nous avons eu beau faire, impossible autrement Palmyre
et Cléofé jouent dans la première pièce, et quant ces
autres demoiselles, qui sont toutes de l'Opéra... il y a
répétition générale ce soir mais comme elles ne dansent
pas dans le premier acte, elles seront encore ici de bonne
heure. Nous en serons quittes pour dîner sans elles.
quelques prétentions égoïstes. Libre quelques-uns de
nos antagonistes de ne pas élever leurs vues étroites au-
delà, de tâcher de faire prévaloir eux-mêmes leurs inté
rêts privés devant les intérêts généraux. Tous ceux qui
connaissent la valeur intrinsèque de ces hommes n'en
seront nullement étonnés. Quant nous, nous visons
plus haut nos efforts tendent relever la ville de l'état
de décadence et de décrépitude dans lequel elle croupit,
et pour cela nous nous glorifierons toujours du titre qu'on
nous octroie, et nous continuerons de croire que le libé
ralisme tant dénigré a, par son triomphe du 8 Juin, sauvé
le pays et lui a ouvert une ère nouvelle qui, de toute
nécessité, doit étendre ses bienfaits jusqu'aux dernières
limites du royaume. A cette fin, nous avons cru que,
lorsque par nos généreux efforts et par l'appui de l'Asso
ciation libérale d'Yprcs, Mr Van Renynghe fut élu mem
bre de la chambre des représentantscette nomination
allait devenir le moyen et le gage de réconciliation entre
Poperinghe, où cependant on n'avait cessé jusqu'ici de
soutenir tous les candidats rétrogrades quels qu'ils fus
sent, et la ville d'Ypres qui, même au fort de la domina
tion cléricale, avait hardiment arboré la bannière libérale.
Malheureusementnous avons été trompés dans notre
attente, et l'homme que l'intérêt même de sa position au
rait dû rallier franchement au gouvernement et auquel
les libéraux avaient tendu une main auxiliaire, n'a pas
su secouer ici les liens étroits dans lesquels le parti ré
trograde le tient enlacé. Les candidats, que par ses sour
des menées il est parvenu écarter du conseil, sont pré
cisément ceux qui avaient personnellement préparé la
réussite de sa candidature aux chambres, et tout cela
pour introduire dans l'administration.... qui? Un fer
mier qui, quoique peut-être homme de bon sens, ne pos
sède aucune instruction pour remplir ce mandat, et sera
toujours le serviteur très-humble du parti dominant; en
suite un médecin sans clientèle dont les seuls titres,
comme nous l'avons déjà dit, sont son excessive ambition
pour la satisfaction de laquelle tous les moyens sont
bons, ainsi que les nombreux outrages qu'il a déversés
antérieurement sur le parti auquel ils'associc aujourd'hui.
Nous ne nous arrêterons pas la réfutation du juge
ment que le Propagateur a porté sur nos protestations
contre la validité de nos élections. Il nous semble que la
réclamation du comité libéral a cru devoir adresser ce
sujet la députation permanente n'a paru futile qu'aux
yeux borgnes du Propagateur seul. Tous ceux qui ont lu
cette pièce ont été frappés comme nous des irrégularités
graves qui ont été commises ici, car nulle part un pareil
tripotage n'a eu lieu, et nous défions liautement la rédac
tion de ce journal de les oser insérer dans ses colonnes.
Nous sommes trop certains que ses lecteurs journaliers,
quoique habitués aux parodoxes les pjus étranges, seront
de notre opinion, et jugeront que l'annulation d'une pa
reille élection n'est que justice.
Quant aux sourdes menées et prétendus moyens dé
tournés que nous aurions employés pour atteindre notre
but sans avoir osé l'avouer franchement, et moyens que
le Propagateur dans sa sainte modérâtion, n'a pas trouvé
bon de citer, nous le défions encore d'en produire un seul
qui n'ait été franc, sincère et hautement avoué par le co
mité des sept lequel, par cela même, ne peut avoir été
démasqué par la moindre indiscrétion, d'autant plus qu'il
a travaillé en plein jour, son programme la main,
tandis que le bourgmestre et quelques-uns de ses affidés,
tout en nous disant qu'ils ne verraient pas avec déplaisir
notre entrée au conseil, ont travaillé sourdement et dans
l'ombre. Cette prétendue modération du Propagateur et
son silence obligé sur la nature des moyens mis en avant
par le comité des sept pour assurer le succès de ses can
didats, paraissant être chez lui l'effet du mépris qu'il af
fecte pour nous, doit nécessairement faire retomber de
tout son poids ce mépris sur lui-même aussi longtemps
qu'il n'aura pas fourni cet égard des preuves catégori
ques et suffisantes pour justifier ses perfides insinuations.
Pour ce qui regarde l'espèce d'appel que le Propagateur,
dans son dernier paragraphe, lance aux électeurs en fa
veur de ses protégés, en nous prédisant un nouvel échec
dans le cas où les dernières élections n'auraient pas mis
Dîner sans elles! répéta le baron, cela dérange
toute notre partie.
Soyez tranquilleelles souperont.
Je le sais bienmais quand on a réglé une fête
rédigé un programmeon veut que l'ien ne manqueet
voilà déjà un diner désorganisé.
Nous boirons du Champagne pour ces damesnous
en boirons l'amour et au plaisir... Elles nous rendront
cela ce soir.
Eh bienmessieursdit le baron quittant son air
désespéréen prenant tout coup un air de triomphe et
de contentement intérieureh bien que vous ai-je dit
vingt fois?.. Vous qui vous laissez séduire par des beautés
de théâtre, vous le voyez, on ne peut jamais compter sur
leur exactitudepas plus que sur leur constance. Pour
moije ne veux blesser ici les opinions de personne
mais depuis trois mois j'ai renoncé l'Opéra, l'opéra s'en
va Et cette infidèle, cette coquette de Fœdora, qui nous
devait sa réputation et sa fortune, je l'ai quittée cette fois
pour jamais, et vous verrez, messieurs, aujourd'hui celle
qui va lui succéder, et qui est deux fois plus jolie qu'elle.
Voilà comme je me venge des perfides.
Un hourra approbatif couvrit la voix du baron, et
chacun s'empressa de le féliciter sur la manière philoso
phique dont il prenait les choses.
Mais pendant ce temps, Maurice, qui ne savait plus où
il en étaitcherchait rassembler ses idées. Il n'avait
fin la lutte, nous nous contenterons de lui rappeler que
notre but n'a point été, comme chez les siens, d'entrer
au conseil quand même; mais d'y faire du bien, dans
l'hypothèse que les électeurs sensés auraient pu l'empor»
ter dans la lutte sur la troupe moutonnière, et, nous le
répétons, si l'avenir nous ne pouvons y être portes
avec des hommes capables de nous aider dans la réalisa
tion de nos bonnes intentions, nous préférerions toujours
un échec honorable une victoire honteuse.
Agréez, etc. ee comité ueiaii..
FRANCEParis, 12 septembre. Le Moniteur
dément aujourd'hui le fait de murmures proférés au
Champ-dc-Mars par quelques régimens contre les pri
vilèges de la garde mobile. Il reste vrai que l'armée
ne voit pas avec une satisfaction parfaite, les préférences
dont la garde mobile est l'objet, et la tolérance qui couvre
les écarts de discipline.
Le Journal dément le discours que le Journal de
Rouen prête M. Senard dans le compte-rendu de la fête
du Hâvre. Le Journal de Rouen et Journal tout court
passent l'un et l'autre pour des feuilles demi-officielles. M.
Senard saurait-il les mettre d'accord.
Voici, au surplus, le discours que le Journal de Rouen
prête M. Senard, et qui s'accorde assez avec le mot de
médiation imposée prêté au général Cavaignacpuis dé
menti par le Moniteur.
La France ne veut plus de la paix tout prix clic a
dit haut et ferme ses conditions. «Ce langage, a ajoute
le ministre, n'avait pas depuis longtemps, été tenu par la
France. Aussi les gouvernemens étrangers y ont d'abord
montré l'oreille un peu dure; mais la république voulait
le faire écouter. Elle y a réussie. Son envoyé a reçu l'ordre
de déclarer au cabinet autrichien cet ultimatum: La mé
diation; ou, si elle n'est pas acceptée dans quarante-huit
heures, la guerre! La trentième heure n'était pas écoulée,
s'est écrié le ministre, que la médiation était acceptée
Marché d'Ypres, du 16 Septembre.
Les prix des blés ont monté de 90 centimes l'hecto
litre; 414 se sont présentés en vente et se sont vendus
aux prix defr. 15-20 fr. 19-40; en moyenne: 17-30.
Les prix du seigle n'ont monté que de 20 centimes
l'hectolitre. 127 hectolitres se sont écoulés aux prix de
fr. 9-60 fr. 10-40; en moyenne: 10 fr.
Trente six hectolitres d'avoine se sont vendus de fr.
6-50 fr. 7-75; prix moyen: fr. 7-12; baisse 38 cen
times l'hectolitre.
Le prix des fèves n'a point varié. 54 hectolitres se sont
écoulés au prix de fr. 11-80 l'hectolitre.
Il y a eu encore une hausse d'un franc sur les prix deg
pommes de terre qui se sont vendues raison de fr. 7-5o
les 100 kilogrammes.
État-civil d'Ypres, du 10 Septembre au 16 inclus.
Naissances Sexe masculin 3. Sexe féminin 4.
Total 7.
Un mort-né du sexe féminin.
Mariages.VanGeluwe, Joseph, âgé de 36 ans,
agent d'affaires, et Gaston, Amélie-Rosalie, âgée de 60
ans, fripière. Igodt, Amand-Louisâgé de 26 ans,
vitrier, et Van Becelaere, Constance, âgée de 29 ans,
dentellière. De WaeghemaeckerCharlesâgé de 39
ans, cordonnier, et Vervalcke, Amélie-Jeanne, âgée de 59
ans, domestique.
Décès. Vermeersch, Marie-Louise, âgée de 29 ans,
dentellière célibatairerue de Tourhout.Kinoo, Flo
rentin-Ange, âgé de 11 ans, S' Nicolas-lez-Ypres.
Pattyn, Rosalie, âgée de 28 ans, couturière, célibataire,
rue de Lille.Potteeuw, Pierre-Jean, âgé de 59 ans,
journalierépoux de Sophie Viervraeglierue de Menin.
GrimmonprezHenri-Constantin, âgé de 10 ans, rue
des Chiens.DePuyt, Léonard, âgé de 54 ans,tisserand,
rue de Menin.
Enfants au-dessous de 7 ans.Sexe masculin 2.
Sexe féminin 2. Total 4.
accepté l'invitation du baron que pour passer la journée
avec Mmo d'Ilavrecourtetd'après ce qu'il venait d'en
tendre il s'agissait tout uniment d'une soirée de jeunes
gens avec des lorettes ou des demoiselles d'opéra, genre
de plaisir dont il se souciait fort peu. Mais comment
partir? comment retourner Paris? Il n'avait ni chevaux
ni voiture, et par un temps semblable on ne fait pas cinq
lieues pied. Pendant que les jeunes gens parcouraient
les appartements ou fumaient des cigares, pendant que le
baron veillait avec gravité aux apprêts du dîner, Maurice
avouait franchement Alfred le dégoût et l'embarras qu'il
éprouvait.
Que diable lui dit celui-cireste toujours diner...
Il faut bien que tu dînes et ce ne sera qu'un repas de
garçons, puisque ces dames n'arrivent que ce soir... je
mettrai alors ta disposition mon cheval et mon cabriolet.
Je vais donner*John l'ordre d'atteler dix heures, et
tu retourneras, si tu le veux, tout seul Paris.
Grand merci Mais toiAlfred
Moi ne t'inquiète pas je couche ici et reviendrai
demain dans la voiture du baron, où je prendrai ta
place.
S'il en est ainsi, j'accepte. Mais dis-moi donc quelle
est cette maisoncette fête dont le baron a eu l'idée?
Et Alfred lui raconta en peu de mots ce qui suit.
(La suite au prochain n°.)