JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
^t° 775. 8e Aimée.
Dimanche, 8 Octobre 1818.
Vires acqumt eundo.
INTÉRIEUR.
Maurice.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 13 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 7 Octobre.
INSTALLATION DE CONSEIL COMMUNAL
DE LA VILLE D'YPRES.
L'an mil huiteent quarante huit, le jeudi, cinq octobre,
se sont réunis en la salle ordinaire des séancesles con
seillers nouvellement élus le 22 août 1848.
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de
l'électionainsi que de l'arrêté royal qui nomme M. le
baron Vanderstichele de Maubus bourgmestre de la ville
d'Ypres et de l'acte qui témoigne qu'il a prêté serment en
cette qualitéentre les mains de M. le ministre d'état
gouverneur de la Flandre occidentale. Il est donné en
outre lecture des arrêtés royaux par lesquels sont nommés
échevins M. Alphonse VandenPeereboom et M. Henri
Iweins-Fonteyne. M. le bourgmestre prie MM. les échevins
et conseillers de prêter le serment prescrit par la loice
que tous font dans l'ordre suivant
MM. Alphonse Vanden Peereboom, Henri Iweins-
Fonteyne, Théodore Vanden Bogacrde, Pierre Bckc,
Gérard VandermeerschCharles VandcBrouke, Bocdt-
LucienLegravcrandMartin Smaelen Édouard Cardi-
nael, Auguste DeGhclcke, Ern. Merghelynck, Bocdt,
avocat, et Louis Annoot.
Après la prestation du serment, les membres de l'as
semblée sont priés de siéger dans l'ordre indiqué par le
nombre des suffrages obtenus par chacun. Plusieurs con
seillers proposent de remettre la séance lundi prochain.
Mais M. le président fait observer que plusieurs objets
l'ordre du jour doivent être discutés d'urgence et entre
autres, l'approbation de l'achat d'une partie de jardin
aux héritiers Wullems, pour remettre la cour de l'école
communale en équerre et en redresser l'alignement. Cet
acte est approuvé l'unanimité sans observation.
M. l'échevin Vanden Peereboom au nom du collège,
propose de ne pas accorder l'approbation l'adjudication
delà fourniture d'huile épurée pour l'éclairage de la ville,
parle motif que le prix auquel elle a été soumissionnée, est
trop élevé, eu égard au cours du jour de cet article. On
demande 48 florinstandis que l'huile ne se vend cou
ramment que 43 44 florins. Le conseil admet la propo
sition du collège et refuse son approbation.
Le rapport sur l'administration et la situation des
affaires de la ville est déposé. M. l'échevin Vanden
Peereboom demande si le Conseil désire en entendre la
lecture. Mais on fait observer que ce rapport est destiné
VIII. LA CLEF. [Suite.)
Alfred fut le seul qui s'opposa une idée admirable en
elle-même, mais absurde par l'exécutionMaurice avait
déjà passé douze fois... une treizième était impossible.
Crois-tu donc, répondit Maurice en souriant, que le
nombre treize soit fatal? Il le sera pour le baron.
Quand ce serait Une pareille conquête ne vaut pas
cinquante mille francs.
Bah tu ne t'y connais pas. Demande Horace qui
les aurait doiinés pour elle.
C'est vrai
Demande au baron qui peut-être les a déjà dépensés
son intention...
je l'atteste en meublescachemires, bijoux sans
compter le coupé et les chevaux qui viennent de l'emmener
Paris, le tout donné d'avance et sur parole, car je n'ai
encore rien reçu... C'est ce soir qu'on devait me payer
ici ou Paris.
C'est une créance que tu cedes, dit tranquillement
Horace en fumant son cigare.
Aussi! s'écria Alfred, qui pourtant résistait encore,
tout doit être compris.
Cela va sans dirc5 continua Horace i On vend ou 1 on
joue une propriété telle qu'elle est, avec tous ses acces
soires. Si le baron perdil renonce l'amour et au mo
l'impression et que chaque conseiller en reçoit un exem
plaire. L'assemblée juge donc inutile d'en entendre la
lecture.
Le projet de budget pour 1849, formulé par le collège,
est déposé et un exemplaire en est donné chaque con
seiller, afin qu'il puisse l'examineravant d'aborder la
discussion publique.
La proposition de remettre la séance lundi est reprise
et paraît partagée parla majorité des membres du conseil.
Cependant M. Boedt, avocat, chargé de formuler le rap
port de la commission chargée d'examiner la question des
octroisdemande pouvoir en donner lecture. Les con
clusions sont entièrement contraires aux propositions de
la commission présidée par M. De Brouckere, et tendent
maintenir les octrois tels qu'ils existent maintenant. Le
rapporteur se fonde principalement sur la difficulté de
remplacer par un autre mode de perceptionl'intégra
lité des revenus que les villes perdraient par l'abolition
des octrois, et conteste l'amélioration que, d'après les
partisans de cette mesure, elle amènerait dans l'alimen
tation et la situation des classes indigentes des villes.
Après avoir entendu cette lecture et avoir signé l'acte
de prestation de serment, MM. les conseillers se séparent.
M. le président déclare la séance levée et remise lundi
prochain, 9 octobre 1848, neuf heures etdemie précises,
pour la continuation de l'examen des objets l'ordre du
jour.
Jeudi soir, vers cinq heures et demie, le conseil com
munal, guidé par les deux échevins, précédé de la mu
sique des Pompiersd'un peloton de gardes civiques
formé de sous-officiers et commandé par l'adjudant sous-
olficier, suivi par une brigade de Pompici-s et de tous les
officiers du bataillon de la garde civique en tenue s'est
rendu en cortège chez M. le Bourgmestre pour le féliciter
sur sa nomination la dignité de premier magistrat de. la
commune.
M. l'échevin Yanden Peereboomcomme organe du
conseil et de la villedans une allocution bien sentiea
rappelé que depuis 1831l'honorable titulaire avait tou
jours été réélu presque l'unanimité comme membre du
conseil et que le gouvernement s'était toujours empressé
de lui confier le mandat de Bourgmestre, avec l'assenti
ment spontané et cordial de tous ses concitoyens. Après
avoir rappelé brièvement les principaux actes qui ont été
accomplis sous l'administration qu'il a présidée, M. l'éche
vin lui a fait connaître que le conseil, pour l'avenir comme
bilier de la grisette... c'est une cession corps et biens.
C'est dit s'écrièrent les jeunes gens. L'enjeu de
Maurice est représenté par cinquante mille francs... et
celui du baron...
Par cette clé, répondit celui-ci en jetant la sienne
sur la table.
Au plus heureux la victoire? dit Alfred avec un
soupir et en élevant vers le plafond ses yeux et le verre
de punch qu'il tenait la main.
Et maintenant, au combat? s'écria le baron dont le
cœur était gonflé la fois de colère, de crainte et d'avide
espérance.
Le punch avait circulé, et tous ce3 jeunes gens, le verre
la main et le cigare la bouche, entouraient d'un double
rang le champ de bataille et les deux combattants, qui se
perdaient presque dans un nuage de fumée.
Un morne et profond silence régnait de nouveau dans
l'appartement. Quant Mauricequelqu'un qui l'aurait
contemplé tel qu'il était alors, pâle et froid, l'aurait cru
de marbre et sans émotion aucuneet pourtant sous ce
calme apparent grondait au fond de son cœur un orage
d'autant plus terrible qu'il était concentré. Un tressaille
ment nerveux le trahissait seulement de temps en temps
et jetant sur Alfred, qui tremblait pour lui, un regard où
brillaient une confiance et une ironie infernalesil sem
blait lui dire Sois tranquille s'il s'agissait d'une bonne
action, je perdrais mais je risque en un seul coup ce qui
dans le passé, se ferait honneur de l'avoir pour président
et qu'il espérait que pendant longtemps il aurait le bon
heur de le conserver dans les fonctions qu'il occupe ac
tuellement. S'exprimant au nom de la garde civique, il a
dit qu'on pouvait compter sur son concours pour main
tenir l'ordre et l'union parmi les habitants de la ville
d'Ypres.
Le bourgmestre visiblement ému, a fait comprendre en
peu de motscombien il était heureux de cette manifes
tation et qu'il en remerciait cordialement le conseil
l'état-major de la garde civique et ceux qui s'étaient joints
au cortège.
Une réception brillante a eu lieu chez M. le bourgmestre
et la musique des Sapeurs-Pompiers y a donné une séré
nade pendant la soirée. Vers huit heures du soir, elle a
exécuté plusieurs morceaux devant la demeure de M.
l'échevin Vanden Peereboom pour le féliciter de sa nomi
nation d'échevin et enfin chez M. Iweins-Fonteyne qui
les mêmes honneurs ont été rendus par l'état-major de la
garde civique et la musique des Sapeurs-Pompiers.
M. le lieutenant-général Deys, après avoir fini l'inspec
tion des bataillons du 10° régiment en garnison en cette
ville, est parti vendredi dans la soirée.
Lundi prochain, 9 de ce mois, 7 heures du soir,
aura lieu, dans la Salle de spectacle, un concert donné
par nos deux concitoyens MM. De Wulf, pianiste, et De
Smits, violoniste. MM. les artistes-musiciens du 10° régi
ment s'y feront également entendre.
Les listes de souscription circulent en ville; elles sont
déjà revêtues de nombreuses signatures.
Jusqu'ici le Moniteur n'a pas encore donné les nomina
tions des bourgmestres et échevins des communes de
l'arrondissement d'Ypres. Dès qu'elles auront paru dans
le journal officiel, nous nous empresserons de les pu
blier dans notre feuille.
Nous avons annoncé, il y a quelques jours, avec une
légitime satisfaction, le triomphe obtenu par deux de
nos jeunes artistes: MM. Boiim et Roffiaen, l'exposition
nationale des tableaux Bruxelles. Aujourd'hui, nous
croyons intéresser nos lecteurs, en leur mettant sous les
yeux, le jugement porté sur les œuvres de ces jeunes
peintres par la critique de Y Indépendance
La Vue d'une vallée dans l'Oberland Bernois, par M.
Roffiaenest un des grands paysages du salon il a été
exécuté sur une commande du gouvernement. L'artiste
ferait vivre toute une honnête famille mais je joue sur
une carte la possession et l'honneur d'une jeune fille... je
dois gagner, c'est certain. 11 y a là assez d'immoralité et
d'infamie pour que le"sort me protège.
Et la partie commença.
La fortune ne se contente pas d'être aveugle ou bizarre,
elle a souvent une ténacité qui confond toutes les proba
bilités et tous les calculs des hommes. On dirait qu'elle ne
se lassera pas de vous accabler des coups les plus désas
treux comme des faveurs les plus inouïes. Elle qui change
et tourne sans cesse, semble parfois avoir enrayé sa roue.
Pareille une coquette quine sachant plus quelle fan
taisie imaginerveut couronner tous ces caprices par un
dernier, le plus absurde et le plus invraisemblable de
tous la fidélité!
La partie fut cette fois longtemps disputée. Les deux
adversaires se trouvaient quatre points quatre, et c'était
au baron donner. II essuya la sueur qui coulait de son
front, prit les cartes d'une main tremblante et convulsive,
donna Maurice, puis lui, et retourna le roi!
Non, monsieur, répondit froidement Maurice en
étalant son jeu sur la table j'ai six cartes Il y a mal
donné
Le baronfoudroyéretomba sur son fauteuilet la
partie continua. Mais la fortune, qui venait si évidemment
de se déclarer pour Maurice, n'était pas femme l'aban
donner au moment décisif! Le cinquième point fut gagné