JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 772. 8e Année. Jeudi, 28 Septembre 1848. Vires acquirit eundo. INTÉRIEUR. Maurice. ABONNEMENTS Ypres (franco), par Irimestrc, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. ment les produits les plus beaux de chaque espèce nous des moindres titres de gloire et pour le ministère et pour YPRES, le 27 Septembre. L'EXPOSITION AGRICOLE. De toutes les fêtes qui se célèbrent Bruxelles, l'oc casion des Journées de Septembre, aucune n'est plus brillante et n'attire davantage l'attention publique, que la fête de l'agriculture. L'exposition, de l'aveu de tous ceux qui l'ont vueexcite l'admiration générale. Jamais plus de richesses agricoles n'ont été étalées dans un concours public, et là même, où le public était habitué d'en voir de périodique comme en Angleterreon est convenu que rarement, on en a vu de plus complet. Par une heureuse innovationle bétail a été appelé prendre part l'exposition et ce n'est pas une des moin dres raretés que cette réunion de sujets de l'espèce bovine, ovine, porcine et chevaline les plus beaux, lesplus magni fiques du pays. Grâces en soient rendues nos agricul teurs, ils peuvent encore se glorifier du résultat de cette exposition, car, il n'y a qu'une seule voix cet égard, peu de pays pourraient organiser un concours aussi remar quable, tant sous le rapport de la qualité que de la quan tité de sujets dignes d'attention. Sur l'esplanade de la porte de Namur, se trouvent les boxes, nom anglais des étables improvisées, sous lesquelles le bétail se trouve abrité. C'est un coup-d'œil magnifique et qui saisit l'imagination. Qu'on se figure une réunion de plus de quatre cents têtes du plus beau bétail qu'un pays puisse produire et environ cent cinquante sujets de la race chevaline, depuis le robuste cheval de. trait, jusqu'au coursier rapide ayant du sang arabe dans les veines. Dans les dépendances du palais de la rue Ducale se trouvent arrangés les produits de toute espèce de l'agri culture belge. Seulement l'ordre et l'arrangement suivis cette année, sont infiniment préférables ce qui avait eu lieu en 1847, et cela sç conçoit. L'année dernièrec'était la première fois qu'une pareille solennité avait été orga nisée en faveur de l'agriculture et l'on espérait bien voir encore mieux un prochain concours. 11 ne s'est pas fait espérer trop longtemps et l'on peut le dire sans exagéra tion, aujourd'hui l'attente a été dépassée. Jamais l'on n'avait pu soupçonner la variété, la perfection de nos pro duits et la richesse de la culture belge. L'horticulture pris une part distinguée cette exposition, ainsi que l'arboriculture et la culture maraîchère. Nommer seule- mènerait trop loin. Il faut avoir vu ce concours national, pour pouvoir se faire une idée de la splendeur de cette exhibition. Nous pouvons en féliciter le ministère libéral, car les injures qui ont accueilli l'exposition agricole l'an passé, de la part de certain partiprouve le dépit qu'il ressen tait de voir réussir une institution qui a de l'avenir. La haine et la jalousie sont clairvoyantes. Sous les lazzis des journaux catholiques, on voyait apparaître combien l'on était vexé de voir le ministère libéralsaisir l'occasion de montrer une sollicitude éclairée pour l'agriculture et la relever de cet oubli dans lequel, leparti clérical, pendant dix sept ans de règne, l'avait laissé tomber. Nous avons jugé très-inoffensives les jolies plaisan teries que le concours agricole a essuyées. Il n'en est pas moins vrai que cette institution a été si bien accueillie par le pays et par les agriculteurs, que cette année, aucun de ces journaux qui se gaudissaient si gauchement d'une nouveauté dont ils sentaient toute la portée, n'ont plus eu le courage de revenir la charge et ils ont passé con damnation comme pour l'institution des concours de l'enseignement moyen. Il est constaté aujourd'hui que si l'agriculture excite l'attention du public, si on s'en occupe, si enfin, on sent le besoin de la perfectionner, c'est un ministère libéral qu'on le doit, une administration que les électeurs de la campagne ont repousse pendant dix-sept ans. Si l'agriculture tend occuper la place, qu'en Belgique elle n'aurait jamais dû perdre, si elle tiendra le premier rang parmi les branches de richesses du pays, c'est un mi nistère libéral qu'on le devra. Il est inutile de se faire illusion nous confiants dans notre ancienne réputation agricole, tout doucement nous avons été distancés par d'autres peuples et l'industrie agricole s'endormait dans une dangereuse sécurité. Il fallait une impulsion vive et énergique pour réveiller le pays. L'institution de l'expo sition agricole a opéré cet effet. Le parti clérical aussi longtemps qu'il a été aux affaires, ne se doutait pas de cette situation dangereuse. En tout, préférant les an ciennes pratiques au progrès, l'agriculture, sous son règne, s'il avait continué, était destinée perdre de son ancienne splendeur. Heureusement une administration libéra le a su appliquer une mesure qui la fera remonter au rang qu'elle n'aurait jamais dû perdre en Europe et ce n'est pas un VII.— L'ÉTOILE DO MAKI, (SUITE.) Amélie s'éveille, se croitarrivéc chez sa tante et se hâte de descendremais l'endroit où clic se trouve lui est to talement inconnu. Elle se croirait chez des étrangers, si le premier domestique qui frappe sa vue n'était un do mestique de sa maison, le valet de confiance de son mari. VousJoseph s'écria-t-ellecomment êtes-vous dans ces lieux? Maismadamerépond le domestique, pâle, stupé fait et perdant complètement la tête, maismadame, j'y suis avec mon maître. Mon mari est donc ici s'écrie vivement Amélie, et, entendant des cris de joie et de bruyants éclats de rire partir d'un riche pavillon splendidement illuminéelle s'élance de ce côté et tombe au milieu de la troupe joy euse, qui sortait de table et entrait dans le salon. Vous décrire la stupeur générale est impossible. La commotion fut si violente que le baron en fut presque subitement dégrisé, ou retrouva du moins assez de raison pour com prendre qu'il y avait de quoi la perdre totalement, et que c'en était fait de lui s'il ne sortait de là par un coup de maître. Or, ce n'était pas une bête que le baron c'était un sot; et il avait, comme tel, un aplomb imperturbable et une confiance immense en lui et son étoileet comme sa femme continuait le regarder d'un air interdit lui et tous ses convives, demandant ce que cela signifiait et d'où provenait l'effroi empreint sur tous les visages Parbleu! s'écria-t-iltu viens trop tôt... Nous ne l'opinion qui le soutient. t'attendions pas encore, et tu nous surprends l'impro- viste, nous qui voulions te surprendre. En vérité monsieur, balbutia Amélie... je ne vous comprends pas, et ne puis m'expliquer comment le cocher, au lieu de me mener chez ma tante, Antony, m'a con duite ici... Le baron le comprenait encore moins qu'elle. Mais, sentant tout le danger de la position désespérée où il se trouvait, il se décida, comme on dit, brûler ses vais seaux, et continua gaiment: Cela veut dire que j'ai fait iciet sans t'en parler, une acquisition nouvelle, une maison charmante que tu ne connais pas et où je voulais, pour jouir de ta surprise, et faire une réception royale... Tu devais nous trouver, ton entréetous ici rassemblés avec des fleurs, des bouquetspour t'olfrir, comme aux souverainsles clefs de ce domaine dans un plat d'or. En vérité s'écria Amélie toute émerveillée d'une attention si galante et si délicate, qui n'était guère dans les habitudes de son mari. Nous voulions même, continua le banquier, impro viser une petite fête... de la danse, de la musique, quel ques chœurs de l'Opéra que nous attendions mais je ne comprends pas comment cet imbécile de Jérôme qui je vais parler, exécuté mes ordres. Ton arrivée subite ne nous a pas laissé le temps de nous organiser. L'intention suffit, mon ami, lui dit-elle en lui ten dant la main d'un air de reconnaissance. En attendant, continua le banquier avec embarras, voici plusieurs de nos amis, tu les connais presque tous... La ville d'Ypres qui s'est toujours distinguée par son amour des arts libéraux, est très-bien représentée exposition nationale de tableaux Bruxelles. Onze artistes nésà Ypresyont pris part: Ce sont MM. Bossuet, Carton, De Bruek, Aug. Bôhm, Joseph De Coninck, Jean De Langhe, Roffiaen, Delbeke, SmaelenVerbrug- ghe, Bôhm, père. Les récompenses ont été décernées hier en séance publique de l'académie royale de Belgique et là aussi, la ville d'Ypres n'a pas été trop mal partagée. Deux de ses enfants ont été couronnés. M. Aug. Bohm qui avait exposé des paysages d'un grand mérite et qui ont fait sensation au salon, a obtenu une médaille en vermeil. M. Roffiaen a recula même récompense pour des tableaux de même genre qui ont été jugés très-favorablc- incnt. Voilà deux artistes jeunes et qui ont de l'espace devant eux pour arriver la première place et ainsi faire honneur leur ville natale, qui prendra toujours part aux succès qu'ils pourront conquérir dans la carrière qu'ils se sont choisis. Dimanche derniera eu lieul'occasion de l'anniver- saires des Journées de Septembregrande parade des troupes de la garnison. Quelques officiers de la garde civique ont assisté cette solennité militaire. C'était la première fois qu'on voyait un certain nombre de nos officiers de la milice citoyenne en uniforme. Il paraît que la tenue a généralement plu qu'on l'a trouvée simple de bon goût et jolie en même temps. Les fêtes Bruxelles ont attiré une foule incroyable de monde. On ne marchait pas dans les rues, on était littéralement porté. Le beau temps a presque tous les jours favorisé les diverses cérémonies et entre autres l'Omme- gang et la marche des chars représentants la Belgique et les provinces mais la fête la plus significativesous le point de vue politiquea été la remise des drapeaux aux diverses légions de la garde civique. Nous apprenons que les prix décernés pour le plus beau bétail par le jury du concours agricole, l'ont été tous des cultivateurs de la Flandre occidentale, des environs de Bruges. Le résultat du concours des chevaux n'est pas encore proclamé. qui ont voulu s'associer moi pour te fêter... Voici même quelqu'un qui arriveexprèspourcela de Constantinople... Une surprise!.. Celle-là du inoins ne manquera pas son effet. En parlant ainsiil écartait de la main les jeunes gens qui les entouraient et montrait Maurice, qui se dé robant tous les regardss'était tenu caché jusque-là derrière la foule. L'apparition subite d'Amélie l'avait tel lement ému que, sentant ses genoux se fléchir, il s'était laissé tomber dans un fauteuil le souvenir de la scène inconvenante qui venait de se passer au dessert, l'apos trophe du baron en pleine tablela découverte de son amour et plus encore l'idée que les regards railleurs de tous ses compagnons étaient en ce moment fixés sur lui, tout cela n'était pas fait pour diminuer son troubleet ce fut en rougissant qu'il s'approcha d'Amélie. Je suis charmée de vous revoir, monsieurlui dit- elle avec un peu d'émotion, ainsi que tous les amis de mon mari, ici rassemblés Cette surprise-là vaut toutes celles que l'on avait la bonté de me prépareret je «'en désire pas d autre. Permettez-moi donc, messieurs, puisque je suis ici chez moi, de rentrer dans mes droits de maîtresse de maison. Et l'instant, avec cette grâce et ce charme qu elle seule possédait, elle se mit faire les honneurs du salon. Il était trop tard pour visiter la charmante habita tion qu'elle devait la générosité de son marimais elle espérait le lendemain tout admirer en détail. En attendant, elle se hâta de mettre la conversation sur les sujets qui pouvaient intéresser les jeunes amis de son mari. Ceux-cid'abord déconcertés et désappointes, avaient commencé par maudire une arrivée qui dérangeait

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